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Problématique de la fondation épistémologique des sciences de la culture chez Ernst Cassirer

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par Marcellin Tibérius KALOMBO MBUYAMBA
Université catholique du Congo - Master  2011
  

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I.2. Le xix e siècle et l'émergence des sciences de la culture

Ce point se veut une analyse de la naissance des sciences de la culture qui sont sur le tard dans l'histoire des sciences par rapport aux sciences de la nature. Il s'agit en fait d'une révolution méthodologique opérée par les philosophes et historiens de la philosophie qui ne veulent pas que les sciences humaines se calquent sur le modèle physico-mathématique. Ainsi, l'objet des sciences de la culture commençait à se constituer petit à petit d'abord dans les sciences biologiques et ensuite dans les différentes méthodologies suivies.

I.2.1. Giambattista Vico et la révolution méthodologique.

Après une longue période de l'absolutisation des sciences dures c'est-à-dire les sciences mathématiques de la nature, le XIXéme siècle était resté ouvert et s'orienter à d'autres domaines de la connaissance. Raison pour laquelle, les sciences de l'esprit se sont émergé et prétendaient comme science autonome en cette même période. L'on ne peut pas affirmer ici qu'avant le XIXémé siècle les sciences de l'esprit n'existaient pas, mais ce que nous explicitons dans cette partie est le fait de montrer que ce siècle est celui qui a donné une nouvelle orientation aux sciences de la culture et surtout à la pensée historique, bien que le XVIIIème siècle et autres périodes ont étudié également l'histoire. Alors, la spécificité du XIXéme siècle est « le nouveau tournant qu'il propose ou la révolution au niveau de la méthodologie. ».24(*)

En plus, ce qui donne au XIXéme siècle sa marque spécifique et sa distinction toute particulière, ce n'est pas la découverte de l'histoire, mais une certaine nouvelle orientation ou encore le changement de direction qu'il imprime à cette pensée. En outre, c'est une remarquable conversion qui s'est opérée ou un tournant copernicien25(*) qui veut conférer à la science historique une nouvelle forme d'orientation. Parmi les penseurs qui ont eu l'audace de révolutionner le paradigme mathématique cartésien en paradigme des sciences de la culture, on cite Vico suivi de Herder et les autres.

En effet, Vico a eu le mérite d'être le premier à penser sur l'hégémonie de l'histoire en tant que science humaine et à l'ériger aussi dans tous les domaines du savoir au détriment de la mathesis universalis de Descartes. Si pour Descartes l'histoire n'a pas de place dans sa philosophie, encore, si les sciences historiques sont faites pour le « divertissement et la fantaisie »26(*), elles constituent chez Vico le pôle vers lequel, il va constituer toute sa pensée. En outre, ce qui est important dans l'oeuvre de Vico n'est pas le contenu matériel mais et surtout la construction qu'il fait de l'histoire des civilisations. Il introduit là le « nouvel idéal méthodologique qu'il défend bien. »27(*). En plus, pour une première fois, la logique sortira de sa sphère des sciences objectives pour s'intéresser aux sciences de l'esprit. C'est ainsi que, nous commençons par montrer la difficulté de la logique de s'insérer à ces sciences pour présenter, à la fin, la méthodologie historique de Vico.

Nous sommes sans ignorés que depuis que les sciences existent, elles se sont toujours composé ensemble avec la logique afin d'y puiser les concepts et les jugements28(*). Ainsi, la grande difficulté présente est de lier l'état présent de la logique avec son développement historique. Tout au long de son histoire, depuis Platon, la logique s'est intéressée plus aux sciences mathématico-physique, biologiques, etc.

Ainsi, avec Platon, nous avions une logique de la mathématique, avec Aristote, il y a eu une sorte de logique appliquée à la biologie (cfr étude d'espèce et de genre). Ainsi, dans ces logiques citées, « le concept mathématique de relation, les concepts biologiques de genre et d'espèce sont établis d'une manière solide. »29(*). En plus, l'on voit Descartes, Leibniz et Kant, qui bâtissent la logique de la science mathématique de la nature également sans une vision des logiques des sciences humaines. Egalement l'ambition du cercle de Vienne30(*) qui cherche un fondement logique des sciences. Cependant, il fallait attendre le XIXéme siècle pour que surgisse la logique de l'histoire avec l'émergence des sciences de la culture ou sciences historiques. Et, c'est Vico qui osa déplacer la logique de sa sphère propre pour « l'appliquer au langage, à la poésie, à la religion et l'art. »31(*).

Par ailleurs, une grande difficulté conceptuelle voit le jour dans la mesure où l'on est surpris de constater que les concepts fondamentaux des sciences de la culture, n'ont pas une assise logique parce qu'ils n'ont « pas trouvé leur place naturelle dans le système de la logique. »32(*). Raison pour laquelle, Cassirer se propose de ramener le problème à la perception, c'est-à-dire à la source primitive de la connaissance, ce qui sera l'objet de notre deuxième chapitre. Qu'à cela ne tienne, de nos jours, on peut parler aisément d'une logique des sciences de la culture sans se gêner car ces sciences suivent une logique différente de celle de la connaissance objective des sciences de la nature. D'où, chez Vico à travers sa méthodologie, nous pouvons déjà entrer dans les linéaments de cette logique.

Il est à noter que, dans sa méthodologie des sciences historiques, Vico ne s'est pas donné la tâche d'étudier les étapes de toute l'histoire du monde, bien qu'il se borne à classifier l'évolution en trois étapes, dont « l'âge des dieux, l'âge des héros et l'âge des hommes. »33(*). Mais, il s'est insurgé contre Descartes et contre sa méthode de la mathesis universalis. En outre, Vico a placé sa nouvelle méthode en dehors de la mathématique universelle et au dessus d'elle. De là, il aboutit à la sapientia humana34(*)ou la sagesse humaine des sciences que Descartes, dans ses règles pour la direction de l'esprit, considérant comme un idéal35(*).

En effet, pour Vico, le but de notre connaissance réside dans le savoir humain et non dans la connaissance de la nature.  Selon lui, la philosophie serait dans l'erreur lorsqu'elle dépasse les limites du savoir, c'est-à-dire au lieu d'étudier l'homme, elle va au-delà jusqu'à étudier la nature. Il renchérit en affirmant que chaque être doit saisir et pénétrer vraiment ce que lui même a produit36(*). Ainsi, l'étendue de notre savoir ne peut pas dépasser celle de notre création. Pour arriver à une telle création, nous devons nous atteler au monde de la culture et non celui de la nature. En sus, comme la nature est l'oeuvre divine, elle ne peut être appréhendée qu'au divin.  Par ailleurs, l'homme peut bien saisir l'originalité et la structure de ses propres oeuvres.

D'ailleurs, critiquant les idéalités mathématiques, Vico affirme qu'elles n'ont pas d'évidence même de certitude. Les objets dont elles traitent n'appartiennent pas à l'ordre physique ou naturel, mais ils sont conçus à partir de l'esprit humain en toute liberté. Cependant, si la structure intrinsèque de ces objets est accessible et perméable à l'esprit humain, c'est parce qu'il en est lui-même le créateur. Le mythe, le langage, la religion, la poésie...sont les objets de la connaissance humaine. Donc, Vico se tourne vers ces formes culturelles pour construire sa logique des sciences humaines.

Au demeurant, Vico opère une révolution méthodologique des sciences historiques. Il publia un ouvrage sur les principes de la nouvelle science concernant la nature commune des nations, où il procède à l'étude de la culture au sens d'une philosophie de l'humanité et d'une histoire universelle des nations. Il plaide en outre pour une philosophie de la civilisation, une philosophie qui détecte et explique les lois fondamentales qui gouvernent le cours général de l'histoire et le développement de la culture humaine. Ainsi, le rationalisme moderne a souvent soutenu le principe selon lequel, l'esprit humain ne peut avoir la conception adéquate que de ces choses qui sont produites par l'esprit lui-même. La nature reste en nous un sens toujours extérieur, parce qu'elle est au-delà des pouvoirs de la connaissance humaine.

Tout compte fait, Vico opère une révolution car, pour la première fois, il fait sortir la logique de sa sphère habituelle (mathématique, science de la nature et connaissance objective) pour la placer dans les sciences de la culture et surtout en histoire. Par ailleurs, il n'était pas le seul à avoir pris conscience de cette révolution, il y a bien d'autres comme Herder.

* 24 E. CASSIRER., Le problème de la connaissance, p.277.

* 25 E. CASSIRER., O.C., p.278

* 26 E. CASSIRER., O.C., p.116

* 27 E. CASSIRER., O.C., p.121

* 28 A. PONS., L'épistémologie et la philosophie de l'histoire de Cassirer, dans Ernst Cassirer

de Marbourg à New York, p.192

* 29 E. CASSIRER., Logique des sciences de la culture, p.143

* 30 P.JACOB., De vienne à Cambridge. L'héritage du positivisme logique de 1950 à nos jours,

Paris, Gallimard, 1980.

* 31 A. PONS., L'épistémologie et la philosophie de l'histoire de Cassirer dans Ernst Cassirer

de Marbourg à New York, p.193

* 32 E. CASSIRER., Logique des sciences de la culture, p.143

* 33 E. Cassirer., L'idée de l'histoire, p.122

* 34 E. Cassirer., Logique des sciences de la culture, p.84

* 35 A. PONS., L'épistémologie et la philosophie de l'histoire de Cassirer, p.85

* 36 VICO., Les principes d'une science nouvelle concernant la nature commune des nations,

Paris, 1993, p.85

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote