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Analyse sociopolitique de la crise de l'enseignement supérieur au Burkina Faso: Cas de l'université de Ouagadougou

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par SIDI BARRY
Université de Ouagadougou (UO) - DEA Droit Public: Option: Science Politique 2011
  

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CHAPITRE 2 : DE LA MISSION TRADITIONNELLE DE TRANSMISSION DU SAVOIR À LA LUTTE POLITIQUE

SECTION 1 : LE SYNDICALISME ÉTUDIANT : ENTRE MOBILISATION CORPORATISTE ET INSTRUMENTALISATION POLITIQUE

Le milieu social façonne les individus, leur inculque des valeurs symboliques, des préférences partisanes en un mot une conscience politique qui détermine leur rapport à la politique. C'est le cas des acteurs du monde universitaire à savoir les enseignants et les étudiants qui à travers leur trajectoire sociale et académique sont prédisposés à la contestation. Dans ces conditions, ces derniers intériorisent des schémas de pensée et des perceptions qui orientent nécessairement leurs discours, attitudes et choix politiques.

Ce processus d'inculcation et `'d'épidémisation'' des valeurs politiques et syndicales est tributaire du milieu universitaire réputé rebelle et insoumis.

PARAGRAPHE 1 : CONDITION DE PARTICIPATION À L'ESPACE SYNDICAL ET POLITIQUE

Rappelons avec Jules BERGUES que toute jeunesse se définit par «son rapport au monde». En effet, la jeunesse est l'âge de la contestation par excellence. Cette jeunesse estudiantine, de par sa position sociale d'élite et son ouverture sur le monde, aspire au changement et ne cache pas ses penchants pour la justice, l'égalité, la liberté et la démocratie.

A ce sujet, un ancien Ministre de l'enseignement secondaire, supérieur et de la recherche scientifique66(*) reconnait que : « Dans toute société, là où il ya le savoir et la connaissance, il y a les ferments du changement. Quand l'homme est éclairé, il formule nécessairement des souhaits, des revendications. Donc, les universités ont toujours recelé ce que les pouvoirs ont appelé les noyaux d'agitation. Nous sommes formés pour créer et transmettre des connaissances et cela crée souvent un aspect revendicatif qui pose problème aux gouvernants. Ce n'est pas nouveau. C'est normal... »

Cependant, la position idéologique et politique a une influence considérable sur les attitudes et comportements des acteurs du monde universitaire et détermine leur adhésion aux syndicats et partis politiques. Ces derniers participent à l'espace syndical et politique dans le seul souci de favoriser un changement qualitatif dans leur condition sociale d'existence.

En effet, Michel CROZIER67(*), analysant les mobiles réels ou supposés de la participation des acteurs dans l'organisation, affirme qu'« une organisation ne peut-être analysée comme l'ensemble transparent que beaucoup de ses dirigeants voudraient qu'elle soit. Elle est le royaume des relations de pouvoirs, de l'influence de marchandage, et du calcul. Mais elle n'est pas davantage l'instrument d'oppression qu'elle apparaît à ses détracteurs, car ces relations conflictuelles ne s'ordonnent pas selon un schéma logique intégré. Elles constituent le moyen pour d'innombrables acteurs de se manifester et de peser sur le système et sur leurs partenaires même si c'est de façon très inégale».

Les enseignants et les étudiants, à travers leurs différentes plates-formes revendicatives cherchent à agir sur l'agencement de l'ordre social et à promouvoir les revendications dont ils sont porteurs. Ces actions protestataires seraient donc la production d'un contre-discours du discours des pouvoirs politiques.

Par ailleurs, analysant la participation des acteurs dans les organisations, Ollo Pépin HIEN68(*) estime que «ce sont des stratégies des acteurs politiques inscrits dans des organisations politiques concurrentielles et visent soit, la célébration et la légitimation de l'ordre social et politique, à travers des manifestations publiques, soit la contestation ou la subversion symbolique du système politique dominant à travers des actions protestataires. Elles sont le lieu privilégié de l'orchestration des stratégies de subversion politique, de la production et de la transaction des symboles nécessaires à la mobilisation collective des acteurs et à l'imposition de leur domination ».

Le discours et la participation à l'espace syndical et politique des enseignants et étudiants tirent leur essence des conditions matérielles d'existence de ces derniers. On peut affirmer sans exagération aucune que les acteurs du monde universitaire pensent politiquement ce qu'ils sont socialement.

Par ailleurs, dans l'espace syndical et politique, l'origine sociale, les rôles sociaux et la distribution des divers capitaux dans le champ social sont au fondement de l'adhésion des enseignants et étudiants dans les syndicats et les partis politiques. Ils ne cachent pas leur opposition au pouvoir en place qu'ils accusent à tort ou à raison d'être sourd face aux malaises exprimés par la jeunesse estudiantine et d'être le principal artisan de la dégradation de leur condition de vie et de travail. De ce point de vue le campus universitaire, de par sa position stratégique, apparait comme le lieu par excellence, le terrain où naissent, se côtoient et s'affrontent les forces sociopolitiques.

Un étudiant en 3e année de sociologie69(*) justifie son opposition au pouvoir en place en ces termes : «Voyez-vous ce que ce régime fait. Pendant que nous mourons de faim et que nos conditions de vie laissent à désirer, il se permet d'organiser de grandes foires internationales à coup de milliards. Je veux parler du SIAO, des Koras music et du FESPACO ».

Un autre en 4e année de droit70(*) lâche dans une grande colère : «Ce pouvoir tue les enfants sans raison valable et ment sans vergogne. Vous avez vu ce qui s'est passé à Koudougou le 20 février 2011 avec la mort de l'élève Justin ZONGO ? Et ce n'est pas la première fois, il y a eu la mort de Dabo BOUKARY, les élèves de Garango, et celle de Flavien NEBIE à Boussé. Nous luttons pour que tous ces crimes prennent fin».

Ces propos confirment les rapports souvent tendus entre les étudiants et le pouvoir en place qui, souvent exaspéré par les longues et humiliantes négociations, a tendance à utiliser la répression physique.

Conscient de son impopularité auprès de la masse estudiantine et des enseignants, le pouvoir est fréquemment sur ses gardes et est prêt à intervenir pour endiguer la contestation estudiantine capable de réveiller et d'entraîner derrière elle d'autres forces sociales à même de le déstabiliser.

* 66 Entretien avec Laya SAWADOGO, ancien Ministre des enseignements secondaires, supérieur et de la recherche scientifique ; le 21/02/2011

* 67 Michel Crozier et Erhard Friedberg : L'acteur et le système, éditions du seuil, Paris 1977, P45.

* 68 HIEN Ollo Pépin : Individus et Participation à l'espace public en pays Lobi : De la révolution à la démocratie. Mémoire de maîtrise en sociologie, Université de Ouagadougou, Département de Sociologie, janvier 2004 ; P23.

* 69 Entretien avec OE étudiant en 3e année de sociologie à l'UFR/SH; le 15/02/2011

* 70 Entretien avec KD étudiant en 4e année de droit à l'UFR/SJP; le 15/02/2011

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