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Le Front Farabundo Marti de Libération Nationale au Salvador: 1980- 2009

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par Kacou Elom Jean-Michel ADOBOE
Université de Lomé Togo - Maà®trise en histoire contemporaine 2010
  

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2.3. La prise de position de l'Eglise catholique

Il faut sans doute souligner qu'à cette même époque, en Amérique centrale et particulièrement au Salvador, des secteurs entiers de l'Eglise catholique vont participer à l'organisation de mouvements paysans chrétiens et révolutionnaires. Ainsi donc l'Eglise catholique a toujours eu une grande influence et un fort pouvoir de mobilisation dans les sociétés centraméricaines. S'inscrivant dans la ligne tracée par la Conférence épiscopale d'Amérique latine de Medellín, en Colombie (1968), à savoir « l'option préférentielle pour les pauvres » selon le chemin ouvert par le concile Vatican II, une certaine solidarité envers le peuple salvadorien, qui est en grande partie catholique, allait avoir une répercussion et constituer une étape décisive à la lutte populaire ; même si il y a eu une partie qui restera aux côtés du pouvoir. L'engagement de l'Eglise prendra deux orientations différentes comme le souligne Garibay (2003 : 247): « L'une modérée, inspirée par le christianisme social, reste proche du Parti démocrate-chrétien, l'autre, plus dynamique et moins nombreuse, se tourne vers une orientation plus radicale, proche de la théologie de la libération ».

Au Salvador, cette « option préférentielle pour les pauvres » touchera tous les niveaux de la hiérarchie catholique. En témoigne le changement même perceptible aux plus hauts niveaux de la hiérarchie à travers le changement d'attitude de Mgr Romero à partir de 1977, ou le comportement plus modéré de son successeur Mgr Arturo Rivera y Damas, ou dans les lieux de formation, en particulier l'université centroaméricaine, fortement influencée par les Jésuites.

Cependant cette solidarité de l'Eglise se concrétisera par la présence de prêtres, de religieuses aux côtés des plus pauvres dans leurs revendications. Les missions se développent dans les zones rurales les plus pauvres dès 1969, dans un engagement où se mêlent foi catholique, conscience politique et action revendicative (Garibay 2003 : 247). De nombreux prêtres créent des communautés évangéliques de base et des pastorales de la parole. Sous la conduite des prêtres, des grèves ou des occupations de terre sont menées dans différentes régions à partir de 1973, ou lors des manifestations pour l'augmentation des salaires des journaliers en 1976 dans plusieurs régions (Garibay 2003 : 247).

Face à ces différentes actions, le gouvernement oppose une terrible répression de la population, répression qui n'épargne pas les milieux religieux et ecclésiastiques, accusés de soutenir les mouvements de contestations et plus tard les différents groupes révolutionnaires de guérilla. Par rapport à cette situation, l'Eglise catholique commence à condamner les actions répressives et violentes du gouvernement et apparaîtra comme un acteur d'opposition non négligeable. Selon Garibay (2003 : 248): « Ce n'est qu'à partir des mobilisations de 1976, et de la répression conséquente de la part de milices organisées par les propriétaires terriens, avec pratiquement l'assassinat des pères Rutilio Grande et Alfonso Navarro en mars et avril 1977 et l'occupation militaire de plusieurs églises en 1977, que l'église catholique s'érige dans sa grande majorité contre la répression officielle. ». Ainsi après avoir été un des acteurs dans les mobilisations agraires, l'Eglise catholique devient entre 1977 et le début de la guerre civile au Salvador une des sources importantes de critique politique et sociale, non seulement au régime politique, mais également à l'organisation socio-économique du pays.

Face aux exactions commises par l'armée, par des milices paramilitaires à la solde du pouvoir notamment la ORDEN41(*), l'Eglise répond en s'érigeant en contre-pouvoir. Elle organise des manifestations de protestation, mène des enquêtes sur les disparitions, fait des lieux de culte de refuges pour les victimes de persécutions, et propose sa médiation dans les conflits agraires et sociaux, voire même dans les rivalités entre les membres de l'oligarchie.

L'absence de Mgr Romero et de quatre évêques à la cérémonie d'investiture du président Carlos Humberto Romero témoigne de cette prise de distance par rapport au pouvoir institué, et d'une certaine manière de la transformation de l'Eglise en véritable opposition civile au régime (Garibay 2003 : 248-249).

A cette nouvelle position de l'Eglise, s'est ajouté les effets où la pénétration des thèses de la théologie de la libération, qui ont renforcé les mouvements révolutionnaires dans leur quête d'une justice sociale.

* 41 Organisation Démocratique Nationaliste, créée en 1964 par le colonel José Alberto Medrano, alors chef de la Garde Nationale, se présentait comme une organisation paramilitaire dont le but était à la fois d'encadrer et de surveiller la population, en particulier rurale, afin de propager les idéaux de la civilisation occidentale et de combattre l'agitation communiste. La ORDEN acquiert très vite une dimension beaucoup plus importante (Garibay 2003 : 244). Elle va jouer un grand rôle dans la répression (Erdozain et Barth 1982 : 24).

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