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Problématique de la fondation épistémologique des sciences de la culture chez Ernst Cassirer

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par Marcellin Tibérius KALOMBO MBUYAMBA
Université catholique du Congo - Master  2011
  

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II.2.5. Logique conceptuelle des sciences de la culture

Au moment où la logique conceptuelle des sciences de la nature s'élabore par les lois et les concepts, les sciences de la culture suivent une voie tout à fait différente. Pourquoi Ernst Cassirer parle de la Logique des sciences de la culture. Il s'agit d'une logique en dehors de l'histoire de la logique. Malgré la pluralité des sciences, les concepts dans les sciences de la culture se réfèrent à l'objet de ces sciences qui sont les productions humaines. Malgré ce caractère qui découle de l'action de l'homme, rien n'empêche que les concepts puissent posséder un caractère logique. En plus, ces concepts sont liés les uns aux autres par ce que Cassirer appelle le chainon mental149(*).

En effet, les sciences de la culture ont deux concepts empruntés d'abord à la linguistique et à l'histoire de l'art. Nous devons rappeler que les sciences de la culture se rapprochent à l'art, à l'histoire, au langage, à la religion, au mythe, et à la science. Parmi ces formes de la culture Cassirer empruntent le concept de forme au langage et le concept de style à l'histoire de l'art, pour conceptualiser les sciences de la culture. Bien plus, les sciences de la culture ne suivent pas la même logique que les autres sciences, d'où ces concepts de forme et de style ne sont ni nomothétiques ni idiographiques150(*). Cependant, ils ne sont pas nomothétiques, parce qu'il ne s'agit pas de faire des lois générales à partir desquelles « découleraient de manière déductive les phénomènes particuliers. En plus, ils ne se laissent pas réduire à des considérations historiques ».151(*)

Cependant, pour ce qui concerne le concept de forme, Cassirer puise le fondement dans l'étude de la constitution du langage chez Humboldt. Il est vrai que pour recueillir certaines informations les plus riches et les plus fructueuses sur le langage, nous devons normalement parcourir son évolution historique. Par ailleurs, pour ce qui nous concerne cette étude, nous devons étudier et expliquer la totalité des phénomènes du langage, nous devons à cet effet suivre une autre orientation qui ne soit pas nécessairement historique. C'est ce que Humboldt appelle la forme linguistique interne.152(*) En plus, rechercher cette forme linguistique interne, c'est évoquer à cet effet les problèmes de structure du langage et non ceux de l'histoire du langage. Ainsi, c'est Humboldt qui est le premier dans cette perspective à élaborer le concept de langues polysynthétiques153(*). En sus, dans son analyse des langues polysynthétiques, Humboldt nous offre avec description l'analyse linguistique et formelle de ces langues. En plus, en dehors de Humboldt, il y a Carl Meinhof. Qui, dans son ouvrage Grammaire comparée de langues bantoues, a étudié la particularité de ces langues, qui ne possèdent pas des genres naturels : masculin, féminin et neutre. Mais, qui utilisent les principes distinctifs totalement différents.154(*)

A la lumière de ce qui précède, dans l'élaboration conceptuelle de sciences de la culture à travers la linguistique, Cassirer exclut toute tentative historique dans ses travaux, car l'histoire n'a joué aucun rôle de solidarité de notre connaissance de la structure linguistique. A présent, analysons le concept de style dans l'histoire de l'art.

Par le concept de style, Cassirer s'inspire des travaux d'un historien de l'art Heinrich Wölfflin dans les principes fondamentaux de l'histoire de l'art. D'entrée de jeu, nous pouvons penser que l'art et le langage peuvent avoir des liens étroits entre les deux, parce qu'ils utilisent des concepts de forme et de style appartenant à la même famille logique. Par ailleurs, du point de vue de leur méthode, de leur objet, nous nous rendons compte que ces deux concepts de la culture se différencient énormément, dans la mesure où le langage n'a pas besoin de l'évolution historique pour élaborer ses structures, tandis que l'art ne peut pas avancer d'un seul pas s'il ne s'est pas confié toujours aux considérations historiques.

De ce qui précède, la formule de Platon selon laquelle aucune connaissance scientifique ne peut rendre compte du devenir en tant que pur devenir peut dans ce sens garder encore sa valeur interne155(*). Cependant, revenons aux travaux de Wölfflin pour confirmer notre thèse affirmée ci-haut. Dans son ouvrage, il dit que les faits comme tels peuvent rester muets si on ne les a pas conceptualisé. Donc, c'est la conceptualisation qui nous aidera à ordonner et à interpréter les faits.156(*)

Concernant le style dans l'art, il y a le style linéaire et pictural157(*) que Wölfflin conçoit pour créer des concepts purement structuraux en élaborant une histoire de l'art qui serait sans noms158(*). Somme toute, les concepts de forme et de style s'attachent aux sciences de la culture. Ainsi, ces concepts se différencient avec ceux des sciences de la nature et ceux de l'histoire. Ces concepts de forme et de style sont uniques à leur genre. Mais à coté des concepts de forme et de style, il existe des concepts axiologiques (de valeur159(*)) relatif à la valeur, élaborés par Heinrich Rickert dans la formation des logiques structurelles en histoire. L'on serait peut être étonné de constater que l'histoire se dissocie des sciences de la culture dans la mesure où, selon Rickert, les sciences de la culture ne faisait pas allusion aux sciences de l'esprit comme la phénoménologie ou la psychologie, mais aux sciences de l'homme et l'histoire dans sa conception ne pouvait pas être classé dans la même sphère que les sciences de la culture.

De ce fait, le matériau historique ne peut être compris et être accessible à notre connaissance, si l'on renvoie le particulier à des valeurs générales supra-individuelles.160(*) C'est ainsi qu'une telle thèse ne peut pas être analysée à coté des sciences de la culture où le concept de style et le concept de valeur n'ont pas un dénominateur commun. D'où, le concept de style décrit l'être pur et le concept de valeur décrit le devoir-être161(*). Aussi, l'être dont il s'agit ici est l'existence des formes et non pas les choses physiques. Il s'ensuit que, la forme d'une langue ou d'un art, n'a rien à voir avec la référence à une valeur. Celle-ci peut s'ajouter à ces formes comme jugement de valeur et ne constitue pas la compréhension de ces formes, de leur raison d'être et de leur signification conceptuelle.

Par ailleurs, cette étude de la conceptualisation a connu des moments tragiques parce que la psychologie au cours de l'histoire a voulu dominé également tous les domaines de la science. La question qui se posait était la suivante : les concepts de forme et de style s'appliquent-ils avec la même autonomie dans la psychologie ? Aussi, la totalité des formes de la culture ne se réduit-elle pas au processus qui relève de l'esprit, du psychisme ou carrément de la psychologie ? Pour répondre à ces questions, nous prenons l'approche de Paul Hermann, avec sa méthodologie psycholinguistique qui a défendu la thèse selon laquelle, la psychologie est une science supérieure en théorie du langage. En plus, l'histoire du langage ou autres formes de la culture, doit être accompagnée de la psychologie162(*).

La publication de Paul Hermann de ses Principes de linguistiques historiques, a entrainé également le combat entre la méthode transcendantale kantienne et la psychologie. En effet, pour les néokantiens, la tache la plus urgente en science ou en critique de la connaissance était de distinguer les problèmes des faits=quid facti et les problèmes des causes/des lois= quid juris163(*). De ce fait, la psychologie en tant que science empirique était liée aux problèmes de faits et elle ne pouvait pas résoudre les purs problèmes de validité.

Donc, le problème de la conceptualisation dans les sciences de la culture a souffert des différentes menaces des hégémonies des sciences, d'abord les sciences de la nature et ensuite la psychologie et enfin d'autres sciences de la culture ou de l'esprit et la phénoménologie. D'où, Cassirer pense qu'il est difficile de trouver la voie sûre de la science tant qu'on n'a pas fait droit à la réflexion logique164(*) et cette réflexion ne se fait qu'à la subsumption de l'analyse logique des concepts des sciences.

* 149 E. CASSIRER., Logique des sciences de la culture, p.142

* 150 E. CASSIRER., O.C P.144

* 151 Ib. O.C., p.144

* 152 Ib. O.C., p.145

* 153 Ib. O.C., p.145

* 154 Ib. O.C., p.145

* 155 Ib. O.C., p.145

* 156 H. WÖLFFLIN., Principes fondamentaux de l'histoire de l'art, cité par Ernst Cassirer

dans Logique des sciences de la culture, p.146

* 157 H. WÖLFFLIN., O.C., p.146

* 158 H. WÖLFFLIN., p.148

* 159 E. CASSIRER., Logique des sciences de la culture, p.149

* 160 E. CASSIRER., O.C., p.149

* 161 Ib. O.C., p.151

* 162 E. CASSIRER., O.C., p.152

* 163 E. CASSIRER., O.C., p.152

* 164 Ib. O.C., p.156

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