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Le Front Farabundo Marti de Libération Nationale au Salvador: 1980- 2009

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par Kacou Elom Jean-Michel ADOBOE
Université de Lomé Togo - Maà®trise en histoire contemporaine 2010
  

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3.3. Le conflit Honduras- Salvador et la naissance de mouvements

révolutionnaires

Durant l'été 1969, les matches de qualifications pour la coupe du monde 1970 à Mexico (Mexique) entre le Salvador et le Honduras ont servi de déclencheur à une guerre meurtrière et courte. Pour de nombreuses personnes la qualification pour la phase finale du mondial à Mexico en est la cause. Même si le football a été le catalyseur de cette guerre ou le prétexte, pour l'historien les causes profondes de ce conflit sont à voir ailleurs surtout à travers l'histoire de ces deux pays. Ainsi pour l'historien suisse Thibaut Kaeser, les racines de cette guerre plongent dans un contexte local marqué par la question agraire, le déséquilibre démographique et la rivalité nationale.

En effet ce bref et brutal conflit, que les historiens centre-américains appellent « la guerre des cent heures » (en raison de sa durée exacte), a des causes plus profondes que le seul sport (Kaeser 2006). Malgré leur proximité géographique, ces deux pays voisins connaissent des conditions démographiques très différentes : le Salvador, au Sud, a une faible superficie mais est surpeuplé (quatre millions d'habitants au moment de la guerre, pour 23 000 kilomètres carrés) ; le Honduras au Nord, est plus grand, moins peuplé (trois millions d'habitants pour 120 000 kilomètres carrés) et beaucoup moins dense (sept fois moins que son voisin)25(*). Dans ces deux pays la répartition des terres est inégale. Face à une agriculture tournée vers l'extérieur et ne favorisant que les intérêts de l'élite terrienne, beaucoup de paysans émigraient pour chercher un mieux-être ailleurs. Cette situation a été perceptible aussi au Salvador. L'absence de terres et l'inégalité dans la répartition poussaient les salvadoriens à l'exode26(*).

En effet les militaires qui servent fidèlement l'oligarchie terrienne, ont encouragé l'émigration massive de milliers de Salvadoriens surtout à partir de 1932 afin de pallier à une surpopulation lourde de menaces sociales et aussi éviter une reforme agraire pourtant nécessaire. Ainsi San Salvador, estime avoir un droit de regard sur ses 300 000 concitoyens au Honduras, dont la majorité sont des illégaux tolérés depuis longtemps à cause du besoin en main d'oeuvre qui s'est fait sentir avec la culture de la banane au Honduras.

Même si au début cette situation n'inquiétait pas, il n'en demeure pas pour longtemps. Cette situation ne va plus satisfaire le président Arellano du Honduras qui, encouragé par les revendications paysannes et la Fédération nationale des Agriculteurs et Eleveurs du Honduras (FENAGH), relance la reforme agraire et avec elle le sentiment anti-salvadorien qui couve. Ainsi au début des années 1969, la FENAGH, relayée par une presse enflammée, accuse les Salvadoriens d'envahir illégalement les terres promises aux Honduriens (fait au demeurant partiellement vrai), tandis que l'Institut national agraire distribue des titres aux seuls nationaux en jouant la carte de la xénophobie. En quelques mois, l'atmosphère se dégrade : molestés, menacés, les immigrés salvadoriens subissent la colère populaire et cinq cents familles sont officiellement expulsées le 1er juin 1969 (Kaeser 2006).

En outre parmi les causes de ce conflit, il ne faut pas négliger les effets du Marché commun centre-américain. En effet pour certains auteurs à l'instar de M. Barth, cette guerre est en réalité une « des conséquences de la crise du marché commun centre-américain » (Erdozain et Barth 1982 : 21). Le pays fait office de parent pauvre dans le Marché commun centre-américain27(*). Peu industrialisé et considéré comme archaïque, le Honduras ne récolte pas les fruits du décollage économique promis, alors que son voisin, El Salvador, bénéficie de cette libéralisation des échanges. Le déséquilibre économique qui en découle de cette situation, ensuite alimenté par le sentiment de jalousie des Honduriens face à la réussite économique des Salvadoriens dans leurs pays va précipiter les deux pays à une guerre inévitable. Face à cette situation, les passions se déchaînent, et c'est dans ce contexte haïssable que les deux équipes nationales se disputent l'honneur de représenter l'Amérique centrale au Mondial mexicain de 1970.

La rencontre des équipes de football des deux pays, pour le championnat du monde, est l'occasion d'une bagarre qui se transforme en guerre. Après une nuit sans sommeil et un accueil hostile, l'équipe du Salvador est battue 1 à 0 lors du match aller le 8 juin. Le match retour s'annonce encore plus détestable. Arrivée à l'aéroport le 14 juin, l'équipe du Honduras apprend que son hôtel a été incendié. Le match retour donne l'avantage au Salvador : 3-0. Dans la nuit qui suit, deux supporters ayant fait le déplacement sont tués, et une chasse à l'homme à l'encontre des salvadoriens est lancée au Honduras. La frontière entre les deux pays est fermée. Le 26 juin, les relations diplomatiques sont rompues. Le lendemain, un match devait se jouer pour départager les deux équipes sur un terrain neutre. Celui-ci a lieu à Mexico et El Salvador se qualifie par 3 buts à 2: les émeutes recommencent au Honduras. Des incidents de frontières se produisent, tandis que les médias des deux pays jettent de l'huile sur le feu en mêlant le vrai au faux sur un air martial. Pendant ce temps, des salvadoriens sont expulsés du Honduras chaque jour.

Le président du Salvador, le général Fidel Sanchez Hernandez, ne peut pas tolérer ces agressions. L'oligarchie et l'état-major, eux, craignent l'arrivée de réfugiés qui représentent potentiellement une menace de contestation agraire derrière laquelle ils imaginent le spectre du communisme. Le 14 juillet, Tegucigalpa est bombardée et l'avancée de l'armée salvadorienne, qui fait peu de prisonniers, est fulgurante. Sa progression n'est stoppée que par manque de munitions et de ravitaillement ; le Honduras gagne la victoire aérienne en détruisant les provisions de fuel. La situation va s'améliorer un peu plus tard. Sous la pression des Etats-Unis et de l'Organisation des Etats Américains (OEA), un armistice est signé28(*) (Lemoine 1988 : 302).

Cette guerre quoique courte ne fut pas sans incidences sur la vie sociopolitique des deux pays. En effet, en quatre jours, cette guerre a causé 6 000 victimes, dont 2 000 morts (une majorité de civils honduriens), et entraîné la fuite de 60 000 à 130 000 salvadoriens établis au Honduras (Kaeser 2006). Le Mercomún est mort. Les relations entre les deux pays resteront rompues jusqu'en 1980 où, sous la pression des Etats-Unis, un traité de paix est signé, mais qui supprime pas le problème des « poches » frontalières permettant à l'armée salvadorienne de débusquer les guérilleros (Erdozain et Barth 1982 : 21).

Le Honduras s'est vidé d'une majorité de ses Salvadoriens. Sa réforme agraire fut timide et bancale. Suite à ce conflit, des paysans et salariés ruraux salvadoriens rentrent dans leur pays en provenance du Honduras. Ceux-ci retournés dans leurs villages -avec lesquels ils n'avaient plus aucun lien- ne reçoivent pas les terres qu'on leur avait promises et vont augmenter le nombre de paysans sans terres dans un pays déjà surpeuplé. Ceci fut aussi à l'origine de la résurgence de nouvelles luttes pour la libération nationale. En effet ceux-ci apportèrent avec eux l'expérience de la lutte acquise au Honduras.

L'environnement sociopolitique défavorable et le mécontentement qui prévalaient, aggravèrent la situation et conduisirent à la naissance d'organisations révolutionnaires optant pour la guérilla. C'est ainsi donc que dans le début des années 1970 voit naître des organisations révolutionnaires armées telles que, les Forces de libération nationale et l'Armée révolutionnaire du peuple qui participèrent à la création du FMLN vers la fin de l'année 1980.

Peuplé par des populations paisibles amérindiennes, le territoire aujourd'hui salvadorien a subi dans le contexte de la découverte du nouveau monde par Christoph Colomb en 1492, la colonisation espagnole. C'est ainsi qu'après moult péripéties, ce pays a fini par s'affranchir de la domination coloniale espagnole mais les débuts de la nouvelle république ne furent pas faciles.

En effet ce pays se voit contraint de subir les problèmes posés par l'héritage colonial. A la domination coloniale, supplante une autre forme de domination, celle de la minorité oligarchique, qui place les masses rurales dans un état de paupérisation et de misère. Les problèmes posés par la tenure de la terre inégalitaire, l'environnement politique instable marqué par des coups d'état, par la répression à toute tentative de réforme entraînèrent le mécontentement général et exacerbèrent les tensions. La conséquence est le foisonnement d'organisations révolutionnaires armées dans les années 1970, qui se fixèrent un objectif, celui de mettre fin à une situation pleine d'injustices sociales.

La lutte enclenchée par le développement de ces mouvements révolutionnaires de guérilla, s'accentua avec l'union de ces différentes formations révolutionnaires pour atteindre leurs objectifs. Avec la création Front Farabundo Martí de libération nationale en 1980, commence une nouvelle ère dans le processus de lutte armée au Salvador.

* 25 Information tirée de « Guerre de cent heures » in fr.wikipédia.org, consulté le 14 mars 2010 à 19h 31 min.

* 26 Ils allaient peupler les villes (la capitale passa de 280 000 habitants en 1961 à 350 000 en 1969) ou émigraient au Honduras pour pouvoir travailler la terre. C'est ce que firent 300 000 d'entre eux. Information tirée de « Guerre de cent heures » in fr.wikipédia.org, consulté le 14 mars 2010 à 19h 31 min.

* 27 Le Mercomún réunit les cinq républiques centre-américaines) mis en place à la ferme invitation de Washington en 1960 (Kaeser 2006).

* 28 Un cessez-le-feu est signé le 18 juillet. Le dernier soldat salvadorien quitte le sol hondurien le 3 août (Kaeser 2006).

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon