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Mourir au Burundi: gestion de la mort et pratiques d'enterrement (de la période pré- coloniale à  nos jours )

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par Emmanuel NIBIZI
Université du Burundi - Licence en histoire 2005
  

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I.5.4.2. Autres formes de funérailles

Les funérailles des adultes morts sans avoir eu d'enfants sont des rites qui montrent l'importance attachée à la fécondité en Afrique en général et au Burundi en particulier. Pour le Murundi, un être vivant n'a de valeur que s'il est fécond. Son respect et son honneur sont tributaires du nombre d'enfants. Aussi les funérailles des gens morts sans avoir donné la vie sera sans honneur et imprégnées d'une pitié plus blessante qu'une méchanceté ouverte.79

Dans les funérailles des morts sans communiquer la vie, certaines pratiques sont délaissées. Dès qu'un homme ou une femme de cette catégorie rend son dernier soupir, le premier geste consiste à prendre une racine de ficus (umuvumu) et d'erythrine (umurinzi ) liés ensemble et enveloppés dans un peu d'herbes ou dans

un morceau de natte pris à l'endroit où le mort avait l'habitude de s'asseoir pendant la réunion familiale (ubwicaro) . On fait passer le paquet sur le corps du défunt, puis à travers le feu du foyer ( iziko) sans le laisser brûler, puis à travers la hutte ou la fenêtre, si c'est une maison moderne.

Le paquet sera exposé sur la tombe, après l'inhumation. Selon la signification donnée par Ndigiriye Emile, la racine d'erythrine signifie la providence du défunt sur la terre, celle du ficus l'espoir de ce monde, le morceau de natte, le bonheur en famille. Le contact du paquet sur le corps du défunt aurait pour but d'inviter l'esprit (muzimu ) de sortir du défunt et de se joindre au paquet. Le passage du paquet à travers l'âtre ardent viserait à brûler tous les espoirs de la terre et les souvenirs de la famille, afin que le défunt soit libéré de tout souci et entre chez les esprits (bazimu) sans arrière-pensée de la vie qu'il a vécue sur la terre et dans sa famille.80

Vient le tour de mettre un charbon éteint dans ou sur les organes génitaux du défunt pour qu'il emporte le triste souvenir qu'il est éteint dans la famille: "yazimye". Cette cérémonie est très humiliante. Il n'y a pas de pires malédictions que de maudire un jeune homme ou une jeune fille en disant " Uragatanwa ikara " ( que tu sois enterré avec du charbon éteint). Le reste des funérailles se fait comme plus haut.

Les funérailles des enfants revêtent un caractère particulier. Pour un enfant qui a l'usage de la raison, mais n'est pas encore arrivé à la puberté voici comment on

79.E. Ndigiriye, op.cit., p.263

35

procède, dès qu'il expire, on lui ferme les yeux comme on le fait à tous les mourants. Comme dans le cas précédent, on prend deux racines, l'une de l'erythrine, l'autre du ficus liées ensemble, dans un peu d'herbes prélevées à celles de l'endroit où il avait l'habitude de s'asseoir en famille. On promène le paquet sur le corps du défunt, puis on fait passer le paquet à traverser le foyer en feu; on le reçoit du côté opposé et on lui fait traverser les parois de la hutte ou à travers la fenêtre jusqu'au dehors. Par après, il sera exposé sur la tombe. La signification est la même que plus haut: ne pas laisser partir le défunt avec les idées, les espoirs et les souvenirs de la vie sur la terre et dans sa famille, ce qui ferait le sujet d'une perpétuelle préoccupation d'esprit. Alors, on lui remet ses objets religieux (amulettes,..). Ensuite, on l'enroule dans une étoffe que sa mère portait. Nous ignorons la signification de ce rite.

Pour les enfants à la mamelle, les funérailles sont encore plus simples. Aussitôt que l'enfant expire, on lui ferme les yeux. On l'enveloppe dans un des habits que portait sa mère, ou son père s'il est orphelin de mère, ou sa tante, s'il est orphelin de père et de mère.

On détache du berceau (ingovyi), les attaches (imicisho) qui tenaient l'enfant à sa mère lorsque celle-ci le portait sur le dos. Cette cérémonie, appelée "guca umucisho", est poignante pour la mère qui comprend qu'elle est séparée pour toujours de son enfant. Elle garde encore le berceau pendant un certain temps à son oreille, pour garder l'espoir qu'un jour elle aura un autre enfant. Puis elle le jettera, parce qu'il est interdit de l'employer pour l'enfant suivant. L'inhumation se fait comme pour les grandes personnes. Les garçons sont couchés sur le côté droit et les filles sur le côté gauche. Après les rites de funérailles, les choses ne devaient pas s'arrêter là, il restait à faire le deuil.

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