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Sociologie de Baraka: (Liberté IV Nord ) étude des conditions socio-économiques et environnementales (Sénégal )

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par Benoà®t TINE
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Licence de sociologie 2004
  

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De même, les pauvres paient plus cher l'eau potable que les riches. En effet, les ménages pauvres, qui s'approvisionnent essentiellement en eau potable à partir des bornes fontaines, payent trois à quatre fois plus cher que le prix payé par les ménages disposant de branchements privés à domicile.

ACTIVITE EXERCEE

L'inventaire des professions et des emplois est révélateur. L'artisanat est le principal pourvoyeur d'emplois des chefs de ménage de l'habitat précaire. Faute de scolarisation, ils gagnent à peine leur vie à travers des travaux tels commerçant, gardien, chauffeur...ou les critères de recrutement font généralement fi des profils scolaires, d'apprentissage ou de qualification. Ce qui correspond dans la Nomenclature des Professions et Catégories socio professionnelles du Sénégal, au niveau agrégé 6, 7 et 8 : Profession de la production, Profession de la conduite ou montage machines et assimilées, professions élémentaires de la vente et des services. Par ailleurs, Il y a quatre chômeurs.

AUTRES ACTIVITES

L'étude montre 8 personnes qui sont dans ce cas, contrairement à la première enquête. Mais cela infirme toujours l'idée qu `on se fait de ces habitants à savoir qu'ils font plusieurs travaux à la fois.

DUREE DANS LA PROFESSION

Les données sur la précarité des emplois et la mobilité professionnelle peuvent être confortées par la durée dans les activités déclarées au moment de l'enquête. Alors que la moitié des chefs de ménage occupés sont installés dans la capitale depuis plus de 25 voire 30 ans, seulement 29% atteint ce record de durée. Ceci donne la mesure des reconversions et mutations professionnelles qui ont marqué les itinéraires de nombreux enquêtés.

DATE D'ARRIVEE A BARAKA

78% des habitants de Baraka sont là depuis qu'ils ont été déguerpis de Montagne en 1989. Par la suite à compte goutte les gens sont venus habiter jusqu'à ce qu'il n y ait plus de place. Ils continuent d'arriver mais c'est pour loger chez des voisins ou parents, c'est pourquoi on peut avoir jusqu'à 10 personnes dans une pièce de 5 m2.

LIEU D'ORIGINE

Les gens qui vivent ici ont dû quitter leurs pays ou leurs villages pour la grande ville, espérant y trouver des possibilités de promotion économique et sociale. La ville continue d'attirer car les campagnes font pitié. 70% des activités du pays sont concentrées à Dakar ; Il serait difficile de ne pas reconnaître que la cause principale de l'exode des gens vers la ville est la pauvreté.

L'écrasante majorité de la population résidente est d'origine guinéenne, ce qui ne manque pas de causer des problèmes d'intégration et du commun vouloir de vie commune. Nous avons remarqué un certain retrait, une certaine réticence de cette communauté par rapport aux initiatives communautaires, ce qui ne peut que bloquer ou freiner le travail. C'est un peuple conservateur, recroquevillé sur lui-même.

POURQUOI BARAKA ET PAS AILLEURS ?

L'habitat précaire ne nécessite pas un gros investissement et à Baraka elle se faisait gratuitement, du temps où il y avait encore de l'espace. Etant déjà démunis, ils n'ont pas trouvé mieux que de venir à Baraka. 30% des enquêtés répondent à ce critère économique. Contrairement aux attentes, le réseau de relations est de peu d'effet ici avec 11%.

PRINCIPALES RESIDENCES A DAKAR

NOMBRES DE QUARTIERS FAITS AVANT BARAKA

Les résidents sont loin d'être des « migrants ruraux » fraîchement arrachés à leur campagne d'origine, contrairement à une idée surannée encore admise dans certains milieux de la gestion urbaine.17(*)

Baraka n'est pas le seul lieu d'habitation de ces familles. Avant d'arriver là, ils ont suivi un itinéraire qui les a mené dans beaucoup de quartiers. Et d'après l'enquête, la caractéristique de ces quartiers est leur caractère populaire ou populeux ; Et comme à Baraka, il n'y a presque pas de location, ils viennent avec 85% suivant ce critère économique. Ceux qui ne sont passés que dans un quartier représente 30% ; Ceux qui sont passés d'abord par trois quartiers, voire quatre et même six sont beaucoup plus nombreux avec près de 46% de la population ciblée. Ceci pour dire qu'à Dakar, le logement pose un très grand problème.

PERSONNE A SOLLICITER EN CAS DE PROBLEMES

Il y a surtout l'aide financière. Il consiste par ailleurs en des dons en nature, des échanges de services.15% ont recours à ce type de relation. Mais contrairement aux attentes, il y a l'écrasante majorité qui compte sur elle-même ; Ils ne font partis d'aucun réseau d'amis susceptibles de les venir en aide en cas de problème. La ville ferait-elle disparaître la traditionnelle solidarité africaine qui veut que l'on vienne en aide au nécessiteux même avec le peu qu'on a ? Tout semble confirmer l'individualisme ambiant qui caractérise les

« sociétés industrielles » pour parler comme A. Comte.

En principe, la ville moderne , en raison notamment de la précarité des conditions d'existence n'induit pas la privatisation des modes de vie , mais au contraire rend nécessaire le maintien de solidarité qui se traduisent dans la permanence , sous forme de réseaux plus ou moins serrés , des liens de parenté extensifs.

TYPE D'ECLAIRAGE

Baraka dispose d'un réseau électrique depuis le 02-09-98. Mais l'éclairage public demeure une chimère pour ces populations vulnérables. Malgré la proximité de l'électricité avec l'aide de l'ONG Enda Tiers Monde, très peu de maisons en bénéficient. Il n y que 9 abonnements recensés dont 4 en association avec plusieurs foyers. Et ils sont traités au même pied d'égalité que les abonnés des autres quartiers. D'ailleurs durant une de nos randonnés, la société d'électricité, bon en main, était venue couper le compteur de la case de santé/cyber pop/école, pour non-payement. La proportion à Dakar de maisons disposant d'électricité est de 63.5%18(*). La lampe à pétrole règne en maître (65%), vu son coût modique, contre 20.2% à Dakar19(*). Le pétrole est vendu par 25 FCFA et 50 FCFA, pouvant durer 2 voire 3 jours ; contrairement à la bougie qui coûte 30 FCFA la petite et 60FCFA la grande et qui ne fait pas long feu avec 13% contre 7% à Dakar.20(*)

BIENS DURABLES

La consommation a été élargie aux biens durables, qui participent à la reproduction sociale des citadins. On y place différents biens durables dont l'acquisition constitue un investissement et une immobilisation de l'argent. L'inventaire fait apparaître, radio (38%), télévision (9%), réfrigérateur (4%)...Mais il est à signaler que souvent par manque d'électricité certains appareils sont tout simplement gardés. Les moyens d'information dominent sur les autres biens. Avec la forte communauté étrangère, ce moyen est utilisé pour capter les fréquences de leurs pays afin « d' être au diapason ». ; Mais malgré que nous soyons dans le siècle des nouvelles technologies, 32% n'ont même pas le moindre petit poste radio. Ce qui en fait des citoyens entièrement à part, en déphasage avec le temps. La hiérarchie des besoins de Maslow commence par la satisfaction des besoins physiologiques. Ce qui est pour les habitants de Baraka un casse tête chinois. Seulement à Baraka, on note une légère différence entre les habitants. Certains arrivent à « sauver les meubles », et à penser à autre chose telle les antennes TV5, qui sont au nombre de 3. Le vélo et la mobylette (11%) dénotent un besoin d'autonomie vis à vis des moyens de transport traditionnels. La grande majorité est donc dépendante des moyens de transport urbain.

PRATIQUES ECONOMIQUES DES CHEFS DE MENAGE

Les pratiques économiques sont analysées ici selon trois considérations : la structure des dépenses qui permet d'apprécier la nature des besoins et des charges qui pèsent sur les chefs de ménage ; le poids, dans ce cadre, des différents chapitres et les pratiques spécifiques qui en découlent, et en fin les attitudes observées face à l'épargne et à l'investissement dans la consommation de biens durables21(*)

LA STRUCTURE DES DÉPENSES

DE LA NOURRITURE AUX AIDES À LA FAMILLE : LES CLIVAGES SOCIAUX À L'ÉPREUVE DES BESOINS ET DU DEVOIR...

Les habitants qui vivent dans l'habitat précaire ont les mêmes besoins et les mêmes charges incompressibles que les autres citadins. Ainsi, ils dépensent pour la nourriture, la santé, les transports, l'éducation des enfants, l'habillement ; ils aident la famille. Le poids des dépenses consacrées à ces charges et besoins diffère d'un chapitre à l'autre.

La primauté des « problèmes alimentaires » parmi les motifs de la demande d'aide peut être corroborée ici par la place qu'occupe ce chapitre dans les dépenses principales des chefs de ménage.

Principales dépenses des chefs de ménage en FCFA

Rubriques

%

Alimentation

Logement

Transport

Éducation

Habillement

Santé

Aide à la famille

79,0

11,7

5,4

5,2

3,9

1,9

3,0

Les dépenses de logement intègrent les charges d'eau, d'électricité et de pétrole pour l'éclairage. L'ensemble représente 11,7% des dépenses courantes des ménages dans l'habitat « spontané ». L'électricité, qui constitue une part importante des charges, étant inexistante dans la majorité des logements( cf. infra). Le logement est ainsi le second poste important de dépenses, devant les transports, une rubrique à laquelle étaient consacrés 5,4% des dépenses. Pour le reste, les dépenses d'éducation (5,2%) sont plus importantes que celles affectées à l'habillement (3,9%), qui pèsent légèrement plus que les dépenses de santé (1,9%), elles-mêmes dépassées par les aides à la famille (3,0%).

L'habitat précaire est ainsi un milieu où la part de revenu consacrée aux dépenses alimentaires est la plus élevée.

UNE FILIÈRE DOMINANTE PARTOUT: LA FILIÈRE ALIMENTAIRE

Elle se caractérise par leur poids variable, dans la structure générale des activités et dans les quartiers. Ainsi, prés de deux tiers des unités vendent, produisent ou servent des produits alimentaires ; 13% des unités assurent des fonctions multiples et constituent alors la deuxième filière d'activités après l'alimentation. Cette dernière devance « l'habillement », « l'équipement », la « santé et services aux personnes », la réparation » et les « transports » : ces filières concernent ensemble 24,4% des points, et aucune parmi elles n'atteint 10%.

La filière « alimentaire » recouvre tous les secteurs, avec cependant une concertation plus forte dans le commerce, qui regroupe 87% des activités de la filière contre 11% pour les services et à peine 2% pour la production (confiture, cacahouètes, piment...) En revanche, tous les points « polysémiques » sont des services.

Naguère, débouché pour les sous-produits de l'industrie du bois, source de revenus pour quelques groupes de citadins, Baraka avec la restructuration, n'attire plus ces types de produits.

COMMERCE ET ARTISANAT DANS L'HABITAT PRÉCAIRE

Le quartier n'est pas un ghetto ; il est au contraire une composante du système socio-économique et politique urbain. La fonction de résidence se double ici, plus qu'ailleurs, d'une fonction économique ainsi qu'en témoigne la présence, dans les quartiers, d'une multitude de points d'activité artisanat de production gravite autour de l'habitat précaire.

Le rôle du commerce et de l'artisanat dans l'animation des quartiers d'habitat précaire a déjà été souligné dans la première enquête. Il s'agit de faire ressortir ici les caractéristiques les plus significatives et les plus influentes de ces activités sur l'évolution de leur milieu d'accueil. D'un point de vue quantitatif, il s'agira du dénombrement des points et de leur réparation spatiale, à l'échelle du quartier, à travers l'échantillon. Sous un angle qualitatif, l'attention sera potée sur la structure de ces activités par secteur et par filière.

En effet, les activités repérées ont été ventilées dans trois secteurs traditionnels à savoir la production, les services et le commerce. Elles ont été ensuite réparties dans ces filières: l'alimentation, l'habillement, la réparation, les services personnels, les boutiques.22(*) Comme toutes les tentatives de classification, celle proposée ici n'est pas à l'abri de l'arbitraire. Elle reste donc discutable.

Le découpage en secteurs doit être considéré comme une commodité qui permet de distinguer trois types d'activités : le premier comprend les activités centrées sur la transformation des produits à l'état brut ou semi-ouvré ou autres produits de récupération; le second, celles consacrées à la distribution, le troisième regroupe les activités de prestation de service. Il faut préciser que, dans l'univers de l'artisanat et du commerce, les frontières intersectorielles ne sont jamais vraiment étanches.

La filière, elle privilégie la fonction spécifique (l'usage que l'on fait) des produits fabriqués ou vendus et, dans le cas des services, la finalité de la prestation fournie. Cette segmentation fonctionnelle permet de réduire le nombre des filières ; autrement , elle serait empreinte d'exhaustivité. Elle devrait contribuer à faire ressortir les spécificités du quartier et rendre plus aisé la mesure de son poids économique.

Lorsqu'on rapproche leurs gains du Smig, plus de la moitié des artisans ont des gains supérieurs (58%), avec une moyenne de 69 735 F CFA (soit le double du Smig) ; 42% n'atteignent pas ce seuil minimum

COMMODITES

Nous remarquons deux faits à travers ce tableau : Les maisons excèdent rarement 3 chambres. Ce sont des pièces étroites, à peine 5/5m, qui voit accueillir jusqu'à 10 personnes par chambres, ce qui est fréquent dans ces types d'habitat23(*).

La confection des repas fait aussi appel à la débrouillardise des femmes en raison du nombre limité des locaux, mais aussi et surtout en raison de la structure peu élaborée de ce que l'on s'accorde à appeler cuisine ici, par euphémisme. En effet, la cuisine, définie comme espace aménagé et équipé affecté à la confection des repas, est à proprement parler inexistante, sinon rarissime (8%) ;Elles utilisent généralement le bois de chauffe et le charbon de bois. Dans la grande majorité, la cuisine se fait dans la cour. Si les douches pour se laver existent dans ces maisons avec des rideaux ou morceaux de zinc comme clôture, les WC sont rares (10%) et les gens vont souvent dans les toilettes communautaires où il faut payer 25 FCFA, lors du premier passage et 15 FCFA pour chaque autre passage dans la journée.

PRINCIPALES DIFFICULTES

On peut donc imaginer que tous les ingrédients soient réunis pour faire une bonne sauce problématique. Leurs conditions de vie à l'image de l'appellation de leur type d'habitat sont précaires. Il n y a aucun acquis. A chaque jour suffit sa peine, et l'image de « goorgorlu » courant derrière la dépense quotidienne (60% de notre échantillon) n'est pas trop osé pour parler d'eux.

PROJETS

PROPOSITIONS

Malgré des conditions de vie exécrables, ils veulent lutter pour voir le bout du tunnel, mener une vie digne, humaine et décente. Ils sont ambitieux et ont pas mal de projets allant du grand commerce (43%) à l'immigration (15%). Et pour parvenir à cela ils proposent des voies de sortie de crise en passant par l'octroie d'emploi aux jeunes (17%) ; l'instauration d'un climat de paix et d'unité (8%), condition sine cua none pour un développement durable. De même, ils ont les « dents longues », et ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin concernant la couverture sanitaire. Fatigués d'être à chaque fois transférés vers un hôpital, ils veulent l'avoir tout près d'eux, comme tout citadin.

ALPHABÉTISATION ET SCOLARISATION

Les données relatives aux niveaux scolaires font ressortir la prédominance des non-scolarisés, puisque 88% des chefs de ménage n'ont jamais été scolarisés ; et si 12% l'ont été, leur niveau scolaire reste limité au cycle du primaire. A peine 36% des scolarisés ont réussi à franchir le nivaux C M 2 et, parmi eux, très peu ont cédé au second cycle du secondaire. Ces données confirment les itinéraires migratoires rectilignes empruntés (Cf. infra). Le groupe des non-scolarisés est marqué par la prédominance des étrangers.

Il faut dire que le constat est amer entre ce qui se dit et ce qui se fait réellement il y a un gap . Des sommes colossales sont englouties par un travail mal fait ou mieux, non fait .

Or le rôle crucial de l'éducation dans le progrès économique et social et le bien être des individus est universellement reconnu . L'écart entre homme et femme tend à entretenir et perpétuer l'inégalité entre les sexes au sein de la famille et dans la société en général . En revanche , la parité des niveaux d'instruction contribue à éroder progressivement la logique de la «division du travail social « dans la sphère privée et sociétale . C'est pourquoi , un programme clair et précis en vue de la scolarisation des filles et leur maintien le plus longtemps possible à l'école doit être initié ou renforcé . Pour cela , un travail préalable de sensibilisation , doit être fait car elle se heurte souvent à des déterminants culturels conservateurs à l'extrême parlant des Peulhs et Toucouleurs qui sont majoritaires.

Cette éducation influera grandement directement ou indirectement sur le bien être et la santé , le comportement procréateur , sur l'espérance de vie , la mortalité infantile le processus formateur de la famille .

L'école constitue une tour de Babel à l'intérieur duquel beaucoup de choses se passent à l'insu des habitants ,,, un voile épais est étalé sur la gestion même , sur les formalités et autres dons . Il y a nécessité d'auditer périodiquement cette institution capitale et par qui tout progrès transitera .

La monétarisation de l'économie et le développement du salariat vont dans le même sens , en faisant de l'école un autre moyen privilégié d'insertion dans l'économie urbaine et vraiment l'un des meilleurs moyens. Mais les frais de scolarité représentent un investissement coûteux pour ceux qui étudient dans les écoles de la ville, donc dans l'Enseignement Secondaire Général ou Professionnel.

A l'école , une certaine forme d'éducation sexuelle aux élèves , en adaptant leur contenu au développement affectif et cognitif des enfants .L'école est sans doute le plus approprie . Si nous avons note pendant cette période qu'un seul cas de grossesse non désire.

ORGANISATION SOCIALE ET PARTICIPATION COMMUNAUTAIRE

En milieu rural, l'organisation des communautés repose souvent sur de solides fondations sociales et culturelles et s'est développée au fil des siècles. Mais tout ceci a disparu avec la migration ou tout simplement avec l'urbanisation. Les conditions nécessaires au rétablissement d'une organisation sociale sont difficiles à réunir. Ayant quitté un village relativement stable et homogène, ces migrants vont se trouver selon toute vraisemblance, dans une société hétérogène sur tout les plans, précaire, opportuniste, mouvante, ou chaque individu est trop préoccupé par sa propre survie pour s'intéresser aux problèmes collectifs. Alors que cet « esprit de quartier » ou conscience collective, est nécessaire voire capitale. Elle est faible à Baraka, très faible or c'est elle qui constitue le ciment, la base de l'organisation sociale en vue de l'amélioration de leur conditions de vie. Le lien social est caractérisé de nos jours par la division du travail social. Le travail salarié stable étant générateur d'une conscience collective, intégrative. Dans cette approche, toute carence d'intégration par le travail, diminue la conscience collective, affaiblit le lien social, et accroît les consciences individuelles de façon importante. Toutefois nous ne vivons pas dans une situation d'anomie.

L'organisation sociale a toujours été instable à Baraka, dus à divers problèmes. De même le foisonnement de structures dirigeantes n'améliore pas les choses. On est là pour la communauté et on joue un rôle de passerelle entre la communauté et les partenaires ou pouvoirs publics. L'un des buts du développement communautaire est de permettre à ces populations d'acquérir une expérience en matière d'organisation et de gestion, ainsi que de prendre la confiance et la probité nécessaire pour traiter avec les organismes publics ou autres et mettre en place des mécanismes obligeant ceux qui interviennent dans le quartier à prendre des responsabilités et à rendre compte de leurs activités.

LOGIQUES SPATIALES ET SOCIALES

Nous sommes partis d'un postulat : les rapports sociaux se projettent dans un espace et s'y inscrivent en le produisant . Ils introduisent dans cette production des contradictions spécifiques . L'espace n'est donc pas, pour nous une donnée , une scène indifférente dont il suffirait de dénombrer les contenus .

Des trois types de structures familiales repérées : la famille élargie , la famille étendue , la famille élémentaire , cette dernière simple (monogamique ) ou composée (polygamique ) , constitue l'unité de base à Baraka.

Elle se rapproche dans son organisation , sinon dans son mode de vie , de la famille conjugale de type européen.

La monétarisation de l'économie , les efforts menés en vue d'une accumulation de biens , l'accès à un mode de consommation de type occidental , la volonté de scolariser les enfants , les modèles qui président à la production de l'habitat constituent autant d'incitation à une autonomisation des familles élémentaires .

Composée de néo-citadins occupant les emplois les plus précaires et les moins qualifiés (voir plus haut) , elle est donc l'objet d'une double exploitation qui permet les stratégies d'accumulation ou de reproduction simple des diverses couches supérieures et capitalistes véreux.

L'espace urbain apparaît comme un enjeu crucial et révélateur de stratégies concurrentes et des rapports de pouvoir.

Or une approche de type anthropologique peut permettre de préciser cette problématique générale , notamment par le moyen de l'analyse situationnelle et de l'analyse institutionnelle ; il s'agit d'étudier des situations ( opérations de rénovation , restructuration , , implantation d'équipements collectifs à travers Enda...) mettant face à face les différents acteurs , leurs stratégies respectives , leurs rapports de pouvoir , leurs discours , les représentations sous-jacentes et les pratiques mises en oeuvre .

Ainsi pourrait être mise en évidence la diversité des logiques spatiales et sociales en présence , appréhendées tant dans leurs contradictions internes que dans leurs confrontations .

CORRUPTION

La multiplication et l'ampleur des révélations concernant des affaires de corruption ont profondément terni l'image de la classe dirigeante du quartier . On est dès lors en droit de se demander si notre société n'est pas atteinte d'un mal profond qui la mène de l'intérieur . Ce mal est d'autant plus grave qu'il se produit dans une période de profonde structuration et de crise en général dans ce quartier . Il serait très dangereux de ne voir dans la corruption que ce qui est relaté dans les journaux en ignorant qu'elle peut nous atteindre tous plus ou moins selon le degré de pouvoir que nous possédons . On peut tenter de caractériser la corruption au-delà de la définition strictement juridique , par le fait que le corrompu y a trouve un intérêt personnel . Les conséquences des pratiques de corruption sont multiples et touchent aussi bien les domaines économiques ou politiques que la sphère de la moralité publique .

Dans le domaine économique , la corruption fausse manifestement le jeu de l'économie .

Il y a toujours un très grand danger dans une société à tenir un discours contredit par la pratique. Sur le plan politique , elle pervertit le citoyen démocratique . Mais ce sont évidemment les conséquences morales qui sont les plus importantes . Quelle confiance accorder à des élites qui tiennent un discours faisant référence à de grands principes moraux et qui ont une pratique qui les contredit ?

C'est un délit qu'il vaut toujours mieux prévenir que réprimer . Sans prétendre faire le tour de la question dans cette modeste contribution , on peut suggérer ceci .

Ne pouvant se développer dans le secret , il faut tout faire pour renforcer la transparence , le contrôle ;c'est un délit qui doit être jaugé à l'arsenal juridique sans hésitation .

Il faut impérativement motiver l'ensemble des acteurs sociaux et économiques en faveur de politiques de développement qui aient pour objectif prioritaire d'assurer à tous les hommes une chance égale de vivre dans la dignité, en portant les efforts et les sacrifices nécessaires . Et cela s'avère impossible si les personnes responsables ne donnent pas des signes indiscutables d'intégrité et de leur sens du bien commun . Les phénomènes de fuite des capitaux ou d'appropriation des ressources au profit d'une minorité familiale , sociale, ethnique ou politique sont répandus et de notoriété publique . Ces errements sont fréquemment dénoncés , mais sans que pour autant leurs auteurs soient réellement incités à cesser ces activités qui lèsent les pauvres, alors même qu'elles sont considérables .

C'est souvent surtout la corruption qui entrave les réformes nécessaires a la poursuite du bien commun et de la justice , lesquels vont de pair . Les causes de la corruption sont nombreuses : cependant elle constitue un abus très grave de la confiance accordée par la société a une personne mandatée pour la représenter et qui , par contre , profite de ce pouvoir social pour obtenir des avantages personnels .La corruption est un des mécanismes constitutifs de nombreuses « structures de péché « et son coût pour Baraka est largement supérieur au montant total des sommes détournées à des fins personnels. Les sages, le centre, l'école et surtout le Cyber qui est générateur de ressources sont à suivre de près. Ce qui est encore plus graves c'est l'impunité dont ils bénéficient.

TOXICOMANIE

Ce fut une hypothèse et elle est confirme par les faits . Un important réseau de drogue s'est constitue avec le temps dans ce quartier , par ailleurs vulnérable . L'alcoolisme qui lui est souvent rattache n'échappe pas non plus a ce constat : des gens viennent même de l'extérieur pour se ravitailler . 24H/24H le bar est fonctionnel avec des pointes pendant le week-end et en semaine aux environs de 17H-20H.

D'autres maux (promiscuité , délinquance , prostitution ...) trouvent ainsi un terrain propice pour se répandre au vu et su de tout le monde et malheureusement des enfants et adolescents s'ils ne sont pas eux même preneurs .

La toxicomanie est un phénomène qui se répand de plus en plus . Elle pose de grands problèmes psychologiques , sociaux , spirituels et moraux .

En l'espace de quelques décennies , la toxicomanie , l'alcool , sont passés d'un usage relativement restreint , réservée à une classe sociale aisée et indulgente envers elle-même à un phénomène de masse qui touche désormais toutes les couches de la population, détruit des vies , rend nulles bien des promesses .

L'augmentation des prix de l'alcool pendant les grandes vacances 2003 n'a pas servi à décourager les personnes .

La science et la technologie ont toujours cherché à tirer parti des substances chimiques pour soigner les pathologies , améliorer les conditions de vie , accroître le plaisir de la convivialité . Les utilisateurs ont constaté que certains de ces substances pouvaient produire une sensation agréable , euphorique , sédative anxiolytique , stimulante ou hallucinogène . Elles créent des pertes d'attention et une altération du sens de la réalité . La prise de ces substances favorise d'abord l'isolement , puis la dépendance , et par conséquent , la délinquance, l'insécurité, c'est pourquoi certains habitants des quartiers environnants préfèrent faire le détour afin d'éviter de probables agressions .

Les jeunes représentent une proportion importante de cette population. Le travail précoce pour certains, l'aliénation ou l'absence de surveillance des parents pour d'autres, ou même de socialisation, les ont conduit dans ce milieu infernal. Beaucoup d'entres eux ne sont pas qualifiés pour être compétitifs sur le marché restreint de l'emploi à Dakar. L'exclusion professionnelle implique par conséquent une exclusion sociale entraînant la résurgence de certaines pratiques déviantes. Dès lors, confrontés aux tensions et aux contraintes inévitables de l'adolescence , ces jeunes défavorisés pour ne pas dire marginaux, ne savent plus ou tourner de la voix pour trouver un appui, et n'ont presque aucune chance pour échapper à ce sort.

MIGRATIONS INTERNES

Le phénomène des migrations internes est étroitement lié au développement socio économique dans les pays en développement . Il subit l'influence de l'évolution économique et sociale et il agit à son tour sur elle . On le sait aussi influencé par les différences de conditions de vie entre régions ainsi qu'entre milieu urbain et milieu rural , mais pour que ces différences incitent à migrer , il faut y être sensible et avoir accès à un moyen de transport.

Contrairement à la moyenne nationale d `après le RGPH de 1988, les hommes sont plus nombreux à migrer vers les centres urbains que les femmes et invoquent le plus souvent des raisons économiques .

En ce qui concerne les conséquences des migrations , il faudrait comparer la situation des migrants à celle des non migrants de même niveau qui sont restés dans leur lieu d'origine . Cette comparaison n'est pas possible car elle sous entend une descente dans les différentes zones de provenance des habitants de Baraka .

PERSONNES AGÉES

Par ailleurs , il est a noter la part importante des personnes âgées de plus de 50 ans; dans la plupart des quartiers flottants , les adultes sont très peu nombreux ;mais il faut dire que la migration à Baraka est particulière et ne date pas d'aujourd'hui, comme dit plus haut. La culture urbaine n'est pas compatible à leur état.

Le vieillissement de la population et l'évolution vers un resserrement de la pyramide des âges dû a une relative baisse de la fécondité et à la mortalité ont modifié l'équilibre numérique entre les hommes et les femmes .

TRAVAIL ET GENRE

Par ailleurs les gains obtenus par les femmes au cours des 2 derniers mois sont en général sensiblement inférieurs a ceux des hommes alors qu'elles participent pour une large mesure à la situation économique de leurs familles respectives. Cela s'explique par le fait que d'une manière générale, leur participation à la vie active est plus courte et plus irrégulière et que leurs emplois sont souvent des emplois a temps partiel , que leur travail est moins bien payé , qu'elles travaillent surtout dans l'informel, et qu'elles subissent encore le poids de la tradition.

CE QU'ILS ATTENDENT D'ENDA TIERS MONDE

CE QU'ILS VEULENT DONNER A ENDA TIERS MONDE

L'action de Enda est très bien appréciée. Cette ONG a beaucoup fait pour eux. Les pères de famille sont unanimes, qu'il faut continuer la collaboration afin de faire reculer les frontières de la pauvreté, de renforcer les acquis sociaux, de continuer la restructuration du quartier arrêtée depuis le décès de leur « papa » : Jacques BUGNICOURT, le 16 avril 2002, tout en protégeant la nature. A défaut de pouvoir investir eux-mêmes avec leurs propres moyens financiers, ils n'ont que leur force physique et leur bon sens ; Les ressources humaines ne sont-elles pas la première richesse d'un peuple, malgré ce que l'occident veut nous faire avaler ? En tout cas, de façon concrète ils entendent user de cela pour entretenir les biens existants : école, case de santé, édicules publics, cyber pop...car résoudre les problèmes d'une population demande une continuité et de la collaboration.

CULTURE DE LA PAUVRETE

La culture ou la sous-culture de la pauvreté est un genre de vie particulier qui tend à se perpétuer chez ces habitants ainsi que chez leurs descendants. Sur les quatre points que les spécialistes des sciences sociales ont définis, trois se retrouvent dans notre analyse.

- Les familles sont peu intégrées aux principales institutions de la société : système éducatif, partis politiques, syndicats...

- Ils sont d'origine rurale et on note l'inexistence de réseaux sociaux structurés et la faiblesse de l'organisation sociale.

- Au niveau individuel, la culture de la pauvreté engendre un sentiment d'impuissance, de résignation face à une condition sociale qui apparaît comme immuable.

EVALUATION

Cet outil fait défaut . Nous ne savons pas si nos interlocuteurs ont été avard en mots ou bien les moyens d'evalution de la qualité des services font defaut.

Mais nous sommes convaicus que c'est un exellent moyen de travail.

Etude sur la satisfaction des populations , test de compétence , formation et autoformation , entretien avec les groupes cibles , enquêtes périodiques de démographie et de sante, recherche operationnelle , rapports, auto-évaluation...

Il est important aussi d'avoir en retour le feed-back de la part des destinataires sur la pertinence et l'utilité afin de soutenir leur intérêt.

* 17 Plusieurs élus locaux s'attachent toujours à cette idée que l'exode rural est la source d'alimentation de la croissance démographique de Dakar.

* 18 Ministère de l'Economie des Finances et du Plan, Division de la Prévision et de la Statistique.

-Population estimée du Sénégal en 1999, 2000, 2001. Juin 2001.

-Répertoire des villages de la région de dakar, R.G.P.H 1988

-R.G.P.H 1998, Rapport Région ; Résultats définitifs Dakar ; Septembre 1992

* 19 idem

* 20 idem

* 21 Notons que certains biens durables, à l'instar de l'immobilier, représentent un patrimoine transmissible, il peuvent donc être hypothéqués.

* 22 L'alimentation : elle va de la minoterie au commerce des fruits de légumes frais, elle intégre la restauration, la fabrication et la vente de boissons, etc.

-l'habillement et le textile : elle englobe la couture, le commerce de tissus et de vêtement, les fabriques et commerces d'articles chaussants, etc.

-la réparation ou entretien : elle regroupe la vulcanisation, la réparation d'autos, de cycles, d'appareils électriques et électroménagers, etc.

l'équipement : elle comprend les « briqueteries », les vanneries, les menuiseries, les fabriques de matelas, les forges, les quincailliers, etc.. qui travaillent pour l'équipement des ménages en général.

Les services aux personnes : elle inclut les marabout, le commerce des plantes soignantes, la coiffure, les photographes, les lavandières etc.

* 23 Les conditions de vie et de travail des filles domestiques à Dakar ; dossier de recherche duel II, Mai 2001, par Issimath Laniba, DiarigneSène, Rémi Nimubona, Viviane Tine, Benoît Tine.

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire