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La construction identitaire d'une ONG par la communication: le cas de Médecins sans Frontières

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par Jessica Ellouk
Université de Montréal - Maitrise es sciences de la communication, option organisationnelle 2011
  

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3.3 La présentification

Comme nous l'avons vu, les chercheurs de l'Ecole de Montréal considèrent que le collectif se bâtit avec tout ce qui parle et agit en son nom et c'est par ce biais qu'ils amènent l'idée de présentification dans les organisations. Ainsi, selon Cooren (2006):

Acting in the name of others thus amounts to making these others present, a sort of `presentification' that, as we will see, tends to solve the conundrum of the mode of being of societies and organizations. According to this approach, a collective entity like a group, organization, or society exists through all the entities that act or speak on its behalf. (p. 83)

Le concept de la présentification qui est utilisé dans le cadre des études réalisées par les chercheurs de l'Ecole de Montréal sert de lentille dans l'observation des organisations (Brummans et al., 2009). S'inspirant de Gumbrecht (2004), les penseurs de cette école définissent la présentification organisationnelle comme un concept qui renvoie à la manière dont une organisation est rendue présente par le biais d'agents humains et non-humains qui sont, eux-mémes, dans un processus

d' interaction (Cooren, Matte, Taylor & Vasquez, 2007). L'idée de présentification permet donc de voir comment l'organisation s'incarne par l'entremise des acteurs humains et non-humains qui la mettent en scene implicitement ou explicitement (Cooren, 2006). Les acteurs humains peuvent mobiliser des acteurs non-humains et parfois aussi d'autres acteurs humains (Cooren et al., 2008).

Cette idée d'incarnation qui rappelle aussi l'idée de parler ou d'agir au nom de, est décrite ainsi:

The incarnation that enables presentification occurs through the interplay between spoken and written language (conversations, speeches, documents, memos, posters), nonverbal language (gestures, symbols), context (circumstances, previous interactions), and materialities (costumes, buildings, desks, computers). (Brummans et al., 2009, p. 104)

Cependant, même si l'on considère que toute entité peut potentiellement être l'agent d'une autre entité, il faut prendre en compte le fait que dans le cadre d'une organisation, certains agents ont plus de visibilité ou d'importance que d'autres.

Comme nous l'avons vu, présentifier une organisation, c'est la rendre présente. En ce sens, on peut aussi rendre présent son identité, celle-ci s'incarnant dans des acteurs humains (employés, directeurs, porte -parole, É) et non-humains (vêtements, logo, bâtiments, É) qui sont censés la manifester. On notera d'ailleurs qu'il n'y a pas une incarnation, mais bien plusieurs, plusieurs agents ayant potentiellement un rTMle de représentation à jouer au sein du collectif. Ainsi, l'organisation est re-produite selon les nombreuses présentifications censées l'incarner. Comme le précisent Cooren et al. (2008):

Our study indicates that the ways in which an organization's presence is produced can never be fully controlled by the organization itself (i.e. by its representatives), because organization presentification results from the interplay between a number of human and nonhuman interactants. Going one step further than Gumbrecht (2004), we thus argue that an organization's (or individual's) presence is always a co -production. (p. 1346)

Dans le phénomène de présentification et d'incarnation, il y a aussi l'idée de performance, qui se manifeste par la traduction, l'interprétation, la transaction et surtout, en ce qui nous concerne dans cette étude, la co-construction (Cooren et al., 2008).

D'un point de vue communicationnel, cette présentification organisationnelle, dans le cas de l'organisation Médecins Sans Frontières, se manifeste surtout selon des narratifs produits par les membres de l'organisation, narratifs qui les apparentent à des héros, alors que les non-membres passent alors soit pour des adjuvants, soit pour des opposants (Cooren et al., 2008).

La revue de littérature nous a montré que l'identité organisationnelle se construit de facon quotidienne et qu'elle fait l'objet de négociations constantes à travers les interactions. On peut donc considérer que l'organisation se présentifie dans l'interaction à travers les valeurs, les principes, les arguments, les documents qui sont censés incarner son identité, sa mémeté. Nous allons donc nous concentrer sur les interactions au quotidien pour comprendre la construction du Ç soi È d'une organisation, à travers ses incarnations exprimées par le langage. Afin de justifier l'étude de l'identité organisationnelle par le biais de l'analyse du discours en interaction, nous nous baserons sur l'idée d'agentivité développée par Cooren

(2006) : « In a world full of agencies, an organization's identity can thus be understood through all these entities that can act and speak in its name » (p. 83).

Afin d'analyser empiriquement comment l'identité organisationnelle s'incarne dans la construction interactionnelle, nous proposons d'étudier l'organisation Médecins Sans Frontieres. Pourquoi cette organisation ? Notamment parce que c'est l'une des seules ONG à but humanitaire d'envergure internationale, avec une identité complexe et des tensions entre sa cause et ses impératifs stratégiques. Mais aussi, parce que des sa création, elle clame haut et fort dans les médias qu'il faut aider les populations en souffrance sur le terrain de leur drame, en envoyant des médecins, mais aussi des caméras, pour dénoncer la réalité de leur détresse aux yeux du monde. Les représentants de cette organisation ont donc a priori conscience du pouvoir des mots et des images, lesquels sont des éléments majeurs dans la constitution de l'identité d'une organisation. Toutes ces raisons m'amenent à penser que l'organisation Médecins Sans Frontieres semble être un cadre d'étude tres intéressant pour une recherche sur la construction de l'identité organisationnelle. En outre, il existe déjà un corpus de données (vidéos d'une mission de Médecins Sans Frontieres en République Démocratique du Congo) qui est mis à notre disponibilité pour notre recherche par Francois Cooren, mais nous y reviendrons plus tard.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard