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L'instant d'après

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par Isabelle Gaillard
Université Joseph Fourrier Grenoble - DIU soins palliatifs et accompagnement 2011
  

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La vision du mort

La vue du corps sans vie de l'être aimé est un choc pour la plupart des proches.

Bien que douloureuse, cette confrontation est essentielle, et revêt une importance dans l'élaboration du travail de deuil :

« Etre situé ainsi devant la réalité du corps permet aux uns et aux autres de « faire le deuil », c'est à dire ce travail d'intégration de l'événement. »18(*)

Ce regard porté vers celui qui n'est plus est sans doute un premier pas dans ce long cheminement. Les soignants, ayant connaissance de cet aspect, peuvent essayer de mettre en place les conditions les plus favorables à son déroulement.

D'après Elisabeth Kubler Ross, cet instant devrait bénéficier d'un temps conséquent :

« Je pense qu'il est important de laisser aux proches suffisamment de temps pour rester avec leur parent décédé »19(*)

Le regard se porte alors sur ce corps. Or dans la littérature concernant la mort, la vision du corps reste peu traitée :

« Il est curieux de constater que, parmi les nombreux ouvrages consacrés aux problèmes de la mort, le cadavre se trouve quasi-systématiquement escamoté. S'agit-il d'un oubli pur et simple ? Nous ne le pensons pas, car le cadavre par définition est là ; `rien' peut être pour beaucoup, mais surtout `pire que rien' puisque le fait d'être là souligne que celui qui l'animait n'est précisément plus là. » 20(*)

D'après louis Vincent thomas, cet oubli est une conduite de fuite, et l'homme, face au cadavre, se retrouve en quelque sorte face à son destin, d'ou des conduites diverses, telles que peur, répugnance, abandon.

Il est vrai que cette vision du défunt peut susciter des réactions très ambivalentes, qui parfois s'opposent diamétralement. Le ressenti pouvant ainsi aller de la terreur à la fascination :

« Le corps est une chose, une chose sacrée, à la fois qui provoque la répugnance et qui oriente vers le sublime. »21(*)

Georges Bataille évoque ce vacillement entre deux registres réactionnels différents :

« D'un côté l'horreur nous éloigne, liée à l'attachement qu'inspire la vie ; de l'autre, un élément solennel, en même temps terrifiant, nous fascine qui introduit un trouble souverain. »22(*)

Ce trouble face au corps est bien souvent partagé par les proches, ainsi que l'infirmier présent au domicile.

Le regard se porte vers le corps, qui revêt à présent un caractère sacré, faisant l'objet de prévenance et d'hommages.

« En bref, la dépouille mortelle n'est pas une chose, elle fait l'objet d'une piété de la part des autres, c'est vers elle que se dirigent les hommages qui lui ont parfois été contestés de son vivant. » 23(*)

* 18 Mattheeuws Alain, Accompagner la vie dans son dernier moment, Edition parole et silence, Paris, 2005, p.66 .

* 19 Kubler-Ross Elisabeth, Accueillir la mort, Editions du Rocher, Paris, 2002, p.107.

* 20 Thomas Louis-Vincent, Anthropologie de la mort, Payot 1975, p.250.

* 21 Baudry ,P, La place des morts, op.cit., p.153.

* 22 Bataille Georges, L'érotisme, Minuit, 2011, p.51

* 23 R.Mehl, le vieillissement et la mort 1956, p.119

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