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L'approvisionnement des ménages en énergie dans la ville de N'Djamena: cas du troisième arrondissement

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par Vincent NGUEZOUMKA KEBMAKI
Université de Ngaoundéré, Cameroun - Master de Recherche en Géographie 2010
  

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CHAPITRE 5. L'APPROSIONNEMENT DES MENAGES EN ENERGIE

DOMESTIQUE

Les principaux combustibles de cuisine qu'on trouve dans la ville de N'djamena sont : le bois de chauffe, le gaz butane et le pétrole lampant. Ce sont des combustibles utilisés pour le chauffage et la cuisson des aliments. D'une manière générale, le bois est le combustible le plus employé par les ménages dans la ville de N'djamena, ceci à cause de la facilité d'accès (au marché ou dans les points de vente) d'une part et d'autre part à cause de l'interdiction de fabrication du charbon de bois par le gouvernement. L'utilisation du charbon de bois par les ménages est quasi inexistante. Quant aux gaz butane et le pétrole lampant, ils sont utilisés le plus par des fonctionnaires aisés et des gros commerçants.

5.1. Le processus d'approvisionnement en bois-énergie

Le bois de chauffe est vendu à travers la ville, aux marchés, dans les points de stockage et aux devantures des maisons. Le charbon de bois est vendu dans les quartiers riverains du fleuve Chari. Le processus d'approvisionnement des ménages en combustibles ligneux est organisé de manière suivante :

Les grossistes se sont installés en des lieux fixes à travers la ville, et alimentent les détaillants. Il s'agit des grossistes qui sont affiliés souvent aux commerçants transporteurs de bois, qui leur livrent en gros. Ces grossistes sont eux-mêmes quelque fois propriétaires des camions transportant le bois. C'est ainsi qu'est organisé cette filière.

Il faut ajouter à ces revendeurs, les tacherons qui reconditionnent le bois en petit détail ou en fagot ou encore en tas. Ceux-ci alimentent les ménagères dont les revenus ne peuvent leur permettre d'acheter en gros. Dans les sous quartiers, les revendeurs sillonnent au bord des charrettes ou en « pousse-pousse » pour revendre les fagots aux ménagères. Ils vendent leur charge aux ménagères en se promenant dans les rues de la ville. Il

101

existe également des revendeurs qui vendent le bois sur la place du marché (photo 8) comme nous l'avons dit.

Cliché : Nguézoumka/juillet 2010

Photo 8. Bois de chauffe en vente au marché central de N'djamena

La vente de bois de chauffe est pratiquée dans tous les marchés de la ville de N'djamena. Au marché central, les femmes sont celles qui pratiquent le plus cette activité. Les tas vendus varient entre 250 F CFA et 500 F CFA (photo 8).

Tableau 13. Processus d'approvisionnement en bois de chauffe

Processus d'approvisionnement Quartiers

En gros

En détail

Total

Amabassatna

16

14

30

Kabalaye

11

23

34

Sabangali

36

11

47

Ardep-djoumbal

15

41

56

Total

78

89

167

Source : Enquêtes de terrain/juillet 2010

Parlant des processus d'approvisionnement en bois de chauffe, nous avons recensé 78 ménages qui s'approvisionnent en gros et 89 en détail. Le processus d'approvisionnement en bois de chauffe dépend des moyens que dispose chaque ménage. Si nous observons le tableau 17, c'est dans les quartiers comme kabalaye et Ardep-djoumbal que les ménages s'approvisionnent plus en détail (Kabalaye : 23 et Ardep-djoumbal : 41) qu'en

102

gros (Kabalaye : 11 et Ardep-djoumbal : 15). Ces données révèlent la situation socio-économique des populations de ces quartiers. D'après nos sondages, certains ménages qui s'approvisionnent en détail le fond par souci de gestion du combustible. Parce qu'ils disent s'il achète en gros, ils se trouvent entrain de gaspiller plus de combustible. Tandis que les grossistes, trouvent que leur méthode est la meilleure, parce qu'il faut stocker le bois à la maison pour se libérer une fois, afin de s'occuper d'autres besoins.

5.1.1. Le bassin d'approvisionnement de N'djamena en bois de chauffe

Les filières d'approvisionnement en bois et charbon de bois sont multiples et variées, réalisées par un grand nombre d'opérateurs indépendants qui participent aux activités de coupe/collecte, de transport, entreposage, commerce de gros et commerce de détail. Le réseau de distribution compte environ 1000 points de vente à travers la ville dont 3 dans le 3ème arrondissement.

La zone délimitée comme bassin d'approvisionnement de N'djamena en bois-énergie s'étendaient sur environ 7,5 Millions d'hectare et comprenait 33 cantons repartis sur quatre départements (Mayo Boney, Dababa, Baguirmi et Hadjer El Hamis)20. Cependant le nombre de ces localités est réduit depuis la mesure prise par le gouvernement du Tchad sur l'interdiction de coupe de bois vert et la fabrication du charbon de bois. Une grande partie du bois de feu consommé à N'djamena est aujourd'hui transportée d'une distance supérieure à 100 km.

Quatre cantons fournissent plus de la moitié du bois consommé à N'djamena : Fitri, Dourbali, Bougoumene, Karal et Mai Ache. En outre ces cantons, nous avons les localités comme Massakory, Mani, Massaguet, Afrouk, Massenya, Deredia, Mogroum, El-Fass, Moito pour ne citer que ceux là.

20 AEDE, 2001. Projet Energie Domestique. Manuel d'exécution. Version 1

103

Tableau 14. Sondage des ménages à propos d'utilisation du bois de chauffe

Ménages enquêtés Raisons

Nombre de ménages

Pourcentages (%)

Habitude traditionnelles

97

58,1

Moindre risque

16

9,5

Accès facile

33

19,8

Manque de moyens

21

12,6

Total

167

100

Source : Enquêtes de terrain/juillet 2010

Plusieurs raisons ont été avancées par les ménages sur l'utilisation de bois de chauffe. Nous constatons que 97 ménages sur 167 utilisent le bois de chauffe par habitude traditionnelle. Selon ces ménages le bois est un combustible utilisé depuis les villages, et que c'est difficile d'abandonner son utilisation. D'autres l'utilisent parce que l'accès est facile (33), les cas de pénurie des bois de chauffe sont moins fréquents. Tandis que certains ménages utilisent le bois par manque de moyens (21), ils abandonneraient le bois de chauffe si le gaz était à leur portée. Et d'autres encore préfèrent le bois pour protéger leurs enfants, ils trouvent que le bois présente moins de risque pour leur progéniture. Donc diverses raisons poussent les ménages à utiliser le bois malgré la subvention du gaz par le gouvernement.

5.1.2. Le transport de bois de chauffe

Le transport de bois est une activité pratiquée par des producteurs spécialisés, les commerçants, les chauffeurs, etc. Il est plus pratiqué pendant la saison sèche qu'en saison de pluie, à cause de mauvais état des routes qui mènent vers les lieux d'approvisionnement.

Les producteurs spécialisés sont généralement des paysans qui, voyant l'intérêt de cette activité, s'organisent pour faciliter la tâche aux commerçants transporteurs de bois en leur fournissant de bois tout au long des voies. Ceci réduit également la distance à parcourir. D'autres par contre, sont recrutés par des commerçants transporteurs pour la coupe de bois moyennant de rémunération.

104

Les commerçants transporteurs sont ceux disposant les moyens de transport (Camion), qui parcourent de grandes distances pour chercher le bois de feu.

En outre de ces commerçants, il existe des petits commerçants qui effectuent parallèlement le transport à l'aide des charrettes. Les distances parcourues par ces derniers ne sont pas grandes comme celles parcourues par les grands commerçants. Ils se ravitaillent à une distance raisonnable.

Une autre catégorie de transporteurs sont des chauffeurs des minis bus Hiace qui ramassent les passagers ou des marchandises vers les zones rurales et de retour, ils s'approvisionnent en cours de chemin en bois de chauffe pour venir vendre en ville.

Hormis ces catégories des transporteurs qu'on vient d'énumérer, il existe des particuliers qui, pendant les weekends se rendent vers les lieux d'approvisionnement et achètent le bois de chauffe. Ils transportent généralement des quantités moins importantes.

Un autre réseau d'approvisionnement de N'djamena en Bois de chauffe est celui de transport par pirogue. Ce réseau de transport a connu une baisse dans la ville depuis la mesure prise par l'Etat, mais il en existe en dehors de la ville.

Producteurs agriculteurs ou Producteurs spécialisés

 

Autres producteurs

(particuliers)

 
 
 

Semi Grossistes

Artisans

Grossistes

Petits détaillants

Transporteurs

Ménagères

Gros utilisateurs

105

Source : Association Bois de Feu, Paris, 1986

Figure 12. Graphique d'approvisionnement de la ville en combustible.

Le graphique ci-dessus montre le schéma d'approvisionnement des villes en bois énergie. Il est organisé comme de manière suivante : nous avons les itinéraires de production, qui vont des producteurs-agriculteurs ou des producteurs spécialisés installés dans les forêts aux ménagères et gros utilisateurs. Les transporteurs assurent les liaisons entre les régions sources ou productrices et les lieux de consommation. Dans le cas de notre étude, ce sont les camions gros porteurs qui jouent ce rôle. Ils assurent la liaison

106

entre les zones productrices de bois et la ville de N'djamena. Les grossistes distribuent par la suite le bois à travers la ville. Et c'est auprès de ceux-ci que s'approvisionnent les semis grossistes, les artisans, les détaillants et même les ménages. Cette organisation se présente de manière hiérarchique dans le système d'approvisionnement en bois de chauffe. Les gros utilisateurs s'approvisionnent soit chez les transporteurs ou chez les autres producteurs.

5.1.3. Le processus d'approvisionnement en charbon de bois

Face à la crise liée aux sources d'énergie domestique, le charbon de bois est devenu une denrée rare et quasi inexistant dans la ville de N'djamena. Le coût d'utilisation de ce combustible est devenu de plus en plus élevé, ainsi que celui de ses équipements (Ganoun ou foyer amélioré).

Comme nous l'avons souligné ci-haut, la filière d'approvisionnement en charbon de bois est devenue problématique suite à l'interdiction de sa fabrication. Le charbon de bois est introduit de manière frauduleuse via le fleuve Chari, en provenance de Kousseri (au Cameroun) et s'achemine de la même façon chez les commerçants. Les pêcheurs se reconvertissent en même temps en des commerçants de charbon de bois quand il le faut. Cette activité leur permet d'augmenter leur revenu. Partant de notre constat, nous avons recensé deux portes d'entrée du charbon de bois dans la ville de N'djamena : les quartiers Sabangali et Farcha qui sont chacun respectivement riverains du fleuve Chari et Logone.

Malgré qu'il est moins utilisé dans la ville, le charbon de bois est vendu en gros et en détail. Il est vendu en gros à 15000 FCFA le sac et en détail entre 250 à 500 FCFA le tas (Photo 10). Il n'est vendu beaucoup plus au marché et parfois discrètement aux quartiers. Dans le troisième arrondissement, les points de vente de ce combustible se situent au marché central et au marché Dombolo (à l'Est de l'hippodrome). Au marché, la vente se fait seulement en détail sur des assiettes ou des petits étalages. Les grossistes n'ont pas leur point de vente officiel, ils entassent à domicile et les font sortir frauduleusement sur le marché de peur que les agents des eaux

107

et forêts les prennent. Toute ménagère qui vient s'approvisionner, apporte avec lui des emballages pour y mettre. Le charbon de bois est utilisé soit pour des petits besoins tels que le repassage des habits et préparation des aliments légers. L'entrée de ce combustible se fait la nuit à des heures tardives ou au petit matin.

Cependant, il faut noter que le charbon de bois ne vient pas seulement du Cameroun, il existe d'autres voies d'entrer dont même les autorités ne maitrise pas. Certains agents des eaux et forêts sont quelquefois aussi complices de ces commerçants du charbon de bois, ils les font introduire en échange de quelques sommes d'argent.

Cliché : Nguézoumka/2010

Photo 9.Charbon de bois en vente au Marché Central de N'djamena

Pour le charbon, il est vendu le plus dans les marchés, car ses activités sont ralenties dans les quartiers de la ville depuis la mesure d'interdiction de fabrication de charbon de bois par le gouvernement. Le tas sur la photo est vendu à 250 f FCA.

5.2. Approvisionnement en Gaz butane

L'utilisation de gaz butane en bouteille est de plus en plus entrée dans

les habitudes ménagères cette dernière décennie. Sa consommation s'est accrue grâce à la baisse des prix des équipements et celui de recharge

108

subventionnés par l'Etat à travers le PNG. D'après les données d'enquête de l'AEDE, la consommation globale du gaz populaire a augmenté de 63% en 2002. Elle a triplé de 1999 à 2001, atteignant une consommation annuelle de 209 tonnes en 2001. Presque 1500 ménages se sont équipés en réchaud à gaz et 1200 en 200121.

Aujourd'hui, le parc de réchaud à gaz est estimé à quelques milliers. Le réchaud à gaz est apprécié par les ménages à cause de ses multiples avantages en cuisson.

Dans l'avenir une quantité de 320 tonnes de gaz butane équivalant à 16 citernes pourrait être livrée chaque mois, à partir du Nigeria et du Cameroun. La société AL Mahari et le gouvernement du Tchad viennent de signer un protocole d'accord à cet effet.

5.2.1. Substitution des combustibles ligneux par le gaz butane

Le gouvernement, à travers le Ministère de l'Environnement et des Ressources Halieutiques mène depuis quelques années sa politique de lutte contre la désertification. C'est ce qui a aboutit à la mesure d'interdiction de coupe de bois vert et la fabrication du charbon de bois.

La vulgarisation de « Ladaye gaz »22 se présente comme la meilleure solution pour pallier à cette situation. Le gaz est plus rentable que les combustibles traditionnels. C'est ainsi que l'Etat agit à travers la Direction de l'Energie par le PNG en subventionnant le prix des équipements par un système de péréquation sur les autres produits pétroliers.

Tableau 15. Rendement des types de combustible

Combustible

MJ/kg

Rendement de

l'équipement

Bois de chauffe

15

15%

Charbon de bois

29

20%

Gaz butane

45

45%

Source : AEDE, 2001

21 PREDAS, 2004. Etablissement de fiches normatives d'information du secteur des énergies domestiques au Tchad.

22 « Ladaye gaz » : nom de réchaud à gaz en arabe local au Tchad.

109

Cliché : Nguézoumka V. /juillet 2010

Photo 10. Réchaud à gaz

5.2.1.1. Comparaison de consommations des combustibles

Pour comprendre les préférences des ménages en combustibles de cuisine, nous avons mené un sondage qui nous a amené aux résultats dans le tableau ci-dessous.

Tableau 16. Sources d'énergie domestique utilisée par les ménages dans le 3ème arrondissement.

Source d'énergie

Quartiers

Bois de chauffe

Charbon de bois

Gaz butane

Mixte

Autres sources

Total

Ambassatna

7

5

6

10

2

30

Kabalaye

9

1

12

6

6

34

Sabangali

15

3

12

12

5

47

Ardep-djoumbal

19

0

6

16

15

56

Total

50

9

36

44

28

167

Source : enquête de terrain/juillet 2010

Le tableau 16 présente les principaux combustibles utilisés par les ménages dans la ville de N'djamena. Nos enquêtes de terrain nous révèlent que 50 ménages sur 167 ont pour combustible principal le bois de chauffe, 9 utilisent le charbon de bois, 36 le gaz butane, 44 utilisent le bois de chauffe alterné du gaz butane, et 28 utilisent autres combustibles. Partant de ce tableau, nous constatons que les combustibles les plus utilisés par les

110

ménages sont le bois de chauffe (50) et le gaz butane (36). Et aussi 44 ménages utilisent les deux combustibles à la fois, c'est-à-dire qu'ils disposent les deux sources d'énergie et ils les utilisent selon les besoins.

Le charbon de bois n'est pas important, avec 9 ménages seulement qui utilisent sur 167 que nous avons enquêtés. Ce nombre ne peut nous étonner, parce que nous savons que des mesures ont été prises sur la filière d'approvisionnement en charbon dans la ville de N'djamena depuis fin d'année 2008. Lors de nos enquêtes, il existe des quartiers qui n'utilisent même pas ce combustible (Ardep-djoumbal).

Aux quartiers Kabalaye et Sabangali, le combustible préféré des ménages est le gaz butane. Mais si nous revenons sur le bois de chauffe, il est plus utilisé à Ardep-djoumbal (19), c'est un quartier populaire où on trouve beaucoup des activités génératrices de revenus telles que le petit commerce des gâteaux, des patates et la fabrication des boissons traditionnelles alcoolisées (Bili et argué)23.

Source : Enquêtes de terrain/juillet 2010

Figure 13. Les combustibles utilisés par les ménages dans le 3ème arrondissement.

Sur cette figure (13), nous constatons que le bois de chauffe est le plus utilisé, ensuite on observe la proportion des ménages qui utilisent en même temps le bois et le gaz est élevé dans la ville, et ceux utilisant le gaz butane

23 Bili et Argué : boisson locale alcoolisée

111

qui sont légèrement nombreux. La barre indiquant le nombre des ménages utilisant le charbon est très bas à cause des raisons que nous avions énumérées ci haut. Toute la situation d'approvisionnement en énergie domestique se résume ainsi dans la ville de N'djamena.

5.2.1.2. Subvention de gaz butane par le PNG

Après l'arrêt de la subvention du « Programme Régional Gaz » en fin décembre 1993, la commercialisation du gaz a connu une régression. Il a fallu attendre Août 2000 pour que le gouvernement mette en place une nouvelle structure dénommé « Programme National Gaz » pour rendre le prix du gaz accessible.

Initié par le gouvernement tchadien, le PNG subventionne le prix des équipements et d'achat du gaz. Ce programme est mis en place pour promouvoir l'utilisation du gaz butane au détriment des combustibles ligneux dont la fabrication cause des problèmes environnementaux. La promotion se fait en deux étapes :

- La première consiste à assurer la disponibilité du combustible en facilitant l'importation par les opérateurs économiques et la création du réseau de distribution. Ces opérateurs sont toutes des sociétés pétrolières qui ont la capacité de stocker le gaz. Au Tchad, ils en existent quatre (4) : deux sociétés nationales et deux sociétés étrangères. Il s'agit de :

Total Marketing (Française) : elle est une société internationale, spécialisée dans l'importation et la vente des produits pétroliers. Elle est la société qui importe et commercialise à plus de 70% des équipements de gaz de 3, 6 et 12kg au Tchad. Elle dispose une citerne de stockage fixe de 32 tonnes, un centre d'emplissage de bouteille de 6kg à 50kg (situé à Farcha), deux camions citernes (21 tonnes et 9,5 tonnes) et un centre de ré-épreuve des bouteilles.

Société de Produits Pétroliers (Nationale) : société de distribution des produits pétroliers avec une capacité de stockage de 2759 m3 de produits blancs (Jet Ai, super, gasoil et 32 tonnes de gaz butane). Elle possède un

réseau de distribution, 3 stations services à N'djamena et un capital de 500 000 000 f CFA24.

Gaz Compagnie (Nationale) : elle est une société nationale spécialisée uniquement dans les importations et les ventes du gaz butane. Elle regroupe quelques hommes d'affaires faisant dans import-export.

Oilybia (Libyenne) : Société libyenne installée après le départ de la société Tamoil vers les années 2004-2005. Elle exerce plus dans les importations des carburants.

- la seconde porte sur l'accessibilité. L'Etat veille sur le prix des gaz pour qu'il soit accessible à tous les ménages ou du moins par la majorité des ménages. La subvention est de 66% du prix d'achat (selon le coordonnateur du PNG). La bouteille de 6 kg est en réalité vendue à 29500 f (Réchaud à gaz) et 6000 f pour le chargement du gaz, cependant l'équipement est subventionné à 10000 f et le chargement à 4400 f. Actuellement le gaz et l'équipement sont vendus respectivement à 2300 f et 19500 f. Si ces prix varient, c'est à cause des pénuries fréquentes qui sont dues soit à la lenteur de la commande par les sociétés ou encore par la supériorité de la demande.

Quant à la bouteille de 3 kg, le prix subventionné est de 1300 f sur le prix réel qui est de 3350 f. La subvention du gaz ne concerne que les bouteilles de 6 kg et de 3 kg.

112

24 Informations recueillies sur l'agenda 2010

113

Source: PNG, 2010

Figure 14. Evolution de la consommation du gaz population subventionné (3 à 6 kg).

Cet histogramme présente l'évolution de la consommation de gaz butane de 2007 à 2009 et en prévision de 2010. D'après le coordonnateur du PNG, les bouteilles gaz de 3 kg et 6 kg sont subventionnées par le gouvernement, ce qui explique sa forte consommation. La consommation de cette catégorie de bouteilles, double chaque année.

Sur la figure 18, nous avons la courbe décrivant les importations du gaz butane par la société Total-Marketing 2009. Elle a importé le gaz sur les périodes de l'année malgré quelques baisses observées ça et là. Le mois de décembre se présente comme le mois le plus élevé des importations du service Total en 2009. Cette augmentation s'explique par la politique de l'Etat en cette période en subventionnant 13000 équipements de gaz à très bas prix, ce qui a amené bon nombre de ménages à s'équiper. Une autre raison, c'est que le mois de décembre est une période de fête dont la consommation des ménages en tout produit augmente, y compris le gaz.

5.2.2. Processus d'approvisionnement en gaz butane

Quatre sociétés pétrolières assurent l'importation de gaz butane dans la ville de N'djamena. Elles importent le gaz du Nigeria et du Cameroun. La société Total Marketing détient le monopole d'approvisionnement avec 72,4% de l'ensemble d'importation.

114

Le gaz est acheté en vrac à Ngaoundéré (Cameroun) et/ou au Nigeria et transporté à N'djamena dans les camions citernes. Il est ensuite conditionné dans le centre remplisseur de Total Marketing. Les bouteilles de 3 kg, 6 kg, 12 kg sont acheminées par les camionnettes de Total auprès des détaillants dans la ville. Nous avons trois grandes stations service de distribution de gaz dans le troisième arrondissement : deux stations de société Oilibya (à côté de ONRTV et au carrefour de English Center formation) et une station Total (au rond point de la justice). Les bouteilles de 12 kg sont surtout utilisées par les ménages aisés et les expatriés.

5.2.2.1. Circuit de distribution de gaz butane

Les gaz sont vendus en même temps chez les grossistes et les détaillants. Chaque société dispose d'un dépôt central où les petits commerçants viennent par leur moyen de transport charger les bouteilles pour aller revendre dans leurs différents kiosques. Cependant les ménages peuvent également s'approvisionner directement chez les grossistes ou semis grossistes (les stations services Total). Le client vient avec une bouteille vide et prend en échange avec une bouteille chargée de gaz. Nous avions expliqué ce réseau de distribution par le schéma ci-dessous.

Dépôt central de gaz

Principales stations de service

Commerçants transporteurs

Vendeurs détaillants

Ménages

Gros consommateurs

115

Source : Enquêtes de terrain

Figure 15. Schéma du circuit de distribution du gaz dans la ville de

N'djamena.

La présente figure est le schéma démontrant le circuit de distribution de gaz butane dans la ville de N'djamena. Le schéma explique comment le gaz quitte du lieu de dépôt vers les consommateurs. Le gaz est acheté par les commerçants transporteurs ou les vendeurs détaillants pour, par la suite être vendu aux ménages ou aux gros consommateurs (Hôtels, restaurants, etc.). Il faut noter que les dépôts appartiennent aux sociétés telles que Total Marketing, Oilibya, SPP ou Gaz Com pour ne que citer que celles là. Les ménages ou les consommateurs peuvent s'approvisionner également directement chez les principales stations de ces services ou chez les détaillants dans les quartiers. On peut trouver les vendeurs détaillants un peu partout dans les quartiers, tandis que les stations, on ne les trouve qu'au niveau des grands axes et carrefour de la ville.

116

Source : Données du PNG

Figure 16. Diagramme des importations du gaz butane par les sociétés pétrolières.

Ce diagramme décrit les proportions des importations du gaz au cours de l'année 2009 chez les quatre principales sociétés d'importations des produits pétroliers. Total Marketing détient la grande partie de ces importations, vient ensuite la société Gaz Compagnie, après c'est la société Oilibya et enfin la SPP. Le gouvernement prélève des sommes d'argent sur les autres produits pétroliers tels que le pétrole, l'essence, le gasoil, super etc., pour subventionner le gaz butane. Ces produits sont importés par les mêmes sociétés.

Cliché : Nguézoumka/juillet 2010

Photo 11: Local des bonbonnes de gaz à la station Total

117

La société Total Marketing dispose des stations à travers la ville de N'djamena, elle présente plusieurs produits pétroliers et services. Sur la photo 11, nous avons un local de gaz d'une station de Total situé à l'entrée du pont à double voies. Les bouteilles sont stocker dans le local, et ne sortent que quand le client se présente.

Tableau 17. Avis des ménages sur l'utilisation de gaz butane

Ménages enquêtés

Raisons

Nombre des ménages

Pourcentages

Rapidité

41

24,5

Interdiction de charbon de bois

57

34,1

Cherté de bois de chauffe

63

37,7

Moindre coût

6

3,6

Total

167

100

Source : Enquêtes de terrain/juillet 2010

Les avis sont partagés sur l'utilisation du gaz butane par les ménages dans la ville de N'djamena. 63 ménages sur 167 soit 37,7% que nous avons enquêtés préfèrent utiliser le gaz, parce le bois de chauffe est devenu cher sur le marché, 34% disent : c'est parce que la fabrication de charbon de bois n'est plus autorisée au Tchad, 24,5% l'utilisent à cause de sa rapidité dans la cuisson des aliments et 3,6% le trouvent gaz moins cher par rapport à d'autres combustibles.

5.3- Le pétrole lampant

La consommation du pétrole lampant est estimée à 5000 tonnes par an (AEDE, 2004) pour la ville de N'djamena ; il est utilisé pour la cuisson et pour l'éclairage. La plus grande partie de l'approvisionnement de N'djamena en pétrole lampant est assurée par une filière informelle, constituée d'une multitude de petits commerçants qui ramènent le plus souvent frauduleusement du Cameroun. Cette filière approvisionne les boutiques et les points de vente où le pétrole est revendu par litre et fraction de litre, à un prix voisin de 500 F CFA/litre selon les saisons. Il est utilisé d'abord pour l'éclairage et les deux dernières années pour la cuisson suite à la mesure prise par le gouvernement contre la coupe du bois vert et la fabrication du charbon de bois.

118

5.3.1. Le système d'approvisionnement et de distribution des produits pétroliers

La consommation des produits pétroliers au Tchad est actuellement d'environ 100000 tonne par an. Elle n'est pas connue avec précision, car une partie de l'approvisionnement (de l'ordre de 35%) est fait par des circuits parallèles, en dehors de tout contrôle. La totalité de l'approvisionnement provient de l'importation, du Nigeria ou du Cameroun, par des voies diverses et changeantes en fonction des conditions économiques et politiques. Trois catégories d'opérateurs participent à l'importation et distribution des produits pétroliers : trois sociétés pétrolières filiales de grandes compagnies internationales : Oilibya, SPP, Total Marketing réunies dans le GPP (Groupement Professionnel du Pétrole), une trentaine de sociétés privées appartenant à des nationaux et un nombre de commerçants informels, agissant à titre occasionnel ou régulier, en fraude fiscale.

5.4. La répartition spatiale des lieux d'approvisionnement en énergie domestique

Les sources d'énergie domestique utilisés par la population dans le 3ème arrondissement de la ville de N'djamena sont localisées soit aux marchés ou aux quartiers. Pour ce qui concerne les combustibles traditionnels, c'est-à-dire le bois de chauffe et le charbon de bois, ils sont vendus dans quatre localités dans le troisième arrondissement. Le bois de chauffe est vendu au marché central (en détail), aux quartiers Ambassatna et Ardep-djoumbal. Au quartier Ardep-djoumbal, le lieu de vente est situé au Nord-est de l'hyppodrome, précisément au marché Dombolo. Comme le bois de chauffe, le charbon de bois et le pétrole lampant sont vendus au marché central.

Dans tout le troisième arrondissement, nous avons recensé 3 services pétroliers de distribution de gaz, d'essence et du gasoil. Deux stations Oilibya dont une se trouve à l'avenue Mobutu au quartier Sabangali et le second est au quartier Djambalbar. Le troisième service est la SOSADEP, situé en face du marché de Mil, distribue plus de carburants que le Gaz.

119

Le nombre des détaillants distributeurs de gaz est plus élevé que celui des grossistes (Stations services pétroliers). Nous dénombrons six détaillants de distribution de gaz qui sont répartis de manière disparate dans le troisième arrondissement. Sur les 6 quartiers de notre zone d'étude, nous n'en recensons que dans 3 quartiers, à savoir : Djambalbar, Gardolé et Ambassatna. D'après nos enquêtes, la quasi-totalité des détaillants du gaz butane sont les clients de la société TOTAL Marketing-TCHAD. Cette dernière détient le monopole d'importation du Gaz au Tchad.

Le fait que certains quartiers regroupent plus de points d'approvisionnement en énergie que d'autres, explique l'une des difficultés liées à l'approvisionnement en énergie domestique qui est la distance. Tous les ménages dans ces quartiers et même ceux qui ne s'y trouvent pas s'approvisionnent dans ces quelques stations que compte le 3ème arrondissement. C'est ce qui explique les longs rangs des clients devant les stations de gaz. Le nombre des stations est insuffisant pour desservir les ménages dans ces secteurs.

Source : Enquêtes de terrain Réalisation : Nguézoumka V./juillet 2010

Figure 17. Répartition spatial des points d'approvisionnement en énergie domestique.

121

5.5. Les équipements d'approvisionnement des énergies domestiques 5.5.1. Le réchaud à pétrole

Le réchaud à pétrole est un équipement de plus en plus utilisé par les ménages après la mesure d'interdiction de fabrication du charbon de bois. Il renferme des mèches en coton qui sert de la fibre pour la remontée du pétrole. Le prix de cet équipement varie entre 5000 f FCA et 12000 f CFA selon la grandeur. Certains ménages l'utilisent comme équipement principal pour préparer les repas habituels. D'autres en disposent, mais l'utilisent comme équipement de secours ou de substitution en cas de pénurie de gaz.

Cliché : Nguézoumka V. /juillet 2010

Photo 12. Réchaud à pétrole.

Le réchaud à pétrole est de plus en plus utilisé par les ménages pour remplacer l'utilisation de charbon de bois. Il est plus utilisé par les ménages isolés (à une seule personne) ou de petite taille.

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5.5.2. Les fourneaux ou « Ganoun silik »

Les fourneaux ou « Ganoun silik»25 en arabe local, sont fabriqués par des forgerons et les jeunes du quartier pendant les vacances. Fabriqué à base des fers de 6 mm de diamètre (utilisés comme support) et des fils métalliques enlevés dans les pneus des voitures. Les fourneaux étaient beaucoup utilisés avant l'interdiction de fabrication de charbon de bois, car c'est un équipement pour ce combustible. Le prix variait autour de 3000 à 5000 f CFA avant la mesure, mais il est redescendu actuellement entre 1500 à 3000 f CFA selon la taille du fourneau.

Cliché : Nguézoumka V /juillet 2010

Photo 13. Les fourneaux vendus au marché central

Les « Ganouns » sont encore vendu sur les marchés. Sur la photo 13, nous avons les « Ganouns » vendus au marché central de la ville de N'djamena. Ils sont étalés au bord du goudron pour trouver facilement les clients. Malgré que l'utilisation du charbon soit interdite dans la ville, les fourneaux continuent toujours à être vendus au marché.

25 Ganoun silik : nom d'équipement de charbon de bois en arabe local au Tchad.

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5.5.4. Les différents types des foyers 5.5.4.1. Les foyers améliorés

Au Tchad, les actions menées dans la vulgarisation des foyers améliorés sont l'émanation des autorités tchadiennes et les ONG qui exercent dans ce secteur, notamment l'AEDE. Cette dernière était focalisée sur la problématique de la consommation de bois de chauffe qui est une cause principale de la dégradation de l'environnement. Le foyer amélioré est fabriqué soit en métal ou à moitié en terre battue.

Cliché : Nguézoumka/2010

Photo 14. Foyer NAFACAMAN

Le NAFACAMAN est un foyer mixte purement métallique. D'après les tests des cuisines contrôlées, effectuées en collaboration avec la direction de l'énergie qui ont emmené à opter pour cette gamme de foyers. Le NAFACAMAN économise plus de 40% d'énergie. Il est vendu à 3000 f CFA.

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Cliché : Nguézoumka V /juillet 2010

Photo 15. Foyer amélioré à usage bois de chauffe

Ce type de foyer est aussi purement métallique et utilisé uniquement pour le bois de chauffe. Il est aussi économique en consommation de d'énergie et permet la cuisson rapide des aliments. Comme le foyer NAFACAMAN, ce foyer est fabriqué localement par les soudeurs de la place et vendu dans les marchés de la ville de N'djamena.

Cliché : Nguézoumka/juillet 2010

Photo 16. Foyer SEWA

Le SEWA est composé extérieurement par le métal et intérieurement par l'argile, qui après la cuisson conserve une forte chaleur permettant de chauffer de l'eau. Il est uniquement utilisé pour le charbon de bois et permet d'économiser plus de 50% de charbon.

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5.5.4.2. Les foyers traditionnels Fermé ou à trois pierres

Ce sont ceux les plus répandus dans les ménages traditionnels de l'Afrique subsaharienne, en particulier au Tchad, et même dans la capitale. Les foyers traditionnels à trois pierres et/ou fermé sont les plus anciens utilisés dans les familles, même si aujourd'hui ils tendent à disparaître au détriment des foyers « modernes ». Ils ont toujours leurs place dans les ménages, ils se présentent comme équipement le plus accessible à tous les ménages, sauf si pour des raisons à préférence à un autre équipement. Lors de nos enquêtes, nous avions trouvé que presque tous les ménages en disposent. Ceux qui utilisent les équipements modernes tels que le réchaud à pétrole ou à gaz, l'utilisent toujours en cas de rupture, ou comme équipement d'appui.

Cliché : Nguézoumka V. /juillet 2010

Photo 17. Foyer traditionnel fermé

Le foyer traditionnel fermé ou le foyer traditionnel à trois pierres est un foyer obtenu à partir d'argile. Le foyer traditionnel fermé semble plus économique que celui à trois pierres à cause de sa forme, limitant le gaspillage du bois. Avec le foyer traditionnel fermé, on ne peut introduire le bois qu'en un seul sens, tandis que celui à trois pierres peut prendre le bois en trois endroits.

5.6. Autres sources d'énergie domestique

En plus des principales sources d'énergie citées précédemment, il existe certaines sources dont l'utilisation devient de plus en plus importante. Ce sont les dômes et la bouse de vache qui sont vendus dans les marchés des quartiers périphériques de la ville de N'djamena. Les dômes sont collectés dans le zone rurales autour de la ville de N'djamena par les commerçants exerçant aussi dans la vente des autres combustibles tels que le bois de chauffe. Ils les acheminent à partir des charrettes, quelquefois avec le bois et certains produits vivriers. Les dômes de derrière rouge sont ceux dont on n'a pas encore consommé ou décortiqué (photo 19a). Ils sont cueillis directement des palmiers. Tandis que ceux de dernière noire (photo 19b) sont ceux consommés, car ils sont charnus et comestibles.

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a b

Cliché : Nguézoumka V./juillet 2010

Photo 18. Dômes en vente au marché central (N'djamena)

Sur la photo 18, la première photo représente les tas des dômes vendus sur des petits sacs au marché central. Les dômes sont l'un des combustibles de cuisine les plus économiques. Ils ne consument pas rapidement d'un seul coût et quelques morceaux suffisent pour faire la cuisson.

5.7. La situation énergétique dans les ménages après la mesure d'interdiction de coupe de bois vert et de fabrication du charbon de bois

La mesure prise par le gouvernement interdisant la coupe de bois vert et la carbonisation, a changé la fréquence d'approvisionnement des ménages

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et les types d'équipement en énergie domestique. Les combustibles utilisés avant la mesure comme sources principales sont devenu sources secondaires.

Lors de nos enquêtes, nous avions rencontré des ménages qui avant cette mesure utilisaient le charbon de bois comme combustible principal et le bois de chauffe comme secondaire ont renversé la tendance ces deux dernières années (2008-2010). D'autres ont une fois enlevé le charbon de bois dans leur utilisation énergétique, ils l'achètent en détail juste pour des besoins de repassage des habits.

Suite à la crise des combustibles traditionnels (charbon et bois de feu), les ménages se rabattent de plus en plus aux nouvelles sources d'énergie ou les énergies conventionnelles (pétrole lampant et le gaz butane). Le pétrole lampant n'est plus utilisé seulement pour l'éclairage, mais aussi dans la cuisson des aliments. Quant au gaz butane, la demande devient de plus en plus importante.

5.7.1. L'évolution des prix des combustibles

Le prix des combustibles énergétiques a grimpé autant que leurs équipements. L'évolution des prix du bois-énergie a globalement suivi celle de la vie en général et des produits alimentaires en particulier. Le recul des formations forestières et l'éloignement des zones de production exercent une pression sur les prix du bois-énergie. La taille et le poids d'un tas de bois ne sont pas bien définis et varient en fonction du prix de bois de feu sur le marché. En 1990, le prix de bois était en moyenne de 17,5 f CFA par Kg. Et le prix moyen de vente au détail du charbon de bois à N'djamena était de 45 f CFA par kg en 1990. Selon l'enquête faite par l'AEDE en 2001, les prix du bois de feu et du charbon de bois s'augmentent de 4% par an en moyenne. Cependant les combustibles ligneux a connu ces deux dernières années (2008-2010) une hausse importante au niveau des prix à cause des mesures prises par le gouvernement tchadien contre la coupe du bois vert et la fabrication du charbon de bois.

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Entre 2002 et 2004 les prix du bois de chauffe ou du charbon de bois variaient entre 50 et 100 f CFA. Ces mêmes quantités de combustibles ont doublé entre 2005 et 2008, l'année d'interdiction de coupe de bois vert par l'Etat. Et depuis fin d'année 2008, plusieurs ménages se sont confrontés au problème d'approvisionnement en énergie domestique. Les commerçants, pris par la peur d'être amandés ont cessé leur activité de vente de bois pendant trois à quatre mois avant de reprendre. Pendant cette période, un morceau de bois d'une longueur de 1,5m peut s'acheter à 1000f. Actuellement, les prix des tas du bois de chauffe et du charbon de bois sont compris entre 250FCFA et 500F CFA (les tas de 100 à 200 F avant la mesure), et 1 sac de charbon est à 15000F CFA. Il faut préciser que l'utilisation de charbon de bois n'est pas interdite, mais par contre sa fabrication. Les charbons vendus dans la ville de N'djamena sont en provenance du Cameroun voisin.

L'évolution des prix de pétrole présente des variations interannuelles importantes. Sur la période de 1988-2001, son prix a augmenté de 6% par an en moyenne26 (AEDE, 2001). De 1994 à 2002 le prix de pétrole variait entre 300 et 400 F CFA, en 2005 il était à 500 F CFA et depuis 2008, le prix du pétrole lampant sur le marché informel varie entre 500 et 600 F CFA. Cette augmentation est due à la forte consommation, car la mesure d'interdiction de coupe de bois vert a obligé les ménages à utiliser le pétrole lampant comme combustible de cuisson et pour l'éclairage. Le réchaud à pétrole a connu en même temps une augmentation de prix sur le marché (entre 5000 et 10000F CFA).

Dans l'hypothèse où il existerait des réchauds à pétrole, le coût de consommation serait deux fois plus élevé que la cuisson au bois. Dans ce cas, le pétrole lampant n'est pas concurrentiel avec le bois, mais peut être avec le charbon de bois qui est devenu très cher sur le marché.

Quant au gaz butane, il est le combustible qui est aujourd'hui grâce à la subvention, le produit qui le moins augmenté. Au prix d'une lourde subvention, alimentée par le Fonds Gaz, le gaz butane est un combustible

26 AEDE, 2001. Projet Energie Domestique.

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compétitif. Les équipements gaz représentent toutefois un investissement relativement lourd (entre 17000 et 20000 F CFA pour la bouteille de 6 kg et 35000 F pour la bouteille de 12 kg), ce qui constitue un obstacle pour de nombreux ménages. Cela explique la forte croissance de la consommation et de la demande, malgré les pénuries fréquentes de gaz sur le marché qui tendent à freiner son développement.

Tableau 18. Evolution des prix des combustibles

Combustibles

Prix (FCFA) avant la

mesure d'interdiction de coupe de bois vert et de carbonisation

Prix (FCFA) après la

mesure d'interdiction de coupe de bois vert et de carbonisation

Bois de chauffe

200f/tas

500f le tas

Charbon de bois

150/tas et 50010f le sac

250f le tas et 15000f le sac

Pétrole lampant

500f/litre

650f le litre

Gaz butane

2300f/bouteille de 6kg

2500f/bouteille de 6kg

Bouse de vache

Pas trop vendu

1000f le sac

Dômes

Pas trop vendu

500f le tas

Electricité

83f/kWh

83f/kWh

Source : Enquête de terrain/juillet 2010

Les prix des combustibles ligneux se sont grimpés ces deux dernières années sur le marché. Les prix ont quasiment doublé. Le tas de charbon de bois de 200 f avant l'interdiction est vendue actuellement à 500 f.

Quant au pétrole lampant et le gaz butane, les prix ont juste légèrement augmenté. Le pétrole a augmenté de 500 f à 650 f le litre et le gaz de 2300 f à 2500 f. Cependant, il faut noter que le prix de gaz est illégal par rapport au prix fixé par le PNG. Ce sont des énergies conventionnelles dont l'Etat promouvait l'utilisation afin de lutter contre la désertification.

La bouse de vache et les dômes étaient utilisés avant la mesure pour la fabrication des briques cuites, mais ils sont déjà utilisés par les ménages pour la cuisine. La bouse de vache est collectée et vendue à 1500f le sac et les dômes sont vendus à 250 f le tas.

L'électricité n'a pas connu une augmentation, parce que bien avant l'interdiction du charbon de bois, moins de ménages l'utilisent pour la

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cuisine. Ceux qui sont connectés au réseau électrique préfèrent d'autres sources. Pour la cuisson. L'électricité est vendue par la STEE entre 83 et 201 F CFA le KWh. La consommation d'un ménage moyen est environ 20000 FCFA par mois. Ce combustible coûte cher, l'accès à ce bien n'est pas donné à n'importe qui. Or, dans le milieu urbain, l'électricité est une nécessité. Elle apporte un confort certain aux citadins tel que l'utilisation des appareils électriques (réfrigérateur, ventilateur, la télévision, les postes récepteurs, etc.) et pour l'éclairage.

Par comparaison des coûts des combustibles, le gaz butane est à l'heure actuelle le combustible le moins cher à l'utilisation même si le coût d'équipement n'est pas à la portée de tous les ménages. Le bois de chauffe, bien qu'étant le combustible habituel des populations est extrêmement cher. Les ménages s'en approvisionnent par tradition ou par habitude, sans chercher le mieux. Donc, les coûts du gaz et du pétrole lampant sont compétitifs au coût d'utilisation du bois.

5.7.2. La gestion des combustibles domestiques face à la montée du coût d'approvisionnement

Face aux différents coûts d'approvisionnement en énergie domestique, les ménages s'organisent à avoir au moins deux ou trois équipements.

D'une manière générale, plus particulièrement dans le 3ème arrondissement, les principaux combustibles ou équipements utilisés sont : le réchaud à gaz, le réchaud à pétrole et le bois de chauffe utilisé par le foyer amélioré ou le foyer traditionnel à trois pierres. En plus de ces trois principaux combustibles utilisés, la consommation du charbon de bois n'est pas à négliger, il est utilisé dans certains quartiers tels qu'Ambassatna et Ardep-djoumbal.

Avant la mesure d'interdiction de coupe de bois vert et de carbonisation, la quasi-totalité des ménages à N'djamena avaient pour principale source d'énergie le charbon de bois. Lors de nos enquêtes de terrain, 70% de ménages déclarent que leur fréquence d'utilisation du charbon était tous les jours (pour ceux qui achètent en détail) avant cette

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mesure. Cependant depuis la fin de l'année 2008, ils l'utilisent seulement deux à trois fois par semaine.

Pour le bois de chauffe, il est utilisé comme principal combustible dans certains ménages et aux préparations habituelles de repas pour le ménage ; dans d'autres ménages, il n'est utilisé que pour le chauffage de l'eau pour le bain et les préparations des plats spéciaux. Les ménages l'utilisent plus sur les foyers traditionnels à trois pierres qui semblent être à la bourse de tous. Par contre le foyer amélioré n'est pas à la portée de tous les ménages (5000F CFA), d'autres ne disposent par préférence à un autre équipement. Dans certains cas, les ménages préfèrent le bois de chauffe, pas par manque de moyen mais juste par habitude à l'utilisation de cette source.

Le réchaud à pétrole sert plus à la préparation du thé, omelette. Le foyer à trois pierres est utilisé notamment pour la préparation de la boule ou en cas de rupture en gaz. Le réchaud à gaz semble être l'équipement idéal pour bien de ménages. Ils le trouvent pratique et très économique en termes d'argent et de temps. Cependant, le réchaud à gaz présente une contrainte pour les ménages de grande taille, car ils ne peuvent préparer une grande quantité de nourriture, surtout que le plat principal des familles africaines se résume à la pâte de mil communément appelé la « boule ».

Le réchaud à pétrole, bien que moins cher comparé au réchaud à gaz, n'est pas tellement confortable, car salissant pour les marmites, provoque parfois la fumée et l'entretien est difficile. Quant au foyer amélioré, il est mal connu par manque de sensibilisation, et le prix n'est pas à la portée de tous les ménages.

Tableau 19. Répartition d'usages des combustibles par les ménages a) 1er cas

Sources d'énergie

Utilisations

Gaz

Préparation habituelle de repas pour le ménage

Pétrole lampant

Préparation des petites consommations alimentaires (thé, café, lait, omelette...)

Bois de chauffe

Chauffage de l'eau pour le bain

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b) 2ème cas

Sources d'énergie/Equipements

Utilisations

Bois de chauffe

Préparation habituelle de repas pour le ménage et chauffage de l'eau pour le bain

Gaz

Préparation des plats spéciaux

Charbon de bois

Repassages

Source : enquête de terrain/ juillet 2010

5.7.3. Les avantages et inconvénients des divers combustibles

D'une manière générale, les ménages préfèrent le bois de chauffe, parce qu'ils trouvent l'accès est facile. Mais il faut ramasser ou acheter une grande quantité de bois pour faire le repas d'une journée. Et le bois est lourd, laisse beaucoup de cendre et crée la fumée.

Quant au pétrole, il présente une odeur indisposant que beaucoup de femmes ne supportent pas l'utilisation. C'est pourquoi certaines femmes ont trouvé comme moyen le plus pratique, le gaz. Elles le trouvent moins fatigant, et même moins cher pour la cuisson. En outre le gaz ne fait pas de fumées pour noircir les casseroles, ni les murs, non plus mal à la gorge comme en bois de chauffe. Cependant, le gaz nécessite une attention pour l'utilisation de son équipement. Le caoutchouc reliant la bouteille et le réchaud ne doit pas être en mauvais état, sinon en cas d'un trou, le gaz peut s'échapper.

Comme nous avons ébauché ci haut chaque combustible a ses avantages et ses inconvénients. Les appréciations des combustibles sont fonction des équipements utilisés.

5.7.4. Les suggestions

Nous suggérons ici quelques points incombant d'une part les services étatiques et la société en charge de distribution de l'énergie et d'autre part tous les consommateurs. Ceci dans le but d'améliorer les conditions d'approvisionnement des ménages en énergie. Il s'agit :

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- D'assurer la sécurité d'alimentation de la ville de N'djamena en produits pétroliers, principale source d'énergie ;

- D'assurer un développement harmonieux des infrastructures énergétiques pour le desserrement des quartiers isolés de la ville, et plus précisément les quartiers du troisième arrondissement qui constituent le noyau central de la ville de N'djamena.

Un travail de sensibilisation doit être également fait sur les sources d'énergie nouvelle et renouvelable qui se présentent actuellement comme une solution indispensable pour résoudre le problème d'approvisionnement en énergie dans les pays sahéliens comme le Tchad. Comme pour le gaz butane, l'Etat doit subventionner les équipements de ces nouvelles sources d'énergie afin de faciliter l'accès à la majorité de population.

La mise en valeur d'une politique de développement du secteur de l'énergie doit prendre en compte les problèmes environnementaux et leurs conséquences.

Un effort doit être fait par le gouvernement pour assurer la disponibilité et l'accessibilité des sources d'énergie dans la ville de N'djamena. Parce qu'il existe des quartiers qui ne disposent même pas des lieux d'approvisionnement en gaz. Si nous prenons le cas de la société Total qui distribue environ 200 bouteilles de gaz de 6 kg par station et par jour, alors que la moyenne des clients s'élève à 700 par jour et par station. Donc il y a un véritable problème de l'insuffisance des sources d'énergie.

Dans le secteur de l'énergie électrique, la société chargée de distribuer l'énergie doit chercher à renforcer sa capacité de production et améliorer la technique de gestion de ses équipements. Pour cela, les SIG se présentent comme un outil nécessaire pour le suivi de l'extension du réseau et de son fonctionnement. Les SIG peut permettre à la STEE d'analyser le degré de connexité et de connectivité de son réseau, ainsi que la répartition spatiale des équipements. Ceci pour permettre de connaitre les quartiers les plus desservis. Le problème de la piraterie tant déploré par les responsables de la STEE dans le troisième arrondissement est dû d'une part au non maîtrise

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des équipements du réseau et de la situation géographique de certains clients. Pour cela une base de données SIG peut aider l'entreprise à répertorie, identifier et gérer ses clients par zone, quartier et arrondissement. Dans le troisième arrondissement où nous avions mené notre étude, il y a un problème d'effectif numérique des clients par poste qui se pose, parce que l'entreprise ne maîtrise pas le nombre exact de ses clients par poste. Ce procédé facilite les échanges et les interactions entre les acteurs et les lieux d'action. En outre de ces suggestions il faut ajouter la bonne gouvernance et la bonne conscience de tous les acteurs qui interviennent dans ce secteur.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon