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Problématique de la fondation épistémologique des sciences de la culture chez Ernst Cassirer

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par Marcellin Tibérius KALOMBO MBUYAMBA
Université catholique du Congo - Master  2011
  

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1.2.2. Johann Gottfried Von Herder et la percée de l'histoire

Herder a été influencé par la métaphysique de Leibniz. A en croire Ernst Cassirer, Herder n'est pas un penseur au sens propre du mot, car ses écrits présentent certaines incohérences dues à la non maîtrise de certains de ses principes : « Il parle bien plus comme un poète de l'histoire que comme un philosophe de l'histoire.»37(*). En plus, Emmanuel Kant dans les opuscules sur l'histoire38(*) lança aussi des critiques sévères à l'égard de l'oeuvre herderienne.

Malgré toutes les limites, Herder reste un penseur dont les écrits sur l'histoire ont aussi révolutionné le monde39(*). Il s'inspira du concept d'individualité de Leibniz pour fonder sa philosophie de l'histoire. La pensée leibnizienne influença beaucoup Herder à travers son pluralisme métaphysique qui décrit l'univers comme une infinité de substances individuelles. Et chaque infinité regarde l'univers d'une façon purement particulière et d'un point de vue différent. Ainsi, « chaque monade a sa perspective propre. »40(*). En outre, cette particularité des monades n'exclut pas leur universalité.

C'est ainsi que Herder veut transmuer ces connaissances métaphysiques au monde historique. D'où, chaque homme est considéré comme monade. C'est pourquoi, il part d'une démarche selon laquelle les formes de la culture sont dispersées, séparées et qu'il faut les rassembler en vue d'établir leur uniformité. On dit qu'il a éclairci Vico de part sa méthodologie. Cassirer affirme que « si Kant voulait être le Copernic de la philosophie, on peut qualifier Herder de Copernic de l'histoire. »41(*).

L'important dans son investigation n'est pas seulement dans le contenu ou dans ce qu'il a de nouveau sur son regard à l'art, à l'histoire, au langage, qui sont les formes d'expressions de la culture humaine, mais plutôt dans le surgissement et la percée définitive d'une nouvelle forme de connaissance qu'on ne peut pas séparer de sa matière. D'ailleurs, Herder se réfère à son maitre le professeur Hamann qui lui avait inculqué cette idée : « ce que l'homme doit accomplir, doit jaillir du concours sans faille de toutes ses forces ; tout ce qui est isolé est à rejeter. »42(*).

En plus, Herder cherche une unité des faits historiques dans sa philosophie de l'histoire. Pour lui, cette unité perdue est appelée paradis perdu à cause des progrès. Et, parmi les formes culturelles qui ont gardé leur unité, il évoque la poésie qu'il considère comme la langue maternelle du genre humain. A partir de la poésie, il veut reconstituer les autres formes de la culture : langage, histoire, mythe qui, au début de l'humanité, était indissociables. Selon lui, la véritable unité des formes culturelles consiste en la division, en la séparation et qui se recompose à partir d'elle. Il aboutit à une conclusion selon laquelle, il n'y a pas de rapport de subordination à l'autre, mais plutôt une participation mutuelle à son édification avec les mêmes, prérogatives.

Ainsi, l'histoire, en tant que la forme spirituelle, n'est en aucun cas une simple succession d'événements où l'un remplace et chasse l'autre dans le temps, mais elle est un éternel présent en pleine transformation. Il s'ensuit que, l'histoire joue un rôle important dans l'origine du langage. D'où, il faut associer « le problème historique à un problème systématique. »43(*). Dans ce sens, l'histoire ne sera plus celle du développement, mais davantage d'une phénoménologie de l'esprit. Cette phénoménologie ne consiste pas dans le contexte Hégélien, mais, selon Herder, la nature de l'esprit ne prédétermine pas, ne trace pas à l'avance une démarche qui conduirait successivement et par nécessité immanente, d'une forme de phénomène à une autre jusqu'à ce que, au terme de ce cycle régulier, rythmé par les trois temps de la dialectique, la fin ne rejoigne le début44(*).

Tout compte fait, si l'on regarde de près, nous ne pouvons pas donner une valeur à l'oeuvre de Herder. Cependant, si nous cherchons l'angle sous lequel qu'il a cherché  à atteindre, de ce qu'il a voulu et exigé, c'est dans la nouveauté et l'immense énergie de cette exigence que réside son mérite essentiel. Parmi les penseurs qui ont beaucoup apprécié l'oeuvre de Herder, figure Goethe. Pour ce dernier, Cassirer  affirme : «  lui qui était beaucoup plus loin du monde de l'histoire que de celui de la nature et qui n'y avait pas directement accès, voyait s'offrir à lui, grâce à Herder, une nouvelle forme de pensée et de perception historique à laquelle il pouvait s'adonner et qui le remplissait d'enthousiasme »45(*). Enfin, le fait que Herder cherche à approfondir et pénètre de fond la nature propre du langage, de la poésie, du mythe et de l'histoire, suscite un autre problème. C'est celui de l'objet des sciences de la culture qui s'institua avec le naturalisme des sciences du XIXéme siècle dans le paradigme biologique.

* 37 E. CASSIRER., L'idée de l'histoire, p.127

* 38 E. KANT., Opuscules sur l'histoire, Paris, Denoël, 1947.

* 39 HERDER., Idées sur la philosophie de l'histoire de l'humanité, Paris, Gallimard, 1993.

* 40 LEIBNIZ., Monadologie, cité par Ernst Cassirer dans l'idée de l'histoire, p.127

* 41 E. CASSIRER., Herder et la percée de l'historicisme, dans le problème de la connaissance,

tome 4, p.278.

* 42 E. CASSIRER., Logique des sciences de la culture, pp.86-87

* 43 E. CASSIRER., O.C., p.88

* 44 E. CASSIRER., O.C., p.88

* 45 E. CASSIRER., Le problème de la connaissance. t.4, p.282

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci