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Le malaise dans l'oeuvre de Ken Bugul: cas de "la folie et la mort " et "de l'autre côté du regard "

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par Kouessi Jacques Richard CODJO
Université d'Abomey- Calavi Bénin - Maà®trise ès- lettres modernes 2004
  

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3- L'acharnement du sort sur les personnages de Bacar Ndaw, Samanar et de Maguèye Ndiare dans De l'autre côté du regard.

a- Bacar Ndaw.

C'est le frère aîné de Marie. C'est avec lui qu'elle a le plus joué pendant l'enfance. Marie avoue que c'est lui qu'elle aime le plus parmi ses frères, non pas parce qu'ils ont toujours joué ensemble mais parce qu'il est très fragile. Cette fragilité physique le poursuivra jusque dans l'âge mûr, comme une malédiction. A six ans, il est confié à une tante qui ne s'occupe pas bien de lui. Elle le laissait errer dans la gare. Cette expérience a été déterminante dans la formation du caractère du jeune homme. Sa soeur dit :

« De cette période mon frère avait hérité une fragilité métaphysique.

De cette période mon frère avait hérité l'humilité et la simplicité.

De cette période mon frère avait hérité une faiblesse existentielle »89(*).

Après les études élémentaires, il va en Europe pour faire de hautes études en océanographie ou industries alimentaires dans une grande école à Talence en France. Mais, par ironie du sort, il est victime d'un accident de la circulation. Sa cheville est broyée et il rentre au pays pour se contenter de dispenser des cours de sciences naturelles et de mathématiques dans un collège dont il devient, quelques années plus tard, le principal. Malgré les moyens limités d'un principal de collège, il fait beaucoup d'enfants. Le narrateur ne dit pas combien. Mais on sait qu'il en a fait suffisamment pour ne pas vivre une vie particulièrement heureuse. D'ailleurs, il est dit qu'il ne voyageait jamais, non parce qu'il n'avait pas envie mais parce qu'il n'avait pas les moyens. De plus, il perd sa femme. Une femme de Sîndoni, la ville où il travaille et qui a la réputation d'abriter les plus belles femmes du pays, des mulâtresses. Mais cette femme meurt un jour en consultation, face à un médecin, alors qu'elle est enceinte. Et comme pour le crucifier sa nouvelle épouse croit qu'un principal de collège a de l'argent et lui rend la vie dure :

« Alors que mon frère Bacar Ndaw n'est qu'un fonctionnaire.

Un fonctionnaire qui vit au-dessus de ses moyens.

Comme certains fonctionnaires !

Mon frère Bacar Ndaw est toujours déficitaire »90(*).

En clair, Bacar Ndaw n'aura connu aucun moment de véritable joie dans sa vie le sort ne lui aura pas permis de jouir, ne serait-ce qu'un tant soit peu des délices de cette vie.

b- Samanar.

Elle est la nièce de Marie, la fille de sa soeur aînée Assy. Elle est née au moment où Marie avait cinq ans. Et c'est à cause d'elle que Marie a été abandonnée sur le quai d'une gare de chemin de fer. Assy étant trop jeune pour s'occuper d'un enfant, sa mère a dû prendre Samanar en charge. C'est ainsi que celle-ci s'accroche à sa grand-mère au crochet de qui elle vit, matériellement et moralement, toute sa vie. Ainsi, Samanar n'aura pas connu une vraie vie. Elle naît prématurément d'une mère trop jeune pour s'occuper d'elle. Elle s'accroche à sa grand-mère qui n'a pas de grands moyens. Elle vit dans son ombre. De plus, elle est née avec des « compagnons »91(*). Dans les croyances traditionnelles de ces milieux, les êtres vivent avec des êtres invisibles. Il paraît que chacun a soit un compagnon soit une compagne. Mais Samanar a, elle, plusieurs compagnons à qui il faut chaque mois immoler un mouton. Cette cérémonie mensuelle contribue à ruiner sa grand-mère. Lorsqu'elle décide de se marier, elle épouse un homme qui ne fait rien et qui se fait aussi entretenir par la grand-mère. A la mort de celle-ci, l'homme se permet d'épouser une autre femme. Samanar s'incruste dans la misère. Le sacrifice mensuel aux compagnons devient impossible et la souffrance morale devient très forte :

« Je savais que ma nièce Samanar était souffrante.

Non pas d'une maladie qui tuait.

Non d'une maladie incurable sans espoir.

Elle était souffrante, d'une souffrance métaphysique »92(*).

Elle ne réussit pas à survivre à la mort de sa grand-mère, la mère de Marie. Maguèye Ndiare ne connaît pas un meilleur sort.

* 89 De l'autre côté du regard, p.93

* 90 Idem, p.19

* 91 Idem, p.28

* 92 Idem, p.41

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