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Le développement de l'industrie musicale en Grande-Bretagne de l'entre-deux-guerres aux années Beatles : une trajectoire d'innovation globale?

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par Matthieu MARCHAND
Université Michel de Montaigne - Bordeaux III - Master Histoire 2012
  

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II/ L'élargissement des catalogues : une politique économique de vedettes

Le développement des catalogues et la production d'un répertoire gigantesque va dans le sens d'une expansion industrielle de la musique enregistrée. Celle-ci adopte une trajectoire parallèle à la formation des grandes compagnies discographiques mises en avant auparavant puisque ces dernières vont chercher à faire signer des contrats auprès des artistes en vogue. C'est à ce niveau qu'intervient le paramètre culturel, stimulé par l'innovation, dans le processus de constitution des firmes.

A/ L'évolution de la production de disques

L'étude des chiffres de vente permet dans un premier temps d'attester de l'évolution des consommations ; bien avant que les firmes ne tirent parti d'une image de marque liée à la réputation de tel ou tel artiste, on note dans un premier temps une phase initiale, au début du siècle, où l'industrie phonographique émerge comme une industrie destinée à la production de machines à dicter. Ainsi, fondée en 1900, chargée au départ de la construction des usines à Hayes, la Gramophone and Typewriter Ltd reçue en échange l'obtention des droits à la

fabrication de la machine à écrire « Lambert ». Mais le commerce fut abandonné en 1905 et la compagnie retrouva son nom d'origine deux ans plus tard117.

Par la suite, une seconde phase émerge au début des années dix, puis durant l'entre-deux-guerres : en 1913, la Gramophone Company standardise ses contrats avec les artistes renommés. C'est à la fois le signe que la compagnie s'appropria le disque comme support idéal pour mettre à disposition un ensemble d'oeuvres qu'aucun des médias musicaux préexistants (édition musicale, concert) n'avait jusque là réalisée, mais c'est surtout la preuve qu'il existe une quantité accrue d'interprètes sans lesquels les conditions de rentabilité n'imposeraient pas cette décision (le seuil minimum de ventes unitaires mensuelles requis par la firme pour qu'un interprète soit considéré comme rentable semble, selon Sophie Maisonneuve, se situer à 90)118. Un pic dans les ventes est atteint à la fin des années vingt, brisé par les restructurations dues à la crise économique de 1929 (v. infra). Le dynamisme de l'activité éditoriale y est particulièrement flagrant : Columbia et HMV publient à elles deux environ une centaine de nouveaux disques chaque mois dans la seconde moitié de la décennie, suivies de près par Parlophone et Vocalion119. En 1926, sur le label HMV, la Gramophone Company atteint son premier million de disques vendus grâce à une composition de Felix Mendelssohn, « O for the Wings of a Dove » (Hear My Prayer), interprété par un jeune chanteur de 14 ans, Ernest Lough120.

N'oublions pas que ce sont les innovations techniques qui contribuèrent à une évolution de la productivité dans le domaine économique. Par conséquent, on l'a vu, la galvanoplastie (fin des années 1880) rend possible la reproduction de masse et permet de réaliser des économies d'échelle réinvesties par la suite. Alors qu'en septembre 1899, l'usine de pressage de Hanovre produit 4500 disques par jour121, en 1929, la firme Columbia atteint la production de 350 000 items. Par la suite, à partir de février 1925, la technologie de l'enregistrement électrique est vendue à la compagnie américaine Victor. Conséquence directe des accords de licence et des participations financières qui lient d'un côté Columbia-US/Columbia-UK et Victor/Gramophone Company (HMV), la technologie est rapidement adoptée à travers les

117 Ce cas est intéressant en ce qu'il préfigure avec des années d'avance toutes les activités de production entretenues par EMI en dehors de la musique des années après, qu'il s'agisse de la radio, de la télévision, etc. PANDIT, S. A., op. cit., p. 58.

118 MAISONNEUVE, Sophie, L'invention du disque 1877-1949 : genèse de l'usage des médias musicaux contemporains, Paris, Éditions des archives contemporaines, 2009, p. 189.

119 The Gramophone, décembre 1925, vol. III, n° 7, p. 321.

120 http://www.emimusic.com/about/history/1920-1929/

121 Cf. EDGE, Ruth, PETTS, Leonard, The collectors guide to «His Master's Voice» Nipper souvenirs, 1997, p. 986.

pays en l'espace d'une année. Des profits importants sont réalisés et grâce aux avantages

apportés par les propriétés acoustiques nouvelles de l'électricité (v. infra), les compagnies investissent dans une politique de réédition de leur catalogue ou, au contraire, dans une tentative d'exploitation de nouveaux pans du répertoire mieux adaptés à la nouvelle

technologie. La production de disques entre 1925 et 1929 en sort considérablement agrandie, comme le montre les chiffres d'affaires de la Gramophone Company, la firme la plus importante, la plus ancienne et la plus largement implantée en Europe : sous l'impulsion de la « révolution électrique », les bénéfices passent de £266 000 à £1 100 000 entre 1925 et 1928122.

Figure 8

Chiffre d'affaire annuel, en livres sterling, de la Gramophone Company123

Tiré de : MAISONNEUVE, Sophie, L'invention du disque 1877-1949 : genèse de l'usage des médias

musicaux contemporains, Paris, Éditions des archives contemporaines, 2009, p. 240.

122 MAISONNEUVE, Sophie, op. cit., p. 240.

123 Le groupe 1 désigne les pays d'exportation suivants, y compris la Grande-Bretagne : Inde, « pays étrangers » (dont la Hollande, Australie, Tasmanie et d'autres), pays scandinaves, France (incluant Portugal, Tunisie, Maroc, etc.), Espagne, Belgique. En revanche, ce groupe n'inclue pas les pays de l'Alliance. Le creux de 1914 à 1918 s'explique par les restrictions industrielles et commerciales liées à la guerre. Le fait que le total général rejoigne le montant des échanges avec le groupe 1 au lendemain de la Grande guerre s'explique par l'arrêt des échanges commerciaux avec les pays de l'Alliance, vaincus. Le second intérêt de ce schéma réside dans la reprise progressive des échanges à partir de l'entre-deux-guerres, début de la période qui nous intéresse.

Figure 9

Ventes de disques HMV-EMI124

Tiré de : MAISONNEUVE, Sophie, L'invention du disque 1877-1949 : genèse de l'usage des médias

musicaux contemporains, Paris, Éditions des archives contemporaines, 2009 , p. 188.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote