WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le regard porté sur les femmes par le franciscain Jean Benedicti à  travers son manuel de confession "la somme des pechez et le remede d'icevx" (1595, réédition )

( Télécharger le fichier original )
par Lucie HUMEAU
Lyon  - Master 1 2013
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

LA RELIGIEUSE, UNE FEMME DANS L'ÉGLISE.

Après avoir abordé la question des femmes qui semblent « hors de l'Église », nous allons nous pencher sur le discours que porte Benedicti sur les religieuses, femmes à qui est donné un rôle, fut-il minime, au sein de l'Église. Le franciscain leur montre la voie qu'elles doivent suivre en s'appuyant sur les décisions du concile de Trente à leur sujet. Il affirme notamment son désir de ne voir que des vocations volontaires et non forcées. Benedicti tient de plus à bien circonscrire la place des femmes au sein de l'Église et se montre particulièrement inquiet du respect de leur voeu de chasteté.

Durant de nombreuses années, le placement des filles dans des couvents fut le fruit non pas d'une piété particulière chez ces jeunes personnes mais de calculs à la fois politiques, matrimoniaux et financiers. De nombreuses femmes restent célibataires en France au XVIe siècle. Que faire d'elles ? En France, « les couvents continuaient d'exercer la fonction d'établissements de tranquillité sociale, spécialement au service de l'élite urbaine. L'union avec le Christ nécessitait une dot sensiblement moins élevée qu'un mariage profane et le père de la "mariée" avait son mot à dire dans la gestion de la maison où sa fille faisait son entrée »1007. Guy Bechtel souligne que les abus dont sont

1006Ibid., p.602.

1007 Natalie ZEMON DAVIS (dir.), Arlette FARGE (dir.), op.cit. [note n°79], p.191.

Humeau Lucie | Master 1 CEI | maîtrise de mémoire | juin 2013 - 194 -

Femmes et société dans le manuel de confession du père Jean Benedicti.

accusés les couvents ou les monastères1008 sont dus à ces vocations forcées que les filles subissent plus qu'elles épousent. Ces abus sont divers : non observance de la règle, de la morale et de la clôture, différences de mode de vie selon la fortune personnelle de la religieuse, enfants à la tête de grands monastères etc. Les religieuses fortunées « conservaient d'étroites relations avec leurs parents, elles disposaient de cellules confortablement aménagées qu'elles léguaient par la suite à un membre de leur famille. Elles y vivaient selon leur rang, souvent en compagnie d'une jeune soeur ou d'une nièce prise comme élève, et les veuves pouvaient même avoir une fille auprès d'elles. Elles prenaient leurs repas à part, possédaient leur propre poulailler, leur potager, et écrasaient leurs congénères pauvres de leur luxe »1009. Le concile de Trente tente de mettre un terme à ces abus. Guy Bechtel remarque que les religieux de l'époque avaient « parfaitement compris que leur tiédeur et leur laisser-aller provenaient d'abord et avant tout de leur peu de vocation »1010. Benedicti énonce quant à lui : « Et à ce propos voyez l'ordonnance de l'Eglise donnee au sainict [sic] Concile, lequel excommunie tous ceux & celles de quelque co[n]dition qu'ils soient clers [sic] ou lays, reguliers ou seculiers, qui en aucune maniere co[n]traignent vne fille, vesue [sic] ou autre femme entrer contre son gré en religion, & faire professio[n] en icelle, hors-mis les filles repe[n]ties 1011, qu'o[n] appelle, & autres femmes coulpables exprimees au droit. Et à l'opposite excommunie aussi ceux qui empeschent aucune fille ou femme, de vouer continence ou d'entrer en religion, laquelle censure s'estend aussi sur ceux qui prestent ayde, conseil & faueur à les y co[n]treindre ou empescher »1012. Benedicti se montre au fait de la situation dans certaines familles quand il dit à propos des parents que ceux qui contraignent leurs enfants « par force, menaces, circonuentio[n]s1013, tromperies ou autres voyes illicites d'entrer en religion, pechent de mesme. C'est vn abus qui se trouue quelquesfois entre les gentils ho[m]mes, pour faire leurs maisons grandes, & laisser tout au fils aisné, de mettre leurs fils & filles és monasteres : ce que i'ay veu estre plus vsité en Italie, Espagne & Portugal, que non pas en France. De là vie[n]t qu'au lieu de prier Dieu pour leurs peres & meres, bie[n] souuent ils les maudissent »1014. En effet, une des missions de ces femmes placées au couvent était de prier « tous les jours pour le salut de leurs

1008Le couvent accueille, tout comme le monastère, une communauté de religieuses ou de religieux. Si les deux établissements

suivent une règle définie, le couvent est plus ouvert sur le monde.

1009Natalie ZEMON DAVIS (dir.), Arlette FARGE (dir.), op.cit. [note n°79], p.192.

1010Guy BECHTEL, Les quatre femmes de Dieu : la putain, la sorcière, la sainte & Bécassine, Paris, Plon, 2000, p.199.

1011On appelait « fille repentie » une fille qui, après avoir vécu dans le tumulte du monde, venait se retirer ou était placée dans un

établissement pour faire pénitence.

1012Jean BENEDICTI, La somme des pechez, et le remede d'icevx..., op. cit. [note n°170], p.74.

1013Une circonvention est une tromperie avec artifice.

1014Jean BENEDICTI, La somme des pechez, et le remede d'icevx..., op. cit. [note n°170], p.96.

Humeau Lucie | Master 1 CEI | mémoire de maîtrise | juin 2013 - 195 -

Humeau Lucie | Master 1 CEI | maîtrise de mémoire | juin 2013 - 196 -

parents et de leur ville »1015. C'est pourquoi ces établissements avaient une place de choix au sein de la cité et que les pouvoirs locaux leur accordaient des exemptions d'impôts et des privilèges multiples.

Benedicti explique comment les familles aisées, afin de concentrer leurs chances pour un mariage haut placé, mettaient leurs enfants au couvent. L'aîné pouvait ainsi bénéficier d'une dot importante qui augmentait ses chances pour un bon mariage. Les cadets devaient servir aux desseins de l'aîné, notamment en choisissant une vie hors du monde. Les hommes assurant la passation du nom et du titre, les filles étaient d'autant plus susceptibles d'être reléguées de force dans un établissement religieux. Benedicti prononce l'excommunication « contre ceux ou celles soient religieux ou seculiers qui prennent ou baillent, qui font paction ou marché pour receuoir quelque nouice en religio[n], outre la pension ordinaire. Si c'est vne fille, on peut bien librement offrir quelque chose, mais non pas par conuention, & la receuoir aussi, mais non pas par acception de personne, comme preferant vne nouice insuffisante à vne plus digne »1016. En effet, « l'usage de réclamer une dot se multiplia à partir du XVIe siècle »1017. Puisque les couvents étaient connus de tous comme des établissements permettant d'éviter aux parents de marier leurs enfants, les filles, futures « épouses du Christ », recevaient en moyenne cinq à six milles livres « soit l'équivalent de dix ans d'un salaire d'ouvrier agricole »1018, pour entrer dans les ordres. Il faut souligner que cette pratique s'appliquait uniquement pour les femmes tout comme le fait de sélectionner les postulantes, autre pratique non conforme aux préceptes bibliques, dénoncée par Benedicti dans ce même passage. Guy Bechtel explique que du fait de l'abondance de filles offertes à l'Église, celle-ci « refusa les malades, les infirmes, les enfants sans père »1019. Les filles entrent ordinairement au couvent à l'âge de douze ans. Le concile de Trente relève l'âge auquel elles peuvent faire leur profession de foi à seize ans. Nous rappelons ici que les décrets du concile de Trente n'ont pas été reçus en France bien qu'ils aient été appliqués par certains évêques dans leurs diocèses. Néanmoins, l'ordonnance de Blois de 1579 s'aligne sur cette décision du concile de Trente, prise « au cours de sa dernière session dans le décret sur les réguliers et les moniales qui exigea (canon XV) au moins un an de noviciat au préalable »1020. Marie-Élisabeth Henneau décrit l'entrée de la novice dans le couvent : « La cérémonie de la vêture ou de la prise d'habit consacre l'entrée au noviciat. Le corps

1015Natalie ZEMON DAVIS (dir.), Arlette FARGE (dir.), op.cit. [note n°79], p.192.

1016Jean BENEDICTI, La somme des pechez, et le remede d'icevx..., op. cit. [note n°170], p.606.

1017Guy BECHTEL, Les quatre femmes de Dieu..., op. cit. [note n°1010], p.200.

1018Ibid., p.200.

1019Ibid., p.200.

1020Lucien BELY (dir.), op. cit. [note n°46], article « Voeux de religion ».

Femmes et société dans le manuel de confession du père Jean Benedicti.

de la jeune fille, d'abord paré d'un habit de noce, est dépouillé, à l'abri des regards, puis revêtu des "livrées de la pénitence", qui en dissimulent les formes et en transcendent les attraits. L'événement suscite généralement une grande émotion, d'autant qu'aux épousailles succède une mise au tombeau1021. [...] Le noviciat est un temps d'épreuve pour la future religieuse, ainsi engagée dans un long processus de conversion. Tel une "cire molle" entre les mains de leurs accompagnatrices, le corps des débutantes doit s'adapter aux nécessités de la vie religieuse. Le port de l'habit avec lequel elles doivent se familiariser participe à sa mise en forme à des fins régulières et liturgiques. Le voile des novices, souvent blanc, manifeste leur consécration au Christ, en même temps qu'il protège des regards indiscrets et réduit le champ visuel. L'ampleur de la robe masque désormais, des pieds à l'encolure, les caractéristiques du corps féminin. Le plissé du tissu accompagne et amplifie tous les gestes posés en l'honneur de Dieu. Le tout ne laisse qu'une infime surface de peau découverte »1022.

Une fois entrée dans le couvent, la jeune novice va s'initier à la liturgie et à la règle de l'ordre dans lequel elle passera peut-être le reste de ses jours. Une petite cellule froide sera sa chambre. Les journées se passent en silence et sont entrecoupées par les offices : « [a]u lever, on court d'habitude à celui de laudes, puis de prime, tierce et sexte le matin. L'après-midi voit les filles réunies pour nones, puis vêpres vers 15 heures, et pour complies en fin de journée. Le reste du temps, il est proposé plus de travail, variable selon les établissements, que de distraction ou d'éducation »1023. La nourriture est maigre d'autant plus qu'il « existait de nombreux couvents, surtout en milieu rural, où régnait la pire des misères »1024. Certains couvents, qui vivaient d'aumônes, se révoltent contre la clôture, réimposée avec force par le concile de Trente. Voici ce que dit Benedicti à ce sujet : « les moniales & religieuses qui sortent hors de leurs cloistres & monasteres sans permission, encores que ce soit pour peu de temps sous couleur quelconque, sont excommuniez comme infractrices de leurs voeu de closture : auquel elles ne sont pas moins obligées, qu'au veu [sic] de chasteté. Au parauant l'Euesque ou le Prelat pouuoit donner congé à vne Religieuse de sortir, quand il y auoit cause raisonnable, mais depuis le mesme Pape Pie cinquieme a reserué ceste puissance au S. Siege Apostolique, excommuniant toutes Abbesses & Religieuses qui sorte[n]t de leur cloistre, sous pretexte de quelque maladie, ou necessité que soit, sinon en ces trois

1021Cette expression peut faire référence à la mise au tombeau du Christ (Marc 15, 42-47 et Jean 19, 38-42), moment où ce dernier est placé dans une grotte creusée à même la roche et fermée par une pierre. L'entrée au couvent peut ressembler à une fermeture au monde du même ordre.

1022Marie-Élisabeth HENNEAU, « Corps sous le voile à l'époque moderne », p.59-100 dans Cathy McCLIVE (dir.), Nicole PELLEGRIN (dir.), op. cit. [note n°568], p.64-65.

1023Guy BECHTEL, Les quatre femmes de Dieu..., op. cit. [note n°1010], p.204.

1024Natalie ZEMON DAVIS (dir.), Arlette FARGE (dir.), op.cit. [note n°79], p.192.

Humeau Lucie | Master 1 CEI | mémoire de maîtrise | juin 2013 - 197 -

poincts. Le premier, est le feu. Le deuxieme, la peste. Le troisieme, la lepre. Il excommunie aussi tous ceux qui attentent de leur bailler licence, & ceux qui les accompagnent, & ceux qui les reçoyuent. Outre ces trois cas, il n'en voulut iamais dispe[n]ser auec Religieuse quelconque, de quelque sang qu'elle fust. Et mesme vne fois ayant esté instamment supplié par grands Seigneurs qu'il permist à vne certaine dame Religieuse de Naples, d'aller vn peu aux baings pour recouurer santé d'vne grosse maladie, il n'y voulut iamais ente[n]dre : adioustant qu'il luy estoit bien plus profitable de mourir ainsi, auec la grace de son espoux Iesus Christ, que de violer le sainct voeu de closture. Or regardez vous autres Dames, Abbesses, Prieures & Religieuses de France, la responce d'vn vicaire de vostre espoux Iesus Christ »1025. Cette dernière phrase montre la tension sous-jacente qui existe entre les réformateurs et les couvents de femmes.

À seize ans, les jeunes novices deviennent des religieuses à part entière après la cérémonie de la profession de foi. La pression familiale était toujours importante et peu de jeunes filles osaient s'opposer aux décisions de leurs parents. Guy Bechtel signale que, « conformément aux prescriptions du concile de Trente qui accordait cinq ans aux jeunes filles pour revenir sur leurs voeux, [quelques religieuses] furent, si l'on ose dire, relâchées. Le cas fut rare. En effet, celles qui avaient été placées au couvent par leur famille ne savaient que devenir, une fois rendues à la vie séculière, sans métier monnayable et sans secours d'un entourage qui, naturellement, ne voulait pas les reprendre. Un échec au couvent signifiait un déshonneur familial. Aux velléités de se retirer, la supérieure liée aux familles opposait une question terrible : pour quel avenir ? »1026. Les autres s'engageaient à suivre, à vie, les voeux solennels formulés lors de leur profession religieuse : pauvreté, chasteté et obéissance. Benedicti définit quels étaient les droits et les devoirs des religieuses de son siècle.

Les « religieuses, qui à leur escient delaissent leurs matines, heures canoniales & diuin seruice, pechent mortellement »1027 affirme-t-il. Les matines font partie de ces heures canoniales, qui sont des temps de prière organisés en dehors du temps imparti à la messe, le divin service. Les heures canoniales comptent sept temps forts : les matines au milieu de la nuit, les laudes à l'aurore, prime à la première heure du jour, tierce à la troisième heure du jour, sexte à la sixième heure du jour, none à la neuvième heure du jour, vêpres le soir et enfin complies avant de se coucher. Les religieuses sont invitées à se recueillir dans la prière en permanence. Si elles sont tenues d'assister au divin service,

1025Jean BENEDICTI, La somme des pechez, et le remede d'icevx..., op. cit. [note n°170], p.607. 1026Guy BECHTEL, Les quatre femmes de Dieu..., op. cit. [note n°1010], p.208.

1027Jean BENEDICTI, La somme des pechez, et le remede d'icevx..., op. cit. [note n°170], p.85.

Humeau Lucie | Master 1 CEI | maîtrise de mémoire | juin 2013 - 198 -

Humeau Lucie | Master 1 CEI | mémoire de maîtrise | juin 2013 - 199 -

Femmes et société dans le manuel de confession du père Jean Benedicti.

elles ne peuvent en aucun cas y être impliquées de manière active. Benedicti dit à ce sujet : « qui celebre Messe sans seruiteur, ou permet qu'vne femme luy respo[n]de à la Messe [pèche]. Ie ne sçay d'où est venue ceste coustume en Flandres, que les religieuses seruent au prestre à la messe, comme ie l'ay veu moymesme : cela est contre les Rubriques »1028. Les Rubriques sont les règles qui président à l'office divin. Elles interdisent à une femme de prendre part de façon active à cet office. De même, les femmes ne peuvent être ordonnées prêtres. Voici ce que dit Benedicti à ce sujet : « Que les Euesques, Roys, Princes & autres Collateurs, qui confere[n]t les dignitez à gens du tout incapables, & qui pis est à des femmes, voire mesme à des Heretiques, regardent co[m]bien leur conscience est blessee, & comme ils pourro[n]t satisfaire & reparer les maux spirituels & corporels dont ils sont cause »1029. Du fait de leur infériorité supposée, les femmes catholiques se sont jusqu'à aujourd'hui vues refuser le droit d'être ordonnées. Cet argument est même utilisé pour dénoncer les huguenots français « qui ont attribué l'ordre de prestrise, & l'authorité de lier & deslier aussi bie[n] aux gens lays, & mesme aux femmes, qu'à ceux qui sont co[n]sacrez par l'impositio[n] des mains »1030. Cela est à relativiser car si les femmes ont pu obtenir une certaine liberté au début du mouvement protestant, elles ont très vite été priées de reprendre leurs activités traditionnelles. Dans la religion catholique, les femmes, même celles qui ont choisi de vivre au plus près des préceptes divins, ne peuvent délivrer les sacrements ni prendre une décision importante d'elles-mêmes. Ainsi, si les religieuses, comme les religieux, « ne peuuent vouer aucune chose sans le congé tacite ou expres de leur prelat, autrement ils offensent »1031, Benedicti insiste sur le fait que les femmes doivent rester d'autant plus discrètes dans les affaires de religion qu'elles appartiennent au sexe faible. Il affirme : « Quant aux femmes Abbesses & Prieures, tous demeurent d'accord, qu'elles ne peuuent ne excommunier ne absoudre d'aucune excommunie : attendu que la femme estant selon l'escriture en estat de subiection, elle ne peut auoir aucune iurisdiction ne la puissance des clefs, donnee non pas mesmes à la vierge Marie, ains aux Apostres. Elles peuuent toutesfois bie[n] corriger leurs subiettes, ce qui leur est permis pour le danger qu'il y auroit si les hommes conuersoient auec elles »1032. Aussi, même les grandes figures à la tête des couvents ne peuvent accorder l'absolution, n'ont la puissance d'ouvrir les portes du Paradis car elles n'en possèdent pas les clefs. Néanmoins, elles peuvent corriger leurs sujettes, non pas qu'elles soient aptes à le faire mais du fait que ces dernières semblent

1028Ibid., p.426. 1029Ibid., p.690. 1030Ibid., p.566. 1031Ibid., p.70. 1032Ibid., p.223.

Humeau Lucie | Master 1 CEI | maîtrise de mémoire | juin 2013 - 200 -

être de dangereuses tentatrices pour leurs homologues masculins. Les femmes peuvent aussi entendre en confession des hommes dans certaines situations extrêmes : « Il y a mesme vn Docteur qui tient qu'en defaut d'vn homme lay, [un homme] se pourroit accuser à vne femme. Et vn autre dit, que le meilleur seroit en tel laccident [sic] que les hommes se confessassent aux hommes, & les femmes aux femmes, si elles pouuoient receuoir autant de co[n]seil & exhortation entre elles comme des hommes lays »1033. Un homme, même laïc, apparaît toujours préférable à une femme, même religieuse mais Benedicti n'exclut pas totalement cette possibilité. Aussi, la confession peut être faite à une femme si le confessé estime qu'il est à l'article de la mort.

La confession et la communion sont des temps essentiels de la vie des religieuses. Le concile de Trente a organisé ces temps dans le « Décret de réformation touchant les réguliers et les religieuses » en décembre 1563. Il y est écrit qu'elles doivent « se confesser et recevoir la Sainte Eucharistie au moins tous les mois, afin que, munies de cette sauvegarde salutaire, elles puissent surmonter courageusement toutes les attaques du démon. Outre le confesseur ordinaire, l'évêque ou les autres supérieurs, en présenteront deux ou trois fois l'an un autre extraordinaire, pour entendre les confessions de toutes les religieuses »1034. Les femmes semblent ici avoir particulièrement à craindre le diable. Benedicti, dans sa relation de ce canon, est plus métaphorique et précis à propos de la communion des religieuses sous l'espèce du pain : « selon l'ordonnance du Concile de Trente il s'entend aussi des nonnes & religieuses, lesquelles doyue[n]t deuoteme[n]t de mois en mois receuoir leur Createur, afin de se munir, fortifier & armer co[n]tre les assaux & incursions du serpent tortueux Satanas, qui est leur ennemy mortel, comme il a esté de leur mere Eue »1035. Parce qu'elles sont susceptibles d'être plus souvent tentées, les religieuses devaient s'assurer une protection par la communion fréquente. Si les laïcs du XVIe siècle communient au minimum une fois par an, à Pâques, les religieuses sont invitées à communier tous les mois. La pratique de la confession est plus complexe chez les femmes que chez les hommes. C'est peut-être pourquoi Benedicti affirme à propos de la contrition que « les religieux & religieuses, & autres qui sont en estat de perfection doiuent plus souuent procurer ceste contrition que non pas les seculiers, & ceux qui sont au monde : & ce à raison de leur reigle & statuts. Et non seulement ils se doiuent repentir, ains aussi se confesser à tout le moins deux fois la sepmaine [sic], & les religieuses vne ou deux fois le mois, & receuoir la

1033Ibid., p.223.

1034Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.219-220.

1035Jean BENEDICTI, La somme des pechez, et le remede d'icevx..., op. cit. [note n°170], p.232.

Femmes et société dans le manuel de confession du père Jean Benedicti.

communion »1036. La communion est normalement précédée de la confession puisqu'on ne peut accueillir le corps du Christ qu'en étant lavé de ses péchés. Néanmoins, la confession est délicate dans les couvents de femmes car ces dernières ne peuvent se confesser qu'à un homme. C'est donc à un religieux du même ordre qu'incombait la tâche de confesser toutes les religieuses d'un couvent chaque fois qu'une communion s'annonçait. Or, le contact avec des femmes, quelles qu'elles soient, est estimé dangereux. De plus, les femmes sont réputées bavardes, comme nous l'avons vu précédemment, et les religieuses sont accusées de passer trop de temps au confessionnal. Marcel Bernos souligne que « [c]ette mauvaise habitude est assez généralement reprochée à toutes les femmes, mais elle prend chez des cloîtrées des aspects spécifiques »1037. Il semble que ce soit à cause « de ce temps perdu et du risque d'attache affective que la confession des femmes, fussent-elles des religieuses, et plus encore leur direction spirituelle n'ont jamais enthousiasmé les religieux des branches masculines correspondantes »1038. Cela peut peut-être expliquer pourquoi les religieux doivent se confesser et communier plus fréquemment que les religieuses, pourtant plus susceptibles de pécher selon les croyances de l'époque. Le sacrement de confirmation n'est quant à lui pas discuté pour les religieuses comme pour les femmes. Cette onction de chrême1039 faite par l'évêque est un complément du baptême que les fidèles peuvent recevoir une fois qu'ils ont atteint l'âge de raison qui est lui-même fluctuant selon les époques. « Et les femmes peuuent-elles receuoir ce sacrement ? Ouy, aussi bien que les hommes. Ne s'est il pas trouué des femmes, voire filles & pucelles qui se sont mo[n]strees valeureuses guerrieres contre le serpent tortueux, & la puissance des tyrans ? Et d'où procedoit cela, sinon qu'elles estoient confirmees en la foy par le moyen de ce sacrement ? »1040, se demande Benedicti. Ici, une certaine estime est montrée envers les femmes courageuses, mais ce courage ne peut provenir d'elles-mêmes sinon d'un sacrement catholique.

Les religieuses ont un statut à part dans les discours de Benedicti. Ainsi sont protégées « toutes religieuses & nonnains, professes, nouices ou conuerses1041, tellement

1036Ibid, p.631.

1037Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église..., op. cit. [note n°3], p.223.

1038Ibid., p.224.

1039Le chrême est un mélange d'huile d'olive et de parfum appliqué sur une ou plusieurs parties du corps des fidèles catholiques

lors de la cérémonie du baptême, de la confirmation et de l'ordination.

1040Jean BENEDICTI, La somme des pechez, et le remede d'icevx..., op. cit. [note n°170], p.394.

1041La « professe » a prononcé les voeux par lesquels elle s'engage dans un ordre religieux. La novice n'a pas encore prononcé ses

voeux tandis que la converse est une personne qui adopte un style de vie religieux sans jamais prononcer de voeux. La converse

aide au monastère dans les tâches domestiques et effectue divers travaux.

Humeau Lucie | Master 1 CEI | mémoire de maîtrise | juin 2013 - 201 -

Humeau Lucie | Master 1 CEI | maîtrise de mémoire | juin 2013 - 202 -

que quiconque les frappe, il est excommunié »1042. Les religieuses restent cependant des femmes, même sous le voile. De nombreuses occurrences révèlent donc dans le discours de Benedicti que ce dernier s'inquiète non pas tant du respect du voeu d'obéissance ou de pauvreté mais surtout de celui de chasteté. Benedicti explique « que celle qui auroit esté connue, soit deuant ou apres la consecration1043, soit publiquement ou en secret, se doit abstenir d'exercer les offices du monastere, qui appartiennent aux moniales qui sont vierges, sinon qu'autrement elle fust dispensee pour les exercer. Or de ce point il en a esté touché en la matiere du sacrilege, science qui ne doit estre ignoree de ceux qui sont Confesseurs des nonnains : ce que i'ay bie[n] voulu repliquer encores plus amplement pour donner à connoistre aux Dames religieuses (Dames ie les appelle, puis qu'elles sont mariees au fils de Dieu & de la vierge, de laquelle elles sont belles filles : dignité non pareille) en quelle purité elles doiuent receuoir le voile sacré de religion »1044. Les religieuses sont donc considérées comme les « épouses du Christ » et cet honneur leur impose une ligne de conduite stricte. C'est pourquoi Benedicti leur interdit d'officier dans des monastères si elles ont perdu leur chasteté. Au paragraphe traitant du sacrilège, le franciscain détaille en effet les divers cas où les religieuses sont en danger de céder au péché de luxure. Si le péché de sacrilège peut aussi bien être commis par un religieux que par une religieuse, c'est essentiellement de ces dernières dont il est question. Benedicti rappelle que le mariage avec une religieuse est strictement interdit dans la religion catholique. Il en profite pour dénoncer sans appel les huguenots qui auraient « esté les premiers, qui apres auoir ietté le froc és orties, espouserent des nonnains pour engendrer des enfans de fornication »1045. Le franciscain raconte l'histoire « de saincte Clere de Geneue, laquelle (co[m]me m'ont recité les mesmes religieuses, qui esta[n]t chassees de la ville à lors [sic] prinse des heretiques, vindrent [sic] demeurer à Nisy en Sauoye) aima mieux se marier à vn moyne renié, que de suiure ses co[m]pagnes & perdre la douceur de sa patrie : mais la fille de perdition qu'elle estoit, receut bonne reco[m]pense de sa desloyauté, car son faux mary desfroqué par apres l'escorcha toute viue, & fut le bourreau de la iustice diuine »1046. Nous n'avons pas pu trouver de description plus précise à propos de ce fait divers que relate Benedicti. Néanmoins, il apparaît de suite étonnant qu'il qualifie cette femme de « saincte ». En effet, bien qu'elle ait subi ce qui ressemble à un martyre dans la religion catholique, elle est accusée de divers péchés : elle a renié sa foi et commis un sacrilège en forniquant avec un homme

1042Jean BENEDICTI, La somme des pechez, et le remede d'icevx..., op. cit. [note n°170], p.605. 1043La consécration est la cérémonie durant laquelle la religieuse se voue au service de Dieu. 1044Jean BENEDICTI, La somme des pechez, et le remede d'icevx..., op. cit. [note n°170], p.144. 1045Ibid., p.138.

1046Ibid., p.138-139.

Femmes et société dans le manuel de confession du père Jean Benedicti.

qui avait fait voeu de chasteté. Le qualificatif pourrait donc renvoyer à une note ironique de l'auteur.

Afin de protéger la chasteté des religieuses, Benedicti préconise une stricte clôture. Marie-Élisabeth Henneau explique que « [d]epuis longtemps, les ecclésiastiques ont imaginé quantité de dispositifs destinés à protéger l'intégrité des religieuses : murailles, grilles et volets clos, bien sûr, mais aussi trame serrée des rideaux et des voiles, opacité des paupières baissées et maîtrise totale du comportement, en vue d'un parfait retrait du monde. Il n'empêche que régulièrement les yeux, comme les portes, s'entrouvrent »1047. C'est pourquoi, Benedicti rappelle que « pour obuier à ces sacrileges, l'Eglise a prohibé sur peine d'excommunie à toutes personnes d'entrer és monasteres de religieuses, & aux religieuses d'e[n] sortir»1048. Si ces diverses précautions sont prises, c'est pour éviter quelque grand péché. En effet le franciscain explique que « l'acte charnel commis auec vne religieuse, pourroit comprendre en soy toutes les cinq especes de luxure. Exemple. Celuy qui abuse d'vne no[n]nain, il commet premierement sacrilege : secondement adultere, aya[n]t à faire auec l'espouse d'autruy, c'est à dire, auec celle qui est espousee à Iesus Christ : tiercement inceste, car il pourra estre que telle religieuse sera sa parente, & aussi est elle sera pare[n]te spirituelle, esta[n]t mariee au fils de Dieu, qui est nostre frere, voire Seigneur & pere commun de tous : quarteme[n]t il commet stupre, car il deflore vne vierge : quintement, il commet rapt, s'il la prend par force »1049. Le « peché d'inceste, quand on a eu affaire auec son sang, ou auec vne religieuse & nonnain »1050 fait partie des cas réservés à l'évêque c'est-à-dire que seul ce dernier peut décider de la pénitence à accomplir pour racheter ce péché ou de l'excommunication du ou des pécheurs. De même, « ceux qui attentent de contracter mariage auec vne religieuse »1051 devront en répondre devant leur évêque. Néanmoins, Benedicti explique que cette pratique peut avoir lieu grâce à une dispense du pape « quand la necessité le requert [sic], comme pour euiter la guerre entre les Royaumes, entretenir la paix entre les Pri[n]ces : pour establir l'estat d'vn Royaume, afin qu'il ne defaille de legitime heritier : & que c'est pour vn plus grand bien, soit public ou priué, & aussi pour euiter vn plus grand mal, ou autres raisons pertinentes & legitimes »1052. Benedicti loue le dévouement de telles personnes qui se marient, préférant le salut d'un Royaume plutôt que le leur avant d'expliquer que « Celestin Pape 3. dispensa auec

1047Marie-Élisabeth HENNEAU, « Corps sous le voile à l'époque moderne », p.59-100 dans Cathy McCLIVE (dir.), Nicole

PELLEGRIN (dir.), op. cit. [note n°568], p.87.

1048Jean BENEDICTI, La somme des pechez, et le remede d'icevx..., op. cit. [note n°170], p.139.

1049Ibid., p.139.

1050Ibid., p.589.

1051Ibid., p.589.

1052Ibid., p.77.

Humeau Lucie | Master 1 CEI | mémoire de maîtrise | juin 2013 - 203 -

Consta[n]ce religieuse fille de Roger Roy d'Espagne, pour estre mariee auec Henry 6.Empereur »1053. Constance de Hauteville, fille de Roger II de Sicile et de Béatrice de Rethel fut en effet mariée à Henri de Hohenstaufen, futur Henri VI, en 1186 alors qu'elle était âgée de 32 ans. Nous n'avons pas trouvé de mention précise du fait qu'elle était religieuse auparavant mais la coutume à l'époque était effectivement de placer les jeunes filles au couvent et de les en sortir au moment de leur mariage. L'âge de Constance de Hauteville au moment de son mariage peut laisser penser qu'elle avait déjà prononcé ses voeux solennels.

Un point qui inquiète Benedicti est la prise du voile de virginité par des femmes qui l'ont perdue. « La religieuse, qui sans dispense ou sans tres necessaire & urge[n]te cause presume de prendre le voile sacré, ayant perdu sa virginité, peche : car puis qu'elle n'est pucelle, elle ne doit estre voilee comme vierge. Il est bien vray que pour euiter le scandale & ne descouurir point son peché secret, celuy qui la consacre, s'il en est aduerty peut changer les mots de vierge aux mots de continence ou chaste. Et aussi ce peut dire le mesme de celle qui seroit maculee par quelque maniere que ce soit : car ayant par ceste pollution volontaire perdu sa virginité, elle ne doit point estre consacree comme vierge »1054. Toute « souillure » sexuelle semble être un crime aux yeux du franciscain qui veut que les femmes consacrées à Jésus soient les plus pures possible. Toute forme d'attouchement sur soi-même est prohibée : les religieuses ne devraient rien connaître de leur corps et l'avoir pour ainsi dire en horreur. Néanmoins, Benedicti admet que « celle, qui auroit esté violee par force, & contre sa volonté »1055 peut recevoir une dispense afin de devenir religieuse. En effet, la faute n'est pas ici de son fait, à l'inverse de la masturbation. De plus, il insiste à nouveau sur l'importance de l'honneur de la personne, qui lui indique de prendre le voile afin de le sauvegarder.

Le modèle de pureté religieuse évoqué par Benedicti pourrait être sainte Catherine de Sienne dont nous allons donner ici une courte biographie. Le franciscain donne à son propos deux descriptions : elle ne pouvait « endurer la puanteur des pecheurs & pecheresses parlans & co[n]uersans »1056 avec elle et elle faisait partie des personnes qui ont pu « atteindre le sentier de vertu, qui co[n]duit les hommes aux astres »1057 en fuyant le sommeil. Catherine est née le dimanche des Rameaux, 25 mars 1347 à Sienne. Son père était un artisan réputé et sa mère, Lapa, « était considérée

1053Ibid., p.77-78. 1054Ibid., p.140. 1055Ibid., p.143. 1056Ibid., p.27. 1057Ibid., p.382.

Humeau Lucie | Master 1 CEI | maîtrise de mémoire | juin 2013 - 204 -

Humeau Lucie | Master 1 CEI | mémoire de maîtrise | juin 2013 - 205 -

Femmes et société dans le manuel de confession du père Jean Benedicti.

comme une des femmes les plus prolifiques de la ville »1058 puisqu'en mettant Catherine au monde, c'était à son vingt-quatrième enfant qu'elle donnait le jour. À six ans, elle a sa première vision, dans laquelle Jésus, Pierre, Jean et Paul lui apparaissent, flottant dans le ciel. Elle adopte dès lors une attitude ascétique, décidant de parler le moins possible, de se flageller pour faire pénitence et de restreindre son régime alimentaire. Sa vie est parsemée d'extases durant lesquelles elle flotte au-dessus du sol et ne ressent aucune douleur. Emilia Granzotto dit à son sujet que « [s]a vie n'a été qu'une aspiration, sans cesse renouvelée et sublimée, à se conformer toujours, et quoi qu'il arrive, à la volonté de Dieu »1059. Elle fait voeu de virginité à Jésus alors qu'elle n'est encore qu'une enfant. Lorsque sa mère décide de la marier, « Catherine pense qu'en sortant ainsi, coiffée et pomponnée, "lissée", comme on dit alors, elle commet un gros péché. Cette sorte de honte l'accompagnera toute sa vie, avec la conviction d'avoir été malgré elle, pendant une brève période et en fin de compte par obéissance à sa mère, une des plus grandes et des plus abominables pécheresses. Par la suite, jusqu'à ses derniers jours, elle ne cessera de faire pénitence pour cette déviation »1060. Sa famille finit par accéder, à contrecoeur, à son désir de devenir Soeur de la Pénitence, c'est-à-dire une tertiaire dominicaine. Elle reçoit l'habit à 16 ans grâce à sa grande détermination. En 1370, Catherine aurait vécu des « noces mystiques avec le Christ, qui l'épouse "dans la foi" en présence de sa mère, Marie, de Madeleine et de quelques saints, lui faisant même cadeau d'un anneau d'or orné de "quatre pierres précieuses avec un diamant au milieu" »1061. Cet anneau, qu'elle aurait porté toute sa vie, n'a jamais pu être vu par quiconque en dehors d'elle-même. Catherine passe la plus grande partie de son temps dans la contemplation et comme toutes les mystiques, elle subit des épreuves de tentation par le diable. Afin de lutter contre ces tentations, elle redouble son traitement ascétique et la flagellation. De plus, elle ne dort pas, elle « va jusqu'à éliminer entièrement tout repos substantiel, s'accordant seulement quelques petits sommes »1062. Catherine raconte aussi à son confesseur l'épisode de « l'échange des coeurs ». « Il s'agit de l'offrande que Catherine aurait faite à Jésus, dans un premier temps, de son propre coeur physique, organe de son corps. L'arrachement, c'est-à-dire l'acte physique d'extraire le coeur de la poitrine selon le témoignage ultérieur de Catherine, se serait produit au cours d'une extase. Au cours d'une autre extase, quelques jours plus tard, la jeune tertiaire aurait reçu de l'Époux céleste un autre coeur en échange, celui même de Jésus, qu'il lui aurait personnellement

1058Emilia GRANZOTTO, Catherine de Sienne : une sainte et son temps, Paris, Médiaspaul, 1999, p.11. 1059Ibid., p.6. 1060Ibid., p.21. 1061Ibid., p.31. 1062Ibid., p.43.

placé dans la poitrine à la place du sien »1063. Nous n'avons que le témoignage de Catherine à ce sujet mais nous savons par contre qu'elle a écrit trois cent soixante-dix lettres à l'intention des grands de l'époque, les exhortant à changer leur comportement afin de suivre au plus près les enseignements du Christ. À l'âge de 30 ans, elle aurait miraculeusement commencé à écrire alors qu'elle n'avait jamais tenu une plume avant cela. Ses précédentes lettres avaient été écrites sous la dictée par ses disciples. Catherine revendique qu'elle n'est pas l'auteure de ces lettres mais que son divin Époux parle à travers elle. Elle meurt « à Rome dans l'après-midi du dimanche de Pâques, le 29 avril 1380 »1064 et a laissé dans l'esprit de ses contemporains l'image d'une femme très pieuse, touchée par la grâce de Dieu et suivant le véritable message de ce dernier.

Humeau Lucie | Master 1 CEI | maîtrise de mémoire | juin 2013 - 206 -

1063Ibid., p.43. 1064Ibid., p.5.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery