WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'instant d'après

( Télécharger le fichier original )
par Isabelle Gaillard
Université Joseph Fourrier Grenoble - DIU soins palliatifs et accompagnement 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

L'aspect du corps semble avoir un impact réel aux yeux des survivants. Pour Louis Vincent Thomas, la vision d'un corps « idéal », calme, et non altéré par la souffrance, atteste d'un refoulement de ce qui touche à la perte. En effet, la vision d'un corps abimé rajouterait à la douleur de la perte de l'être cher celle de la vision du saccage subi par le corps en souffrance.

Ainsi, sans trahir la réalité de la mort, la présentation d'un corps serein, apaisé, peu endommagé permettrait d'adoucir cette confrontation.

Malgré cela, l'image du corps ne devrait pas être considérée avec plus d'importance qu'elle n'en représente vraiment pour le survivant. Celui ci voit au delà de l'apparence. Patrick Baudry met l'accent sur ce regard: « Devant le cadavre, les gens ne voient pas strictement un corps. Ils ne cherchent pas à fixer le mieux possible dans leur mémoire la dernière vue de l'être aimé. On le voit sans le voir. On le regarde au delà de ce que l'on voit. » 24(*)

L'aspect du corps revêt une importance, certes, mais celle ci demeure relative, le survivant voyant sans doute bien au delà.

La vision de la mort

Si l'infirmier, de par sa profession, est amené à côtoyer régulièrement la mort, cela n'est bien entendu pas le cas des familles

La mort, et plus particulièrement la vision de la mort, est étrangère à beaucoup d'entre elles.

« Le plus grand nombre de nos contemporains, à l'exception de certains professionnels, atteignent la cinquantaine sans avoir vu quelqu'un mourir.  » 25(*)

Nombreux sont ceux n'ayant jamais vu la mort de près. Pourtant, jamais celle-ci n'a autant été montrée, affichée, exposée.

En effet, les medias proposent quotidiennement des faits ayant traits à la mort : accidents, guerres, assassinats, attentats. L'être humain actuel, par le biais de nombreux vecteurs d'informations, est en contact étroit avec le décès de l'autre, de la personnalité, et bien souvent, de l'anonyme à ses propres yeux.

Cette vision familière et parfois banalisée de la mort d'autrui contraste avec la vision de celle d'un proche, souvent encore étrangère au cheminement personnel.

De ce fait, la mort d'un parent, et la vision de sa dépouille est souvent une première fois dans le parcours des familles.

2-3 La relation au défunt

Le proche ne va pouvoir s'approcher du corps du défunt qu'en un temps limité. Entre le décès et l'enterrement, ou la crémation, le temps imparti sera court. Cette dernière permission au toucher, ces derniers face à face, n'en demeurent que plus précieux. Ils ont d'ailleurs une fonction bien particulière pour l'endeuillé, comme l'explique Louis Vincent Thomas : « Il importe de comprendre le jeu d'émotions que le corps présentifié permet d'extérioriser. Cette ultime relation d'un genre particulier provoque en effet une abréaction qui dénoue l'angoisse et peut aider au travail de deuil. » 26(*)

Auprès du défunt, le proche peut exprimer pleinement son chagrin et ses émotions :

« Le survivant, dans les heures qui suivent le décès, parle au mort à défaut de parler avec lui. Il lui dit sa peine, lui adresse des reproches, car il y a dans l'expérience décisive de la mort du prochain quelque chose comme un sentiment d'une infidélité tragique de sa part. Il se remémore les joies et les peines vécues avec lui ou a cause de lui, il multiplie les aveux et les pardons, explique ses décisions, promet de se souvenir de lui. » 27(*)

Cette relation paraît être bénéfique au proche, lui permettant d'exprimer pleinement ses ressentis, en présence de celui qui n'est plus en capacité d'interagir avec lui.

Avant de faire face à l'absence, cette étape est essentielle. Prendre conscience de la réalité de la mort ne peut se faire qu'en présence du corps du défunt.

«Par le contact même, le chagrin de l'endeuillé s'exprime dans toute son authenticité à la faveur de cette ` pseudo `relation à la mort. Il faut pour cela que chaque parole qu'il n'entend pas, que chaque baiser qui ne suscite plus de désir, s'adresse à une réalité corporelle qui donne l'illusion d'être corps vivant sans cesser d'être reconnu comme mort véritable. »28(*)

La présence du corps permet cette confrontation avec la réalité, et les gestes et paroles adressés au défunt ont une fonction précieuse dans l'élaboration du travail de deuil.

C'est autour de ce corps sans vie que va s'articuler le rite.

* 24 Baudry, P, La place des morts, op.cit., p.132.

* 25 Cornillot, P et Hanus, M, op.cit., p.12.

* 26 Ibid., p.49.

* 27 Ibid., p.50.

* 28 Thomas, Parlons de la mort et du deuil, Frison-Roche 1997, p.50.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius