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Analyse sociopolitique de la crise de l'enseignement supérieur au Burkina Faso: Cas de l'université de Ouagadougou

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par SIDI BARRY
Université de Ouagadougou (UO) - DEA Droit Public: Option: Science Politique 2011
  

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PARAGRAPHE 2 : REVUE DE LITTÉRATURE

La crise à l'université d'Ouagadougou est indissociable de la crise des systèmes d'enseignement supérieur qui secoue le Burkina depuis les années 1990. Mais ce phénomène assez controversé et qui prend de l'ampleur n'a pas fait l'objet d'une véritable analyse sociopolitique en ce sens que la plupart des analyses ont occulté son aspect social et politique. La plus part des écrits sur la crise de l'enseignement supérieur au Burkina est traité dans la presse écrite où souvent, l'accent est plutôt mis sur la grogne estudiantine au détriment des motivations sociopolitiques qui sous-tendent cette crise. On doit noter que certains ouvrages, bien que n'ayant pas traité de façon spécifique la crise de l'enseignement supérieur ont essayé d'étudier les déterminants sociaux, politiques et économiques de ce phénomène en Afrique et au Burkina Faso surtout à l'université de Ouagadougou.

Cette présentation thématique ci-dessous de notre revue littéraire nous permet à travers une analyse critique de regrouper les auteurs ayant traité le thème selon leurs convergences ou divergences.

A. Le rôle et la place de l'école dans la société.

L'école est à la fois reproduction des structures existantes, courroie de transmission de l'idéologie officielle, domestication mais aussi menace de l'ordre établi et possibilité d'affranchissement.

Ainsi, pour le sociologue : «l'école n'est pas seulement un lieu de rencontre entre les acteurs individuels, mais aussi un espace politique car l'institution scolaire est investie par des groupes internes et externes notamment par l'Etat central, dans une optique stratégique, c'est-à-dire avec des projets qui visent à transformer son fonctionnement »2(*).

BAUDELOT, ESTABLET, BOURDIEU, SNYDERS, pour ne citer que ceux-là affirment à travers leurs différents écrits que l'institution scolaire dans un pays capitaliste est assujettie au système d'économie de marché et vise une reproduction des structures existantes, donc des rapports sociaux de production.

Pour Pierre BOURDIEU, cette reproduction des structures sociales se réalise à travers une alchimie qui consiste à perpétuer les inégalités sociales de façon individuelle, en «accordant aux individus des espérances de vie scolaire strictement mesurées à leur position dans la hiérarchie sociale et en une sélection qui, sous des apparences de l'équité formelle sanctionne et consacre des inégalités réelles. »

Quant aux auteurs comme BAUDELOT et ESTABLET, l'institution scolaire assure deux rôles essentiels qui consistent à : « reproduire matériellement la division en classes, à maintenir, c'est-à-dire à imposer des conditions idéologiques des rapports de domination et de soumission entre deux classes antagonistes. »3(*)

Pour ces deux auteurs, l'école occupe une place privilégiée dans la superstructure du mode de production capitaliste car elle est de tous les appareils idéologiques la seule à inculquer l'idéologie dominante sur la base de la formation de la force de travail.

Par ailleurs, même si nous convenons avec ces deux auteurs que l'école assure la reproduction des structures existantes, force est de reconnaître qu'elle apparaît aussi comme un lieu où l'on observe les antagonismes sociaux.

En effet, Georges Snyders4(*) écrit que l'école serait le lieu, le terrain où s'affrontent les classes dominantes et classes dominées. Selon lui, «l'équilibre des forces dans ce milieu est fragile car ce qui s'y passe reflète l'exploitation et la lutte contre l'exploitation ». L'auteur va plus loin dans son analyse et soutient qu'il s'agit d'une lutte où s'affrontent les forces du progrès et les forces conservatrices.

Dans cet ordre de pensée, Gilbert MASSON, cité par Georges SNYDERS reconnait que «l'école n'est rien d'autre qu'une arme à deux tranchants en ce sens que la bourgeoisie est obligée d'instruire le prolétariat qui à son tour se sert de cette même instruction pour faciliter son organisation et élever sa capacité de lutte contre la bourgeoisie ».

Ces analyses, quoique mettant à nu l'antagonisme des classes au sein de l'institution scolaire dans les sociétés capitalistes, ne reflètent pas forcément les réalités en Afrique. En effet, sur le continent, même si ce conflit des classes est perceptible au sein de l'école, force est de constater que chaque camp prétend lutter au nom de la masse dont il se croit porteur d'une mission historique.

A ce sujet, Paul Nda5(*) analysant les conflits politiques et idéologiques de l'intelligentsia africaine et les enjeux symboliques et réels qui les dominent affirme que : « les conflits et les oppositions des intellectuels se nourrissent des problèmes sociaux, des conflits sociaux et autant qu'ils apportent forces et exacerbations à ceux-ci ».

En ce qui concerne le cas spécifique du Burkina Faso, Fernand SANOU, pense que l'école joue un rôle essentiel dans la classification des individus ou des groupes sociaux en leur conférant une position sociale dans la société.

Pour l'auteur : «Il est assez évident que depuis la colonisation, l'éducation scolaire est devenue un, sinon le facteur déterminant de la hiérarchisation sociale en Afrique d'une façon générale, au Burkina Faso d'une façon particulière... »

Il continue et soutient que « le secteur moderne s'est développé surtout à partir de l'Etat et de l'administration. Les critères d'accès aux emplois dans cette administration, fixés depuis la colonisation, sont des diplômes scolaires dont la hiérarchie académique détermine la nouvelle hiérarchie sociale et économique, comme en témoignent tous les textes de la fonction publique et leur imitation par le secteur privé.» 6(*)

Ces différents auteurs, en dépit de leurs analyses assez pertinentes sur les conflits, les antagonismes, le rôle et la place de l'école dans la société, passent sous silence le rôle et la place de l'enseignement supérieur notamment l'Université dans la contestation sociale et politique.

* 2Marie Duru Bellat Agnès, Henrricot Van Zanten, Sociologie de l'école, Paris, Armand Collins, 1992, p.9.

* 3 Pierre Bourdieu, l'école conservatrice, les inégalités devant l'école et devant la culture, Revue Française de sociologie, vol VII, 1966, p 325

* 4 Georges SNYDERS, Ecole, classe et lutte des classes : une relecture critique de Baudelot, Establet, Bourdieu, Passeron et Illich, Paris, PUF, 1982.

* 5 Paul NDA, Pouvoir, lutte des classes : idéologie et milieu intellectuel africain, Présence africaine.

* 6 Fernand  SANOU: Avant-propos pour une reforme de l'Education au Burkina Faso : les intérêts des bureaucrates burkinabè dans l'école et sa reforme, Annales de l'INSHUS et de l'INSULLA, Université de Ouagadougou, 1986, P201.

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