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Relations de crédit et coà»t de l'endettement: le cas des PME camerounaises

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par Jules TCHAMABE
Université de Yaoundé II - Diplôme d'études approfondies en sciences de gestion 2012
  

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1.1.1-) La location-investissement et/ou location-financement : le crédit-bail

Les différents moyens de financement disponibles pour les entreprises sont classés par la théorie du financement hiérarchique (« pecking order theory », Myers & Majluf, 1984) en

50 Il est fait abstraction des dettes de marchés (les obligations) compte tenu de non activité du marché financier camerounais (la Douala Stock Exchange, DSX).

51 Précisons qu'à côté de ces substituts financiers figurent également des substituts commerciaux ou encore non financiers tels que les dettes fiscales et sociales et les crédits interentreprises non analysés dans ce travail. Synthétiquement, le crédit interentreprises résulte des délais de paiement que s'accordent les entreprises entre elles pour le dénouement des opérations portant sur les biens et services. Pour une entreprise donnée, sa valeur est obtenue en faisant la différence entre les soldes des comptes Dettes fournisseurs, Avances et acomptes clients... et ceux des compte Créances clients, Avances et acomptes fournisseurs... Si cette différence est positive, l'entreprise se trouve en situation d'emprunteur dans le cas contraire, elle se trouve en situation de préteur. Le coût de ce substitut s'analyse d'une part en termes de coût d'opportunité relatif notamment aux escomptes de règlement que l'entreprise aurait pu bénéficier de ses fournisseurs en cas d'un règlement au comptant, d'autre part en termes de pénalités relatifs au retard de paiement. Les lecteurs s'intéressant à un examen détaillé de ces catégories de substituts peuvent consulter Dietsch M. (1990), « Le crédit interentreprises : coûts et avantages », Économie et Statistiques, n°236, p. 65-79, ou Dietsch M. (1997), « Crédit interentreprises », in Encyclopédie de Gestion, Simon Y. et Joffre P.. 2e éd. Economica, p. 799-815.

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trois classes, à savoir : l'autofinancement, les crédits et les apports en capital. Selon cette classification, le crédit-bail n'apparaît pas explicitement. Il est donc, très souvent, analysé comme une alternative location/achat au détriment d'une alternative location/financement. Les opérations de crédit-bail sont des « opérations de location de biens d'équipement, de matériels, d'outillages ou de biens mobiliers à usage professionnel, spécialement achetés en vue de cette location par les entreprises qui en demeurent propriétaires, lorsque ces opérations, quelle que soit leur dénomination, donnent au locataire la faculté d'acquérir tout ou partie des bien loués, moyennant un prix convenu, tenant compte, au moins pour une partie, des versements effectués à titre de loyer » (Albouy, 2000, p. 254). Il ressort de cette définition que ce type de contrat peut porter autant sur les biens mobiliers (crédit-bail mobilier) qu'immobiliers (crédit-bail immobilier). Ce substitut financier est constitué d'un ensemble de contrats notamment : un contrat de vente entre le fournisseur du bien et la société de financement par crédit-bail qui achète le bien choisi par le preneur, un contrat de location entre le crédit-bailleur et le preneur et une promesse unilatérale de vente au profit du locataire pour un prix convenu à l'origine. C'est cette promesse unilatérale de vente qui différentie ce type de contrat et le contrat location financière52 comme le montre la figure ci-dessous :

Figure 3. 1: Le mécanisme de crédit-bail

SOCIÉTÉ DE CRÉDIT-BAIL (Nouveau propriétaire du bien)

i

: Ordre des opérations

i = I, II, III, IV

IV

Renonciation à l'exercice du droit et restitution du bien à son propriétaire

TRANSFERT DU DROIT DE PROPRIéTé

Paiement du bien

Levée de l'option d'achat et transfert de la propriété du bien

II

LOCATION AVEC PROMESSE DE VENTE

Paiement des loyers (redevances crédit-bail)

CONTRAT DE CRÉDIT-BAIL

FOURNISSEUR OU VENDEUR DU BIEN

III

CHOIX DU BIEN

Livraison du bien

I

PRENEUR OU LOCATAIRE

(Utilisateur du bien)

Source : adaptée des analyses faites par Albouy (2000) et Teulié et Topsacalian (2000).

52 La location financière est une autre solution financière pour les projets d'investissement des entreprises. Il s'agit d'un mécanisme qui leur permet de louer des véhicules ou des matériels nécessaires à leurs activités. Les contrats de location financière sont généralement associés à des contrats de maintenance et d'entretien-réparation des biens loués.

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Cette triple dimension contractuelle offre plusieurs avantages aux deux parties au contrat. Les attributs du crédit-bail sont analysés dans la littérature par comparaison au contrat de dette classique. Remarquons toutefois que dans l'espace OHADA, le crédit bail est considéré comme un emprunt équivalant à l'emprunt bancaire classique53.

> Avantages pour le preneur .
·
ce type de contrat lui offre la possibilité de préserver ses fonds propres et sa capacité d'autofinancement tout en assurant un financement intégrale de l'investissement sans exigence de garanties lourdes comme l'emprunt bancaire. La flexibilité qui le caractérise ainsi que sa nature irrévocable permet le transfert du risque d'obsolescence du matériel à l'organisme de financement. Si on reprend aussi l'esprit de la théorie de Modigliani & Miller (1963), les loyers fixes et non indexés sur le taux du marché monétaire offrent des économies d'impôts du fait de leurs caractères déductibles.

> Avantages pour le crédit-bailleur .
·
ce dernier bénéficie du droit de propriété du bien jusqu'à la cession de ce bien avec une option d'amortissement accéléré du bien. En cas de défaillance du preneur, il demeure le créancier le moins lésé car il a la possibilité de récupérer son bien. Le crédit-bail constitue ainsi une solution idéale pour les PME risquées chez lesquelles la garantie est constituée par la propriété du bien. Ce serait une explication de la tendance des banques à sécuriser leurs crédits à moyen terme aux PME/PMI par l'utilisation du crédit-bail au détriment des emprunts (Beye et al., 2010).

Tous ces avantages sont néanmoins reliés à quelques incommodités.

> Inconvénients du crédit bail .
·
Ils résident dans le fait que c'est une technique de financement à coût élevé pour les petits investissements. Il fait subir au preneur une perte d'économies d'impôts sur la déductibilité des charges financières et des dotations aux amortissements lié à un financement par emprunt. Le crédit-bail se limite au financement des besoins d'investissements. Le besoin en fonds de roulement nécessaire pour accompagner la croissance des sociétés demeure l'activité des établissements de financement traditionnels. De plus, ce sont des contrats réservés généralement aux biens

53 Le Système Comptable OHADA a posé une règle de présomption de "location-financement" pour tout contrat de crédit-bail. Il oblige, à de rares exceptions près, à retraiter les opérations de crédit-bail en immobilisations assorties d'emprunts équivalents. Ce retraitement (le retraitement général) intervient impérativement dès lors que la valeur d'une immobilisation acquise par crédit-bail excède 5% du total brut des immobilisations. Des limitations à ce procédé sont cependant apportées, dans le cas où une entreprise utiliserait de nombreux "petits matériels" pris en crédit-bail, mais dont la valeur globale représente plus de 20% du total brut des immobilisations. Dans ce cas, un retraitement simplifié est nécessaire. Le total des loyers correspondants est à ventiler entre intérêts et amortissements économiques des biens, sans compte courant d'un emprunt équivalent. Un non retraitement peut intervenir dans le cas ou les deux situations précédentes ne sont pas identifiées.

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standards et investissements non spécifiques qui ne peuvent être, une foi le contrat conclu, donnés en garantie pour d'autres crédits. Ainsi, ce type de financement paraitrait limité par la nature de l'investissement à réaliser spécialement lorsque celui-ci a un caractère immatériel.

1.1.2-) Le capital-risque, substitut destiné au financement des activités innovantes

Dans un contexte économique caractérisé par la concurrence et la mondialisation, les entreprises se doivent d'être innovantes et prêtes à bousculer le paysage existant des industries. Pour financer ces activités innovantes, la TCT recommande, en s'appuyant sur leur nature spécifique, d'utiliser les fonds propres (Tioumagneng, 2009). Mais les petites entreprises, à fort potentiel de croissance, sont très handicapées. Leur autofinancement est souvent insuffisant, le recours à l'emprunt, qui est à proscrire, peut s'avérer impossible voire suicidaire face au risque inhérent à ce type d'investissement (Lachmann, 1997). Proposant un mode de financement pour ce type d'entreprises, l'industrie du capital-risque, avec l'appui des gouvernements, joue un rôle primordial dans cette recherche de l'innovation.

Conçu aux USA en 1946, la venture capital traduite par capital-risque en français, voit sa croissance s'accélérer dans les années 70 et devient un véritable phénomène avec la révolution des technologies de l'information et la faiblesse durable des taux d'intérêt dans les années 90. En Europe, le capital-risque démarre dans les années 80 et est définit par la European Venture Capital Association comme « tout capital investi par un intermédiaire financier dans les sociétés ou des projets spécifiques à fort potentiel ». Il regroupe l'ensemble des investissements employés dans : les phases de création de l'entreprise [l'amorçage (seed-financing), le démarrage (start-up-financing) et la post création (early stage)], les phases de développement de l'entreprise [financement du besoin en fonds de roulement (second stage), de la croissance (expansion capital), et financement d'attente (mezzanine financing)], et les phases de transmission ou reprise d'entreprise (capital transmission), (Teulié et Topsacalian, 2000).

L'activité du capital-risque est une forme d'intermédiation financière qui associe les investisseurs (qui confient des capitaux au capital-risqueur dans l'espoir de rentabilité élevée), les organismes de capital-risque (qui prennent des participations et assistance dans les entreprises dans le but de rechercher des plus values à long terme) et les entreprisses généralement à fort potentiel de croissance (Lachmann, 1997). Trois principaux aspects distinguent à ce titre le capital-risqueur des autres bailleurs de fonds :

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> quelque soit l'étape de développement dans laquelle se trouve l'entreprise, l'intervention du capital-risque se fait par la souscription à une augmentation du capital en fonds propres ou en quasi-fonds propres. Le capital-risqueur est par conséquent exposé aux aléas du dividende et au risque de moins values. C'est ce qui justifierait le fait que les entreprises cibles sont généralement celles développant des innovations radicales qui leur permettent de connaître une croissance rapide, conduisant à anticiper d'importants flux de trésorerie future.

> l'activité du capital risque ne doit tout de même pas se confondre avec le simple financement en fonds propres : c'est un financement assortie d'une assistance au management. Contrairement aux autres actionnaires, les capital-risqueurs ne restent pas inactifs. Avec leur savoir faire, ils fournissent assistance à la détermination de la politique générale, a la croissance de l'entreprise, à l'évaluation financière, au recrutement de personnel, aux relations avec les actionnaires et enfin a la liquidation éventuelle de la participation... (Bergemann et Hege, 1998)54.

> les deux traits précédents montrent que le capital-risqueur fournit un financement de nature relationnelle qui implique l'inscription de la relation dans la durée (long terme) mais à caractère temporaire.

Malgré tout ces atouts, le caractère familiste et le désir d'autonomie des dirigeants de la plupart des PME seraient des facteurs pouvant entraver le recours à ce type de financement.

1.2-) Les microcrédits et la microfinance : de l'intermédiation sociale à l'intermédiation financière

Créés à l'origine pour secourir les exclus du système bancaire (1.2.1), les microcrédits ont acquis, avec l'évolution de la conjoncture économique, une importance considérable en se constituant en principal outils de financement du cycle d'exploitation des PME (1.2.2).

1.2.1-) Le « système bancaire anti-pauvreté » des agents rationnés sur le marché bancaire

Historiquement, la microfinance doit son origine aux nombreuses exigences des banques traditionnelles aux plus démunis qui n'offraient aucune garantie à la fois pour les opérations de dépôts et d'emprunt. Ceux-ci se trouvaient exclus du système bancaire traditionnel. Pour faire face à ce problème, ils se voyaient dans l'obligation de se tourner vers

54 Cités par Tioumagneng (2009).

le secteur informel. Ces derniers avaient recours soit aux prêteurs d'argent dont les taux d'intérêt étaient faramineux et décourageaient à la longue soit ils empruntaient tout simplement à la famille, aux voisins ou aux amis. Certains exclus s'organisaient en mettant leur épargne en sécurité auprès d'une personne digne de confiance (le tontinier) qui s'engage en retour à restituer ces versements sur demande (Lelart, 2006). Les pratiques tontinières recouvraient plusieurs formes : la tontine mutuelle ou tournante, la tontine commerciale et la tontine financière (Fouda, 1992). Ces techniques informelles de financement, dont la vocation est de pallier aux imperfections de marché, vont se développer sous l'impulsion des États et des organisations non gouvernementales. Leurs institutionnalisations commencent avec l'expérience de la Grameen Bank au Bangladesh dans les années 1970 qui a servi de détonateur à l'émergence dans le monde de formes institutionnalisées de microfinance55, orientées vers le microcrédit.

Le système de microfinance (dit système décentralisé) s'adresse donc à l'origine à plusieurs catégories d'exclus des systèmes financiers « officiels» souvent corrélées entre elles: les pauvres, les femmes, les ruraux et les analphabètes. C'est avant tout un outil de développement économique et social permettant aux personnes à faibles ressources, porteuses d'un projet personnel, de bénéficier de prêts que leur refuse le système bancaire traditionnel. Ses techniques, dont le crédit solidaire basé sur la finance de proximité56 et la confiance, ont prouvé qu'il était possible de prêter à des populations considérées par les banques comme trop risquées et dépourvues de garanties nécessaires pour être solvables. Contrairement aux banques (qui ont une méthodologie de crédit se fondant en général sur les actifs, et reposant largement sur le gage et autres garanties matérielles pour assurer le remboursement), la méthodologie de crédit de la microfinance repose davantage sur le profil individuel : l'évaluation des crédits est centrée sur la volonté et la capacité des clients à rembourser, plus que sur les actifs pouvant être saisis en cas de non-remboursement (Lefilleur, 2008). Ils recouvrent une grande diversité de formes institutionnelles (mutuelles, associations d'épargne

55 Les spécialistes considèrent que la microfinance a démarrée avec la banque Grameen au Bangladesh fondé par le professeur d'économie Mohammad Yunus (Prix Nobel de la paix 2006). Les théories économiques qu'il enseignait à la Faculté des Sciences Économique de l'Université de Chittagong lui parurent décalées de la réalité. Cela le poussa à rechercher une solution concrète aux problèmes quotidiens des pauvres. Au contact des artisanes qui lui expliquaient leurs dépendance à l'usurier pour acheter les matières premières, Yunus se rendit compte que la majorité des bénéfices allaient à l'usurier et non à elles-mêmes ou à leurs familles. Ainsi décida-t-il de contacter des banques locales pour octroyer des petits crédits à celles-ci. Suite à leur refus, il décida de prêter sur ses propres économies. A l'échéance du remboursement, l'ensemble des femmes se sont acquittées de leurs dettes. Ainsi commençait ce qui est devenu dès 1976 la Grameen Bank.

56 Le financement de proximité couvre des opérations entre les agents à capacité de financement et agents à besoin de financement dont les relations sont prédéterminées par l'appartenance à un même espace qui peut être non seulement géographique (financement local) mais aussi ethnique, religieux ou professionnel (Servet, 1996).

crédit57, entreprises, projets à volet crédit...). Ces institutions fournissent une gamme variée de services financiers (services de crédit, d'épargne, d'assurance, de transferts d'argent...) se rapprochant de plus de ceux offerts par les banques.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon