WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

De la responsabilité de l'Etat congolais dans les crimes commis par les groupes armés étrangers: cas des FDLR (Force Démocratique pour la Libération du Rwanda )

( Télécharger le fichier original )
par Paulin KATSUVA KIBENDELWA
Université de Goma - Licencié en droit option droit public interne et international 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

INTRODUCTION

0.1 Présentation du sujet

Depuis le début des années 90, la République Démocratique du Congo (RDC dénommée Zaïre jusqu'en 1997) a été secouée par des évènements sanglants et caractérisés par des violations des droits humains. Des conflits violents ont éclaté en 1992 avec le déclenchement de violences ethniques opposant les Katangais aux Kasaïens suivies peu après par la « guerre inter- ethnique » dans le nord-Kivu et certaines parties du sud-Kivu. Le pays fut ravagé par la suite par deux rebellions successives (La première fut la rébellion menée en 1996/97 par l'Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo/Zaïre (AFDL) et la seconde fut dirigée par le RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie de 1998, le RCD a connu plusieurs fractures (RCD-Goma, RCD-ML, RCD-National) et des nouveaux mouvements ont fait leur apparition (MLC, UPC, etc.) entraînant une situation fragmentée et confuse., impliquant toutes les deux, des armées étrangères).1

Le défunt Président Mobutu Sese SeKo avait souvent prédit les évènements survenus en RDC après 1996 en ces mots: « après moi, le déluge ». Le départ de la scène du Président Mobutu, l'homme qui inventa les systèmes du pays, viendra accentuer une situation marquée par le déclin de l'État, le délabrement des infrastructures, l'enracinement profond de la corruption, de même que l'impact de la politique de « diviser pour régner », entraînant le troisième pays du continent en termes de superficie vers de sérieuses difficultés et un avenir lourd des menaces. Les évènements récents ont donné raison à l'ancien Président Mobutu; après son règne, l'effondrement de l'État s'est avéré inévitable. Dès 1996, le Zaïre avait cessé d'exister en tant qu'Etat. Les populations congolaises étaient de plus en plus divisées sur des bases ethniques et régionales. Les systèmes et stratégies de corruption, le népotisme, la mondialisation et la « zaïrianisation » étaient à l'origine d'une profonde crise économique et sociale.

Dans ces conditions, l'éclatement de la guerre ne représenta pas une surprise, en raison notamment de l'instabilité qui prévalait dans les pays voisins,

1 Hans ROMKEMA, Opportunités et contraintes relatives au désarmement et rapatriement des groupes armés étrangers en RDC : Cas des FDLR, FNL et ADF/NALU, Washington, DC 20433 USA, 2007, p. 24

en particulier au Rwanda et au Burundi, qui étaient secoués par des guerres civiles de grande ampleur ayant débordé jusqu'au Zaïre. Les déchirures profondes dans ces deux pays ont aggravé la situation dans un Zaïre déjà meurtri par les divisions ethniques existantes et l'arrivée massive de centaines de milliers de réfugiés burundais et rwandais dans la région du Kivu n'a fait qu'exacerber la logique de la politique du « diviser pour régner» promue par Mobutu et faire sombrer le pays dans un état de déséquilibre fatal.

La présence de plus d'un million de réfugiés rwandais et burundais, fortement politisés, lourdement armés et bien organisés a transformé fondamentalement le climat politico ethnique dans les provinces du Kivu à l'Est du Zaïre. En outre, avec le changement de régime intervenu en 1994 au Rwanda, le paysage politique de l'ensemble de la région des Grands Lacs a été profondément modifié. Mobutu et son entourage n'ont pas réussi à anticiper ou gérer les conséquences de cette mutation. L'ancien président a permis également à certains de ses alliés comme le Président du Haut Conseil de la République et Parlement de la Transition, Anzuluni Bembe, d'exploiter la situation pour en tirer des bénéfices politiques à court terme. Anzuluni Bembe et ses alliés politiques (dont plusieurs plateformes de la société civile du sud Kivu) ont intensifié leurs efforts pour exclure les congolais parlant le Kinyarwanda (Rwandophones et « personnes parlant le Kinyarwanda » sont des termes interchangeables dans le contexte de la RDC) de toute participation à la vie politique du Zaïre. Ils sont allés jusqu'à dénier aux dénommés Rwandophones la nationalité zaïroise. Conjugués à la présence de ces réfugiés, tous ces facteurs ont abouti à l'exclusion sociale et politique et à des massacres ethniques (Des cas de massacres ethniques au Zaïre furent enregistrés en 1995 à quatre endroits au moins dans la zone de Fizi : Fizi-centre, Baraka, Malinde et Lweba, mais aussi à Masisi, à Walikale et à Uvira).

Un autre facteur qui a énormément contribué à l'escalade du conflit tient à la création de nouvelles alliances politiques et militaires. Initialement, la guerre interethnique au nord-Kivu avait réussi à mobiliser les congolais d'origine Hutu et Tutsi au sein d'une dynamique pour s'opposer aux autres communautés locales. Avec l'arrivée en 1994 des réfugiés Hutu, porteurs d'une idéologie qui a conduit au génocide au Rwanda, est née la coalition « Bantu » et du coup, les Tutsi

et Hutu sont redevenus de farouches adversaires. L'effondrement de l'État zaïrois, la guerre civile au Burundi et le génocide au Rwanda (ou ses conséquences) ont constitué autant d'ingrédients pour un embrasement de toute la région.

Au milieu de l'année 1996, l'Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo/Zaïre (AFDL), une coalition de groupes d'opposition congolais appuyés par les gouvernements du Rwanda, de l'Ouganda et du Burundi, lançait une campagne militaire contre le gouvernement zaïrois encore dirigé par Mobutu. Le Rwanda et les Tutsi congolais étaient les fers de lance de cette coalition car étant immédiatement menacés dans leur sécurité. Depuis la fin de l'année 1994, le Rwanda n'a cessé de faire l'objet d'infiltrations et d'incursions militaires de la part des éléments des ex-FAR et (d'anciens) lnterahamwe visant à déstabiliser la région ouest du pays. Le régime en place au Rwanda tentait d'empêcher les réfugiés et les combattants de l'ancien régime de se reconstituer militairement et de poser un danger sérieux au régime de Kigali. Les Tutsi congolais en revanche étaient sensibles aux préoccupations des autorités rwandaises et partageaient les opinions de leurs compatriotes opposés au régime de Mobutu. Cependant, leur propre sécurité et leurs droits à la nationalité constituaient les motifs immédiats de leur adhésion à l'AFDL). Des pays comme le Burundi, l'Ouganda et l'Angola appuyaient l'AFDL pour des motifs similaires, à savoir que le régime de Mobutu abritait des rebelles hostiles à leurs pays respectifs. S'il est vrai que les membres et sympathisants zaïrois de la rébellion voulaient mettre un terme à des décennies de mal gouvernance politique et économique, certains d'entre eux n'étaient motivés que par le désir d'accéder aux ressources naturelles lucratives en participant à la gestion du pays. 2

La composition de la direction de l'AFDL et la diversité des pays impliqués traduisent le large soutien dont a bénéficié cette première guerre. La crainte du régime du FPR a poussé bon nombre de réfugiés rwandais d'origine Hutu à s'établir dans l'Est de la RDC, à faire alliance avec le régime de Mobutu. Il est difficile toutefois de parler d'une alliance véritable entre Mobutu et les réfugiés rwandais. Ces derniers étaient en réalité en première ligne durant les affrontements tandis que les ex-FAZ (Forces Armées Zaïroises) perdirent bientôt toute motivation à

2 M. KAMTO, Pouvoir et droit en Afrique noire, LGDJ, Paris, 1985, p.450.

freiner la progression de la coalition de I'AFDL et se livrèrent systématiquement aux viols et aux pillages durant leur retraite rapide vers Kinshasa. En mai 1997, Mobutu fuyait le Zaïre et Laurent Désiré Kabila prenait les rênes du pouvoir en RDC.

Pour des diverses raisons, l'AFDL et la coalition internationale qui la soutenaient se sont effondrées en 1998. La méfiance a miné la collaboration entre les responsables de l'AFDL, notamment ceux qui n'étaient pas originaires des provinces du Kivu et le Rwanda, d'une part, et l'Ouganda et plusieurs autres responsables des provinces du Kivu, d'autre part. Le président Laurent Désiré Kabila et son entourage accusaient leurs voisins de l'Est de violer les principes de souveraineté de la RDC, tandis que le Rwanda et l'Ouganda accusaient Kabila de ne pas reconnaître leur rôle dans le renversement de Mobutu. Ils arguaient également qu'il fournissait une assistance à certains rescapés des ex-FAR/lnterahamwe ayant survécu à l'offensive de 1996. Cette relation déjà perturbée se détériora davantage après que le gouvernement de la RDC eut ordonné aux Rwandais et aux Ougandais de quitter le pays en juillet 1998. Moins d'une semaine après leur départ, une seconde guerre éclata le 2 août 1998 dans les provinces de l'Est de la RDC menée par des forces issues d'une coalition constituée du Rwanda, de l'Ouganda, du Burundi et de plusieurs anciens sympathisants de I'AFDL contestant le régime de Kabila.

Quelques jours après le déclenchement de cette guerre, le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) s'est présenté aux populations de I `Est pour expliquer, par le biais de son président, « qu'ils ont été contraints de reprendre les armes parce que le Président Kabila les avaient trompés ». Les populations du Kivu dont une bonne partie avait critiqué Kabila avant la seconde guerre, exprimèrent son désaccord avec le RCD. Elles se disaient lassées et peu disposées à faire face à une autre guerre. Au cours des années qui suivirent, le RCD ne fut jamais en mesure de gagner la confiance de la majorité de la population des provinces du Kivu.3

Il convient de noter que si les milices congolaises Hutus (les Mongols) ont souvent combattu aux côtés des forces composées d'exilés rwandais

3 Anastase SHYKA et F. RUTEBESA, Afrique des Grands Lacs. Sécurité et paix durable, BUTARE : UNR, 2004, p.126.

en 1996, la plupart d'entre eux avaient intégré pour la plupart les rangs du RCD en 1998. Cette seconde guerre (que le RCD avait baptisée « guerre de rectification ») a duré plusieurs années et s'est soldée par des millions de morts en plus des souffrances atroces infligées aux populations. L'ONG américaine International Rescue Committee a estimé le nombre de décès à 4 millions de personnes. C'est un peu à cause de ce lourd bilan que la communauté internationale a dû exercer une forte pression sur les belligérants, ce qui a abouti à la signature d'un accord de cessez-le-feu en 1999 à Lusaka, la capitale Zambienne. L'impact de cet accord de cessez-le-feu fut limité dans un premier temps. Pendant que s'estompaient les combats sur les lignes de front, une guérilla se poursuivait derrière la ligne de front jusqu'en 2002, affectant essentiellement les zones rurales de l'Est de la RDC et se soldant par un bilan plus lourd encore en pertes humaines que celui occasionné par les combats sur le front.

Ce n'est qu'en 2002 que la mise en application de l'accord de Lusaka se traduisit en termes concrets à travers le dialogue inter congolais à Sun City en Afrique du sud. Selon plusieurs observateurs, le remplacement de Laurent Désiré Kabila par son fils Joseph Kabila à la tête du pays avait beaucoup contribué à la relance du processus de paix. Le Président Kabila avait été assassiné dans son propre palais par l'un de ses gardes du corps le 16 janvier 2001 et son fils fut alors désigné pour lui succéder 10 jours après. Aussitôt après l'intronisation de Joseph Kabila, plusieurs aspects fondamentaux de l'accord de Lusaka qui avaient constitué des pierres d'achoppement finirent par se débloquer. Ce qui permit d'emblée à la MONUC d'achever son déploiement et Sir Ketumile Masire, l'ancien Président du Botswana obtint finalement la coopération qu'il recherchait pour préparer le dialogue intercongolais (DIC).4

A la fin 2002, le DIC déboucha sur « l'Accord Global et Inclusif sur la Transition en République Démocratique du Congo » et entra bientôt effectivement en vigueur. En juin 2003, le processus de transition formelle fut entamé avec l'installation d'un gouvernement d'union nationale jusqu'aux élections organisées en octobre 2006. Ces élections ont eu finalement lieu et le pays amorce une nouvelle phase avec un gouvernement nouvellement élu. Cependant, de nombreux aspects

4 BRAECKMAN, L'enjeu congolais, l'Afrique centrale après Mobutu, éd. Fayard, Paris, 1999, p. 415.

relatifs à la transition restent encore en suspens, en raison sans doute des objectifs trop ambitieux fixés à l'époque (à savoir: reconstruire le pays) ou parce que le gouvernement de transition était trop divisé et confronté à de nombreux « impératifs » liés aux questions de réconciliation et d'intégration (totale) de toutes les forces armées.

Situation actuelle en milieu rural au Kivu

Pour définir le rôle que pourrait jouer le gouvernement de la RDC dans la résolution du problème des GA étrangers sur son territoire, il est important d'analyser la capacité organisationnelle et militaire de l'Etat. Tel qu'on l'a relevé précédemment, le processus de réconciliation, d'intégration et de pacification n'a pas été parachevé. Des actions significatives ont été entreprises au moment de l'absorption des factions rebelles les plus importantes au sein du gouvernement de transition (GT), mais cette démarche n'a pas permis pour autant de mettre un terme à toute opposition armée contre le pouvoir central ni contribué à réconcilier les différentes ethnies et régions du pays.

Les résultats des élections (octobre 2006) autorisent à penser qu'il existe une scission entre l'Est et l'Ouest de la RDC. Les combats au nord Kivu qui ont duré de fin 2006 jusqu'à nos jours sont la preuve que certains groupes d'opposition sont soit incapables ou peu disposés à se servir des institutions démocratiquement élues pour faire entendre leurs griefs réels ou perçus comme tels et les résoudre. Les récents bras de fer à Kinshasa entre le président de la République, Joseph Kabila, d'une part, et son plus grand ami Vital KAMERHE, d'autre part, par rapport à l'entrée des troupes rwandaises sur le sol congolais sont également source de préoccupations. Il s'avère fondamental de rechercher les voies et moyens de désamorcer les tensions entre ces acteurs politiques ainsi qu'entre les ressortissants de l'Est et de l'Ouest du pays par la voie pacifique.5

5 Barnabé MULYUMBA, La construction de la paix au Nord-Kivu et au Sud-Kivu : Etat de recherche, BUKAVU, CERUKI, 2004, p.32.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote