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Identification des fonctions de réaction des Banques Centrales

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par Roi Carlos ETINZOH EKAMBA
Université de Douala Cameroun - Diplôme d'étude approfondie 2011
  

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CHAPITRE 4 : LA FONCTION DE REACTION DE LA BEAC : UN COMPOSITE DE REGLES MONETAIRES SIMPLES

Les estimations précédentes nous ont conduits à conclure sur une non adéquation des règles monétaires simples (Taylor et McCallum) dans l'explication de la politique monétaire de la BEAC. Raison pour laquelle nous nous sommes attelés à rechercher une fonction de réaction pour la BEAC qui a les capacités de se constituer en règle monétaire pour cette institution. En fait, afin de tenir compte des spécificités de chaque économie, il est nécessaire d'apporter des modifications supplémentaires à la règle de Taylor originale. Il s'agit en clair de l'intégration d'arguments supplémentaires comme variables explicatives, lesquelles peuvent avoir un impact sur la prise des décisions des autorités monétaires lors de la fixation des taux directeurs. Ainsi, l'objectif de ce chapitre est de mettre sur pied une règle monétaire permettant de traduire fidèlement le comportement de la BEAC en termes de conduite de la politique monétaire. Pour cela, nous présentons dans une première section les spécificités de la zone CEMAC ainsi que les variables que nous devons ajouter à la fonction de Taylor en vue d'obtenir la meilleure règle pour la BEAC. Dans une seconde section, nous estimons la règle de la BEAC et présentons ses implications.

Section 1 : SPECIFICITES DE LA ZONE CEMAC ET VARIABLES

ADDITIONNELLES

Chaque pays ou chaque zone monétaire a des spécificités qui lui sont propres. Et ces particularités sont d'une importance capitale dans la détermination des fonctions de réactions voire des règle monétaires des banques centrales. En fait, dans l'histoire monétaire de chaque pays ou de chaque zone monétaire, on note de nombreux évènement qui ont entrainé un tournant majeur dans la conduite de la politique monétaire. La BEAC n'est pas épargnée par ce phénomène et ceci nous amène donc dans un premier temps à présenter l'évolution de la politique monétaire de la BEAC ainsi que les différents évènements majeurs qui ont marqué son histoire monétaire. Suite à ces différents aspects de la politique monétaire de la BEAC, nous retenons des paramètres que nous ajoutons à la fonction de Taylor. Ainsi, dans un deuxième temps, nous présentons les résultats d'estimations de la règle résultante et nous interprétons ses résultats en vue de déterminer les limites et les perspectives de cette étude.

A. Evolution de la politique monétaire de la BEAC

L'objectif ici est de nous rafraichir la mémoire sur l'histoire monétaire de la BEAC. L'importance d'une telle partie est qu'elle nous permet de saisir en quoi la zone franc est différentes des autres zones monétaires. En plus, la segmentation de cette histoire en deux sous périodes nous permet de cerner sans beaucoup de difficultés les différentes évolutions observées dans la gestion monétaire en Afrique Centrale. Ainsi, nous analyserons la politique monétaire de la BEAC avant 1990 et après 1990.

1. La politique monétaire de la BEAC avant 1990

Le 21 décembre 1853, un décret impérial autorisait la Banque du Sénégal à traiter des opérations de banque, de prêts, d'escompte et d'émission en Afrique Française. Quelques années plus tard, le privilège d'émission pour les territoires français d'Afrique Occidentale et équatoriale sera conféré à la Banque de l'Afrique Occidentale (BAO) par décret signé le 29 Juin 1901. Cette banque d'émission va s'installée au Cameroun et en Afrique Equatoriale Française (AEF) respectivement en 1921 et 1925. Suite au ralliement de l'AEF et du Cameroun au Général de Gaulle en Août 1940, la Caisse Centrale de la France Libre fut créée par ordonnance du 2 décembre 1941. Par la suite, l'ordonnance du 2 Février 1944 change la Caisse Centrale de la France Libre en Caisse Centrale de la France d'Outre-Mer. Jusqu'ici, l'Afrique Centrale ne possède pas encore un institut d'émission qui lui est propre et le FCFA à cette époque n'a pas encore vu le jour. Il faut attendre le 26 décembre 1945 pour voir la zone Franc et les Francs coloniaux18 êtres officiellement créés. Un aspect à noter ici est la parité fixe qui existe entre le CFA et le Franc Français (FF) d'où 1 FCFA = 1,70 FF (ancien). Jusqu'à cette date l'Afrique Centrale (dénommée AEF et du Cameroun) ne possède pas encore d'un institut d'émission autonome et donc n'a pas une autonomie monétaire. Le 18 Octobre 1948, la parité passe à 2 FF (ancien). La réforme du régime de l'émission en AEF et au Cameroun par décret du 20 Janvier 1955 conduit à la création de l'institut d'émission de l'AEF et du Cameroun. La convention d'ouverture du Compte d'Opérations intervient le 29 décembre 1955. Cet Institut d'Emission deviendra la Banque Centrale des Etats de l'Afrique Equatoriale et du Cameroun (BCEAEC) par ordonnance du 4 Avril 1959 suite au regroupement de cinq (05) Etats d'Afrique Centrale à savoir : le Cameroun, la République Centrafricaine, le Congo, le Gabon et le Tchad. Parallèlement, il est décidé que la monnaie émise sera le FCFA (défini comme le Franc de la Communauté Financière Africaine) dont la parité, à l'égard du Franc Français19 est de 1FCFA = 0,02 FF. A partir de cette date nous voyons déjà se dessiner l'arriver de la BEAC et d'une politique monétaire propre à la sous région CEMAC. C'est ainsi qu'une dizaine d'années après les indépendances, le 22 novembre 1972 à Brazzaville, les hautes autorités des cinq Etats de la Sous-région cités ci-dessus signèrent une Convention de Coopération monétaire, donnant ainsi naissance à la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC), qui est l'institut multinational chargé notamment d'émettre la monnaie commune, le Franc de la Coopération Financière Africaine (FCFA), et de gérer donc par là le pool commun des réserves de change et ainsi conduire la politique monétaire de la sous-région CEMAC même si nous ne sommes pas encore à cette appellation. Cependant, il faut encore attendre le 2 Avril 1973 pour voir la BEAC fonctionner sur le terrain. La signature de la Convention de Coopération monétaire le 23 Novembre 1972 à Brazzaville au Congo, va entrainer cinq (05) faits majeurs parmi lesquels :

+ La liberté des transferts en Zone Franc ;

+ La convertibilité illimitée entre les différentes monnaies de la Zone Franc et l'harmonisation des règlementations de change ;

+ Les parités fixes entre les différentes monnaies de la Zone Franc ;

18 FCFA qui signifie à cette époque Franc des Colonies Françaises d'Afrique

19 Il est important ici de noter qu'au 1er janvier 1960 (date de proclamation de l'indépendance du Cameroun), il sera créé en France un nouveau Franc Français. Il s'agit donc de la parité avec ce nouveau Franc Français.

+ La garantie du trésor Français à la monnaie émise par la BEAC ;

+ La centralisation des réserves de change dans un compte spécial appelé « Compte d'opérations » ouvert par la BEAC auprès du Trésor Français. Ce compte est destiné à recevoir au moins 65% des réserves de la BEAC.

Ce bref rappel historique nous permet de dire que l'organisation monétaire actuelle trouve son origine dans la période coloniale, puis a évolué en relation avec les changements politiques intervenus dans les Etats membres à partir de leur indépendance.

A ces évènements nous pouvons ajouter d'autres tel le passage au 29 Avril 1974 de la durée maximum des crédits à moyen terme de sept (7) à dix (10) ans. En outre, en date du 27 Juillet 1977, il sera instituée une nouvelle procédure de mobilisation simplifiée des crédits à l'économie (préfiguration de la procédure de mobilisation en compte courant), en remplacement de la procédure de réescompte. Le nouveau système suppose l'ouverture à chaque banque d'un compte courant garanti par le dépôt d'effets à six mois d'échéance maximum. Les effets admis sont ceux souscrits par des entreprises éligibles au réescompte. Notons que le 1er Juillet 1981 avait été retenu comme la date d'entrée en vigueur de la procédure de mobilisation en compte courant. Tout comme la procédure de réescompte, ce mode de refinancement des banques primaires repose sur le système de plafond de réescompte individuel par banque (cotes obligatoires). Toutes ces réformes ont pour objectif de crédibilisé la politique monétaire telle qu'elle est menée par la BEAC. Ce qui semble porter ses fruits car, cette coopération monétaire va s'élargir à six pays dorénavant avec l'adhésion de la Guinée Equatoriale en date du 1er janvier 1985 au taux de 1FCFA = 4 Bipkwelés (monnaie guinéenne). Un an plus tard, et plus précisément le 25 Mars 1986, il est admis le principe d'un réaménagement plus régulier que par le passé des taux d'intervention de la Banque. Cette dernière règlementation nous conduit de plus en plus à une modification de la gestion des taux d'intervention de l'institution. Ce qui se concrétisa le 16 Octobre 1990 avec l'ouverture du débat sur les réformes monétaires à Yaoundé. Et ce débat aboutit à la décision de suppression du taux d'escompte privilégié de la Banque tout en donnant délégation permanente au Gouverneur pour la révision des taux d'intervention de la BEAC, les opérations initiées par le système bancaire, chaque fois que l'exige la situation économique monétaire.

Dans cette perspective et pour favoriser l'intégration des Trésors Nationaux aux conditions du marché, il est décidé d'opérer la jonction entre le taux des avances aux Trésors nationaux jugé anormalement bas (il était de 4% de 1977 à 1987) et le taux normal. A cet effet, le mécanisme d'alignement automatique du taux des trésors nationaux, sur le taux normal des interventions de la BEAC, prévoyait l'augmentation du taux des avances aux trésors d'un point tous les six mois, à compter de Mars 1991 (jusqu'à ce qu'il rattrape le taux directeur de la BEAC). De même, il a été décidé que le taux de pénalité applicable aux avances aux Trésors doit être relevé dans les mêmes conditions jusqu'à ce qu'il atteigne le taux de pénalité aux banques. Dans tous les cas, la révision des taux applicables aux avances aux Trésors nationaux continue de relever de la compétence du Conseil. Il en est de même de la fixation du taux directeur qui est faite de la même manière. Ce mécanisme de fixation ne tient pas compte du niveau de l'activité ou de la production de la sous région. Ce qui est visible par une courbe de taux d'intérêt en forme d'escalier.

12 10 8 6 4 2

 

81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93

TIAO

Source : graphique obtenu à l'aide des données publiées par la BEAC

Figure n°6 : évolution du TIAO avant la mise sur pied du marché monétaire en zone

BEAC

Ce schéma montre clairement que le taux d'intérêt directeur de la BEAC était fixé par un Conseil qui ne tenait pas compte de la conjoncture interne de la sous région. Ce qui traduisait donc une inadaptation de la politique monétaire menée par la BEAC aux conditions de la zone. D'où la vague de réforme observée dans la conduite de la politique monétaire à compter des années 1990.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci