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Relations de crédit et coà»t de l'endettement: le cas des PME camerounaises

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par Jules TCHAMABE
Université de Yaoundé II - Diplôme d'études approfondies en sciences de gestion 2012
  

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Liste des principales abréviations

BEAC : Banque des États de l'Afrique Centrale

BP : Banque principale

CBC : Concours bancaires courants

CEMAC : Communauté Économique et Monétaire d'Afrique Centrale

CFC : Crédit Foncier du Cameroun

COBAC : Commission Bancaire d'Afrique Centrale

COOPEC : Coopératives d'Épargne et de Crédit

CVECA : Caisses Villageoises d'Épargne et de Crédit Autogérées

DSF : Déclarations Statistiques et Fiscales

EF : Établissement Financier

EMF/IMF : Établissement de Microfinance/ Institution de Microfinance

FCFA : Franc de la Coopération Financière en Afrique Centrale.

FOGAPE : Fonds d'Aides et de Garantie aux Petites et Moyennes Entreprises

FONADER : Fonds National de Développement Rural

INS : Institut National de la Statistique

MINPMEESA :

Ministère de la Petite et Moyenne Entreprise et de l'Économie Sociale et Artisanale

OHADA : Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires

PME / PMI : Petite et moyenne entreprise / Petite et moyenne industrie

SA : Société anonyme

Sd : Sans date

SARL : Société à responsabilité limitée

SFA : Société financière africaine

SPSS 17.0 : Statistical package for the Social Sciences version 17.0

TA : Théorie d'agence

TC : Théorie des conventions

TCI : Théorie des contrats incomplets

TCS : Théorie du contrat social

TCT : Théorie des coûts de transaction

TDP : Théorie des droits de propriété

INTRODUCTION GÉNÉRALE

Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

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Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de crédit et coût de l'endettement : le cas des PME camerounaises

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I-) Contexte et problématique

Au Cameroun, comme dans la plupart des pays africains, la petite et moyenne entreprise (PME) est érigée en élément fondamental de la stratégie de développement économique et social (Wamba, 2001). Dans les économies africaines, les PME représentent près de 50 % des emplois et, selon les enquêtes menées par la Banque Mondiale, 40 % des petites entreprises et 30 % des moyennes entreprises considèrent l'accès au financement comme un frein majeur au développement de leurs activités (Soledad Peria, 2009). Également pourvoyeuses d'emplois dans l'économie camerounaise, elles sont appelées à y jouer, à l'ère du passage de l'interventionnisme Étatique au libéralisme économique, un rôle primordiale alors même qu'elles éprouvent d'énormes difficultés à se financer (Joseph, 1998 ; Ndong-Ntah, 2002). Selon Lachmann (1997, p. 287) « la réussite du développement d'une entreprise ne dépend plus uniquement de l'Homme, du produit, du marché, de la production, de la capacité d'adaptation et de l'innovation, mais «également des capitaux, car la recherche de financement est devenue progressivement un enjeu stratégique du développement de l'entreprise» ». Essomba-Ambassa et Um-Ngouem (2002) constatent ainsi que dans la hiérarchie des problèmes des PME, les difficultés financières figurent au premier plan. Celles-ci sont de deux ordres : les premières ont trait à l'insuffisance de l'autofinancement et les secondes sont relatives à la carence des apports en capital, en d'autres termes à l'insuffisance des fonds propres qui devient un obstacle fondamental à l'émergence de la PME et à sa croissance (Edding, 2002). Ce problème se pose avec autant plus d'acuité que Lefilleur (2008, p. 160) remarque « un paradoxe de la faible demande de financement en capital dans les pays d'Afrique Subsaharienne ». Paradoxe que l'auteur justifie par de fortes exigences des bailleurs de fonds en termes de respect des normes environnementales et sociales, l'étroitesse des marchés et l'absence de marché des capitaux et la faiblesse des organes de contrôle et des cadres légaux locaux. Tous ces arguments témoignent de la forte dépendance des PME à l'égard des sources de financement externes.

Malheureusement, dans un environnement encore dépourvu de marché financier1, obtenir les fonds auprès des banques pour financer les investissements n'est pas chose aisée.

1 Ceci correspond à l'absence de marché financier ou l'existence d'un marché « non actif » comme la DSX (Douala Stock Exchange) qui, depuis sa création par l'État camerounais en décembre 1999, dispose d'un marché des actions animé par les actions de trois entreprises seulement [la Société des Eaux Minérales du Cameroun (SEMC), la Société Agricole Forestière du Cameroun (SAFACAM) et la Société Camerounaise de Palmerais (SOCAPALM)] et un marché obligataire animé par les emprunts obligataires émis par l'État du

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En 2007, seulement 24 % des entreprises camerounaises ont eu accès au crédit bancaire en payant des taux d'intérêt et des garanties élevés (MINEFI, 2007). De janvier 2009 à avril 2010, aucun crédit de long terme n'a été octroyé par les banques au Cameroun (COBAC, 2010). Les banques n'accorderaient pas toujours le crédit sollicité par les entreprises et ce malgré un état de surliquidité générale (Wanda, 2007 ; Avom et Eyeffa, 2007 ; Fouda, 2009) suite à la restructuration du secteur bancaire camerounais initiée à la fin des années 19802. Cette attitude frileuse des banques est liée au type de relation entretenue avec les entreprises et plus particulièrement les PME.

D'après COBAC (2010, p.7-8), pour la période Janvier 2009 à Avril 2010 au Cameroun, « la majorité des crédits ont été octroyés aux grandes entreprises à des conditions assez favorables et (...) les établissements de crédit exigent une prime de risque plus forte » aux PME. Ceci serait lié au fait que « les banques ont inventé sous diverses dénominations de nouveaux frais fixes qui pèsent sur le coût du service bancaire » (p. 6). Aussi le taux moyen du crédit aux PME (12,36%) est près du double de celui des grandes entreprises (7,31%). Soledad Peria, (2009) soulignait déjà que les taux d'intérêt sont en moyenne de l'ordre de 5 à 6 points de pourcentage supérieur en Afrique subsaharienne par rapport aux autres pays en voie de développement et que les frais appliqués aux prêts bancaires sont généralement deux fois plus élevés. Ces constats seraient, pour beaucoup d'auteurs, une des conséquences du comportement généralement transactionnel3 des banques à l'égard des entreprises justifiant aussi la surliquidité constatée (Tioumagneng, 2009).

Cameroun (emprunt dénommé ECMR 5,6), par la Société Financière Africaine (emprunt dénommé MOABI IFC 4,25) et celui de la Banque de Développement des États de l'Afrique Centrale (BDEAC).

2 Cette reforme avait pour objectifs de restaurer la liquidité des banques sinistrées par la crise bancaire et de permettre un meilleur financement de l'économie (Tchakounté et Bita, 2009). Si le premier objectif à été atteint, les banques n'ont pas pour autant accordé plus de crédit à l'économie (Joseph, 1998). Un bilan de cette restructuration établie par Avom et Eyeffa (2007) souligne trois importants paradoxes : la surliquidité bancaire et le rationnement du crédit, la concentration bancaire et le développement de la microfinance, l'internationalisation et l'absence d'innovation financière en matière de services offerts par les banques camerounaises. Parlant de surliquidité, Wanda (2007) relève comme facteurs : l'importance du risque de crédit, la rigueur de la surveillance de la Commission Bancaire d`Afrique Centrale, l'excès de tarification des services offerts aux grandes entreprises, la non application, par les banques, de l'arbitrage pour régler leurs litiges commerciaux. Fouda (2009) montrent aussi que cette surliquidité relève de l'interaction entre plusieurs facteurs tels que : l'incertitude liée à la forte dégradation du climat des affaires, l'effet de mémoire des crises bancaires antérieures et le renforcement de la frilosité des banques, ainsi que les innovations financières engendrées par la libéralisation financière.

3 Il faut souligner néanmoins qu'une étude de Biboum et Bekolo (2008) montre que certaines banques adoptent les deux comportements (transactionnel et relationnel) en fonction de la nature de la clientèle (clientèle institutionnelle et clientèle des particuliers).

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Bien qu'il existe une forte interdépendance entre ces deux acteurs de l'activité économique, la nature de leur relation est souvent emprunte à beaucoup de difficultés et de conflits qui tiennent leurs origines des objectifs divergents de chacune des parties. Les banquiers affirment que les entrepreneurs affichent souvent des incompétences en gestion (Wamba et Tchamanbe-Djiné, 2002) et qu'ils ne transmettent pas toutes les informations pertinentes dans leurs dossiers d'emprunt (Rivaut-Danset, 1995). De l'autre côté, les entrepreneurs se plaignent d'être l'objet d'abus de pouvoir de la part des institutions financières, qui seraient trop exigeantes envers eux, n'accepteraient pas les spécificités de leurs entreprises (Edding, 2002) et ne les percevraient uniquement comme un « risque » finançable ou non (Gardès et Maque, 2009). Un tel climat d'affaire, caractérisé par un rationnement « exagéré » du crédit (Ndjanyou, 2001) suscite des questionnements sur le comportement financier des PME plus spécifiquement celui relatif à l'endettement bancaire :

- est-il possible de maintenir des relations bancaires dans un tel contexte ?

- la difficulté d'accès au crédit est-elle une conséquence des caractéristiques de l'entreprise, des banques ou du secteur bancaire ?

- quelles stratégies mettent en place les entreprises pour améliorer leurs conditions de crédit ?

- les PME optent-elles pour la construction d'un financement de type transactionnel ou de type relationnel ? Pour un régime de financement concentré ou diversifié ?

Face à ces questionnements, les théories de l'intermédiation financière soulignent que l'existence des banques se justifie non seulement par leurs capacités à réduire les coûts de transaction4 (Diamond, 1984 ; Bhattacharya et Thakor, 1993), mais aussi et surtout par leurs capacités à éliminer progressivement les asymétries d'information (Leland et Pyle, 1977). Ces asymétries, à l'origine des problèmes de sélection adverse et d'aléa moral, sont le principal facteur de détérioration des termes de l'échange entre banques et entreprises aboutissant généralement à un rationnement du crédit.

Le rationnement du crédit admet plusieurs modalités allant de la « satisfaction » partielle de la demande de crédit à l'exclusion bancaire (Jaffee et Russell, 1976 ; Keeton, 1979 ; Stiglitz et Weiss, 1981). Ce phénomène se justifie par des arguments aussi bien du côté de l'offre que de la demande. En plus l'incertitude et de l'opacité informationnelle (côté

4 Coase (1937) indique que ce sont les coûts de transaction qui constituent la raison d'être des entreprises.

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demande), des problèmes posés par l'architecture organisationnelle5 (Berger et al., 2001 ; Nekhili et Bouslama, 2007) et du risque d'illiquidité (Detragiache et al., 2000) de la (des) banque(s) peuvent contribuer fortement à cette restriction. Pour y faire face, l'établissement de contrats contingents (Townsend, 1979) par les prêteurs ainsi qu'une régulation par la combinaison des taux et des garanties à travers le « screening» (Bester, 1985) permettrait de limiter les coûts indirects liés aux conflits d'intérêt. Toutes ces propositions ne sont que du ressort des prêteurs. Du coté des emprunteurs, les premiers modèles mettent en relief l'émission des signaux (Spence, 1973) à travers l'apport personnel en capital par le promoteur (Leland et Pyle, 1977), la structure du capital et le niveau des dividendes comme des mécanismes réducteurs des problèmes informationnels (Wamba et Tchamanbe-Djiné, 2002).

Ces premiers modèles fondés sur les théories du signal (Akerlof, 1960) comportent, en plus de la nature incomplète des contrats, une limite commune soulignée par Rivaud-Danset (1996). Celle-ci est liée au fait qu'ils sont basés sous l'hypothèse forte que l'emprunteur ne puisse s'adresser à un autre financeur. La théorie financière s'est donc très rarement préoccupé d'examiner les réactions des entreprises en privilégiant ainsi leur passivité se basant sans doute sous l'hypothèse d'exogeneité de la structure financière6. Cette hypothèse place la PME en situation de faiblesse dans ses rapports avec les banques (Tioumagneng, 2009).

Des modèles récents s'intéressent plus particulièrement à deux stratégies permettant à l'entreprise de résoudre et/ou de contourner les difficultés d'accès au crédit à savoir l'adoption d'une approche relationnelle de financement avec la banque à travers la monobancarisation et la multiplication de relations de crédit (« multibancarisation »). La plupart de ces modèles privilégient, tout comme le présent travail, l'hypothèse d'endogénéité de la structure financière de l'entreprise. Cette dernière serait dans ce cas l'expression du système de préférence rationnelle de son (ses) dirigeant(s) dans un environnement marqué à la fois par des divergences des intérêts des acteurs économiques (dirigeant-propriétaire, dirigeant/propriétaire-créanciers...) et par l'existence d'asymétries d'information entre les

5 Ces problèmes proviennent de la distance hiérarchique qui sépare le chargé de la clientèle de la direction et des actionnaires dans les banques, mais aussi des asymétries d'information, des intérêts divergents et du comportement opportuniste des acteurs.

6 Cette hypothèse est à la base de la théorie dite du rationnement du crédit (Cieply et Paranque, (1997). L'exogénéité renvoie au fait que la structure financière est le reflet de la stratégie de maximisation des profits des prêteurs dans un contexte de non congruence des préférences des cocontractants.

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acteurs (Cieply et Paranque, 1997). Le lien entre les régimes de financement identifiés et les conditions de crédit est objet de controverses tant sur le plan théorique qu'empirique.

En ce qui concerne le régime monobancaire de financement, celui-ci est généralement appréhendé sous un aspect plus relationnel (banque à l'engagement, banque de proximité) que transactionnel (banque à l'acte). La théorie de l'information financière suppose ainsi que ce régime s'inscrit dans un cadre beaucoup plus relationnel que transactionnel grâce à la relation de clientèle qui y émergerait au fil du temps (Petersen et Rajan 1994). Dans cette mouvance, l'existence de multiples interactions entre les acteurs d'où doivent émerger, des informations de nature qualitative et à caractère confidentiel sont, pour Berger (1999), les conditions nécessaires pour parler de relation de clientèle bancaire. Dans ce type de relation, « la banque cherche à s'assurer que son client pourra la rembourser et l'emprunteur souhaite obtenir des assurances sur les conditions d'accès au crédit dans le futur » (Rivaud-Danset, 1996, p. 937). Cette inscription dans la durée de la relation procurerait un avantage informationnel important à la banque.

Le financement monobancaire serait un moyen d'assurer l'emprunteur contre le rationnement de crédit (Roosa, 1951 ; Hodgman, 1963) grâce au développement d'un savoir bancaire de nature subjective sur l'entreprise (Petersen et Rajan, 1994). Ainsi, en situation d'asymétrie d'information ex ante, elle génère des économies d'envergure dans la production des informations sur les emprunteurs. Dans le cadre d'asymétries d'information ex-post, elle permet, en même temps que la réputation dont bénéficie l'entreprise (Diamond, 1989), un meilleur contrôle et une amélioration de l'évaluation du risque (Fama, 1985 ; Eber, 1999). A ce titre, Diamond (1989) et Von Thadden (1995) soutiennent que l'effet réputation se traduit par une incitation de l'entreprise à choisir les bons projets d'investissement permettant à la banque de faire face au problème de risque moral. Tout nouvel entrepreneur devrait accepter les prêts avec des garanties et des taux d'intérêts élevés. Avec le temps, l'entreprise « s'établie » avec son premier succès et bénéfice d'une bonne réputation qui va permettre de réduire l'utilisation des garanties coûteuses et faciliter l'accès au crédit (Boot et Thakor, 1994).

S'il est ainsi admis la capacité de la relation de clientèle exclusive à résoudre les problèmes de risque moral lié au comportement de l'emprunteur, Sharpe (1990) et Rajan (1992) montrent que celle-ci peut créer un risque moral lié au comportement du préteur. Ce risque va se traduire par une « capture informationnelle » permettant au préteur d'exercer un

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pouvoir de monopole par l'application de taux d'intérêt élevés (extraction d'une « rente informationnelle »).Outre le hold-up, on note également le problème posé par le refinancement systématique que Kornai (1980)7 appelle « soft-budget constraint » ou encore contrainte budgétaire atténuée.

Face à ces revers de la relation, une autre alternative s'offre à l'entreprise emprunteuse à savoir la multiplication de partenaires financiers ou « multibancarisation ».

« La multibancarisation ou multilatéralisation8 traduit le fait pour une entreprise d'entretenir des relations (de crédit ou non) avec plusieurs banques à la fois » (Tioumagneng, 2009, p.73). Toutefois, bien que les relations banque-entreprise ne se réduisent pas aux seules relations de crédit, elles sont en grande partie structurées par les conditions dans lesquelles les entreprises peuvent accéder au crédit bancaire pour financer leur activité et leur développement. La multibancarisation pourrait par conséquent s'inscrire pleinement dans le cadre d'une relation de crédit. Plusieurs facteurs peuvent expliquer l'adoption de ce régime de financement dont la principale vocation est d'améliorer ex post les conditions de crédit.

Les effets de l'adoption de relations multibanques sur les conditions de financement de l'entreprise emprunteuse ne font également pas objet d'unanimité autant sur le plan théorique qu'empirique.

Les relations multiples pourraient être, pour certain auteurs, une stratégie d'entreprises de qualité médiocres, pour qui la dilution de l'information et l'assouplissement de la surveillance du créancier sont favorables (Refait, 2003). Eber (1999) montrent à ce sujet qu'elle peut induire chez les banques un comportement de « passager clandestin » : chaque banque laisse le soin aux autres d'évaluer le risque de l'emprunteur et se contente seulement de l'octroi de crédits afin de ne pas supporter les coûts de monitoring. Ce comportement est également reflété dans les arguments de Diamond (1984) et Fama (1985). Ces auteurs

7 Cité par Guigou et Vilanova (2000).

8 Dans cette expression, la connotation banque ne fait pas référence à une catégorie juridique bien précise, mais doit être compris dans un sens générique. Elle renferme les entreprises du secteur financier formel qui effectuent des opérations de banque telles que définies dans les articles 1 et 3 du Règlement COBAC R-2009 / 02 / portant fixation des catégories des établissements de crédit, de leur forme juridique et des activités autorisées. Seront considérés comme « banques » les acteurs du système bancaire de la zone CEMAC: les banques et les établissements financiers (appelés tous deux établissements de crédit) ainsi que les établissements de microfinance (COBAC, 2008, p. 18). Cette représentation rejoint celle de Yosha (1995) qui parle de financement multilatéral (« multilateral financing ») ou multilatéralisation de la dette que la littérature francophone traduit généralement par « multibancarisation ». Entre dans cette même famille la notion de (régime de) financement diversifié ou alors de diversification de la dette.

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montrent que pour une entreprise, être en relation avec plus d'une banque est probablement coûteux du fait non seulement de l'augmentation des coûts de transaction résultant d'une répétition des opérations de monitoring et de screening, mais également (Boot et Thakor, 1994 ; Bolton et Scharfstein, 1996) de la renégociation des contrats de prêts. En réduisant de se fait la valeur de l'information acquise par chaque banque et en accentuant la concurrence entre elles, la multibancarité peut entrainer une « malédiction du vainqueur » (Winner's curses) en rendant les banques réticentes à octroyer le crédit.

Cependant, la multiplication des relations crédit serait une solution au hold-up informationnel (Sharpe, 1990 ; Rajan, 1992 ; Ongena et Smith, 2000), au rationnement et au risque d'illiquidité de la (des) banque(s) (Detragiache et al., 2000). Cela permet à une entreprise d'éviter de devoir liquider précocement un projet d'investissement à valeur actuelle nette positive du fait que sa (ses) banque(s) est (sont) incapable(s) de le financer en totalité. Empiriquement, les travaux de Cole (1998), sur les PME au États-Unis s'inscrivent, contrairement à ceux de Shikimi (2005) au Japon, en faveur de la « malédiction du vainqueur ». Aussi, les études de Foglia et Reedtz (1999) sur des données Italiennes font ressortir un lien négatif entre le taux d'intérêt de l'emprunt et le nombre de relations bancaires. Ce résultat remet en question les effets de la duplication des coûts de monitoring telle que défini par Diamond (1984).

Aucune conclusion ne parait à ce jour être établie, les multiples prédictions théoriques et études empiriques donnant des résultats extrêmement contradictoires sur les enjeux de ces choix stratégiques (financement exclusif et financement diversifié) pour l'entreprise emprunteuse. Aussi, ces enseignements controversés de la littérature ne semblent avoir fait, à notre connaissance, objet de recherche empirique que partiellement sur le plan local. Dans une situation de crise du financement bancaire, plusieurs auteurs se sont intéressés aux modes de financement alternatifs (Brenner, Fouda et Toulouse, 1990 ; Bekolo-Ebé, 1997) et aux mesures de relance du financement bancaire (Ndjanyou, 2001 ; Ndong-Ntah 2002). La plupart de ces mesures de relance proposées sont du ressort des banques et/ou des mécanismes institutionnels et privilégient par conséquent l'hypothèse d'exogénéité de la structure financière de l'entreprise. Ndjanyou (2001) propose à ce sujet une analyse du risque adapté au contexte de la PME qui intègre un réaménagement de l'analyse financière classique, la proximité et la confiance. Ndong-Ntah (2002) propose par la suite la création de sociétés de capital risque, la mise en place de systèmes d'information modernes telles que les « agences

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de rating », la relance des activités du FOGAPE (Fonds d'Aides et de Garantie aux Petites et Moyennes Entreprises) qui avait pour vocation, jusqu'à sa disparition vers les années 2002, de garantir à concurrence de 80% les prêts consentis par les banques aux PME.

Les études empiriques s'intéressant aux différentes stratégies, plus particulièrement celles concernant le régime de financement, qu'adoptent les entreprises camerounaises pour obtenir les crédits auprès des banques sont presque inexistantes. Les travaux recensés traitent de la relation de crédit comme une relation exclusive en conférant à la banque le monopole du pouvoir de négociation. Biboum et Bekolo (2008) remarquent, d'une part, qu'en matière de recrutement, les banques au Cameroun adoptent deux politiques : une politique de « banque debout », où le banquier va vers les clients pour le recrutement de sa clientèle9, et une politique de « banque assise », où il choisir d'attendre que le client vienne vers lui. Ces options offrent à l'entreprise une possibilité de définir, avec plus ou moins d'autonomie, sa stratégie d'endettement. D'autre part, ils soulignent que la plupart des clients entretiennent des relations commerciales avec plusieurs banques et/ou coopératives. Comportement qui serait, non seulement, une conséquence du passé peu glorieux des banques qui, du fait de la crise des années 80 et de la restructuration du secteur bancaire, ont dû fermer les portes10, mais aussi une réponse au comportement frileux des banques en matière d'offre de crédit.

Dans un tel contexte, il serait intéressant de se poser plusieurs questions dont l'une des plus importantes serait celle de savoir quelle est l'influence des régimes de financement sur les conditions de crédit des entreprises ? Autrement, quelle est l'incidence des régimes monobancaire et multibancaire de financement sur le coût de l'endettement des entreprises ?

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon