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Essai sur la Politique budgétaire en RDC

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par Pierre Anicet Ngalamulume Katubadi
Université de Kinshasa - Licence en économie monétaire 2008
  

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I.12. LE FINANCEMENT DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE EST-IL NEUTRE ?

A l'époque de Keynes, l'une des préoccupations qu'il endosse concerne le circuit monétaire, ses délais (que se passe-t'il avec la monnaie pendant la durée de la transaction ?), ses fuites (la thésaurisation concerne l'extraction de monnaie fiduciaire hors du circuit économique). Les modalités de financement d'un déficit public et ses conséquences sur l'activité économique varient évidemment en fonction des institutions monétaires et, en particulier, du développement du système bancaire.

a. Opportunités et limites de financement par création monétaire

Au moment où Keynes écrivait, la plupart des ménages n'utilisaient pas les services bancaires et ne rencontraient les institutions financières que pour des placements longs (hormis les Bons du Trésor à trois mois). Il n'existait pas de protection des avoirs déposés en banque et la course aux guichets pouvait se produire à partir de n'importe quelle rumeur. A chaque fois, l'argent sort du circuit économique sans que l'on puisse savoir à quel moment il y entrera.

Ce n'est pas pour rien que l'Emergency Bill du 9 mars 1933 aux Etats-Unis interdit la thésaurisation et l'exportation d'or ! Dans ce contexte institutionnel, il n'est absolument pas inquiétant que l'Etat se substitue aux agents privés pour briser leur attentisme en matière de dépense et qu'il finance ce solde budgétaire négatif par la création monétaire. D'une certaine façon, les sommes thésaurisées par les agents sont remises en circulation par la puissance publique. Tout est question de dosage, ce que les statistiques ne permettent pas de réaliser : comment savoir à quelle échéance et quel volume de monnaie thésaurisée sera remise dans le circuit à un moment donné ?

Il n'en est évidemment plus de même avec la bancarisation et la financiarisation de l'économie : la thésaurisation, sans être inexistante, est réduite et l'argent déposé en compte courant dans les banques est plusieurs fois mis en circulation via le multiplicateur de crédit. En conséquence, toute politique budgétaire financée par la création monétaire est immédiatement inflationniste.

Par contre, c'est de la responsabilité de la Banque centrale de compenser les sommes éventuellement thésaurisées, voire - en cas d'incertitude sur la signification - de tenir compte de la vitesse de circulation de la monnaie pour appréhender le comportement des agents économiques. (17(*))

b. Opportunités et limites de financement par emprunt

Dans la parabole du dîner, Keynes explique que l'épargne d'aujourd'hui n'est pas, selon lui, source de croissance demain. "Un acte d'épargne individuelle signifie - pour ainsi dire - une décision de ne pas dîner aujourd'hui.

Mais il n'implique pas nécessairement une décision de commander à dîner... une année plus tard...

Il déprime donc l'activité consistant à préparer le dîner d'aujourd'hui sans stimuler une activité pourvoyant à quelque acte futur de consommation"

Ainsi s'effondre, sous réserve des hypothèses sous-jacentes, la construction intellectuelle des économistes classiques et néo-classiques. L'épargne issue de cette abstinence ne sera demandée par les entreprises que s'ils estiment que la demande rebondira à terme. C'est évidemment faire peu de cas de la contrainte de compétitivité (bien identifiée, elle, par K. Marx) et des opportunités du progrès technique (l'obsolescence technique est un des plus grands risques de fragilisation de l'entreprise). Dans les deux cas, l'entreprise doit investir à demande constante.

Pour rester dans le contexte keynésien, l'épargne délaissée par les investisseurs privés peut, pour le plus grand bien de l'équilibre économique et de la croissance, être empruntée par la puissance publique pour financer des dépenses publiques - indifféremment, dans un premier temps, des dépenses de consommation ou d'investissement. Il ne peut y avoir d'éviction de l'investissement privé puisque, justement, c'est son insuffisance qui pousse l'Etat à se substituer au secteur privé défaillant.

Il est vrai, à nouveau, que le contexte institutionnel de l'époque joue sur une telle approche. Rappelons que la monnaie interne et externe est gagée sur l'or et que la politique monétaire intérieure est contrainte par l'abondance de métal précieux.

En conséquence, la marge d'action de la Banque centrale est limitée.

Comme Keynes l'écrit, "il est improbable que l'influence de la politique bancaire sur le taux d'intérêt suffise à amener le flux d'investissement à sa valeur optimum".

A partir du moment où l'on peut "produire de la monnaie comme des céréales", c'est-à-dire où la Banque centrale n'est plus tenue par une obligation de convertir la monnaie (scripturale et fiduciaire) en or, elle peut faire baisser son taux d'intérêt jusqu'à ce que les opportunités d'investissements rebondissent. (18(*))

* 17 THORIS Gérard, opcit P.13.

* 18 J.M.KEYNES, la théorie générale, Paris, payot, P.218, 317

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard