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Problématique de la fondation épistémologique des sciences de la culture chez Ernst Cassirer

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par Marcellin Tibérius KALOMBO MBUYAMBA
Université catholique du Congo - Master  2011
  

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I.1.2. Nature comme modèle de l'harmonie, de l'ordre et d'uniformité.

Dans la pensée primitive à travers l'orientation mythique et religieuse, la nature se présente comme le modèle de l'harmonie. D'ailleurs, cela se justifie par le fait que plusieurs religions primitives ont orienté leurs « adorations aux astres. »11(*). Ainsi, l'harmonie constatée dans la nature se révèle à travers le processus uniforme des faits et des objets. Par exemple : la trajectoire des astres, la rotation des planètes, la succession des jours et des nuits, le retour régulier des saisons etc. sont là les exemples d'une harmonie bien établie.

En dehors de l'uniformité constatée dans la nature, il y a de l'idée de l'ordre12(*). Cet ordre s'attache aux différentes coutumes qui lient l'homme à sa société culturelle. En cela, le monde se divise par la vision physique et éthique. Ces deux visions du monde sont très liées dans leur relation dès l'origine déjà. En plus, beaucoup de religions ont considéré ces deux visions en les confirmant dans leur enseignement et leur cosmologie qui accordent au créateur un double rôle : « celui d'être le fondateur de l'ordre astronomique et de l'ordre éthique. »13(*).

Au demeurant, l'homme trouve dans la nature un modèle de l'uniformité, de l'ordre et de l'unité qu'il veut appliquer dans toutes les formes de sa création. C'est ainsi que petit à petit l'homme commença à concevoir un monde qui lui serait propre en imitant l'harmonie qu'il a constatée dans la nature. Ainsi, plusieurs mythes ont expliqué ces phénomènes. Il y a : « l'épopée de Gilgamesh dans les védas, la vision égyptienne de la création, le mythe babylonien de la création... ».14(*)

Tout compte fait, Cassirer accorde une importance à la pensée mythique où il en donne les pages spéciales dans le deuxième tome de sa philosophie des formes symboliques. Ainsi, dans cette perspective mythico religieuse, nous remarquons que la culture humaine n'est pas quelque chose de donné, ni d'implicite mais c'est une sorte de miracle qui nécessite une explication15(*). Cette explication sera rendue rationnelle par la philosophie grecque à travers sa notion de logos et l'idéal de la mathesis universalis cartésien qui va effondre l'harmonie culturelle au temps moderne.

I.1.4. La mathesis universalis du temps moderne

Le regard historique que nous avons jeté sur les sciences des siècles passés, atteste que la mathématique et la physique étaient intimement liées. C'est ainsi que Cassirer affirme : « aucun domaine n'est lié plus étroitement au problème général de la connaissance, aucun n'a exercé une influence plus forte et plus durable sur son évolution historique que la science mathématique de la nature »16(*). C'est ainsi que entre les mathématiques et la physique, il y a eu une réciprocité et une coopération permanente et constante. En réalité, elles ont eu la même communauté de destin intellectuel. En outre, les hommes des sciences ont travaillé tout au long de l'histoire des sciences pour maintenir cette communauté de destin. C'est pourquoi Newton17(*) complète son oeuvre fondamentale où il cherche à soumettre la formation des concepts physiques à des règles et principes mathématiques de la doctrine de la nature.

A cet effet, la physique était considérée comme le prototype des sciences de la nature et trouvait également l'essence dans les mathématiques. C'est dans ce cadre que Descartes va promouvoir sa méthode de la mathématique universelle comme modèle sur lequel toutes les sciences devraient se calquer pour prétendre à la scientificité. En plus, Descartes est d'esprit mathématique. L'intuition et la déduction mathématique sont ses deux seules sources de connaissance. C'est ainsi que la plus haute visée de Descartes est « de transmuer toute science, quelle qu'elle soit, tant physique que métaphysique, en mathématique »18(*). Comme l'époque moderne était marquée par la dimension mathématique, toute science devrait obligatoirement se conformer aux normes mathématiques.

Nous devons encore retenir que cette mathématique universelle voulait redorer le blason de l'antiquité platonicienne de la géométrie. Kepler, Newton et Galilée vont décider d'articuler sur les idées de Platon, de Pythagore et de Démocrite. Retenons que Descartes affirme que se sont les mathématiques qui permettent d'embrasser les « idées claires et distinctes de la totalité de l'être »19(*). C'est pourquoi la mathématique doit être une science autonome, fondée sur elle-même. Dans ce sens, il faut comprendre que les recherches fondamentales sur la nature de la mathématique ne se limitaient pas à une étude ponctuelle d'un domaine spécialisé de la connaissance, elles devraient s'élargir presque dans les autres branches de la connaissance. Ainsi, « le rêve cartésien d'une mathématique universalis consiste bien dans l'extension de la méthode du calcul analytique à l'ensemble des domaines de la connaissance. »20(*).

En plus, le rationalisme philosophique classique à travers la mathématique, a fécondé et élargi la science moderne et lui a assigné un nouveau but. On peut le constater auprès des disciples de Descartes comme Leibniz, Malebranche, Spinoza, qui sont le prototype de la manifestation du pan mathématique. En effet, Spinoza articule son éthique sur le modèle des axiomes géométriques dans son ouvrage l'Ethique (More géometrico). En outre, il se veut cartésien plus que Descartes ; c'est-à-dire il suit la méthode d'une manière rigoureuse et approfondie. D'ailleurs, dans sa classification, il distingue trois modes et trois formes de cognition qui sont : l'imagination, la raison et l'intuition. L'imagination, étudie les choses empiriques et l'ordre des événements empiriques (histoire), la raison à son tour s'évertue à expliquer le monde mathématique surtout la géométrique et enfin l'intuition est de la source de la métaphysique. A la lumière de ce qui précède, Spinoza accorde beaucoup d'importance aux mathématiques, car elles appartiennent à la sphère de la rationalité.

De son coté, Leibniz ouvrira une nouvelle voie. Il n'est pas contre le principe du rationalisme mais il en demeure le plus grand représentant. Il tend les principes du rationalisme jusqu'au domaine où Descartes n'a pas pu le faire. En effet, Descartes sépare d'un coté la vérité philosophique et mathématique et, d'un autre, la vérité théologique. Comme cette dernière se fonde sur la révélation, elle ne peut pas être comprise dans la sphère mathématique. C'est ainsi que Leibniz fonde un principe général et rien n'échappe aux champs d'investigation de sa logique. Son rayon comprend mêmes les vérités révélées. Donc, Leibniz est « pluraliste et non un moniste. »21(*). C'est dans ce sens que Leibniz sauva la mathesis universalis par son principe de la « caracteristica generalis ou de la sciencia generalis. »22(*).

Au fait, tellement que la mathématique a influencé la pensée moderne, même le domaine juridique n'a pas échappé à ce principe. C'est pourquoi, nous citons Hugo Grotius qui articule le droit naturel moderne en analysant entre la connaissance juridique et la connaissance mathématique. Il s'ensuit que la pensée mathématique pouvait embrasser tous les domaines de la vie : « la pensée mathématique pouvait embrasser dans une même démarche le monde corporel et le monde spirituel, l'être de la nature et l'être de l'histoire. ».23(*)C'est ainsi que la pensée cartésienne féconda avec force l'ensemble de la connaissance scientifique. La géométrie analytique reste le modèle parfait de la structuration mathématique établissant le lien commun qui relie toutes les parties de sa philosophie, leur conférant une unité indéfectible.

Par ailleurs, le monisme méthodologique avec le modèle physico-mathématique ne permettait pas de faire recours aux sciences de l'homme. C'est pourquoi, il y a eu révolution au niveau de la pensée et le privilège est accordé aux sciences de l'esprit. Car, dit-on, les idéaux physico mathématiques sont conçus par l'esprit humain. Alors, pourquoi ne pas étudier d'abord les sciences de l'esprit que les autres sciences qui existent déjà ? C'est ainsi que le regard était tourné vers la révolution de la méthodologie des sciences de la culture.

* 11 E. CASSIRER., Logique des sciences de la culture, p.75

* 12 E. CASSIRER., O.C, p.76

* 13 E. CASSIRER., O.C, p.76

* 14 Ib. O.C., p.76

* 15 E. CASSIRER., O.C, p.79

* 16 E. CASSIRER., Le problème de la connaissance, p.105

* 17 I. NEWTON., Principia mathematica, livre III, Paris, éd. J. Gabay, 1990.

* 18 E. CASSIRER., Logique des sciences de la culture, p.82

* 19 E. CASSIRER., Logique des sciences de la culture, p.82

* 20 O. FERON., Finitude et sensibilité dans la philosophie d'Ernst Cassirer, Paris, 1997, p.31

* 21 E. CASSIRER., Descartes, Leibniz et Vico dans l'idée de l'histoire, p.120

* 22 O. FERON., O.C., p.32

* 23 E. CASSIRER., Logique des sciences de la culture, p.84

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