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Le malaise dans l'oeuvre de Ken Bugul: cas de "la folie et la mort " et "de l'autre côté du regard "

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par Kouessi Jacques Richard CODJO
Université d'Abomey- Calavi Bénin - Maà®trise ès- lettres modernes 2004
  

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b- La mise en abyme.

De sa forme picturale à sa forme littéraire dans le double aspect du théâtre et du roman, la mise en abyme est une vieille technique ancrée dans la tradition culturelle aussi bien dans l'espace européen qu'africain, comme le montre l'étude de Médéhouégnon Pierre : « Mise en abyme et identité africaine chez les écrivains francophones négro-africains », parue dans le Tome 1 des Actes des Journées Scientifiques Internationales de l'Université Nationale du Bénin effectuées du 27 novembre au 02 décembre 2000115(*). Selon cette étude, André Gide définit la mise en abyme

« dans la création romanesque, comme une technique de l'enclave, un procédé du roman dans le roman grâce auquel un auteur insère dans une oeuvre une scène, une séquence où des personnages de la fiction narrative reprennent le même sujet déjà abordé et développé dans l'oeuvre tout entière »116(*).

Ainsi, cette technique de narration consiste à raconter une même histoire de deux ou plusieurs façons au coeur d'un même récit. Dans La folie et la mort cette technique est très explicite. L'histoire du roman est la véritable histoire de Mom Dioum que le narrateur considère comme la « vraie histoire ». Cette histoire a été reprise dans l'histoire de Yaw qui elle-même est enchâssée dans celle de Mom Dioum. Celle-ci est témoin d'une mascarade orchestrée par le Timonier et ses complices. Elle est poursuivie et pour échapper à la colère du Timonier, elle décide de changer de vie. Elle ne réussit pas et n'a plus qu'un choix, la folie pour survivre. Yaw quant à lui, est témoin d'une tuerie organisée par le Timonier et ses complices. Il est poursuivi mais arrive à s'échapper. Il n'a plus qu'un choix : la folie pour survivre. Les deux histoires se ressemblent sur plusieurs autres points qui montrent qu'elles sont identiques. Mais il faut rappeler que l'histoire de Yaw a commencé dans l'un des rêves de Mom Dioum. C'est l'un des aspects qui montrent que c'est l'histoire de Mom Dioum qui a été reprise dans celle de Yaw. L'histoire de Mom Dioum, le macro-récit, commence dès le début du roman et ne s'achève pas lorsque celle de Yaw, le micro-récit, commence. Mais celle-ci est non seulement identique à l'autre mais montre aussi comment l'autre, l'histoire de Mom Dioum, va s'achever.

Cette forme de mise en abyme ressemble à celle utilisée par certains écrivains africains qui se servent de la divination comme dispositif de mise en oeuvre de la technique. La scène de la divination laisse présager la suite du macro-récit, comme l'histoire de Yaw qui apporte un éclairage à l'histoire de Mom Dioum en ce sens qu'elle montre que la folie est la seule issue possible dans la situation qui est la leur.

On pourrait également trouver la mise en abyme de l'histoire de Mom Dioum dans celles de Fatou Ngouye et Yoro avec la différence que ceux-ci n'ont pas été témoins d'une mascarade organisée par le Timonier ou ses complices mais qu'ils ont été victimes du système instauré par le Timonier. Après, même s'ils n'ont pas connu exactement le même cheminement que Mom Dioum, ils ont tous fini leur histoire dans la mort comme elle. L'histoire de Fatou Ngouye est enchâssée dans celle de Mom Dioum tandis que celle de Yoro s'achève légèrement après elle. Ce lien entre les différentes histoires est possible parce que Jean Ricardou fait observer que la mise en abyme « n'est pas une opération nettement délimitable. Toujours se rencontre une grande diversité dans le traitement du dispositif qui l'autorise. Ainsi, tout ce qui se plaît, dans le texte, à établir avec quelque insistance une relation de similitude a-t-il tendance à jouer, fût-il partiel, fût-il fugace, un rôle de mise en abyme »117(*).

Cette technique de mise en abyme rend complexe le récit qui pourrait prendre l'allure d'une répétition de l'histoire au sein d'un même récit, ce qui pourrait engendrer le malaise. Mais elle permet aussi de mettre au jour une autre technique, celle de l'amplification dans La folie et la mort et De l'autre côté du regard.

* 115 Pierre MEDEHOUEGNON, « Mise en abyme et identité africaine chez les écrivains francophones négro-africains » in Actes Journées Scientifiques Internationales Université Nationale du Bénin (27 novembre - 02 décembre 2000), Abomey-Calavi, 2002.

* 116 Pierre MEDEHOUEGNON, op. Cit.

* 117 Cette citation est empruntée à Pierre MEDEHOUEGNON dans son article sus-cité.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery