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Problématique de la fondation épistémologique des sciences de la culture chez Ernst Cassirer

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par Marcellin Tibérius KALOMBO MBUYAMBA
Université catholique du Congo - Master  2011
  

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II.4. Différence entre sciences de la nature et sciences de la culture

Si la théorie de la conceptualisation à travers le langage et la logique conceptuelle étaient le dénominateur commun entre sciences de la nature et sciences de la culture, elle constitue également le point de séparation car, cette logique est considérée sous un a angle différent selon que l'on est dans les sciences de la culture ou dans les sciences de la nature. Mais, la différence entre ces sciences s'est beaucoup remarquée déjà dans la tradition philosophique à travers le concept de forme et de cause mais aussi dans la couche primitive de la conscience.

II.4.1. Du point de vue historique : concept de cause et concept de forme

La différence entre sciences de la nature et sciences de la culture ne relève pas seulement de la logique conceptuelle, ni encore de l'analyse du principe de la subsumption que nous avons évoqué ci-haut ; cette différence remonte également dans les perspectives historiques, dans la tradition philosophique. L'on doit se souvenir que depuis l'antiquité voire avant cette époque, les philosophes ont utilisé les expressions de forme et de cause pour expliquer certaines réalités qu'ils voulaient étudier.

De ce fait, notre monde tourne autour « de concept de forme et le concept de cause »180(*), qui sont les pôles autour desquels pivote notre mode de la connaissance. Il s'ensuit que, le monde de la culture tourne au tour du concept forme, car il s'agit des formes de la production culturelle comme : l'art, la religion, le langage, l'histoire... ces formes, sont en plus crées par l'homme en tant que créateur des oeuvres de la culture. Et, le concept de cause est celui autour duquel se meut le monde de la nature où il est question d'interpréter des lois. De ce fait, ces deux mondes nous sont indispensables selon Cassirer pour construire une image cohérente du monde181(*).

Dans le contexte d'analyse de ce monde bipolaire, il faudrait également prendre deux directions d'études. Si le monde des lois étudie ce qu'est l'être, alors le monde de la forme doit également étudier la question du devenir de l'être. D'où, la forme s'occupe de la diversité de l'être qui s'offre à nous dans la perception et à la structurer selon certaines formes, classes, espèces182(*). Par ailleurs, la lutte entre ces deux concepts a traversé toute l'histoire de la philosophie grecque. On retrouve la marque de son empreinte dans «  l'idée de forme et l'idée de cause »183(*). Ainsi, ces concepts ne sont pas seulement opposants mais aussi des véritables antagonistes.

En effet, déjà avec les philosophes ioniens de la nature qui se sont posés la question sur de quoi est faite la nature ; C'est cette question qui a suscité le premier étonnement de l'acte philosophique qui a consisté à rechercher les causes sur l'origine de notre univers. C'est ce qu'on appelle « archè phusis », c'est-à-dire le premier élément qui était à l'origine du principe fondateur de l'univers. Dans l'école de Milet avec le représentant influent comme Thalès, il pose la question suivante : qu'est- ce qui persiste dans tout ce qui change ? Qu'est-ce qui rend raison de tout ce qui existe et vit ? La réponse à cette question est que : « toutes choses et toute vie procèdent de l'eau ; toutes les choses sont composées à partir de l'eau, ce principe de toutes choses, ce substrat permettent de comprendre l'univers. ».184(*)

De son coté, Anaximandre, plus jeune que Thales, pense que, c'est l'indéfini (apeiron) qui est une sorte de chaos primitif, d'où toutes choses seraient sorties. Tout vient de cet indéfini ou infini et tout doit y retourner185(*). Encore, Anaximène voit dans l'air le substrat qui a engendré tous les êtres. De son coté, Anaxagore fait allusion aux eaux, aux feux, à l'air et autres causes mécaniques. Pour les atomistes comme Leucippe et Démocrite son élève, le monde est constitué d'une multitude, une infinité de petits unités inengendrées, indécomposables, insécables, ce que nous appelons les atomes ; terme qui signifie « corpusculaires indivisibles ». Comme on peut le constater, ces premiers philosophes ont recherché les principes sur la cause du devenir et avait comme devise : rerum cognoscere causas186(*). C'est là l'objet de leurs travaux, ils recherchent ce qui était à l'origine de chaque chose ou la cause première de chaque chose.

Par ailleurs, tous ces philosophes avaient comme idée principale dans leur recherche que celle de la cause de la nature. La question de la forme n'était pas encore instaurée. Elle a commencé avec Platon pour être achevée par Aristote. Avec Aristote et son système, l'on pouvait penser obtenir un bon compromis, surtout sur la question de la forme qui n'était pas encore développée. Cependant, Aristote voit les mêmes choses que Platon, c'est-à-dire la connaissance de la forme est le véritable but de toute explication scientifique du monde.

Ainsi, selon Aristote, forme et matière, être et devenir187(*) doivent s'interpénétrer pour qu'une telle explication soit possible. La notion aristotélicienne de la cause formelle est née de cette interpénétration. En outre, dans son étude sur les nouveaux outils de conceptualisation, Aristote distingue quatre causes : la cause matérielle, la cause formelle, la cause efficiente et la cause finale. En plus, les atomistes, se sont contentés d'expliquer l'univers à travers la cause matérielle, c'est-à-dire ce en quoi une chose est faite. C'est ainsi qu'ils étaient incapables de rendre clair le problème du pourquoi du devenir.

Il s'ensuit que, la théorie aristotélicienne de la cause formelle a essayé de réunir le concept de forme et de cause, en recouvrant leur fondement dans le principe de finalité. Par exemple ces trois termes qui ont une différente dénomination mais ayant un seul contenu fondamental : alétheia (áßôßá), forme (åßòï½) et finalité. (Ôåëïò). 188(*)Ainsi, la philosophie d'Aristote semble être parvenue non seulement à réconcilier le concept de forme et le concept de cause, mais aussi à les fondre189(*). Donc, la forme, la cause et la finalité, peuvent se déduire d'un principe supérieur. On peut dire que c'est l'effort ou la grande réussite du système aristotélicien ; car on pouvait donner une explication du monde d'une unité et d'une cohérence admirable.190(*)

Somme toute, la différence entre science de la nature et de la culture s'est avérée plus forte dans la tradition philosophique ou le concept de forme attaché à la question du devenir et au monde de la diversité des êtres qui est la culture, et le concept de cause , attaché à la question de l'être et appartient au monde de la nature. Mais, cette différence réside encore dans la couche la plus originaire de la conscience, dans la phénoménologie de la perception.

* 180 E.CASSIRER., O.C., p.177

* 181 E.CASSIRER., O.C., p.177

* 182 E.CASSIRER., O.C., p.177

* 183 E.CASSIRER., O.C., p.177

* 184 JACQUELINE RUSS., Panorama des idées philosophiques. De Platon aux

contemporains. Paris, p.23

* 185 JACQUELINE RUSS., O.C., p.23

* 186 Nous traduisons par la connaissance des choses par leur cause

* 187 E. CASSIRER., Logique des sciences de la culture. p.178

* 188 E. CASSIRER., O.C., P.179

* 189 E. CASSIRER., O.C., p.179

* 190 E. CASSIRER., O.C., p.179

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry