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La construction identitaire d'une ONG par la communication: le cas de Médecins sans Frontières

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par Jessica Ellouk
Université de Montréal - Maitrise es sciences de la communication, option organisationnelle 2011
  

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3.1 L'École de Montréal

LÕÉcole de Montréal est un courant de pensée qui rassemble des chercheurs autour dÕune idée centrale selon laquelle les organisations sont constituées par et dans la communication, une communication vue comme organisante (Brummans, 2006). Cependant, lÕÉcole de Montréal ne sÕintéresse pas seulement à la communication, elle cherche aussi son inspiration au sein de toutes les disciplines des sciences humaines, en sÕintéressant notamment à la linguistique, la sémiotique, aux etudes sur les organisations et au m anagement (Brummans, 2006). Comme son nom lÕindique, cette école de pensée prend son origine à Montréal, au Québec, cÕest- à-dire un espace francophone au cÏur de lÕAmérique du nord. Ce lieu se trouve culturellement et historiquement à la frontiére de lÕEurope et du continent américain. Son originalité lui permet notamment de relier et de réunir en son sein des concepts venus des deux cotes de lÕOcéan Atlantique.

Ainsi, par exemple, lÕEcole de Montréal réussit à connecter des idées provenant du pragmatisme européen et américain (Brummans, 2006), cÕest à dire une philosophie qui sÕattache à la réalité, au concret, autrement dit à lÕaction. Cette école

trouve ses fondements dans la théorie des actes de langage dÕAustin, les écrits de Searle, certaines réflexions de Durkheim, le formalisme de Peirce, les travaux de Dewey et de Deetz, pour nÕen citer que quelques-uns. De plus, elle mobilise les concepts issus de la théorie de lÕacteur-réseau (ANT), appelée aussi sociologie de la traduction (Akrich, Callon & Latour, 2006), laquelle considére le monde comme un ensemble de réseaux oil interagissent des acteurs humains et non-humains, acteurs qui peuvent eux -mêmes etre considérés comme des réseaux. Nous allons maintenant faire un petit detour pour presenter les conceptions de cette approche, cela dans le but de mieux comprendre les réflexions de lÕÉcole de Montréal.

Le postulat de base est que tout élément qui fait quelque chose peut etre considéré comme un acteur et quÕil y a une interdépendance entre les différents êtres qui constituent des collectifs. Par ailleurs, lorsquÕun individu prend la parole, ce nÕest pas seulement lui qui parle mais tout ce quÕil peut alors se mettre à représenter ou traduire (cÕest-à-dire, ce quÕil rend present à travers son acte de parole). Ainsi, lÕidentité dÕun acteur peut se définir comme la configuration de ces effets de representation. De fait, les êtres sont hybrides car ils incarnent ou sÕincarnent dans plusieurs choses, cÕest -à-dire que tout etre peut etre représenté, incarné, matérialisé, traduit ou incorporé par plusieurs autres êtres. Cooren et Taylor nous disent ainsi (1997 ; cite dans Cooren et al., 2008) :

An organization is a hybrid, protean and polymorphous entity composed of human and nonhuman agents (documents, computers, spokespersons, employees) that do things in the organization's name or on its behalf. (p. 1342)

<< Faire, c'est faire faire>> (p. 601) et, qu'il n'y a pas d'origine à l'action. On est donc toujours dans un processus, un processus dont on ne peut qu'arbitrairement designer l'origine car tout être est mu par quelque chose qui l'anime en amont, l'amenant, en aval, à faire quelque chose. On est ainsi <<toujours aussi déjà>> (selon l'expression de Derrida, 1990) dans un continuum d'actions successives.

Ainsi, par le discours, on peut faire agir plusieurs choses ou personnes. Le collectif, selon une vision performative, est donc toujours en train de se définir, à travers ces effets de présentification/délégation. Cette re-définition constante peut traduire et/ou trahir la parole du collectif, car il y a forcement transformation, car déplacement/translation. La société est réalisée par les performances de ses acteurs, une société est à la fois complexe (car résultant des interactions) et compliquée (car résultant d'effets de représentation).

Au-delà de l'influence de la théorie de l'acteur -réseau, l'École de Montréal a développé une approche originale du phénomène organisationnel à partir d'une réflexion sur les propriétés organisantes de la communication (Brummans, 2006, Cooren, 2000). Le fonctionnement du langage Ð sous ses deux modalités: la conversation et le texte Ð y est tout particulièrement analysé. Selon cette approche, les textes servent de médiateurs dans une conversation entre agents, alors que les conversations produisent et mobilisent elles-mêmes des textes (Brummans, 2006). De plus, l'emphase est mise sur l'interaction dans la construction des organisations:

Organizational structuring occurs because human interactions are mediated by nonhuman agents (including `objects' like texts or langage more generally) that constrain and enable these interactions, give them a relatively lasting character in time and space, and allow the translation of individual

into collective action (p. 201, Brummans, 2006; voir aussi Cooren & Taylor, 1997 et Taylor & Giroux, 2005)

Au sein des conceptions de cette école, on retrouve aussi l'idée d'agency ou d'agentivité, qui est définie comme suit: << the term agent means what or who appears to make a difference, whereas agency simply means making a differenceÈ (Cooren, 2006, p. 82). Cooren (2006) ajoute que le monde est composé de nombreuses agentivités, << a plenum of agenciesÈ (p. 85), et qu'au quotidien, ces acteurs y font appel dans leurs discours et leurs actions.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo