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Contribution à  l'étude sociologique de la pratique démocratique dans le contexte malgache

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par Alain Ranindrianoro
Université d'Antananarivo - Maitrise sociologie 2012
  

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V.2.2. Le dysfonctionnement de la démocratie

Pour apprécier la manière dont les citoyens aperçoivent le dysfonctionnement de la démocratie, nous avons opté à une question ouverte portant sur le problème de la démocratie dans le pays. La répétition des réponses de nos sujets a permis de dresser le tableau quantitatif suivant.

Tableau n°11 : Le dysfonctionnement de la démocratie.

Dysfonctionnement de la démocratie

Effectif

Fréquence

L'analphabétisme

21

32,3 %

La peur de s'exprimer

4

6,2 %

La pauvreté de la population

6

9,2 %

On ne s'écoute pas

14

21,5 %

Ne s'adapte pas à notre culture

1

1,5 %

C'est une démocratie pour les politiciens

6

9,2 %

Problème de mentalité

2

3,1 %

Mauvaise gouvernance

2

3,1 %

C'est une idéologie d'oppression

2

3,1 %

Chacun à sa manière de la définir

1

1,5 %

L'absence d'espace pour s'exprimer

2

3,1 %

Pas de réponse

4

6,2 %

Total

65

100 %

Source : Enquête personnelle 2011.

A partir de ce tableau, nous apercevons que pour les personnes interrogées l'analphabétisme est au premier plan du problème de la pratique de démocratie dans le pays. 32 % ont souligné sur ce point. Il est suivi de près par l'attitude des dirigeants politiques qui n'écoutent pas les gouvernés avec un pourcentage de 21,5%.

Les enquêtés ont insisté que la démocratie est pour les politiciens (9,2 %). Le problème de mentalité, la pauvreté de la population, la peur de s'exprimer, la mauvaise gouvernance et l'absence d'espace pour exprimer sont des indicateurs donnés par la population pour montrer le problème à la mise en place de la démocratie dans le pays.

V.2.3. participation de la population dans le processus de décision

La participation de la population à la prise de décision au niveau local est plus facile en raison de la proximité du pouvoir dans le contexte de la décentralisation. Lorsque nous avons posé la question « sentez vous prendre réellement part aux décisions dans votre société » aux citoyens. Ils ont tendance à faire référence à la participation locale et à l'acte du vote.

Graphique n°06 : Participation à la décision au niveau de l'instance de base.

Source : Enquête personnelle 2011.

Il ressort de ce graphique que 66 % des sujets enquêtés estiment participer aux processus de prise de décision locale, 22 % estiment de ne pas participer dans le processus de décision. 12 % déclarent à hésiter de participer effectivement.

Graphique n°07 : Modalité de participation dans le processus de décision au niveau local.

Source : Enquête personnelle 2011.

Ce graphique met l'accent sur la modalité de participation de la population dans la prise de décision. Le graphe ne tient plus compte de l'acte électoral qui signifie pour les individus enquêtés le premier signe de la prise de décision. En dehors de l'acte électoral donc, c'est surtout au niveau local que les sujets sentent prendre part dans la décision. La participation est définie avec l'assistance à des réunions locales qui prend un pourcentage de 62 %. Cette forme participation est suivie par l'action de donner des idées à travers les réunions avec une fréquence de 23 %. La forme de participation qui consiste à donner des idées à travers les représentants avec une fréquence de 6 % témoigne que le contact entre gouvernant et gouverné reste encore faible. Pourtant, cette faiblesse de modalité de participation trouve son explication en demandant à la population concernant son avis sur ceux qui devraient prendre la décision. Le travail de terrain a permis de constater que 52 % des enquêtés s'attendent encore que les décisions se prennent au niveau central. 32 % estiment que les populations devraient prendre les décisions dans le cadre de la démocratie et la décentralisation. Les autres n'ont pas donné de réponses claires.

Au terme de cette deuxième partie de notre réflexion, nous disons que la pratique démocratique dans le pays souffre d'une crise de représentativité. Les institutions qui devraient la réaliser ne sont pas au rendez-vous. Les partis politiques n'ont pas de crédibilité pour proposer une alternative au problème du pays. Le champ politique est fortement individualisé' où chaque personnel politique cherche à satisfaire ses intérêts personnels.

Les sociétés civiles nationales ne gagnent pas la confiance du pouvoir public, leurs actions sont invisibles et peu efficace en cédant sa place à des sociétés civiles internationales oeuvrant dans le développement du pays à travers des projets qui ne s'adaptent pas avec la réalité malgache. L'ignorance de la population des rôles de la société civile dans le processus démocratique témoigne la faiblesse de la société civile.

Malgré le développement de la liberté d'expression qui s'exprime par le foisonnement de presse force est de reconnaître que le quatrième pouvoir est loin d'être acquis. Le manque de professionnalisme, l'acte d'intimidation qu'on attribue aux médias, la politisation de la presse, et l'inexistence du code de communication sont actuellement les problèmes de fond de la démocratie malgache.

L'inaccomplissement du rôle de l'Etat permet à l'individu de juger qu'il ne vit pas dans une société libre. La réduction de l'Etat comme un simple instrument au service de la classe politique ne fait que discréditer le système.

Le degré d'implication de la population dans la prise de décision reste encore faible, aux yeux de la population l'élection reste la seule modalité de participation dans la prise de décision. Malgré l'instauration de la décentralisation, les populations s'accordent toujours que la décision doit se prendre au niveau central. Cette situation est due principalement à la méconnaissance des citoyens de l'enjeu de la décentralisation ainsi que leurs responsabilités dans ce processus.

L'analphabétisme généralisé, la pauvreté, l'inexistence du sens de l'écoute et la gabegie sont actuellement des dysfonctionnements de la démocratie dans le contexte malgache.

PARTIE III :
ELARGISSEMENT DE L'HORIZON DE REFLEXIONS

Cette dernière partie de l'étude s'attachera à élargir notre réflexion pour avoir une vision de perspective face à la problématique démocratique du pays. Nous avons constaté que la pratique démocratique malgache souffre d'une crise institutionnelle et une crise de représentativité. Nous avons montré aussi que le système manque d'un activisme politique, une culture discursive institutionnelle à cause de la monopolisation du pouvoir et une réduction des débats à des solutions éphémères et transitoires selon les circonstances historiques. Les minorités dirigeantes ont profité du dysfonctionnement structurel, ils ont utilisé le pouvoir pour fructifier leurs affaires personnelles. Le contrôle des ressources par une minorité d'Etat crée une inégalité source de tension sociale et de misère profonde.

La démocratie malgache doit être aussi appréhendée par le changement apporté par le contexte de la mondialisation et de la globalisation. La démocratie qui s'impose à nous est une version libérale qui par sa logique de marché pilotée par la liberté d'entreprendre est une source d'inégalité et d'exclusion sociale.

Pourtant proposer des perspectives concernant le problème de la démocratie dans le contexte malgache est une entreprise difficile qui nécessite un travail de longue haleine. Nous devons tenir compte des facteurs culturels, sociaux, politiques, pour que le système réponde à la totalité organique selon le langage de Malinowski. Pour cette raison nous limiterons notre étude à dégager quelques points saillants susceptibles d'ouvrir une vision de perspective.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery