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L'instant d'après

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par Isabelle Gaillard
Université Joseph Fourrier Grenoble - DIU soins palliatifs et accompagnement 2011
  

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2-4 l'impact des rites et croyances

« Tout le rituel funéraire s'articule autour de ce support symbolique de la présence-absence de celui qui est toujours là, tout en étant plus »29(*)

L'instant qui suit le décès marque une transition, une sorte de passage. En effet, le proche vient de mourir, mais son corps est encore présent. Le rite trouve sa place en cet instant particulier, permettant de signifier la séparation.

« L'épreuve de réalité est favorisée par les rites funéraires qui soulignent la séparation. » 30(*)

Le corps serait donc un support au rituel permettant cette transition dans le psychisme du survivant.

D'après Patrick Baudry, le décédé ne peut être qualifié de défunt, et n'obtiendra ce statut qu'une fois la séparation effectuée. Celle ci étant opérée par le rituel :

« Le décédé n'est pas encore un défunt, et tout l'enjeu de la ritualité funéraire consiste à faire place au défunt en ritualisant la séparation avec le mort. »31(*)

Sans développer les rituels plus tardifs, liés aux cérémonies, il semble intéressant de voir à quel point la ritualité s'installe dès l'instant qui suit le décès.

Au domicile, les proches sont dans une intimité toute particulière, et le rite s'insinue subtilement dans les gestes de chacun.

Bien que souvent en lien avec une croyance religieuse, cela n'est pas systématique : « le rituel n'est pas nécessairement religieux, il a sa place dans le deuil quelle que soit la croyance ou l'absence de croyance. »32(*)

L'effritement actuel des rituels funéraires, tels qu'ils étaient conduits il y a quelques années, a laissé place une plus grande personnalisation. Ainsi musique, bougies, photos, textes écrits de façon singulière, sont autant de supports venant s'inscrire dans un rite qui s'improvise délicatement. En s'éloignant des protocoles établis par certaines religions, les proches créent leur rituel, teinté de croyance, de création, s'imprégnant de divers courants de pensées.

D'autres, en revanche, se retrouvent perdus, désemparés, n'ayant pas de repères précis leur permettant d'établir ce rituel :

« Le développement de l'individualisme moderne invite à préférer l'authenticité des réactions supposées spontanées, c'est à dire non codifiées, au formalisme des convenances ; il implique le rejet, en tout cas dans le discours conscient, du conventionnel, du ritualisé qui, au demeurant, n'existe presque plus. Cette exigence de spontanéité _formulation paradoxale_ peut laisser démuni, inhibé, voire en grande souffrance pour accomplir ce travail de deuil dont Freud lui-même avait reconnu qu'il était « une tâche psychique d'une difficulté particulière »33(*)

Face à ces difficultés, certains soignants admettent aider les familles à inventer un rite, participant de manière active à quelque chose de très intime :

« Lorsque la mort survient, les soignants de notre équipe, présents ou arrivés en hâte tentent non pas de combler le vide laissé par le rituel domestique aujourd'hui disparu mais d'inventer dans ce moment unique un nouveau rite de séparation.34(*) 

La mise en place des rites, quels qu'ils soient, est une étape essentielle, permettant à chaque proche de signifier et d'amorcer cette nécessaire séparation.

* 29 Thomas Louis-Vincent, Rites de mort, pour la paix des vivants, Fayard, 1985, p.141.

* 30 Lussier Martine, Le travail de deuil, presses universitaires de France, p.219.

* 31 Baudry, P, La place des morts, op.cit., p. 46.

* 32 Richard Marie-Sylvie, Soigner la relation en fin de vie, Dunod, 2004,p.112.

* 33 Lussier M, Le travail de deuil, op.cit. , p.233.

* 34 Centre Francois-Xavier Bagnoud - Mourir à la maison - Laennec, Janvier 2002, n° 1

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