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Analyse sociopolitique de la crise de l'enseignement supérieur au Burkina Faso: Cas de l'université de Ouagadougou

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par SIDI BARRY
Université de Ouagadougou (UO) - DEA Droit Public: Option: Science Politique 2011
  

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SECTION 2 : ANALYSE DES FACTEURS DE FRUSTRATION ET DE CONTESTATION DES ENSEIGNANTS DU SUPÉRIEUR

L'enseignement supérieur joue un rôle majeur dans le développement d'un pays. En effet, selon la Banque Mondiale56(*) : « Les programmes universitaires de classe mondiale, aux niveaux de la recherche fondamentale et appliquée et du troisième cycle, sont le ferment de la maîtrise des sciences et des techniques, le préalable à une assimilation judicieuse des progrès foudroyants du savoir, la clé de l'indépendance intellectuelle de l'Afrique. Aussi est-il véritablement paradoxal qu'aucun des pays africains n'ait actuellement les moyens d'avoir de tels programmes alors qu'aucun ne peut s'en passer à terme ».

Mais au Burkina Faso, qu'en est-il de la situation des enseignants qui sont chargés de la transmission de ce savoir ? A ce sujet, répondant à une question d'un journaliste, un enseignant affirme : «Notre état est tel qu'il faut recourir à des consultants pour comprendre ce qui nous arrive ».

PARAGRAPHE 1 : ANALYSE DES CONDITIONS DE VIE DES ENSEIGNANTS

Les conditions de vie des enseignants-chercheurs se sont fortement dégradées ces dernières années car l'enseignant-chercheur burkinabè est mal rémunéré, ce qui exacerbe sa frustration. En effet, depuis plusieurs décennies les salaires et les avantages liés ou non à la rémunération ont plus ou moins connu une stagnation pendant que l'inflation et la cherté de la vie à travers leurs effets pervers réduisaient considérablement le pouvoir d'achat de l'enseignant-chercheur. En effet, selon l'Observateur paalga, n°740 du 17 juin 2009, un assistant et un maitre assistant ont respectivement des salaires de 115 000F et 185 000F. Quant au maitre de conférences et du professeur titulaire, ils ont respectivement 301 000 F et 354 000 F.

Donc, pour faire face aux besoins existentiels de nombreux enseignants sont obligés de mener des activités parallèles ( consultations, commerce, cours dans les établissements secondaires et les universités privées). En plus, de nombreux enseignants désaffectent le système public pour les Universités des pays du Nord, les établissements privés ou pour exercer des activités jugées plus rentables. Cela joue inévitablement sur la qualité de l'enseignement à l'Université de Ouagadougou.

Par ailleurs, les enseignants rencontrent d'énormes difficultés en matière de santé et surtout du logement. Notons que le problème de logement occupe une place de choix dans leur plate-forme revendicative.

En effet, pour cet enseignant-assistant57(*), « Les assistants vivent dans les célibatoriums. Ils ne peuvent pas quitter les célibatoriums parce qu'aujourd'hui le coût de la maison a grimpé. Il suffit d'avoir une maison chambre salon et s'il y a un peu de carreau là-dedans c'est au-dessus de 50 000F. Vous allez prendre la moitié de votre salaire pour le logement ? C'est ce qui fait que les assistants vivent dans les célibatoriums. Même quand on est assistant, c'est difficile de prendre deux chambres salon car cela représente le 1/3 de votre salaire. Devant une telle situation nous sommes obligés de réagir ».

Cette situation entraine la perte du respect et du prestige social dont jouissent les enseignants du supérieur. Or, sans cette considération sociale, la transmission du savoir et le respect pédagogique à l'endroit des étudiants devient difficile. Rappelons qu'au moment de la création de l'Université, la situation financière et le prestige des enseignants suscitaient envie et respect.

Analysant cette situation, Fernand SANOU58(*) estime que « La dégradation du statut social et des conditions de vie et de travail des enseignants du supérieur est une conséquence directe de la politique prônée par la Banque mondiale, celle de mettre l'accent sur le primaire et de faire supporter le poids des autres ordres d'enseignement à leurs bénéficiaires. Elle entre en contradiction avec la recommandation de cette même institution de la nécessaire formation des enseignants du supérieur ».

Selon lui, l'enseignement supérieur est pendant longtemps resté le parent pauvre du financement, surtout extérieur, tandis que « le Ministère de l'Enseignement de Base et de l'Alphabétisation (MEBA) a vu sa part du budget public de l'éducation croître régulièrement de 57,2% en 2001 à 62,3% en 2005 et sa part du financement extérieur croître de 60% en 2003 à 90% en 2007».

Le graphique ci-dessous indique l'évolution des parts des sous-secteurs dans le financement extérieur de l'éducation entre 2003 et 2007.

Graphique n°1 : Parts des sous-secteurs dans le financement extérieur de l'éducation (en %)

Source: MESSRS (2009) : Politique sous sectorielle des enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique. Document de diagnostic, graphique n°26, p.90.

* 56 L'éducation supérieure dans les politiques éducatives en Afrique subsaharienne : Le cas du Burkina Faso ; Fernand Sanou, PNUD, Ouagadougou ; Maryvonne Charmillot, FAPSE, Genève, 2009

* 57 Entretien avec AM enseignant à l'UFR/SH; le 21/02/2011

* 58 Fernand SANOU, Maryvonne CHARMILLOT, l'éducation supérieure dans les politiques éducatives en Afrique subsaharienne : Le cas du Burkina Faso, PNUD, Ouagadougou ; FAPSE, Genève, 2009, P16

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus