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Méthodes de lutte contre la piraterie des oeuvres musicales par les organismes de gestion collective dans l'espace communautaire ouest-africain(UEMOA): l'exemple du bureau burkinabé du droit d'auteur(BBDA)

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par Lanssa Moïse KOHOUN
Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature Ouaga - conseiller des affaires culturelles 2009
  

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B. Le renforcement des moyens juridiques et institutionnels

Le Burkina Faso dispose d'une législation sur les droits d'auteur et les droits voisins. Cependant, une relecture de la loi de 1999 est à envisager au regard des évolutions rapides des pratiques liées à la piraterie. Cette relecture devrait prendre en compte la piraterie numérique et la transaction. La loi dans ce sens doit prévoir l'identification des utilisateurs des oeuvres en ligne, le mécanisme de paiement des droits correspondants, la gestion des responsabilités et le paiement des droits correspondants. Des sanctions particulières aux importateurs devraient être prévues en ce qui concerne le transit.

En plus des dispositions à prendre concernant la piraterie en ligne, le législateur devrait songer à identifier clairement les acteurs de la lutte contre la piraterie. En effet, l'opinion publique confère au BBDA la mission principale de lutter contre la piraterie, ce qui est contraire aux missions qui lui sont dévolues car la loi ne l'autorise qu'à une contribution.

La piraterie persiste du fait que les sanctions prévues par la loi semblent moins sévères. Ce faisant, une révision des peines est indispensable car cela dissuaderait davantage les pirates. Le législateur burkinabè devrait ainsi s'inspirer de la législation américaine en alourdissant les peines en fonction de la gravité de l'atteinte des droits des titulaires. Dans cette loi américaine, les tarifs sont déterminés en tenant compte de «l'ampleur de la piraterie et de la contrefaçon ; l'amende ne dépasse pas vingt-cinq mille dollars dans la généralité des cas, mais, en ce qui concerne la contrefaçon par reproduction de phonogrammes, l'amende peut s'élever jusqu'à deux cent cinquante dollars, la peine d'emprisonnement étant l'objet de variations selon le nombre d'exemplaires contrefaisants.» (COLOMBET Claude, op.cit., p.110).

La mise en application de ces instruments juridiques doit être accompagnée de moyens techniques. La piraterie numérique étant pratiquée au Burkina Faso, des mesures en vue du cryptage électronique est nécessaire. Ainsi le cryptage électronique et le verrouillage du matériel informatique au niveau de la vidéo et des enregistrements sonores ou de logiciels, font que les signaux vidéo d'origine sont augmentés d'un signal parasite qui perturbe l'enregistrement pirate. Les copies ainsi produits sont en général de qualité médiocre et inexploitable. Ces deux moyens techniques sont des systèmes de protection électronique contre le piratage auxquels doivent s'ajouter des moyens institutionnels.

L'étroitesse du marché des supports licites et la faiblesse des circuits de distribution sont parmi les causes de la persistance de la piraterie. Ce faisant pour favoriser l'accès des consommateurs aux produits licites, l'Etat devrait prendre des mesures incitatives à l'investissement dans le domaine musical et en favorisant l'implantation des unités de pressage ou de duplication. Cela va accroître le marché des supports licites et les circuits de distribution de ces produits. Les actions suivantes doivent être également prises par l'Etat :

- favoriser l'accès aux licences d'exploitation car les raisons principales avancées par les pirates pour justifier les forfaits, c'est la difficulté d'accès aux licences d'exploitation des oeuvres étrangères. Ainsi, l'engagement des négociations avec les Majors et les éditeurs qui détiennent l'essentiel des licences et l'encouragement du BBDA à adhérer au Bureau International des Editeurs de Musique ( BIEM) pour promouvoir la sous-édition au Burkina Faso s'avèrent nécessaires ; 

- Accroitre et rendre visible les actions du service du BBDA chargé de lutter contre la piraterie en lui affectant de façon permanente des forces de la police, de la douane, de la gendarmerie en attendant le fonctionnement effective des brigades régionales prévue dans le plan triennal de lutte contre la piraterie. En effet, le BBDA ne dispose pas de moyens financiers substantiels pour mener de façon régulière les opérations de saisie et de perquisitions sur le terrain, la mise à sa disposition de quelques agents des forces de l'ordre permettra de diminuer le nombre de supports pirates sur le marché national ;

- veiller à long terme, à la création d'une Brigade Nationale de Lutte contre la Piraterie et d'une juridiction spécialisée en matière de propriété intellectuelle. La brigade devrait être spéciale et composée de policiers, de gendarmes, de douaniers, et d'expertises diverses. Elle doit avoir un statut propre et des moyens en fonction des missions qui lui seront assignées, une autonomie et des plans d'actions propres sur le terrain qui seraient indispensables pour son bon fonctionnement. Quant à la création d'une juridiction ou une section spécialisée en propriété intellectuelle, elle permettra de professionnaliser les magistrats et de former les personnels judiciaires en matière de propriété intellectuelle ;

- accorder des subventions au BBDA dans le cadre de la lutte contre ce fléau. Le BBDA ne reçoit aucun soutien financier de l'Etat alors qu'il doit supporter la rémunération d'une cinquantaine de ses agents et les frais de fonctionnement. Ce faisant, l' Etat doit venir en aide au BBDA par l'achat de véhicules qui seront utilisés par des agents mobiles pour le contrôle, de concert avec les forces de l'ordre, le recrutement des agents indicateurs qui pourront contrôler l'exploitation des oeuvres dans les bars et dans les médias.

La lutte contre la piraterie nécessite l'engagement de tous. Si elle persiste c'est parce que les responsabilités et les tâches de chaque acteur ne sont pas clairement identifiées. C'est à tort que certains artistes pensent que seul le BBDA doit lutter contre la piraterie. Que ce soient les artistes, les producteurs-éditeurs, les revendeurs, le BBDA et l'Etat, tous devraient s'impliquer dans le combat du virus de l'univers musical qu'est la piraterie, comme le soutient l'ancien Directeur Général de l'OMPI, M. Kamel Idris qui affirme que seule « une action concertée, une plus grande sensibilisation du public et la galvanisation de la volonté politique de venir à bout de ce problème et de ses effets négatifs sur la société, tout cela est nécessaire. » (PANETHIERE Darell, op.cit., p.20).

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