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Le malaise dans l'oeuvre de Ken Bugul: cas de "la folie et la mort " et "de l'autre côté du regard "

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par Kouessi Jacques Richard CODJO
Université d'Abomey- Calavi Bénin - Maà®trise ès- lettres modernes 2004
  

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2- Le sacrifice humain.

Le sacrifice humain est l'une des pratiques les plus barbares que l'imagination et la méchanceté humaine aient pu créer. Il consiste à immoler des êtres humains à un dieu pour espérer de celui-ci un quelconque avantage. Dans La folie et la mort, ce sacrifice se fait dans le contexte d'une cérémonie annuelle à la mémoire des ancêtres. Yaw, un jeune du village qui se promène par hasard sur les hauteurs d'une montagne, doit, malgré lui, assister à toute la mise en scène. D'abord, il voit, de sa cachette, des gens du village qu'il reconnaît. Ceux-ci cessent de parler et commencent à enfiler des vêtements multicolores que portent les ancêtres du village. Ainsi Yaw vient de découvrir qui sont les ancêtres du village. Et son étonnement et sa déception s'accroissent lorsqu'il voit des enfants du village s'approcher, conduits par l'un des pseudo ancêtres qui leur tient un discours selon lequel ils sont des privilégiés d'être choisis cette année pour aller servir les ancêtres dans l'au-delà. Après cela, le rituel commence :

« Un à un, les enfants avalèrent le liquide verdâtre et un à un ils s'écroulèrent inanimés. Les personnages enlevèrent leurs tenues bariolées et sortirent des poignards bien effilés. Yaw, abasourdi, était au bord de la syncope totale. Ils prirent les enfants un par un et les égorgèrent. Le sang giclait avec furie. Un sang chaud, bouillant, bouillonnant. Un sang rouge. (...) Ils firent plus que les égorger. Ils les décapitèrent ensuite et mirent les têtes dans un sac. Les corps mutilés des jeunes enfants furent enterrés là sur la colline où tout avait été préparé »71(*).

Ce qui témoigne le plus du malaise psychologique dans cette séquence, c'est le sang-froid avec lequel des personnes adultes assassinent des enfants. Et ces enfants sont choisis parmi les mieux portants du village. Ce sont les plus valides et les plus intelligents selon les propos de l'un des ancêtres. On ne se soucie pas de ce que ces enfants pourraient devenir plus tard. On les sacrifie pour quelle cause : « Le Timonier sera satisfait. Avec ces têtes qu'il nous demande, il va être l'homme le plus puissant de la planète. Il va être l'homme le plus riche du monde »72(*). Voilà pourquoi des enfants sont sacrifiés chaque année. En réalité, on le saura plus tard dans le roman, ces têtes humaines sont commercialisées par le Timonier et son complice, l'homme au chapeau d'astracan noir qui vit sur un bateau. Ces têtes humaines lui permettent de faire faire des potions magiques pour préserver son règne. Ainsi, le Timonier utilise les pratiques culturelles traditionnelles qu'il détourne de leurs objectifs initiaux dans le seul but de conforter et de voir se réaliser ses ambitions politiques, à l'instar des nombreux dictateurs qui dirigent le monde.

Comment alors celui qui a vu cela pourra-t-il continuer à vivre ? Yaw, après avoir vu cela doit mourir. Sa mort est d'autant plus certaine qu'il commet l'imprudence, le lendemain, au cours de la grande cérémonie, de dénoncer la mascarade. Pour les ancêtres, seule la mort peut laver cette offense. Ils se mettent alors à sa poursuite. Il est récupéré, prodigieusement comme Mom Dioum, par un missionnaire blanc. Mais celui-ci, conscient de la gravité de ce que Yaw a vu, va l'enfermer dans un asile de fous. C'est là qu'il fait connaissance avec Mom Dioum dont l'histoire est semblable à la sienne. Les deux histoires forment une seule et même histoire puisqu'elles tournent autour des supercheries du Timonier. Et lorsqu'on a découvert cela on doit choisir entre la folie et la mort, ou surtout, les deux. En plus de cela, la sorcellerie constitue également une forme de violence socioculturelle.

* 71 Idem, p.141

* 72 Ibidem.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld