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La construction identitaire d'une ONG par la communication: le cas de Médecins sans Frontières

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par Jessica Ellouk
Université de Montréal - Maitrise es sciences de la communication, option organisationnelle 2011
  

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3.2 Le concept de ventriloquie

La ventriloquie est un concept développé par Cooren (2010b) dans la continuité des réflexions sur la communication organisationnelle du courant de pensée de l'Ecole de Montréal. Les bases théoriques de ce concept se situent dans un premier temps autour de l'ethnométhodologie de Garfinkel, puis s'insère dans la théorie de l'acteur réseau avec une considération éminente pour les interactions. Ajoutons que cette réflexion ne serait pas sans la contribution d'Austin et sa théorie sur les actes de langages qui amène le postulat de la performance et de l'action des mots, du langage dans les interactions (Cooren & Bencherki, sous presse). Le concept de ventriloquie est présenté et défini de la sorte :

La notion de ventriloquie, [est] concue métaphoriquement comme le processus par lequel des interlocuteurs animent et font parler des êtres (que je propose d'appeler figures, le nom que les ventriloques utilisent pour parler des mannequins qu'ils manipulent), êtres qui sont eux -mêmes censés animer

33 ces mêmes interlocuteurs en situation d'interaction. (p. 1/2, Cooren, 2010b)

Il est donc question, avec la notion ou le concept de ventriloquie, de s'intéresser aux figures que mobilisent les interlocuteurs au sein de l'interaction. En ce sens et comme le dit Cooren (2010a), cette notion permet d'approcher une dimension plus profonde de l'interaction et plus profonde de ses acteurs, car : « interagir, c'est faire parler des figures, figures qui sont censés certes nous animer, mais que nous animons aussi implicitement ou explicitement pour ordonner la conversation de telle ou telle maniere » (p. 24). Il est donc à noter que ce concept prend tout son sens lorsqu'il est utilisé dans le cadre d'une analyse de conversation. De la sorte, il peut être tres utile pour une recherche qui s'intéresse à décrypter ce qui se passe dans une interaction et plus précisément ce que font les acteurs.

L'idée est donc ici de considérer que dans nos conversations nous faisons appel à des figures en les invoquant, de façon implicite ou explicite, pour les faire parler, les ventriloquiser, ajoutant ainsi leur force à notre propos. Mais, il appara»t aussi que nous sommes en quelque sorte des marionnettes et que si nous parlons, c'est aussi que nous sommes agis nous-mêmes. Ainsi comme le dit Cooren (2010b) suite à l'analyse d'une interaction filmée dans le cadre d'une recherche sur l'organisation Médecins Sans Frontieres :

Parler au nom de MSF (ce que lui permet son statut), c'est donc être (officiellement) mue par les intérêts de cette organisation, c'est les traduire, les re-présenter, les présentifier pour une autre première fois. [É] Faire parler ou ventriloquiser la figure d'une organisation, c'est donc aussi et surtout faire parler ses intérêts, tels que traduits et compris au moment même de l'interaction, dans son eccéité. (p.16/17)

Revenons un instant sur la définition d'une figure ou d'un être dans le cadre de cette métaphore de la ventriloquie. Il s'agit de principes, de valeurs, d'idées, d'idéologies, de normes, de lois, de règlements, de procédures, de statuts, d'organisations, de groupes, de sociétés ou de personnes (Cooren; 2010a; 2010b). Il est donc question de répertorier et d'examiner tous les acteurs humains et nonhumains qui agissent dans l'interaction, dans son ici et maintenant de la situation et qui l'influencent. Ainsi, par exemple, invoquer un principe, c'est en quelque sorte se l'approprier et l'incarner. En termes d'identité, c'est donc être identifié par son ou ses interlocuteurs par ce même principe. Cet exemple est valable pour tous les acteurs humains ou non-humains qui peuvent être appelé à participer directement ou indirectement, implicitement ou explicitement, à la conversation. De plus, il existe une réciprocité dans l'action des figures/êtres auxquelles on fait appel dans nos conversations :

Ventriloquism is also interesting as a metaphor for communication because people can alternatively position themselves or be positioned as the figure or the ventriloquist, a vacillation or oscillation that is typical of this type of phenomenon. (Goldblatt, 2006; cité dans Cooren & Bencherki, sous presse)

En effet, au même titre que l'on anime quelque chose ou quelqu'un, celui-ci nous anime aussi: Ç Ils agissent dans la mesure oü on les mobilise/anime/meut/enrôle et oü ils nous mobilisent/animent/meuvent/motivent. È (p.13/14, Cooren, 2010b). Ainsi si dans une conversation, je me présente comme étant d'une certaine nationalité, par la même occasion je recois tous les attributs de cette nationalité et l'incarne aux yeux de mon ou mes interlocuteurs.

construction de l'identité organisationnelle dans les interactions du quotidien permet de s'extraire d'une vision réductrice de la conversation qui ne considère que les seuls interlocuteurs présents physiquement. Aussi, reconstruire les effets de ventriloquie dans une conversation, c'est déconstruire la scène interactionnelle pour rendre compte de son entièreté et lui redonner toute sa dimension visible et surtout invisible (Cooren & Bencherki, sous presse).

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams