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Le Front Farabundo Marti de Libération Nationale au Salvador: 1980- 2009

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par Kacou Elom Jean-Michel ADOBOE
Université de Lomé Togo - Maà®trise en histoire contemporaine 2010
  

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2. Formation et organisation du FMLN

Une situation d'oppression et de misère est fondamentalement à l'origine du développement de mouvements révolutionnaires, qui trouvèrent que la seule option pour atteindre leurs objectifs résiderait dans la lutte armée à travers la stratégie de la guerre de guérilla. Cette situation favoriserait probablement la guerre civile meurtrière qui se déclencha au Salvador et qui dura au moins pendant une décennie. L'espace politique étant resserré et marqué par la répression des oppositions politiques, des associations paysannes et ouvrières, la contestation se prolongeait dans les organisations révolutionnaires qui commencèrent à émerger et qui furent à l'origine de la création du FMLN.

2.1. Les différentes formations révolutionnaires à l'origine du FMLN

Pour une meilleure compréhension de cette partie et pour ses besoins, nous distinguerons les forces de guérilla proprement dites des « organisations populaires » qui dépendent d'elles. Il existe cinq groupes armés qui ont participé à la création du FMLN. À ces groupes, il est important pour nous de parler des organisations populaires ou organisations de masse qui ont joué un rôle non négligeable dans l'organisation du front révolutionnaire et dans la mobilisation des couches sociales surtout les plus défavorisées.

2.1.1. Etat des lieux des principales formations révolutionnaires

Le plus ancien des groupes de guérilla a été fondé le 1er avril 1970 par des dissidents du Parti communiste, qui ont choisi la voie des armes (Rouquié 1991 : 90). Il s'agit des  Fuerzas Populares de libéración ou Forces Populaires de Libération (FPL). Critiquant la stratégie du parti et prônant la lutte armée contre le pouvoir, Salvador Cayetano Carpio34(*), alors secrétaire général du PCS de 1964 à 1970, va se séparer de son parti et fonder ce groupe armé. Cayetano Carpio qui va prendre le nom de « commandant Marcial » au sein de la guérilla va assurer le commandement en chef des FPL jusqu'à sa mort. A ce groupe armé s'est alliée une confédération des mouvements de masse. Il s'agit du Bloc révolutionnaire populaire (Bloque Popular revolucionario, BPR)35(*) créé officiellement le 30 juillet 1975 et qui se présente comme une organisation populaire de soutien à la guérilla du FPL et plus tard au FMLN, regroupant des syndicats agraires, ouvriers, étudiants et même des associations de quartiers.

Un second groupe fut créé en 1971 suite à une rencontre entre militants du parti communiste, d'orientation maoïste, et un groupe radicalisé de la jeunesse de la démocratie chrétienne. Constitué en une armée révolutionnaire : Ejército Revolucionario del Pueblo (ERP), il avait une vision beaucoup plus militariste et insurrectionnelle. Il était dirigé par le comandante Joaquín Villalobos, ancien étudiant en économie issu d'une famille aisée de San Salvador. Cette armée révolutionnaire s'était dotée d'un parti, le Parti de la révolution socialiste (Partido de la revolución socialista, PRS) et d'une organisation de masse les Ligues du 28 février (Ligas Populares - 28 de Febrero, LP-28)36(*) qui ont une importance très réduite en raison du fait que l'ERP ne s'est pas départie de son caractère éminemment militaire. Même si elle connaît une faiblesse sur le plan organisationnel, il faut noter que l'ERP était une véritable armée et elle a été d'une importance capitale dans le contexte de la lutte armée engagée par le FMLN à partir de 1980. Ainsi selon A. Rouquié l'ERP avait constitué la première force militaire du FMLN, la plus nombreuse, la mieux entraînée et la mieux disciplinée. La seule à avoir attiré des officiers de carrière et à posséder une brigade de commandos d'élite (la Brigade Arce Zablah) d'une redoutable efficacité (Rouquié 1991 : 93).

Un troisième groupe armé vit le jour à partir de 1975 ; issu d'une scission intervenue au sein de l'ERP. Il s'agit de la Résistance nationale (Resistencia Nacional, RN) ou des Forces armées de la résistance nationale (FARN), une des cinq organisations du FMLN. En effet, en réaction à l'assassinat du poète Roque Dalton37(*) par la direction de l'ERP, un groupe de personnes iront fonder la Résistance nationale même si on estime la RN un peu proche de l'ERP surtout en partageant ses thèses insurrectionnalistes ; elle diffère un peu de l'ERP sur le plan action. Elle en diffère par ses relations étroites avec les syndicats ouvriers et son implantation populaire (Rouquié 1991 : 94). Dirigée par un ancien ouvrier textile, Ernesto Jovel, premier secrétaire général et commandant en chef des Forces armées de la Résistance nationale jusqu'à sa mort en septembre 1980 dans un accident d'avion « alors qu'il réalisait une tournée d'orientation en vue de préparer l'offensive finale du 10 janvier 1981»38(*). Lui a succédé Fermán Cienfuegos (Eduardo Sánchez Castañeda), un intellectuel ancien membre des jeunesses communistes issu d'une riche famille costaricienne (et salvadorien par sa mère) (Rouquié 1991 : 94). Son organisation de masse n'est que le Front d'action populaire unifié (le Frente de Acción Popular Unificada, FAPU).

Un quatrième groupe armé vit le jour mais tardivement vers la fin des années 1979. Il s'agit du groupe armé créé par le PCS : les Forces armées de libération (Fuerzas Armadas de Libéración, FAL). En effet le Parti communiste, illégal ou traqué depuis sa fondation le 28 mars 1930 a connu une existence à éclipses. Presque disparu après le soulèvement populaire auquel il a appelé et qui s'est soldé par un véritable bain de sang et la mort de ses principaux dirigeants dont Farabundo Martí en 1932; le PCS va adopter une autre politique. Elle sera opposée à toute forme de lutte armée et s'engagea dans le domaine juridique électoral et dans l'organisation syndicale. Il fut donc légaliste et pacifiste comme l'immense majorité de ses homologues en Amérique latine ; mais ce fut pour un temps. Car après le succès de la révolution cubaine et la radicalisation croissante dans les années 1960, certains au sein du Parti communiste salvadorien ont commencé à préconiser la lutte armée pour renverser la dictature salvadorienne. Et nous savions plus loin que c'est dans ce contexte de désaccord sur les options politiques à prendre que certains communistes durent quitter le parti. C'est le cas par exemple de Salvador Cayetano Carpio que nous avons précédemment souligné. Légaliste et pacifiste, il est forcé de rejoindre les autres mouvements de guérilla sous la pression de ces mêmes guérillas et par les sollicitations de Cuba, convaincu que le Salvador peut suivre le chemin révolutionnaire embrassé par lui et par le Nicaragua. C'est ainsi que le Parti communiste est donc entré dans la lutte armée en 1980 en formant ses Forces armées de libération qui comptent un faible nombre de combattants mais néanmoins son influence au sein du FMLN dépasse largement son poids militaire. Ceci en raison de la qualité de ses cadres et de leur expérience, d'abord et ensuite à cause du prestige de son secrétaire général : Shafick Handal, qui fut un des membres les plus puissants du commandement suprême de la guérilla du FMLN.

A ces groupes armés, il faut ajouter le Parti révolutionnaire des travailleurs centre-américains créé le 25 janvier 1976 par des « jeunes révolutionnaires » qui privilégiaient une révolution régionale à l'échelle centraméricaine, va se désorienter de cette option politique et va opter pour la révolution par pays. C'est ainsi qu'au Salvador, le PRTC va abandonner l'orientation de révolution régionale et va rejoindre le FMLN. Ce sont ces principales organisations qui formeront l'organisation révolutionnaire armée de guérilla, à qui elles donneront le nom d'un héros de la lutte contre la dictature au Salvador : Augustin Farabundo Martí.

Mais qui est ce fameux Augustin Farabundo Martí que toutes les organisations révolutionnaires salvadoriennes rendent hommage et que tous les salvadoriens considèrent jusqu'à nos jours comme un héros et un modèle de la lutte pour la justice sociale et pour la liberté du peuple ?

* 34 Ancien séminariste, dirigeant du syndicat des ouvriers boulangers; Cayetano Carpio a rompu avec son parti à l'issue d'un long et vif débat interne autour de la révolution cubaine. Il entraîna derrière lui un nombre non négligeable de cadres syndicaux communistes comme José Dimas Alas, secrétaire de la Fédération unitaire syndicale (FUS) (Rouquié 1991 : 90).

* 35 Le BPR est l'organisation de masse la plus nombreuse, en particulier à cause de l'importance de ses bases paysannes dont la Fédération chrétienne des paysans salvadoriens (FECCAS). Il a d'ailleurs été successivement dirigé par deux dirigeants venus du syndicalisme agraire, Juan Chacón, jusqu'à son assassinat le 27 novembre 1980, puis Facundo Guardado (Garibay 2003 : 251).

* 36 Les Ligues populaires -28 février doivent leur nom au massacre de manifestants qui eut lieu le 28 février 1977, Plaza libertad à San Salvador, à la suite des élections frauduleuses. Elles comprenaient avant leur éclipse totale en 1981 : les Ligues populaires paysannes, les Ligues populaires ouvrières, les comités de quartier LP-28 et l' « Association des usagers et des travailleurs des marchés. » (Rouquié 1991 : 94).

* 37 Principal rival au sein de l'organisation de Joaquim Villalobos, fondateur de l'ERP, accusé de travailler pour la CIA. Cet assassinat (aucun élément de preuve ne sera jamais apporté de l'éventuelle culpabilité de Roque Dalton) entraîne le départ de quelque 2 000 guérilleros qui fondent les Forces armées de la Résistance nationale (Lemoine 1988 : 169).

* 38 Cette information provient de la presse du mouvement « Guazapa », organe officieux de la RN, septembre 1985, p. 2 cité par Rouquié (1991 : 94).

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus