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Le développement de l'industrie musicale en Grande-Bretagne de l'entre-deux-guerres aux années Beatles : une trajectoire d'innovation globale?

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par Matthieu MARCHAND
Université Michel de Montaigne - Bordeaux III - Master Histoire 2012
  

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C/ Bande magnétique et stéréophonie

La seconde grande innovation de l'après guerre en matière d'enregistrement sonore fut la bande magnétique, bien qu'au départ ignorée par l'industrie phonographique. L'enregistrement magnétique fut réalisé pour la première fois en 1898 par le Danois Valdemar Poulsen. Son « télégraphone » utilisait un fil d'acier comme support magnétique ; par la suite, les supports évoluèrent : on utilisa un ruban d'acier, puis une bande magnétique sur support de papier (brevetée en 1928 par Fritz Pfleumer) et, vers 1932, sur support de plastique. Là encore, la suite de l'Histoire n'est pas anglaise mais allemande cette fois ci, dans un contexte faisant de l'enregistrement électromagnétique, et par extension du magnetophon commercialisé par la firme AEG-Telefunken, un procédé destiné pendant la Seconde guerre mondiale à être utilisé secrètement dans les studios de radio (et notamment afin servir la propagande nazie). Déjà, en termes de qualité sonore, celle-ci pouvait largement être comparable à celle du disque, d'autant plus qu'elle ne se dégradait que très peu même après plusieurs écoutes, avec qui plus est un temps d'enregistrement pouvant être étendu à plusieurs heures. L'innovation allemande fut ensuite transformée en produit commercial grâce à la 3M Company (Minnesota Mining and Manufacturing Company), dont les ingénieurs trouvèrent une solution pour améliorer le confort d'utilisation des lecteurs de cassettes antérieurs. Ils développèrent un ruban magnétique de haute qualité, qu'ils vendirent sous le nom de « Scotch » (avec une vitesse standard de 19 centimètres par seconde). Dès 1948, la société Ampex lance sur le marché américain le premier magnétophone. Même si EMI joua un rôle clé dans le développement de l'enregistrement magnétique et surtout dans la vente d'enregistreurs destinés aux professionnels comme aux consommateurs, les majors dans leur ensemble continuèrent à rejeter l'innovation de la bande magnétique, préférant se centrer sur le microsillon. Les raisons de cette négligence seront évoquées par la suite.

Enfin, la stéréophonie, dernière innovation majeure, remédiait à une autre importante déficience de la musique enregistrée de la première moitié du XXe siècle : le manque de relief

spatial. En effet, un orchestre entier déployé sur la largeur de la scène était restitué en un seul point de l'espace par le haut-parleur (v. infra), d'où une certaine confusion sonore. On se souvient du physicien anglais Alan Blumlein et de son rôle dans le développement du radar ; en 1931, il fait breveter pour la première fois un disque stéréophonique dont EMI fit quelques essais sans suite en 1933. En 1940, le public put expérimenter au cinéma la répartition spatiale des sons avec Fantasia de Disney et en 1956, EMI et RCA-Victor proposèrent sans succès des enregistrements « stéréophoniques » sur bande magnétique. Une forme d'enregistrement stéréophonique de Sir Thomas Beecham dirigeant la Symphonie n° 41 de Mozart, dite Jupiter189, fut réalisée en 1934 mais ce n'est qu'en septembre 1958 que la stéréophonie s'imposa avec les premiers disques vinyles stéréo commerciaux lancés aux États-Unis par Audio Fidelity Records et en Angleterre par Pye et Decca. La stéréophonie se généralise en 1960 en radio diffusion. Par rapport à la monophonie, elle procurait une sensation d'espace et de légèreté, restituant l'espace physique y compris en largeur (ce qui n'était pas le cas de la monophonie), elle « instaurait une nouvelle façon d'écouter la musique, analytique, grâce à la possibilité de discerner les contours mélodiques et la texture harmonique, y compris dans le cas d'un instrument solo comme le piano. La stéréophonie crée une illusion d'espace sonore en jouant sur la physiologie auditive de la même façon que la perspective en dessin crée une illusion d'espace visuel »190.

Figure 16

189 Idem, p. 75.

190 HAINS, Jacques, op. cit., pp. 921-922.

Figure 17

Tiré de : HAINS, Jacques, « Du rouleau de cire au disque compact » in NATTIEZ, Jean-Jacques (Dir.), Musiques : une encyclopédie pour le XXIe siècle, Paris, Actes Sud / Cité de la Musique, 2003, Tome I, Musiques du XXe siècle, pp. 912/922.

Dopée par l'innovation technologique, l'industrie musicale en Grande-Bretagne dispose désormais de tout un arsenal de moyens pour aborder un marché du disque qui double entre 1949 et 1954, première véritable phase de croissance depuis la crise de 1929. De plus, alors que jusque dans les années 1950, l'industrie se développait dans le cadre d'une intégration entre le « hard » (fabrication de matériel de lecture) et le « soft » (production de musique enregistrée), une fois le microsillon imposé, la croissance de cette industrie ne justifie plus une liaison étroite entre ces deux domaines d'activités qui, désormais, se développent selon

leur logique propre, celle de l'électronique dans un cas et de la communication dans l'autre191. Ce changement de statut et de position a son importance pour comprendre le fonctionnement et la prise de décision dans les majors. Jusqu'à l'avènement du compact, le microsillon allait rester l'unique support dominant en matière de musique (en parallèle néanmoins du 45-tours), ce qui permet dès lors aux entrepreneurs de se focaliser sur le contenu des musiques à offrir aux consommateurs, contenu lui-même bouleverser par l'introduction des nouvelles technologies.

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