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Le développement de l'industrie musicale en Grande-Bretagne de l'entre-deux-guerres aux années Beatles : une trajectoire d'innovation globale?

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par Matthieu MARCHAND
Université Michel de Montaigne - Bordeaux III - Master Histoire 2012
  

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A/ Quelques problématiques essentielles

À travers le processus d'enregistrement, quels sont désormais les liens entre les musiciens et les réalisateurs/producteurs ? Si l'on prend la définition du monde de l'art selon Howard Becker238, pouvant être défini par la façon dont les protagonistes de ce monde accordent (ou pas) de l'importance à certains acteurs au sein de la chaîne de coopération, alors

236 DELALANDE, François, « Le paradigme électroacoustique » in NATTIEZ, Jean-Jacques (Dir.), Musiques : une encyclopédie pour le XXIe siècle, Paris, Actes Sud / Cité de la Musique, 2003, Tome I, Musiques du XXe siècle, p. 547.

237 Je renvoi ici à la toute fin du précédent chapitre pour des précisions concernant l'électroacoustique.

238 Cf. BECKER, Howard, Les mondes de l'art (1982).

quelle part de responsabilité échoue à chacun ? On peut dès lors tirer de ces interrogations deux fils conducteurs essentiels ; le premier succède à l'étude de la première phase d'intégration horizontale des firmes que nous avons étudié jusqu'ici, pour se centrer davantage sur un autre aspect inhérent à l'industrie musicale : les structures des organisations qui, par un procédé vertical, tendent non seulement à contrôler les phases de la production mais aussi à distinguer des niveaux de décision par la différenciation fonctionnelle en subdivisions spécialisées : auteurs-compositeurs, interprètes, producteurs, techniciens de studio et promoteurs. Ces acteurs étaient plus ou moins intégrés aux compagnies à travers leurs propres maisons d'édition et divisions A&R (abréviation d'Artists and Repertoire, une division d'un label responsable de la découverte de nouveaux artistes). Le second fil conducteur distingue encore une fois musique classique/musique populaire : si dans le monde de la musique classique, le compositeur est présenté comme le maillon essentiel, dans les musiques populaires, l'accent est plutôt mis sur le performer, celui qui se représente au public en tant qu'individu particulier. Interprètes de musique classique ou de musique populaire ne représentent donc pas exactement la même chose mais il existe néanmoins une figure commune : celle du producteur.

La figure du producteur est primordiale puisqu'au final c'est elle qui en majeure partie gère « l'aléatoire socio-musical »239. Pour faire simple, l'importance de sa fonction est directement liée à la gestion du risque artistique qu'elle doit assurée. Avant de s'attarder sur quelques figures majeures de la production en Angleterre, précisons qu'elle fut étudiée par deux chercheurs français, Antoine Hennion et Jean-Pierre Vignolle240. Ces sociologues du disque se sont attardés sur les directeurs artistiques (notamment dans le domaine de la variété), qui incarnent au sein des firmes l'intermédiaire entre les artistes et le public, « en complétant l'analyse économique sectorielle par une approche ethnographique du travail de studio, où musiciens, interprètes et techniciens officient sous la houlette du directeur artistique, ils pensent ainsi pouvoir rendre compte de l'alchimie sociale, de la production mystérieuse de sens que représente la fabrication d'un tube »241. Le travail du directeur artistique/producteur intervient par le biais d'essais et d'innovations successives, en bref l'ajout d'un « je-ne-sais-quoi » qui vise à l'obtention d'un « son » spécifique. Hennion et Vignolle proposent une

239 LANGE, André, Stratégies de la musique, Bruxelles, Pierre Mardaga, coll. « Création & Communication », 1986, p. 94.

240 Cf. HENNION, Antoine, VIGNOLLE, Jean-Pierre, Artisans et industriels du disque : essai sur le mode de production de la musique (1978) ; L'économie du disque en France (1978) ; HENNION, Antoine, Les professionnels du disque : une sociologie des variétés (1981).

241 LANGE, André, op. cit., p. 95.

sociologie de l'intermédiaire, celui qui « construit des mondes en essayant de les mettre en rapport » au travers du directeur artistique qui « représente le public devant le chanteur [et en contrepartie] introduit l'auditeur au sein de l'équipe de production »242. Parce qu'il sert autant sa maison de production que le public, et parce que de son travail, en collaboration avec l'arrangeur et le technicien, va découler en grande partie la qualité « artistique » du produit fini, le directeur artistique/producteur est un personnage clé dans l'industrie du disque, ne serait-ce qu'en raison de l'obligation que lui donne bien souvent sa maison de production pour que l'oeuvre soit en adéquation avec son public ; ainsi, « la communication médiatrice entre public et artistes qu'organise le directeur artistique reste une médiation aliénée, étrangère au public, elle n'est que le résultat de la division du travail musical qu' a entrainé le développement de l'industrie phonographique »243. Dans un contexte certain de contraintes et d'incitations, l'action optimale du producteur va être perçue comme une innovation dans la mesure où il a pu en tirer un potentiel. Malgré tout, son image est parfois occultée pour des raisons diverses : elle peut être voilée par le marketing qui entretient l'image romantique de l'artiste en concert, ou intervenir sur des paramètres spécifiques (qualité de timbre, acoustique, équilibre des intensités) de telle sorte que l'auditeur ne soit pas conditionné vis-à-vis des paramètres traditionnels sur lesquels il porte d'habitude son attention (mélodie, harmonie, rythme, forme et orchestration)244. Prenons néanmoins l'exemple significatif dans un premier temps de trois producteurs anglais pour comprendre leur importance sur le développement de la vie musicale, Fred Gaisberg, Walter Legge et John Culshaw.

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