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Le Front Farabundo Marti de Libération Nationale au Salvador: 1980- 2009

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par Kacou Elom Jean-Michel ADOBOE
Université de Lomé Togo - Maà®trise en histoire contemporaine 2010
  

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2.4. Les effets de la Théologie de la libération et les revendications du FMLN

La prise de conscience d'une situation de dépendance économique, sociale, politique et culturelle, ressentie comme injuste et aliénante, est le point de départ des théologies dite de « libération ». De nos jours l'expression est employée au pluriel pour désigner différentes approches théologiques qui prennent à leur compte diverses formes d'oppression (fondées par exemple sur la race, le sexe, la culture). Par exemple la « théologie féministe », la « théologie noire », la « théologie africaine », qui sont des exemples les plus connues de théologies de libération.

Mais lorsque l'expression théologie de la libération est employée au singulier sans autre spécification, elle est associée le plus souvent aux mouvements religieux et sociopolitiques d'Amérique latine, liée aux noms de Gustavo Gutiérrez, Ruben Alves, Hugo Assmann, Juan Luís Segundo, José Miguez Bonino, Leonardo Boff, Jon Sobrino, et à ceux d'autres théologiens catholiques et protestants des années 1960 et 1970. Le texte fondateur de cette théologie est la publication par Gustavo Gutiérrez d'une réinterprétation de l'évangile à la lumière de la théorie marxiste (Puyo et Taracena 2007 : 15). Loin de limiter le salut à la délivrance du mal, du péché, de la maladie et de la damnation éternelle, ou uniquement, comme d'autres religions, à la délivrance de la « prison du corps » ou de l'emprise de la passion, la théologie de la libération étend le salut à la libération de l'esclavage, de la domination politique ou de l'oppression sociale42(*).

Dans un contexte où le capitalisme, la domination étrangère et les dérives dictatoriales d'un gouvernement aggravent la situation politique et les inégalités sociales dans le pays ; beaucoup voient dans le marxisme et à travers la théologie de la libération un stimulant, un moyen pour alimenter les contestations sociales et de lutter contre le régime en place. Ainsi les théologiens de la libération défendent-ils l'accès à l'éducation et aux services de santé pour les pauvres, de même qu'un travail intellectuel d'éducation civique et politique des masses afin de leur permettre d'identifier leurs vrais ennemis et de devenir des moteurs du changement actuel (Puyo et Taracena 2007 : 15). Après le concile Vatican II et la conférence des évêques latino-américains de Medellín (Colombie), à l'occasion desquels sont crées les Communautés Ecclésiales de Base et le concept d'Eglise populaire, s'organisent des communautés populaires actives animées par des délégués instruits directement par des prêtres. Des prêtres vont s'engager aux côtés des plus pauvres et vont alimenter les mouvements de contestation face à une situation d'inégalités sociales et d'oppression. Ceux-ci voient dans le marxisme et dans la théologie de la libération la seule, du moins l'une des voies possibles pour analyser de manière réelle les causes de pauvreté, en procédant en partie par des analogies de la situation précaire du christ et autres Saints avec les conditions de pauvreté des exclus latino-américains, de même qu'une proposition concrète et radicale pour l'abolir. La participation dans les mouvements sociaux et les organisations populaires, voire dans les mouvements d'obédience marxiste, se présentent comme des moyens pour atteindre la liberté et la dignité de l'homme sur terre (Puyo et Taracena 2007 : 15). Ainsi même les groupes de guérilleros établiront des liens très étroits avec les organisations ecclésiales. Certains parmi eux ont compté des prêtres en leur sein comme dans les cas du Salvador avec Neto Barrera par exemple43(*), du Nicaragua ou de la Colombie avec le Père Camillo Torres, qui sera à l'origine de la « plate-forme du Front Uni du peuple colombien ». Cette présence donc de prêtres dans les mouvements de guérilla semble être justifiée. Etant donné que face à une situation de pauvreté, d'inégalités sociales, de violence et de répression, les deux parties (certains prêtres et les guérillas) sont à la recherche d'une certaine justice sociale dans la société salvadorienne, veulent atteindre un seul objectif : celui de la libération du peuple de l'oppression dont il est victime et de lutter contre l'extrême pauvreté. Par ailleurs ces deux milieux imbus d'une même idéologie chrétienne, ne pouvaient que collaborer ensemble pour atteindre les objectifs qu'ils se sont assignés.

C'est cette atmosphère défavorable sur le plan politique et social et marquée par la pénétration de différentes idéologies à caractère révolutionnaire et le souci de libérer le peuple salvadorien qui poussèrent le FMLN à exposer ses revendications.

Elles avaient pour but principal entre autres la recherche de la justice sociale et l'ébranlement de la dictature qui sévit dans le pays. Ces revendications portèrent sur une plate-forme dont les idées essentielles furent : mettre fin à une situation d'inégalités sociales, mettre en place une véritable politique de réforme agraire, améliorer les conditions de vie des populations, instaurer par tous les moyens un climat démocratique dans le pays (droits de vivre sur leurs terres, droits de s'organiser, droits à un salaire décent, liberté des individus, liberté publique etc.).

Les différentes formations révolutionnaires qui se développèrent au début des années 1970, furent à l'origine de la constitution du FMLN le 11 octobre 1980. Cette création survient suite à un contexte favorable à la formation de mouvements de guérilla. En effet, face à une situation d'injustices sociales et de pauvreté, des mouvements de contestation se sont élevés. Ceux-ci devinrent de véritables organisations révolutionnaires à la faveur des dérives du pouvoir en place et d'une domination étrangère sans cesse croissante. Par ailleurs la pénétration des idéologies marxistes et le soutien de l'Eglise aux mouvements révolutionnaires confortèrent les actions de ceux-ci. Les idées de la théologie de la libération en furent pour beaucoup. Les idées défendues sont principalement la solidarité avec les pauvres ainsi que la défense de l'émancipation (Puyo et Taracena 2007 : 15).

C'est ainsi que dans ce contexte défavorable, les mouvements de guérilla vont l'exploiter pour atteindre leurs objectifs. Ceux-ci vont se lancer dans la lutte armée, à travers la stratégie de la guérilla contre le régime dictatorial en place.

Le processus qui a conduit à la constitution du FMLN, est le fruit de l'héritage de l'histoire et d'une situation d'après indépendance défavorable. En effet la colonisation espagnole qui s'est mise en place à partir des XVè et XVIè siècles a profondément porté atteinte à la structure sociale et économique des populations précolombiennes présentes avant l'arrivée des Espagnols. Cependant les mouvements d'indépendance qui ébranlèrent la domination coloniale, ne furent pas une aubaine pour asseoir une fédération de républiques d'Amérique centrale. Après de nombreuses tentatives pour en aboutir, celles-ci échouèrent à cause des dissensions qui existaient entre les hommes politiques (l'affrontement entre conservateurs et libéraux) menant parfois à des guerres civiles.

Contraintes à proclamer seules leurs indépendances en 1841, les populations salvadoriennes durent faire face à une domination de la classe oligarchique qui s'accapara les terres surtout les bonnes et exploitaient la majorité de la masse paysanne, laissée dans un état de pauvreté. L'armée qui, une fois au pouvoir à partir des années 1930, accentuait la donne par les séries de répression à tout mouvement de contestation exigeant une véritable réforme profitable à toute la société salvadorienne.

C'est dans cette atmosphère défavorable caractérisée par l'état de paupérisation de la majorité de la population, accentuée par le nombre élevé de paysans sans terre et de chômeurs ; que vont commencer à surgir des mouvements révolutionnaires dans les années 1970, qui se radicalisèrent dans les années 1980 surtout avec l'assassinat de Mgr Oscar Romero ( la voix des sans voix) pour constituer un véritable front révolutionnaire en octobre 1980 baptisé  Front Farabundo Martí de libération nationale  en l'hommage de Farabundo Martí, héros du combat pour la liberté du peuple salvadorien. Ce front révolutionnaire pour atteindre ses objectifs dont l'essentiel est l'instauration de la justice sociale et de la démocratie, va se lancer dans la lutte armée pour parvenir à ses fins à travers la stratégie d'une guerre de harcèlement : la guerre de guérilla.

* 42 Information tirée de « libération, Théologie de la » in Microsoft Encarta 2009 [DVD].

* 43 Neto Barrera était membre des Forces Populaires de Libération « Farabundo Martí» (FPL) et curé de la paroisse de San Sebastian à Delgado (Erdozain et Barth 1982 : 116).

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