WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les fondements pour une éthique universelle. A priori fondamentaux, idéologies, représentations sociales. Etude de leurs rapports structurels

( Télécharger le fichier original )
par Robert Michit
Laboratoire européen de psychologie sociale appliquée Grenoble -  1999
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Marxisme :

Dans une lettre qui exprime son opposition à l'idéalisme de Proudhon5(*), Marx éclaire de la manière suivante son idée centrale du matérialisme historique :

«Les hommes sont-ils libres de choisir telle ou telle forme sociale? Pas du tout. Posez un certain état de développement des facultés productives des hommes et vous aurez telle forme de commerce et de consommation. Posez certains degrés du développement du commerce et de la consommation et vous aurez telle forme de constitution sociale, telle organisation de la famille, en un mot telle société civile. Posez telle société civile et vous aurez tel état politique.»

Ainsi, les forces productives et les rapports de production conditionnent donc l'existence sociale

On dispose donc là d'un indice fort d'une position de principe relative au rapport entre individu et liberté qui pose le caractère agi du sujet humain du fait des lois de développement des sociétés humaines selon le modèle de description matérialiste historique.

Concernant le second point, on distingue assez clairement ce qu'il en est pour les pratiques politiques prétendant s'inspirer du marxisme (discipline militante de fer, centralisme dit démocratique, dictature du prolétariat...), mais les écrits de Marx et Engels ne posent pas de postulats clairs relatifs à cette idée de primauté de l'individu par rapport au groupe ou inversement.

Deux textes nous permettent néanmoins de poser l'hypothèse d'une réponse ferme.

Lorsque Marx critique la Déclaration des Droits de l'Homme, c'est notamment parce que cette dernière ramènerait trop strictement au caractère inaliénable du droit à la propriété excluant ainsi le devoir de solidarité sociale. Premier indice d'une supériorité du groupe par rapport au sujet individu.

Par ailleurs, plusieurs écrits6(*) dénoncent la violence recouverte par les rapports sociaux capitalistes dans le fait de décomposer le collectif des producteurs en une juxtaposition forcée d'individualités séparées dont les capitalistes (eux-mêmes simples instrument du «mouvement du capital») pompent le surtravail. Le groupe prolétaire (seul Sujet de la littérature marxiste) est donc premier. C'est la décomposition du collectif qui est d'abord soulignée et dénoncée et non l'étouffement des talents individuels.

Certains sociologues ou philosophes, se réclamant d'une filiation marxiste (Jacques BIDET, Michel HENRY ou Louis DUMONT) reconnaissent en Marx, à la lecture des modes idéologiques contemporaines qui valorisent le désir individuel et la subjectivité, un philosophe qui «en dépit des apparences est essentiellement individualiste [par opp. à holiste]»(L. Dumont, 1977). Mais aucun de leurs propos ne réfèrent des écrits de Marx ou Engels qui témoigneraient explicitement du primat de l'individu sur le groupe. Et les arguments pour sortir la pensée marxiste d'une vision holiste (considérant les individus comme membres fonctionnels du développement d'une dialectique sociale propre au matérialisme historique) relèvent plus d'une rationalisation post mortem ralliant les fondements de l'analyse marxiste à l'ordre idéologique ambiant des troupes proches des mouvements dits de la pensée critique que d'un travail d'interprétation objectif des travaux publiés par Marx et Engels.

Concernant le troisième postulat, on peut déduire la position préférentielle relative à la signification de la mort à partir, non pas tant de l'expression de la "religion Opium du peuple" que de l'énoncé des fondements de la primauté matérialiste de l'existence humaine : c'est la force de la pratique, de l'action, de la production matérielle qui est première. Le fondement de la vie se trouve dans l'enchaînement des forces d'action sur la matière. Il n'y a par ailleurs chez Marx aucune expression d'incertitude quant à la capacité à objectiver le fonctionnement social.

Concernant le rapport à la nature, les points de vue anthropologiques marxistes rejoignent sur ce point les fondements de l'école néo-classique7(*). «Du fait de leur organisation corporelle, les hommes doivent produire leurs moyens d'existence en transformant la nature : il n'y a jamais de liberté effective qui ne passe par la transformation matérielle (Poïesis) et qui ne produise une transformation de soi (Praxis)". De surcroît, les marxistes sont d'abord des spécialistes du développement de l'économie industrielle attachés à ce propos au développement de ce que H. Ahrent(1994), énoncera comme un ouvriérisme théorique.

Concernant la dernière dimension, s'il est vrai que Marx et Engels dénoncent avec vigueur le fait que, dans le monde des valeurs marchandes, les sujets sont évalués en tant que choses et par conséquent transformés en chose (processus de réification) soulignant ainsi selon eux l'extrême aliénation de l'humanité dans le capitalisme, on ne trouve pas pour autant, au delà de cette identification de protestation sociale, trace d'une ouverture fondamentale à la différence de l'autre, celui qui pense différemment et déploie d'autres intérêts. Les appels à la Révolution, à la Dictature du Prolétariat laissent plutôt à penser que l'Autre doit être détruit. L'autre est donc réité.

* 5 Lettre à Annekov, Bruxelles, le 18 décembre 1846.

* 6 Chapitre XIII du Capital, La machinerie et la grande entreprise, §4 La fabrique.

* 7 Rejoignant aussi plus fondamentalement en cela un des fondements idéologiques du judaïsme, à savoir qu'en rapport au Mythe de la création, Dieu crée certes la terre mais Dieu n'est pas au dedans de cette terre, objet que doit donc transformer l'homme.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite