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Analyse de la situation de scolarisation des orphelins de six à  seize ans de la ville de Toma (Province du Nayala )

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par Steve Dimitri PARE
Université de Ouagadougou - Maà®trise 2009
  

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PREMIERE PARITIE :
CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIE

CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE

1.1 Problème général de recherche.

Le contexte mondial actuel est fortement dominé par les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). <<Les OMD sont une série de huit (08) objectifs spécifiques (quantitatifs dans de nombreux cas) qui visent à améliorer la condition humaine », nous rappellent Sanjay REDDY et Antoine HEUTY4. Ces objectifs sont une synthèse des objectifs internationaux en matière de développement convenus aux conférences sur le développement social, et aux réunions et sommets des Nation Unies des années 90, ainsi que de la déclaration du millénaire approuvée par l'ensemble des chefs d'Etat au Sommet du Millénaire tenu en Septembre 2000 à New York. Le deuxième objectif5 (qui nous intéresse particulièrement) projette d'<< assurer une éducation primaire pour tous » d'ici à 2015. Pour le Ministère de l'Action Sociale et de la Solidarité Nationale6(2005), << La pauvreté des familles constitue un sérieux handicap au maintien de la quasi-majorité des OEV dans le système éducatif ». Dans ce double contexte de pauvreté des familles et d'impératif de scolarisation des enfants, le problème général de recherche vise à appréhender les stratégies mises en oeuvre par les ménages pour faire face aux besoins de scolarisation des orphelins.

1.2 Question générale de recherche

Dans la mesure où la présence des orphelins dans les ménages engendre des charges
supplémentaires pour elles, on peut se poser la question suivante : quelles stratégies les

4 REDDY Sanjay et HEUTY Antoine, réalisation des OMD, critique et stratégie, www.columbia.eddu/- sr793/AchievingtheMDGs.french.pdf

5 En rappel les sept (07) autres OMD sont : réduire l'extrême pauvreté et la faim ; promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes ; réduire la mortalité infantile; améliorer la santé maternelle ; combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d'autres maladies ; assurer un environnement durable; mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

6 Ministère de l'Action Sociale et de la Solidarité Nationale, Cadre Stratégique de Prise en Charge des OEV, Ouagadougou, mars 2005, p16

familles ayant en charge des orphelins mettent-elles en oeuvre pour assurer leur scolarisation ?

1.3 Revue de littérature

La revue de littérature est indispensable pour notre recherche. Elle permet de s'imprégner des approches déjà faites et, de voir comment le thème a été abordé dans les publications existantes. Dans notre cas, nous les avons regroupées en quatre (04) thématiques : le statut social de l'orphelin, la situation de l'offre scolaire au Burkina Faso, les représentions sociales de l'école et l'impact du VIH /SIDA sur la scolarisation.

. Le statut social de l'orphelin

Pour mieux comprendre le statut social de l'orphelin il convient nécessairement de se pencher d'abord sur le «regard > de la société vis-à-vis de l'enfant qui a perdu ses parents. B. TAVERNE7 (1997) a essentiellement étudié les pratiques sociales à l'égard des orphelins dans la société Moagha.

Pour lui, devenir orphelin (Kiiba) chez les mossis est interprété comme une perturbation de l'ordre naturel/devin/ancestral et le plus souvent la responsabilité est attribuée à l'orphelin. A travers un processus d'imputation de la cause, l'enfant orphelin est considéré comme responsable du décès de son père ou de sa mère. La mort du parent est censée révéler la personnalité et la nature de l'enfant. S'il a pu se « débarrasser > de son père ou de la mère, cela signifie qu'il a la « tête dure > et qu'il entretien des relations étroites avec les entités du monde supra humain (les génies).

Ses pouvoirs ou ses liens avec l'au-delà sont suffisamment forts pour lui permettre de
s'affranchir de ses parents en les tuant. Ainsi, cet enfant inspire la crainte. Cette crainte
suscite des sentiments équivoques de la part des adultes qui assurent la prise en charge

7 TAVERNE Bernard, La dimension occultée : le statut social de l'enfant orphelin. Société d'Afrique et SIDA (FRA), 1997, No 17,18 p7

de l'enfant. L'orphelin est coupable d'avoir éliminé ses parents, il n'est pas vraiment digne d'être l'objet de soins attentifs. La force qui lui a permis un tel acte oblige à la méfiance. Ne serait-il pas capable (avec l'aide des génies qui l'accompagnent) de punir par la mort les personnes qui le négligeraient ?

Plus loin, B. TAVERNE8 (1997), se basant sur des recherches antérieures, souligne que de telles représentations culturelles de l'orphelin ne sont pas spécifiques à la société moagha. A quelques nuances près, qui sont la marque d'organisations sociales et de références culturelles différentes, des représentations semblables se retrouvent dans d'autres sociétés du Burkina Faso : Dagari, Gurmantché, Peul, et Samo.

Cependant, la persistance de ces formes de représentations culturelles ne permet pas d'appréhender totalement le statut social de l'orphelin ou son devenir. Il convient nécessairement de faire une analyse de ce statut à travers le droit moderne et le droit coutumier.

Selon le droit moderne burkinabè, le statut de l'orphelin est officiellement défini par le Code des Personnes et de la Famille (CPF) entré en application en 1990. Ce code précise les modalités de prise en charge des enfants orphelins, « si l'un des père ou mère décède (...) l'autorité parentale est dévolu de plein droit à l'autre > (article 519). « Lorsque les père et mère sont décédés (...) il y a lieu de désigner un tuteur > (article 520). L'organisation de la tutelle incombe au juge du tribunal civil (article 557), « s'il n'y a pas de tuteur testamentaire (...), un tuteur sera donné au mineur par le conseil de famille > (article 563). Ce conseil est composé de quatre membres désignés par le juge des tutelles (...) qui les choisit de préférence parmi les parents ou alliés du père ou de la mère (article 566).

En pratique, le code est encore loin d'être connu et appliqué sur l'ensemble du
territoire. Pour la majorité des près de onze (11) millions d'habitants qui vivent en

8 TAVERNE Bernard, La dimension occultée : le statut social de l'enfant orphelin. Société d'Afrique et SIDA (FRA), 1997, No 17,18 p7

milieu rural (sur les treize (13) que compte le pays)9, le droit des personnes est régi par diverses formes de droit coutumier, variables pour chaque groupe ethnique. La plus grande partie de la population du Burkina vit dans une situation de double droit : un droit coutumier, qui régit l'ensemble des rapports sociaux quotidiens et un droit moderne plus théorique et lointain. Il y est fait référence lorsque l'application du droit coutumier ne parvient pas à résoudre le problème qui lui est soumis et/ou que celui-ci est porté devant les instances administratives de l'Etat.

Selon le droit coutumier dans la société mossi, et selon l'organisation sociale (la société mossi est patrilinéaire, le mariage polygamique-polygynique, la résidence est patri- virilocale), le devenir des enfants orphelins se réalise de la façon suivante : lorsque la mère décède, ses enfants sont confiés aux autres épouses du mari (B. TAVERNE, 1997). Ils ne quittent donc pas l'espace domestique dans lequel ils vivent depuis leur naissance. Lorsque c'est le mari qui décède, l'enfant va suivre sa mère dans la procédure du lévirat qui lui sera proposée. Si celle-ci refuse le lévirat, elle quitte alors la famille de son mari. Elle ne peut partir qu'avec l'enfant qu'elle allaite, qu'elle devra ramener lorsqu'il sera sevré.

Cependant, B. TAVERNE10 (1997) rappelle que ce statut social de l'orphelin ne peut être considéré comme une donnée immuable et définitive. Les sociétés africaines parmi lesquelles celle d'Afrique de l'Ouest sont engagées dans de profonds changements sociaux dont l'épidémie du SIDA est à la fois cause et conséquence. Il est fort probable qu'en lui-même, l'accroissement du nombre d'orphelins à cause de l'épidémie provoquera divers réajustements sociaux qui modifieront leur statut.

9 Selon les résultats provisoires du Recensement Général de la Population et de l'Habitation (RGPH) de 2006 publié par le journal SIDWAYA dans sa parution du 25 Juillet 2007, le Burkina Faso compte 13 730 258 habitants dont 51,7% de femmes et 48,3% d'hommes. Par ailleurs, 20% de la population vit en milieu urbain contre 80% en milieu rural.

www.mediaf.org/fr/medias/fiche.php

10 TAVERNE Bernard, La dimension occultée : le statut social de l'enfant orphelin. Société d'Afrique et SIDA (FRA), 1997, No 17,18, p8

Cependant, le statut de l'orphelin et les représentations sociales ne constituent pas en elles-mêmes les déterminants qui expliquent les difficultés de scolarisation. Il conviendrait de passer en revue la situation même de l'offre scolaire au Burkina Faso.

? L'offre d'éducation au Burkina Faso

A voir un peu l'évolution du taux de scolarisation au Burkina, le moins que l'on puisse dire c'est que la scolarisation progresse mais demeure faible. Marc PILON et Madeleine WAYACK11(2003) confirment ce constat.

Au moment de l'indépendance, en 1960, font-ils remarquer, le taux brut de scolarisation12 (pour les 7-14 ans) était de 6,5%. Le décret du 03 Août 1965 régissant l'enseignement primaire en (ex) Haute-Volta, reprit l'objectif d'une scolarisation universelle à atteindre d'ici 1980, objectif arrêté lors de la conférence des chefs d'Etats africains tenue à Addis Abeba en Ethiopie en 1961. Décret qui cependant prit soin de conditionner cet objectif « aux limites des possibilités d'accueil ». En 1970, le taux brut de scolarisation n'était encore que de 11% et de seulement 15,8% à la veille des années 80. Il a fallu attendre la période révolutionnaire « sankariste » (1983-1987), pour voir un accent particulier mis sur l'offre scolaire : trois mille (3000) nouvelles salles de classe sont construites sur cette période, contre mille six cents (1600) pour l'ensemble des deux (02) décennies 1960 et 1970. En dépit des efforts poursuivis les années suivantes, le taux brut de scolarisation n'était que de 30% en 1990 (calculé pour les 7-12 ans).

Les actions entreprises au cours de la décennie 1990, en référence au discours de
Jomtien13 (conférence tenue en 1990 en Thaïlande) sur l'éducation pour tous en 2000,

11Marc PILON et Madeleine WAYACK, la démocratisation de l'enseignement au Burkina-Faso: que peut-on en dire aujourd'hui ? EHESS, (FRA), Cahier d'études africaines, 2003, vol.43, n°169-170. p63-86

12 Le taux brut de scolarisation désigne le total des effectifs dans un degré spécifique d'enseignement, quelque soit leur âge, exprimé en pourcentage de la population ayant le droit et l'âge légal d'entrer à l'école au même degré d'enseignement dans une année scolaire donnée. Il diffère du taux net de scolarisation qui lui représente les effectifs d'un groupe d'âge officiel dans un degré donné d'enseignement exprimé en pourcentage de la population correspondante

http : // www.uis.unesco.org/i pagesfr/indspec/tecspe ner.htm

13 Conjointement convoquée par l'UNICEF, le PNUD, l'UNESCO et la Banque Mondiale, la conférence
mondiale sur l'éducation pour tous s'est tenue du 05 au 09 Mars 1990 à Jomtein. Elle a réuni les délégués de 155

confirment la priorité accordée au primaire tant au niveau de l'Etat que de la coopération internationale, priorité qui s'est concrétisée par un accroissement plus marqué de l'offre scolaire. En effet, au cours de ces dix dernières années, environ neuf mille cents (9100) nouvelles salles de classe ont été ouvertes portant le nombre total à dix sept mille trente sept (17037), soit un accroissement de l'offre scolaire supérieur à celui opéré par le pays en trente (30) ans, de 1960 à 1990, avec un taux de scolarisation de 41,3% en 2000, pour un total d'environ huit cent cinquante mille (850.000) élèves. Cette situation selon Marc PILON et Madeleine WAYACK14 (2003) « traduit certes les efforts accomplis, le Burkina Faso restant cependant encore loin du fameux objectif de l'éducation pour tous » Pour donner un coup de pouce au processus, le gouvernement en accord avec ses partenaires financiers a mis en place en 2000 le Plan Décennal pour le Développement de l'Enseignement de Base (PDDEB)15 (stratégie nationale pour atteindre le deuxième objectif du Millénaire : une éducation pour tous). Ce plan ambitieux prévoit atteindre un taux de scolarisation de 70% en 2009. Des efforts particuliers seront entrepris pour les filles (taux de scolarisation de 65% prévu pour 2009). C'est un budget global de deux cent trente cinq (235) milliards de francs CFA qui sera injecté dans ce plan qui devrait voir la construction et l'équipement de vingt mille cent trente (20130) salles de classe16.

A mi-parcours (2006), les différentes actions entreprises ont permis de porter le nombre de salles de classes au plan national à vingt six mille cinq cent quarante quatre (26544). Quant au taux brut de scolarisation, il était de 60,7%17 (66,1% pour les garçons et 55% pour les filles).

Pour parler d'éducation, il faut certes une disponibilité de structures d'accueil. Mais
cette condition se révèle à elle seule insuffisante pour expliquer des difficultés de

pays qui ont adopté des textes visant à répondre aux besoins éducatifs qui projetaient d'atteindre l'éducation pour tous avant la fin de la décennie 90.

14 Marc PILON et Madeleine WAYACK, la démocratisation de l'enseignement au Burkina-Faso: que peut-on en dire aujourd'hui ? EHESS, (FRA), Cahier d'études africaines, 2003, vol.43, n°169-170. P74

15 Sources : les echos d'edukafaso, www.edukafaso.org/doc/les echos-8.pdf.

16Ministère de l'Enseignement de Base et de l'Alphabétisation, Plan Décennal de Développement de l'Education de Base, 2001-2010, Ouagadougou, Burkina Faso, 56p

17 MEBA, Statistiques de l'Education de Base 2005/2006, Direction des Etudes et de la Planification (DEP), Ouagadougou, Burkina Faso, Mai 2006, p261

scolarisation. Il faudrait alors prendre en compte les raisons sous-jacentes qui déterminent le désir de scolarisation même dans les sociétés.

? La demande d'éducation au Burkina Faso

La demande d'éducation résulte à la fois de facteurs économiques et culturels. D'un côté, selon Remi CLIGNET18 (1994), << elle est déterminée par les ressources que les familles peuvent allouer à la scolarisation de leurs enfants et par les coûts directs et indirects que l'expérience implique ». Elle dépend donc des droits d'inscription exigés par les écoles, des dépenses vestimentaires et des achats des livres et du matériel pédagogique. Cette variante économique semble d'autant plus importante qu'elle a retenu l'attention de Philippe de VREGER 19(1994).

Se basant sur le mode de G. Becker et G. Lewis, il note que << la «qualité» des enfants est déterminée par leur capital humain, lequel est en partie hérité (patrimoine génétique) et en partie acquis ». On augmenterait alors ce capital humain en nourrissant les enfants, en les soignant et bien sûr en les scolarisant. Par conséquent, la qualité des enfants a un coût (q) que le ménage évalue et, prend en compte lorsqu'il décide de sa fécondité. Si le ménage a pour objectif de donner la même qualité à chaque enfant et, que chacun d'entre eux part avec le même patrimoine génétique, alors la dépense totale est égale au nombre total d'enfants (n), multiplié par le coût de chacun d'entre eux (q) soit n.q et, toute augmentation de la qualité des enfants se traduit par une augmentation du coût. Cependant, rappelle Philippe de VREGER (1994 :98), le modèle présente plusieurs inconvénients.

D'une part, il est statique et d'autre part, les hypothèses relatives à l'information dont
dispose le ménage sont très forts : le ménage choisit au départ le nombre de ses enfants
et la qualité qu'il désire donner à chacun d'eux. Mais chacun sait que les enfants

18 CLIGNET Remi, La demande d'éducation : aspects sociologiques. Afrique contemporaine (FRA), 1994, N° spécial, p114

19 De VERGER Philippe, La demande d'éducation : déterminants économiques. Afrique contemporaine (FRA), 1994, N° spécial p92-107

naissent les uns après les autres, et que le ménage ne peut prévoir à l'avance les capacités naturelles dont sera doté chaque enfant. Par ailleurs, le cadre dans lequel s'applique le modèle est celui d'une famille nucléaire (le père, son (ou ses) épouse (s) et leurs enfants) monogames ou polygame.

Pour lui donc, il conviendrait de considérer la famille étendue c'est-à-dire un groupe d'individus réunissant non seulement le chef de ménage, son (ou ses) épouse(s) et leurs enfants, mais aussi les neveux, nièces, petits enfants, cousins et cousines qui gravitent autour de cette famille nucléaire pour comprendre d'avantage l'ampleur de la difficulté.

Mais quel peut être en réalité le coût de l'éducation d'un enfant?

S'inspirant des résultats d'une enquête menée en Côte d'Ivoire en 1985, Philippe de VREGER (1994 :102) note que pour les enfants du chef de ménage et de son (ou ses) épouse(s), la moyenne des dépenses totales allouées annuellement à l'éducation atteint quarante sept mille trois cents francs CFA (47 300 FCFA) par enfant. Ce qui représenterait 8,5 % des dépenses annuelles des ménages de l'échantillon dont un (ou plusieurs) enfants est (ou sont) scolarisé(s).

Les dépenses sont le reflet de choix effectués par le ménage et ne traduisent pas forcément le coût minimum de l'éducation. En revanche, la même étude révèle que concernant les enfants vivant dans le ménage, mais dont les parents ne sont pas identifiés comme chef de ménage, les dépenses allouées à leur éducation sont en général nettement moins élevés que pour les autres enfants et n'atteignent en moyenne que trente quatre mille cinq cents (34500) francs CFA. Cette inégalité de traitement entre les enfants du chef de ménage et les autres enfants a aussi fait l'objet d'une étude menée par Komla LOKPO20(1999) dans la ville de Ouagadougou, où il analyse les répercutions des traitements inégalitaires subis par les enfants sous protection

20LOKPO komla, Conditions socio-économiques et rendement scolaire des élèves sous tutorat à Ouagadougou: une approche des relations entre la famille "tutorale" et les résultats à l'école. Université de Ouagadougou, Mémoire de Maitrise, FLASHS, 1999, 121 p.

«tutorale» sur leur rendement scolaire. Il y relève un sentiment d'insécurité ressenti par les élèves.

Au Burkina Faso, la scolarisation a été décrétée gratuite et obligatoire pour tous les enfants en âge d'aller à l'école (L'Enseignement du Premier Degré est, dans les limites de possibilités d'accueil, obligatoire pour les enfants des deux sexes de six (06) ans à quatorze (14) ans révolus.)21

Cela ne signifie pas pour autant que les coûts de l'éducation sont négligeables. Maxime COMPAORE22 (1996) a mené une étude dans la ville de Ziniaré et le village de Guiloungou. Il en est arrivé au constat que « la scolarisation d'un enfant nécessite un engagement de sa famille à réunir les meilleures conditions de travail. Outre la cotisation annuelle au niveau de l'association des parents d'élèves, les familles doivent assurer l'achat des fournitures scolaires, l'habillement, la restauration ». Autant de dépenses qui ne font qu'alourdir le prix à payer pour la scolarisation.

L'auteur a d'abord passé en revue la situation scolaire sous la période coloniale où la structure dirigeante de l'enseignement, au regard du nombre très réduit des écoles et des élèves, arrivait à assurer une dotation gratuite en fournitures scolaires. A partir de 1960, les parents d'élèves ont commencé à être mis à contribution pour l'achat de stylos, puis de cahiers et de livres. De nos jours, fait-il remarquer, tout le matériel utilisé à l'école par l'élève est à la charge de ses parents.

Mieux, les quantités et les coûts des fournitures scolaires augmentent au fur et à mesure que l'enfant avance dans sa scolarisation. Il a évalué le coût des fournitures scolaires de deux mille sept cent quatre vingt dix francs CFA (2 790 FCFA) au CP1, à huit mille quatre cent quatre vingt francs CFA (8 480 FCFA) au CM2. A ces coûts, il faudrait y ajouter la cotisation des parents d'élèves de mille cinq cents francs CFA (1500 FCFA) mais, aussi le coût approximatif des dépenses alimentaires et

21 DECRET N° 289 BIS/PRES/EN portant réorganisation de l'enseignement du Premier Degré, du 03 Août 1965.

22 Maxime COMPAORE, Ecole: Ziniaré et famille au BF, étude de cas et Guiloungou. L'Harmattan Paris (FRA), 1996, p167.

vestimentaires pour avoir une idée plus nette de l'aspect coûteux de l'école et comprendre en partie le comportement des parents qui avouent leur incapacité à scolariser tous leurs enfants.

En outre, l'école n'est pas seulement que coûts. Elle est avant tout représentation, perception culturelle et calcul d'intérêt.

Parler d'école, c'est avant tout parler d'une représentation que se font les individus de cette institution, de leurs attentes par rapport à elle et aussi de la manière qu'ils voudraient la voir fonctionner. Ces représentations sont les marques de différentes expériences vécues mais aussi des représentations sociales. Ces représentations peuvent présenter des divergences selon que l'on est en ville ou en campagne. Anselme YARO 23(2002) en a essentiellement fait cas dans une étude menée dans trois (03) localités différentes : Koudougou (localité urbaine), Kyon (localité semi urbaine) et Tiodié (localité rurale). Il ressort de son étude que bien que l'école soit considérée comme bénéfique pour tous, il n'en demeure pas moins que les parents y trouvent à critiquer. Le malaise principal vient du fait que l'école est considérée comme trop chère (fournitures, vêtements, etc.), les abandons dus aux échecs excessifs. Ce malaise se ressent avec une certaine acuité selon que l'on va d'une localité urbaine à une localité rurale. De plus, le manque de débouchés pour les diplômés inquiète aussi les parents qui jugent l'offre scolaire en inadéquation avec la demande scolaire. En outre, trois (03) raisons essentielles sont évoquées par les parents qui ne scolarisent pas tous leurs enfants: le manque de moyens financiers, les échecs scolaires mais aussi la nécessité de garder des enfants à la maison comme main-d'oeuvre. Ce dernier aspect renvoie à la conception de Remi CLIGNET24 (1994) pour qui « la demande d'éducation est aussi influencée par le manque à gagner que la fréquentation de l'école représente pour les familles ». Les groupes domestiques ruraux doivent financer le remplacement de la main d'oeuvre dont ils ont besoin pour le travail de

23 Anselme YARO, Représentations de l'école par les parents au Burkina Faso, Colloque (la recherche face au défis de l'éducation), Ouagadougou 19-22 novembre 2002.

24 CLIGNET Remi, La demande d'éducation : aspects sociologiques. Afrique contemporaine (FRA), 1994, N° spécial, p111

leurs champs ou le gardiennage de leurs troupeaux. Les groupes urbains doivent, quant à eux, se passer des revenus engendrés par l'emploi de leurs fils ou de leurs filles. Cette situation en elle-même est tributaire du niveau d'instruction des parents (c'est-àdire leur connaissance du milieu scolaire) et de leur capital culturel. Cependant rappelle l'auteur, l'impact même du milieu économique et socioculturel global peut subir des variations. Une étude similaire faite par Philippe DE VREYER25 en Côte d'Ivoire, lui a permis d'aboutir au même constat. Pour lui, les ménages (surtout ruraux) préfèrent repartir les rôles entre leurs enfants. Certains iront à l'école, d'autres recevront une formation sur le tas en participant à l'activité économique de la famille. Si les ménages manquent de ressources et n'ont qu'une faible capacité d'emprunt, ils peuvent choisir de commencer par investir dans le capital humain spécifique des aînés, puis d'utiliser leur contribution au revenu de la famille pour financer la scolarisation des plus jeunes. Quelles que soient l'origine et l'importance des ressources des groupes domestiques, leurs chefs adoptent des stratégies éducatives distinctes influencées à la fois par les liens de parenté qui les lient aux enfants dont ils ont la garde, le sexe, l'ordre de naissance de leurs propres enfants et les bénéfices qu'ils attendent de la scolarisation.

Cependant de nos jours, l'avènement du VIH/SIDA tend à rendre encore plus difficile le problème de la scolarisation par le biais de ses nombreux impacts sur le domaine scolaire.

? Rapport entre scolarisation et VIH/SIDA

Yacouba YARO 26(2002) soutient que le VIH/SIDA exerce un effet dévastateur sur les enfants de l'Afrique subsaharienne, où vivent plus de 90% des orphelins du SIDA, des enfants dont la mère ou les deux parents sont morts du SIDA. Pour beaucoup d'entre eux, les chances sont minces non seulement d'accéder à l'école mais en plus elles se

25 Philippe DE VREYER, une analyse économétrique de la demande d'éducation en côte d'ivoire, Revue d'économie du développement, vol1.

26 YARO Yacouba, Sida et éducation au Burkina Faso: que sait-on ? Colloque (la recherche face aux défis de l'éducation au Burkina Faso), Ouagadougou, 19-22 novembre 2002. www.ird.bf/prog/areb/annuaire.

trouvent quasiment réduites de poursuivre pour ceux qui y sont déjà. L'absence de soutien vital à ses orphelins et enfants vulnérables est souvent le fait explicatif de leur précarité scolaire. Pour preuve une étude mondiale de la banque mondiale montre que parmi les enfants scolarisés, un quart (1/4) quitte l'école avant d'avoir appris à lire et à écrire.

L'auteur (Yacouba YARO) s'est ensuite basé sur des études menées en Côte d'Ivoire qui ont montré que lorsque la personne qui procure la principale source de revenu est atteinte du SIDA, le revenu du ménage est réduit des deux tiers (2/3), et sa consommation, notamment en matière d'éducation, baisse de moitié. Ce qui évidemment a pour conséquence de mettre la scolarisation comme non prioritaire quand le SIDA frappe la famille. De fait, avec la pandémie du SIDA, l'accès à l'école devient non seulement hypothétique, mais elle se présente comme une priorité de moindre importance car la recherche du minimum vital conditionne tout pour ces enfants.

En effet, l'étude rapportée par l'auteur a révélé que lorsqu'un enfant a perdu un de ces parents, il a seulement 50% de chance d'aller à l'école. Mais quand les deux parents sont tous décédés, il ne lui reste plus que 10% de chance d'accéder à une école. Pour ceux qui sont déjà scolarisés, il arrive fréquemment qu'ils soient exclus de l'école ou qu'eux mêmes s'exclus car n'ayant plus souvent les moyens pour continuer ou retourner à l'école. Ceux qui malgré tout parviennent à rester à l'école se retrouvent dans une situation de dualité entre école et emploi domestique pour subvenir à leurs questions vitales.

Des constats similaires ont été faits par TOUGMA née KABORE Marie Béatrice27 (2004) dans son étude dans la ville de Bobo Dioulasso sur les conséquences sociales et scolaires du VIH/SIDA sur les orphelins et enfants vulnérables.

27 TOUGMA née KABORE Béatrice, les conséquences sociales et scolaires du VIH/SIDA sur les orphelins et enfants vulnérables : cas de la ville de Bobo Dioulasso, Mémoire de fin de formation à la fonction d'inspecteur du 1er degré, 2003/2004, 127p

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