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Les causes et les conséquences du phénomène des filles- mères au sein des familles de Kigali. Cas du secteur Nyamirambo (2000- 2010 )

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par Jean de Dieu NDAHIMANA
Université libre de Kigali Rwanda - Licence en démographie 2011
  

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CHAPITRE III : ANALYSE DES CONSEQUENSES DU PHENOMENE

FILLE-MERE AU SEIN DES FAMILLES DU SECTEUR NYAMIRAMBO

La troisième chapitre a pour objectif de vérifier la deuxième hypothèse selon la quelle le phénomène des filles- mères a des conséquences qui affectent les filles-mères elles même, les enfants issus de ce phénomène et la famille et la société rwandaise en générale

Tout au long de ce chapitre, il a été question d'analyser et d'interpréter des résultats de notre enquête et en faisant ressortir des conséquences du phénomène fille-mère sur les familles du secteur de Nyamirambo.

En effet, ces conséquences portent sur la perte de l'estime de ces filles-mères , sur l'éducation des enfants nés dans ces circonstances , sur la famille restreinte ainsi que sur la société en générale en créant des conflits d'irresponsabilité des parents de ces enfants qui naissent parfois sans savoir leurs vrai pères et la difficulté de l'intégration de leurs mères dans la société.

3.1. CONSEQUENCES DU PHENOMENE FILLE-MERE SUR ELLE-MEME

Dans la société rwandaise, la jeune fille est considérée comme future épouse et mère des enfants, et doit se garder de faire les rapports sexuels avant le mariage et ainsi rester vierge. On remarque qu'un nombre important des jeunes filles n'arrivent pas à observer actuellement cette règle.

Au cours de notre enquête, nous avons remarqué que les filles enquêtées font des rapports sexuels non protégés. Ce qui fait qu'elles tombent enceinte. Pire, ces relations non protégées exposent à certaines maladies dont le VIH/Sida. Mais il y a tous les alibis pour désorienter l'innocente jeune fille que rien n'arrivera. C'est ce qui est arrivé à Alice, âgée de 17 ans, élève en classe de 3e au Lycée de kigali. Elle raconte que sous l'effet de l'alcool (on lui avait fait boire beaucoup de bière ce jour-là), son copain a abusé d'elle. Ce n'est qu'après l'acte sexuel qu'elle s'est rendu compte qu'elle venait d'avoir des rapports non protégés. Du coup, elle a été plongée dans des interrogations interminables parce qu'elle n'avait pas trop confiance en son copain.

Les méthodes contraceptives ne sont pas connues. En dehors du préservatif masculin et des pilules, les autres sont très mal connues malgré toutes ces campagnes de sensibilisation. Des jeunes filles ne maîtrisent pas leur cycle menstruel. Habineza Innocent, un jeune garçon de Nyamirambo, nous a affirmé que : « Ce ne sont pas seulement les filles qui sont victimes des grossesses non désirées. Elles nous piègent aussi, espérant juste nous obliger à les épouser ou en tout cas à nous occuper d'elles ». En effet, la grossesse pour certaines filles est un passeport pour le mariage. Ainsi, il se trouve des filles qui utilisent toutes les stratégies possibles pour dérouter leurs partenaires afin d'avoir un enfant. Là, bien que ce soit la femme qui porte la grossesse, cette dernière est non désirée par le copain. S'il décide d'assumer, il est contraint de l'amener chez lui, c'est-à-dire chez ses parents.

Le phénomène des grossesses non désirées est beaucoup plus fréquent en milieu scolaire. Ingabire Angélique, une fille résidente à Nyamirambo, élève en classe de 4e au groupe Scolaire Saint joseph de kabgayi est devenue très tôt fille-mère, avec des jumelles sous les bras. Sa mère est décédée au génocide, Son père est un démobilisé de l'armée Rwandaise. Elle est la deuxième fille d'une famille de 4 enfants. C'est elle seule qui fréquente. Elle est donc seule à s'occuper de ses jumelles qui n'ont pas eu la chance de connaître leur père puisque ce dernier a décliné toute responsabilité face à cette situation car. « Je n'étais pas le seul à sortir avec elle » argumente le jeune garçon qui lui a rendu grosse.

Si l'on demande donc à Angélique qui est réellement le père de l'enfant, ce sont des larmes qui constituent sa réponse, le menton soutenu par ses frêles mains. Ce n'est pas la soeur aînée qui pourra situer le papa « irresponsable » sur le nom du père des jumelles puisqu'elle ne l'a jamais vu. C'est la misère et la désolation qui freinent ainsi les études de la seule enfant scolarisée de la famille. Lorsque des encadreurs se mêlent à la danse pour brouiller l'avenir de leurs élèves, c'est le comble. La situation d'Umutesi Dative, élève Collège INYEMERAMIHIGO, est stupéfaite : « Un de mes professeurs m'a rendu grosse tout en sachant qu'il ne va pas m'épouser. Je l'ai dénoncé devant l'administration, mais il a toujours été couvert. Je souffre aujourd'hui avec mon bébé et lui continue sa route ». Le hic, c'est que le harcèlement ne vient pas seulement des enseignants. Des filles harcèlent aussi leurs professeurs dont les plus faibles finissent par chanceler.

Les jeunes filles, de nos jours, n'ont plus peur de faire des rapports non protégés. Pour certaines, le seul objectif, est l'argent. Si la maladie survient, c'est l'oeuvre de Dieu. Conséquences, elles sont nombreuses à véhiculer stress et angoisses dans le sillage de tous ceux qu'elles captent dans leur élan. Puis, ce sont des avortements à n'en pas finir, des abandons des enfants devant les églises et mosquées, dans des fosses et poubelles. Et nos orphelinats sont vite remplis. Elles sont très tôt mères sans aucune ressource. Heureusement que des structures volent souvent à leur secours. Le sexe ne doit plus être un tabou dans nos familles. La jeune fille et le jeune garçon doivent être éduqués dans ce sens par les parents. Ces derniers démissionnent parfois, puisque eux-mêmes ne sont pas un exemple. Au lieu d'être prompts à bannir et chasser leurs filles de leurs cours en cas de grossesses, les parents gagneraient à mettre l'accent sur l'éducation. C'est ce genre de comportements qui amènent certaines filles (qui ne savent où aller) à se suicider ou à avorter. Or, les avortements installent des séquelles irréparables. Les conséquences physiques et psychologiques sont importantes.

Il ne faut jamais résoudre un problème, quoi qu'il en soit, au prix de la vie d'un enfant. L'avortement blesse. On peut ne pas se soucier de la détresse de sa compagne après ses forfaits, mais ne jamais prendre le raccourci de l'avortement. Le véritable bonheur pour un père est de consacre sa vie à ses enfants. Des femmes avortent par manque de soutien du père, mais la chose à retenir est qu'il faut s'épauler et réfléchir ensemble quand une grossesse (désirée ou non) intervient. La femme est la première concernée par une grossesse. Le choix de la garder ou non lui revient. Mais elle doit toujours se rappeler cette réalité : Si Dieu donne la vie, il va s'en occuper. Quand Il crée, Il nous aide à assumer ces conséquences. Peu importe les circonstances difficiles entourant cette grossesse non désirée. Cette vie Lui appartient et nous devons L'honorer en donnant à l'enfant toutes les chances de vivre.

Les grossesses non désirées des filles ont des effets grandioses sur la vie de ces jeunes filles. On peut se demander quels sont les grands problèmes rencontrés par une fille enceinte et comment celle-ci est traitée par sa famille.

3.1.1. Problèmes des filles enceintes avant et après l'accouchement

Une fois qu'une fille devient enceinte, ses besoins matériels et financiers augmentent alors que ses forces et moyens ordinaires diminuent. A partir de ce moment là, sa vie devient misérable. Nous allons voir les différents problèmes auxquels les filles font face lors de leurs grossesses.

Tableau 21 : Problèmes que rencontre des filles pendant et après l'accouchement

Problèmes rencontrés par des filles avant et après l'accouchement

Effectif

%

Pas d'assistance matérielle

28

36

Perte d'espoir de la vie

29

37

Provoquer l'avortement

12

15

Autres problèmes

8

12

Total

77

100

Source : Résultats de notre enquête, Janvier 2011

Le tableau ci haut nous présente des grands problèmes que rencontrent des filles enceintes. On remarque que 36% des filles enquêtées ont été abandonnées par leurs parents ou responsables avant ou après leur accouchement, et elles ont été abandonnées. En d'autres termes, leurs familles ont diminué ou même coupé totalement l'assistance matérielle alors que c'était à ce moment là qu'elles avaient plus de besoin d'assistance.

Pour 37% des cas des filles enquêtées affirment une perte totale d'espoir de la vie. Elles se demandent pourquoi elles ont été créées car elles deviennent des unités sociales isolées sans aucune place dans l'ambiance sociale. Ce désespoir a poussé 15% des filles à provoquer l'avortement qui ont malheureusement échoué.

Il y a enfin, d'autres problèmes rencontrés par des filles comme l'abandon des cours pour les étudiantes, quitter les familles et errer ici et là sans espoir du lendemain, le retour en village des filles qui travaillaient comme domestique. Il y en a aussi celles qui tentent de se suicider, les autres préfèrent se marier forcement aux garçons qui leurs ont rendu grosses ou cherchent quelque fois les autres maris pour avoir une adresse qui leur donnera une stabilité, etc. Des cas pareils sont des sources de multiples problèmes sociaux entre autre l'exclusion sociale.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery