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Le regard porté sur les femmes par le franciscain Jean Benedicti à  travers son manuel de confession "la somme des pechez et le remede d'icevx" (1595, réédition )

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par Lucie HUMEAU
Lyon  - Master 1 2013
  

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Conclusion

Le XVIe siècle est une époque de reconstruction théologique pour l'Église. Ce travail passe par l'élaboration d'un nouveau discours logique sur la place de la femme dans la société. Le développement des manuels de confession en tant que genre littéraire dans la deuxième moitié du XVIe siècle a permis de diffuser une idéologie réaffirmée par le concile de Trente. Jean Benedicti présente dans son ouvrage une vision triplement biaisée de la femme : celle que l'Église catholique veut voir, celle que lui renvoie la société de son temps et celle qu'il s'imagine lui-même. La synthèse de ces trois visions permet de dégager l'ambivalence d'une pensée où se mêlent peur de la femme et discours égalitaire d'un religieux qui sait qu'hommes et femmes sont égaux lors du Jugement dernier.

Le discours du franciscain est précieux par la multitude de sources sur lesquelles il appuie ses démonstrations. La reproduction dans le corps de son oeuvre de certains textes législatifs de son temps et la profusion des notes marginales permettent de retracer le cheminement de sa pensée. Aucune source ne semble avoir été ignorée. À côté des textes fondamentaux de l'Église, Benedicti s'est intéressé aux textes juridiques et médicaux. Il utilise aussi les diverses cultures qu'il a pu côtoyer voire même les superstitions de son temps. Les grands auteurs anciens ne sont pas oubliés ni les thèses hérétiques qu'il combat avec ardeur. Ses connaissances visibles en latin, en grec et en hébreu sont associées à son expérience personnelle en tant que confesseur, prédicateur et exorciste afin de livrer un discours qui se veut objectif puisqu'il présente fréquemment des thèses opposées afin d'en proposer une synthèse. Il faut néanmoins avoir présent à l'esprit que le texte de Jean Benedicti fut retouché après sa mort par les professeurs de la Sorbonne : les modifications qu'ils ont jugées nécessaires à l'oeuvre du franciscain sont la preuve qu'au-delà d'un texte normatif reconnu par l'Église, La somme des pechez et le remede d'icevx est le reflet d'une pensée singulière.

Dans l'oeuvre du franciscain, la femme est présentée comme un être ambivalent : à la fois fondamentalement pécheresse et tentatrice, elle n'en est pas moins un être infiniment faible et qui a constamment besoin d'être protégée, notamment contre elle-même. La jeune fille est pure car vierge mais facilement séduite par des hommes malveillants. Elle doit donc être mariée rapidement si elle ne souhaite pas se faire religieuse. Sa virginité est louée mais elle ne suffira pas à la protéger des assauts du monde si ses parents ne la placent pas sous la tutelle d'un mari. Une fois mariée, la

Humeau Lucie | Master 1 CEI | mémoire de maîtrise | juin 2013 - 207 -

Humeau Lucie | Master 1 CEI | maîtrise de mémoire | juin 2013 - 208 -

femme acquiert une place reconnue dans la société du XVIe siècle. Elle a donc des devoirs mais aussi certains droits. Soumise à son mari en tout point, elle devra lui obéir en silence et le laisser gouverner la maison à sa guise. Néanmoins, devant un péché trop visible, Benedicti charge la femme de sortir de son mutisme pour corriger son conjoint. Malgré cette nouvelle protection, c'est toujours la sexualité de la femme qui pose question au religieux. La question des rapports sexuels entre les conjoints est assez détaillée pour que tout confesseur puisse trancher entre un rapport légitime ou non. Pour ce qui est des rapports illégitimes, Jean Benedicti semble plus modéré que certains de ses contemporains. En effet, il place l'homme et la femme adultère sur un plan d'égalité pour ce qui est de la faute commise. De même, lorsqu'il aborde le sujet du concubinage, ce ne sont pas tant les femmes qui sont dépréciées comme tentatrices que les hommes, et notamment les religieux, qui ne peuvent contenir leurs désirs sexuels. Les veuves sont représentées dans le manuel de confession telles qu'elles apparaissent dans les sources judiciaires de l'époque : misérable jusqu'au point de se livrer parfois à quelque séducteur qui leur aurait promis un soutien moral ou financier. Redevenue maîtresse de ses biens et de sa destinée, elle est cependant un atome libre et donc dangereux aux yeux des moralistes du temps.

Le moyen de sanctification par excellence pour la femme est de porter des enfants et de les élever dans la foi chrétienne. Benedicti intègre dans son discours les conseils reçus lors du concile de Trente : responsabiliser et sensibiliser les femmes à leur rôle primordial d'éducatrices. Un grand nombre d'enfants ne doit pas être vu comme un fardeau mais comme une chance selon Benedicti. C'est pourquoi il dénonce toute pratique anti-conceptionnelle ou abortive. Ce rôle de mère devrait tenir les femmes au foyer et donc éviter qu'elles ne s'adonnent à leurs vices, d'autant plus visibles si elles sont en société. Le franciscain s'inscrit dans une longue lignée de discours misogynes lorsqu'il attribue aux femmes un caractère bavard et mensonger ainsi qu'une coquetterie qui les mène à une ruine non seulement terrestre et matérielle mais aussi dans l'éternité de l'au-delà. Puisque l'attrait de la tentation la poursuit, la femme devrait par-dessus tout éviter les pratiques corporelles jugées trop lascives telle la danse. Benedicti met en garde les hommes contre un contact prolongé avec les femmes. Il dénonce de plus les prostituées qui incitent les hommes à pécher par leurs attitudes et leurs paroles. Ces dernières sont exclues avec force de la société du XVIe siècle mais Benedicti conserve une clémence relative à leur égard en mettant en exergue des modèles de repenties telles Marie-Madeleine ou Marie l'Égyptienne. Aucune pitié n'est par contre décelable dans

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams