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Les fondements pour une éthique universelle. A priori fondamentaux, idéologies, représentations sociales. Etude de leurs rapports structurels

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par Robert Michit
Laboratoire européen de psychologie sociale appliquée Grenoble -  1999
  

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Deuxième pas : Confirmation des liens de cohérence entre les différents éléments de la cognition sociale.

Ayant réalisé l'expérience suivante auprès des cadres d'une banque réalisant une fusion entre deux sites installés dans deux départements différents, il nous est nécessaire de rappeler les résultats des études concernant la représentation sociale de l'entreprise bancaire, dans le cadre des travaux sur les influences des représentations sociales dans les prises de décisions professionnelles (Michit, 1998a).

On y établissait que pour les cadres supérieurs de ce groupe bancaire, la banque de type mutualiste présentait une double organisation hiérarchique du système central en fonction des divers groupes d'appartenance des sujets déterminés par des caractéristiques géographiques et des caractéristiques d'activité productive.

Pour une part des sujets (27) la banque mutualiste se présente comme une entreprise de service principalement dirigée par le service du client et les relations de personne.

Pour une autre part des sujets (21) la banque mutualiste se présente comme une entreprise commerciale dirigée par la rentabilité des produits proposés aux clients dans un univers de concurrence.

Nous obtenions un système central à deux éléments centraux "la rentabilité", le "service-client" associés à des pratiques en terme de "relations de confiance" pour le premier et de "relations de concurrence" pour le second.

1° phase.

Afin de préciser la structure du système central, nous avons procédé à un ensemble d'observations mettant en relation la représentation de banque mutualiste avec la représentation du groupe idéal.

Hypothèse

Si le groupe d'amis idéal est un groupe dans lequel les relations entre les personnes sont pensées comme amicales, alors le groupe des professionnels qui se représentent la banque comme basée sur les relations de confiance aura tendance à associer la banque mutualiste à un groupe d'amis idéal.

Par contre le groupe qui se représente la banque comme une entreprise à vocation commerciale et donc à vocation de rentabilité, doit concevoir la banque comme un groupe professionnel dans lequel les relations présentent une organisation hiérarchique non amicale.

Expérience.

On propose aux 48 sujets deux ensembles de trois propositions définissant leur entreprise. Présentée à 24 sujets [(11activent la représentation de la banque comme devant être un Groupe productif (G.P.)et 13 activent la représentation de la banque comme devant être un groupe d'amis idéal G.A.I.)] le premier ensemble présente la banque selon la structure du groupe d'amis idéal, dans laquelle les sujets sont des personnes dont il est nécessaire de prendre en compte les intérêts avant même les intérêts du groupe qui est à leur service. Le second ensemble de propositions [présentées aux 24 autres 10G.P et 14G.A.I.] la représente selon une structure de groupe productif idéal dans lequel les intérêts du groupe entreprise sont premiers.

Pour chaque proposition, on demande aux sujets de quantifier leur degré d'acceptation.

Ensemble de propositions A.

L'entreprise bancaire doit être un groupe dans lequel les relations entre les personnes sont conviviales et fraternelles

Pas du tout / possible / tout à fait d'accord

Les individus doivent être considérés comme des personnes : leurs compétences et leurs capacités productive sont importantes mais ne doivent jamais être déterminantes dans les décisions de productivité.

Pas du tout / possible / tout à fait d'accord

La considération de l'intérêt des personnes doit prévaloir sur les intérêts de l'entreprise.

Pas du tout / possible / tout à fait d'accord

Ensemble de propositions B.

L'entreprise doit être un groupe dans lequel les relations sont hiérarchiques et dirigées par la production

Pas du tout / possible / tout à fait d'accord

Les personnes doivent être considérées selon leurs compétences et leur productivité.

Pas du tout / possible / tout à fait d'accord

La considération des intérêts de l'entreprise doit prévaloir sur les intérêts des personnes.

Pas du tout / possible / tout à fait d'accord

On tente dans cette association de propositions de mesurer le degré de cohérence entre la RS du groupe et les deux autres représentations, celle su sujet en tant que personne humaine et celle des rapports hiérarchisés entre le groupe et les individus.

En attribuant à "Pas du tout" la note 1, à possible la note 3 et à "tout à fait d'accord" la note 5, nous avons les possibilités suivantes :

- si les sujets sont dirigés par la représentation sociale du groupe d'amis idéal, l'ensemble A obtient un score total de 15 et l'ensemble "B" un total de 3.

Et inversement si les sujets se représentent l'entreprise comme un groupe productif.

En unissant les sujets qui obtiennent des scores pour A strictement inférieur à 7 et pour B strictement supérieur à 11 afin de définir des groupes qui associent les trois représentations (groupe productif versus groupe d'amis idéal, avec les deux représentations : hiérarchie entre le groupe et les individus et le sujet humain) selon une cohérence interne, nous établissons le tableau suivant :

Propositions

R.S.

A<7

B>11

7<A/B<11

B<7

A>11

Groupe Productif

18

6

0

Groupe fraternel productif

0

7

17

Comme le présumait l'hypothèse les sujets se représentant l'entreprise bancaire comme un groupe productif réalisent en majorité des scores A<7 ; B>11 ; et les sujets se représentant l'entreprise comme un groupe d'amis idéal réalisent en majorité des scores tels que A> 11 ; B < 7 .

De ces résultats précédents, nous tirons comme conclusion que la représentation de l'entreprise est une représentation d'un groupe qui entretient des liens de cohérence avec la représentation des relations de subordination entre les individus et le groupe et la représentation du sujet humain plus ou moins objectivé relativement à l'activité de production.

Quelques mois après, quand la fusion est réalisée, on demande aux même sujets d'exprimer leur opinion sur le type d'entreprise qu'est devenue leur banque après la fusion. On leur présente, cette fois-ci, les six propositions ensembles en leur demandant de choisir parmi les six, les trois qui définissent leur entreprise après fusion.

Résultat Après fusion :

Ensemble

R.S.

A<7

B>11

7<A/B<11

B<7

A>11

Groupe Productif

21

3

0

Groupe fraternel productif

20

4

0

On observe tout d'abord que les représentations de l'entreprise ne changent pas à la suite de la fusion si les sujets activent une représentation de l'entreprise comme un groupe productif. Ce n'est pas le cas pour les autres qui expriment dans leur grande majorité que la nouvelle entreprise est devenue un groupe productif. Pour eux, la fusion contribue à détruire la banque mutualiste.

Le basculement dans l'évaluation de leur groupe professionnel vers un groupe productif alors qu'ils l'attendaient comme un groupe mutualiste au service des clients dans l'environnement représentationnel du groupe d'amis idéal, est à l'origine d'un sentiment d'insatisfaction proche de celui que peut produire une trahison des fondements existentiels. Il s'agit de trouver quelles formes de représentation prennent ces fondements pour trouver les a priori existentiel fondamentaux qui dirigent leurs attitudes, leurs représentations et leur pratiques décisionnelles.

2° Phase

La deuxième phase du processus de recherche conduit à s'intéresser aux sujets insatisfaits qui subissent une manipulation, telle que l'on peut la réaliser dans une procédure expérimentale, de part la fusion. Cette fusion met les sujets activant la représentation de la banque comme une entreprise de service dans un univers représentationnel différent du leur et provoque une insatisfaction comme nous venons de le voir.

Technique

Afin de déterminer les causes de cette insatisfaction et tout à la fois d'éprouver notre hypothèse de dépendance et de trouver les formes représentationnelles qui sont remises en cause par l'opération administrative de regroupement des outils de production, on pratique des entretiens individuels dont la technique utilise la seule question c'est-à-dire afin de pousser les réponses jusqu'au moment où le sujet ne réponde que par : "parce que c'est ainsi" ou une formule similaire. Cette méthode permet d'identifier des a priori fondamentaux qui sont des représentations construites par l'expérience d'évidence de vie et justifiables pas autrement que par cette évidence. Elles ne sont pas des catégories kantiennes préexistantes à la cognition.

Procédure

On demande aux sujets qu'est-ce qui a radicalement changé dans les conditions de travail produites par la fusion. Les réponses se composent de deux certitudes.

§ La première affirme que les personnes sont considérées comme des pions au service de l'entreprise (cela correspond à une objectivation des personnes et à une définition de la place primordiale du groupe).

§ La deuxième renvoie au sentiment d'être agi par les lois de la concurrence qui obligent l'entreprise à se plier à des procédures rigides qui ne laissent plus aucune marge de manoeuvre qui rendaient avant la fusion les employés acteurs dans le système (les sujets sont agis par des lois économiques). L'exemple qui est généralement cité pour appuyer cette justification, est le mode de relation que les employés avaient, avant la fusion, avec les applications informatiques. Il était affirmé que : " avant la fusion chacun pouvait "bidouyer" les applications informatiques selon sa créativité pour les rendre plus performante et on partageait avec les collègues les astuces efficaces. Maintenant avec la fusion, il est impossible de les transformer même si ces nouvelles applications présentent des inconvénients majeurs. Mais vous verrez, nous serons obligés de les bidouyer de nouveau!"

Les sujets ne font jamais référence en dernier ressort à l'idéalité du groupe dans leurs justifications (par exemple : c'est parce que notre entreprise est devenue un groupe productif), ce qui prouve que ce n'est pas la représentation du groupe qui est touché directement par le changement réalisé.

Leurs réponses indiquent que sont touchées les représentations concernant la place des sujets par rapport au groupe et celles concernant leurs possibilités d'actions. Ces deux représentations sont constitutives de la représentation du groupe auquel ils appartiennent ou du groupe qu'ils valorisent. Autrement dit, il existe un lien de subordination de la représentation idéale du groupe à ces représentations.

Les deux formes déclaratives présentes ici, seraient donc deux positions particulières possibles au regard de deux a priori fondamentaux qui seraient 1) l'a priori de la hiérarchie entre groupe et individu (groupe 1° versus sujet 1°) et 2) l'a priori du sujet humain acteur versus agi.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius