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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire au Gabon

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par Donald NTSEBE ONONO MINKO
Université Omar Bongo - Maà®trise en géographie 2010
  

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III.2. Pollution de l'espace urbain.

En dehors de la dégradation de l'environnement, le processus d'urbanisation dans la province s'est également manifesté par une forte pollution des écosystèmes urbains de cette province. Les villes de la province de l'Estuaire dans leur généralité font l'objet de divers types de pollutions. Outre celle qui est industrielle ou les gaz polluants sont dégagés dans l'atmosphère par les activités industrielles, il y a la pollution causée par les hommes ; c'est le cas du bois brûlé qui est aussi un grand facteur polluant. A cela, il faut ajouter la pollution de l'eau causée non seulement par des déchets industriels, les restes d'engrais mais aussi les mauvaises pratiques des hommes.

Ainsi, l'ensemble des eaux usées, des eaux de ruissellement ou eaux résiduaires pluviales et des eaux superficielles constituent ce que l'on appelle les effluents urbains. Ces derniers sont produits par des ménages, les collectivités, les entreprises, les milieux médicaux, stations service et garages (voire tableau n°4).

50 Le quotidien d'information L'union, N° 10099 du Vendredi 14 au Lundi17 août 2009, p.6.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Tableau n° 4 : Les producteurs et les types de déchets liquides urbains au Gabon

Producteurs

Types de déchets liquides

Ménages

eaux usées ou eaux ménagères, eaux-vannes, excrétas

Collectivités

eaux usées diverses, eaux-vannes, excrétas

Entreprises

effluents industriels toxiques (solvants, huiles usagées)

Milieux médicaux

effluents médicaux, eaux des soins

Stations-service et garages

effluents industriels toxiques (solvants, huiles usagées) /eaux usées.

Source : Mombo J.B et Edou M (2006).

Cependant, ces centres urbains connaissent des pollutions à des degrés divers. Elles sont plus accentuées dans les zones où il y a une forte concentration humaine (l'agglomération de Libreville), pour le reste des villes, les pollutions sont moins aggravées.

La ville de Libreville subit toutes les pollutions (industrielle, l'eau et déchets). En effet, Libreville accueille plus de 91% de la population urbaine provinciale. Ne disposant pas de SDAU ni de POS, nous assistons malheureusement à une occupation anarchique de l'espace qui se manifeste par l'installation humaine dans des bas-fonds et talwegs et le colmatage des ouvrages d'évacuation des eaux usées et pluviales.

De même, la topographie de cette ville est faite de collines, d'éperons ou croupes à versants convexes et des vallées alluviales à fonds plats51. Ce relief accidenté et ondulé rend difficile la mise en place des réseaux de drainages résiduaires domestique, pluviale et industrielle. Les déchets liquides et solides à Libreville obstruent les voies de canalisation et d'évacuation des eaux. Même les déchets liquides (eaux-vannes et les huiles usagées) continuent à être déversées dans la décharge municipale de Mindoubé prévue pour accueillir les déchets solides.

Les conséquences de ces déchets liquides sont dramatiques sur la santé humaine des librevillois. En effet, l'absence de l'assainissement pose des problèmes d'hygiène du milieu. Il favorise la formation des marécages qui deviennent du fait de leur pollution par les déchets urbains, des gîtes pour les agents pathogènes, vecteurs du paludisme et d'autres maladies d'origine hydrique. Par exemple, les eaux de la Lowé à

51Mombo J.B et M. Edou, « Assainissement et explosion urbaine au Gabon », in Villes en parallèle /villes du Gabon, N° 40-41, p. 203.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

Libreville sont contaminées par les eaux d'infiltration de la décharge publique de Mindoubé.52

D'après le Ministère de la santé (Données statistiques Libreville et Owendo), les principales maladies d'origine hydrique à Libreville en 2005 étaient, le paludisme, la bilharziose, les parasitoses intestinales et les maladies diarrhéiques, dont la répartition est présentée dans le graphique ci- dessous.

Graphique n° 4 : Les principales maladies d'origine hydrique à Libreville en 2005.

Les principales maladies d'origine hydrique
à Libreville en 2005,

59%

19%

22%

0%

Paludisme Bilharziose parasies diarrhée,

Source : Samedi G., 2005.

Cependant, une étude similaire avait déjà été menée au cours de la période 19992001 dans la ville. Cette étude, dont les résultats sont présentés dans le tableau n° 5, montre incontestablement la primatie de l'endémie du paludisme avec 41759 cas53, soit 58,36% durant la période 1999 à 2001. Ensuite, viennent respectivement les maladies

52 Les premières analyses connues viennent du Laboratoire d'analyse du CNAP : Maganga Nziengui A. (1992)- première partie des résultats d'analyse bactériologique et physicochimique des eaux de la Lowé (rapport, p.4).

53 Ce chiffre à été obtenu en additionnant l'ensemble des cas du paludisme de Libreville durant la période 1999-2001.

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diarrhéiques et les parasitoses intestinales avec 17731 et 11186 cas, soit 25,5554 et 16,07% durant la même période. Par ailleurs, il est à souligner qu'à Libreville les populations ont plus souffert du paludisme durant l'année 2000, alors que les diarrhées et les parasitoses intestinales ont plus touchées les librevillois au cours de l'année 1999. (Voir tableau n° 5 ci-dessous)

Tableau n° 5 : Les principales maladies d'origine hydrique à Libreville de 1999 à 2001.

Maladies

1999

2000

2001

Paludisme

54,35%

61,26%

59,49%

(confirme et probable)

8923 cas.

19205 cas.

13631 cas.

Parasitoses intestinales

16,83%

14,60%

16,78%

(ascaridiose, ankylostomiase, autres

2763 cas.

4577 cas.

3846 cas.

Helminthiases)

 
 
 

Maladies diarrhéiques

28,80%

24,13%

23,72%

(diarrhée aigue, gastro-entérite, dysenterie)

4729 cas.

7566 cas.

5436 cas.

Total

99,98%

99,99%

99,99%

 

16415 cas.

31348 cas.

22913 cas.

Source : Ministère de la Santé (Données statistiques de Libreville et Owendo).

Pour les autres localités de la province, retenons que ces dernières font l'objet de pollutions, mais à une faible intensité .En effet, regorgeant seulement 3% de la population urbaine de la province, ces villes sont généralement dépourvues d'activités économiques capables de polluer ces écosystèmes urbains. Cependant, la ville de Ntoum présente une situation un peu particulière. Bâti sur un site qui fait interface entre la forêt très secondarisée et un type de végétation de savane, Ntoum est emprunt aux problèmes de nuisances : les poussières provoquées par les activités de CIMGABON et les dégâts (fissures) occasionnés par les tires des dynamites sur les murs des maisons domestiques. A cela s'ajoute le problème de la poubelle publique qui est trop exposée comme à Libreville, les habitants de NTOUM ne s'occupent pas de la poubelle de manière individuelle.

54 Le résultat suivant s'est obtenu en faisant le rapport entre l'ensemble des pourcentages des maladies diarrhéiques sur le nombre d'années d'étude.

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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.

En somme, le processus d'urbanisation de la province n'a pas permis de protéger l'environnement urbain de la province de l'Estuaire. Ce processus s'est au contraire manifesté par une forte dégradation et pollution des écosystèmes urbains, ayant pour conséquence majeure, la résurgence de certaines maladies graves sur ces populations. Ainsi, les populations urbaines de cette province se trouvent confrontées aux graves problèmes de l'assainissement des effluents urbains et des ordures ménagères.

Comme on vient de le voir, le processus d'urbanisation enregistré dans la province de l'Estuaire n'a pas permis l'aménagement cette région. Dans cette province, les disparités socio-économique, démographique et environnementale subsistent toujours et tentent même à s'amplifier. L'analyse portée sur cette province par rapport à son aménagement, nous a révélé une nette opposition en terme de développement, entre l'agglomération de Libreville et les autres villes de la province.

Ainsi, l'agglomération de Libreville concentre plus de 91% de la population urbaine de la province. Libreville à elle seule, accueille 85% des sièges sociaux des entreprises étrangères et regorge la plus grande partie des établissements sanitaire et scolaire de qualité de la province, voire même du pays. Pour les autres localités de cette province, elles sont des petites villes où la fonction administrative est la plus importante (3% de la population urbaine provinciale, absence d'activités économiques motrices, manque de structures sociales de qualité) qui ne peuvent pas se passer des services de Libreville. En un mot, ce sont des villes à vocation politico administrative, mais dont les activités restent en grande partie rurales (rurbains).

A partir de ces résultats où nous avons pu voir que le processus d'urbanisation survenu dans la province s'est manifesté pour l'essentiel, dans la déstructuration de l'espace et surtout dans l'amplification des disparités socio économique, démographique et environnementale, quelles peuvent être les perspectives d'aménagement de la province de l'Estuaire ? Autrement dit, quelles sont les pistes et solutions capables de mieux répartir les hommes, les activités et les équipements dans la province de l'Estuaire ? Cette grande interrogation, va constituer le chapitre 4 de notre travail de recherche.

-Ici, une voie de circulation poussiéreuse conduisant à CIMGABON. La poussière soulevée entraîne de graves problèmes de santé publique. Elle peut occasionner des maladies respiratoires (bronchite, toux, grippes,...), également elle pollue les abords des habitations. La poussière sert ainsi de peinture à ces habitations domestiques.

Photo 17 : Un environnement dégradé à Libreville.

- Nous assistons ici à une dégradation progressive de ce site, suite aux grands travaux réalisés en Guinée-équatoriale. Les eaux avancent en érodant la roche et détruisant la végétation. Pas très loin de là, nous pouvons constater les éboulements de terrains. A ce rythme, la ville s'expose à de graves problèmes environnementaux.

Photo 16 : une route poussiéreuse à Ntoum.

- Habitat en dur dans un environnement dégradé (Nombakélé à Libreville).

Clichés : D. NTSEBE ONONO, Juillet 2010

Photo 15 : un site en pleine dégradation dans la commune de Cocobeach.

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Planche n°6 : Quelques sites pollués dans deux villes de la province de l'Estuaire

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille