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Analyse sociopolitique de la crise de l'enseignement supérieur au Burkina Faso: Cas de l'université de Ouagadougou

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par SIDI BARRY
Université de Ouagadougou (UO) - DEA Droit Public: Option: Science Politique 2011
  

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PARAGRAPHE 3 : LA QUESTION DE LA VALORISATION DU STATUT DES ENSEIGNANTS

A. L'amélioration de la grille salariale

Tableau n° 1: Comparaison des salaires des enseignants du supérieur du Burkina Faso avec ceux de trois pays voisins (en F CFA)

Pays

Assistant

Maître-assistant

Maître de conférences

Professeur titulaire

Burkina Faso

115 000 F

185 000 F

301 000 F

354 000 F

Côte d'Ivoire

858 711 F

1 000 000 F

1 317 541F

1 485 445 F

Niger

507 500 F

681 500 F

812 000 F

957 000 F

Sénégal

600 000 F

700 000 F

800 000 F

1 000 000 F

Source : Observateur n°740, 17 juin 2009 : Université d'Ouagadougou, «Le gouvernement veut distraire la galerie», par le cadre de Concertation des partis politiques de l'opposition (CPO).

Une comparaison des rémunérations des enseignants de la sous-région révèle que le professeur titulaire burkinabè a le tiers du salaire de l'assistant en Côte d'Ivoire, moins d'une fois et demi celui de l'assistant au Niger et près de la moitié de celui de l'assistant au Sénégal (cf. tableau).

Et selon le Secrétaire Général du SYNADEC62(*), « En décembre 2008, un assistant nigérien en début de carrière percevait exactement le même salaire qu'un professeur débutant au Burkina. Mieux, depuis Janvier 2009, l'assistant débutant au Niger a un salaire nettement supérieur à celui d'un professeur titulaire burkinabè. Alors que l'assistant nigérien débute avec 520 000 francs Cfa (soit 800€), le professeur titulaire burkinabè gagne à peine 400 000f Cfa (soit 609€) ».

Il continue et s'insurge en ces termes: « Nous sommes mal payés. Nous sommes les plus mal payés de la sous région. Si vous soutenez votre thèse de doctorat, si la situation ne change pas, on va vous mettre en catégorie A1 et le salaire de base correspondant à cette catégorie ne vaut pas 90000F. C'est ça votre salaire. Avec les indemnités moins les impôts, vous avez moins de 125000F. En net à payer, on va vous payer autour de 122000F. Voilà le salaire de quelqu'un qui a un doctorat et qui s'appelle assistant. Quand vous passez maitre-assistant, vous avez un salaire qui va se situer autour de 160000F. Donc, vous voyez. Ces salaires ne vous permettent pas d'abord de vous loger n'en parlons pas de mener une vie de famille alors que votre rang vous exige que vous ayez un domicile décent avec une possibilité d'avoir un bureau la dedans ou vous pouvez vous retirer pour travailler ».

Ainsi, mobilisés autour du syndicat autonome des enseignants-chercheurs (SYNADEC), les enseignants ont lancé une série de grève en décembre 2008 puis en mai-juin 2009. Les principaux points de leur plate-forme revendicative reposaient sur la valorisation du statut de l'enseignant-chercheur, l'apurement de la dette sociale, la convocation d'assises sur l'état des lieux et l'avenir de l'Université, l'augmentation de la grille salariale et le rétablissement de certains avantages liés à leur fonction, notamment l'accès au logement, suspendus sous le CNR (Conseil National de la Révolution). En ce qui concerne le point relatif au salaire, le SYNADEC propose la grille salariale suivante au gouvernement : Un salaire initial de 809.812 FCFA à l'Assistant, 938.582 au Maître-assistant, 1.247.595 au Maître de conférences et 1.319.550 au Professeur titulaire.

Mais face à ces revendications, le gouvernement avance comme argument l'insuffisance de ressources financières et la difficulté d'application de certaines mesures sans l'adoption de textes spécifiques accordant un statut particulier aux enseignants qui seraient régis par la loi n°13/98/AN du 28 avril 1998 portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la fonction publique. Mais en réalité, le gouvernement craint, à travers la satisfaction de ces revendications, l'ouverture de `'la boîte aux pandores'' et la création par là une avalanche de revendications auprès des autres corps de la Fonction Publique.

Dans une déclaration parue le 13 juin 2009 dans le quotidien l'Observateur Paalga, le Cadre de Concertation des partis politiques de l'Opposition (CPO) déclare, « Au lieu de chercher à résoudre les problèmes concrets posés par les enseignants-chercheurs, le gouvernement de la quatrième république, comme à son habitude sur tous les autres sujets qui préoccupent les Burkinabè, se lance dans des tergiversations inutiles et ridicules. Le gouvernement n'a pas le courage de mener les concertations entamées jusqu'à leurs termes et tout en s'arc-boutant sur la perspective d'un statut particulier de l'enseignant-chercheur tente par les manoeuvres dilatoires de briser la lutte légitime du SYNADEC ».

Par ailleurs, la négociation engagée entre le gouvernement et le SYNADEC bute sur certains points. A ce sujet, le secrétaire général du SYNADEC s'en explique : « Pour qu'on puisse nous payer un salaire conséquent il faudrait qu'on nous sorte du régime général de la Fonction Publique. Il nous faut un statut particulier et il faut qu'on nous décroche donc de la loi 013.  On nous a conviés à l'élaboration de l'avant projet de la loi qui a été adopté. Il fallait maintenant élaborer les décrets d'application. Après, on ne nous convie plus. On met en place une commission gouvernementale qui s'assoit et qui fait ses textes et maintenant on nous appelle pour venir discuter. Donc, nous avons exigé de voir tous les textes afin d'examiner leur conformité avec la loi. Ils ont dit non en disant qu'ils n'étaient pas compétents pour discuter des questions financières. C'est ainsi qu'on a claqué la porte aux négociations. »63(*)

Finalement, le conseil des ministres du 26 janvier 2011 examine et adopte deux décrets relatifs à la loi 025-2010/AN du 18 mai 2010 portant régime juridique applicable aux emplois des enseignants-chercheurs, des enseignants hospitalo-universitaires et des chercheurs au Burkina Faso.

Le premier décret relatif à cette loi porte sur le relèvement des indices des enseignants-chercheurs et le second sur la modification des taux des indemnités académiques, d'encadrement et la création d'une indemnité de charge de l'assistant. Cette revalorisation selon le gouvernement prend effet pour compter du 1er janvier 2011 et a une incidence financière de un milliard trois cent quarante trois millions quarante quatre mille huit cent trente trois (1 343 044 833) F CFA.

Interrogé au sujet de cette loi, de ces décrets et de la possibilité d'une incidence financière sur les salaires en fin janvier, le secrétaire Général du SYNADEC64(*) déclare, sceptique : « Nous sommes des Saint Thomas au niveau du syndicat ; tant que nous n'avons pas vu, nous ne croirons pas. Mais pour nous c'est quand même quelque chose de très singulier. Dans la tradition administrative burkinabé, il n'y a pas de correction de salaire en janvier et février. Les corrections de salaire, c'est généralement en mars lorsque le budget de l'Etat est mis en place, mais là on nous parle de janvier. On se demande si c'est vrai. C'est quand on va mettre le doigt dans le trou (rires), c'est lorsqu'on aura palpé les sous à la fin du mois de janvier, qu'on croira ».

Dans un contexte de valorisation des ressources humaines en vue de faire du Burkina un pays émergent, il est urgent de trouver une solution aux difficultés des enseignants. Il y a quelques décennies, les ressources naturelles et le capital jouaient un rôle prépondérant dans le développement des pays. Mais de nos jours, c'est la promotion du savoir, de la matière grise et la capacité d'innovation qui sont les principaux leviers du changement, de la croissance économique et du développement durable.

* 62 Entretien avec M.S responsable du SYNADEC; le 20/02/2011

* 63 Entretien avec MS, SG du SYNADEC; le 20/02/2011

* 64 Entretien avec MS SG du SYNADEC, Faso. Net ; le 19 janvier 2011

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote