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Le développement de l'industrie musicale en Grande-Bretagne de l'entre-deux-guerres aux années Beatles : une trajectoire d'innovation globale?

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par Matthieu MARCHAND
Université Michel de Montaigne - Bordeaux III - Master Histoire 2012
  

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B/ Le progrès technologique, intrinsèque à l'évolution des musiques populaires

Alors que l'acoustique était garante de l'authenticité de la musique folk, les puristes critiquèrent la musique pop/rock pour son utilisation de la technologie électronique, signe

374 Idem, p. 142.

375 Ibid., p. 153.

376 Avant l'invention d'un mécanisme « auto-synchronisant » en 1962, il fut impossible de « doubler » une piste, et on enregistrait tout le groupe en même temps. Le cas inverse le plus caricatural fut incontestablement celui de Pink Floyd puisque lors des enregistrements de The Wall (1979), les tensions entre les membres du groupe étaient si fortes qu'ils se croisèrent à peine au cours des prises de son.

d'un compromis avec les intérêts du capital. Pour ces idéologues, la technologie de la musique a renforcé l'aliénation du musicien à ses moyens de production, dorénavant sous le contrôle du grand capital. Nombreux en effet sont ceux qui pensaient alors que la musique traditionnelle britannique et irlandaise, affranchie des progrès techniques, pouvait représenter l'antidote idéal à une éventuelle colonisation culturelle américaine : ce fut par exemple le cas de la Copper Family ou de Shirley Collins377. Néanmoins, le folk-rock naît du croisement inévitable du folk américain avec le rock et le blues britannique 378 : l'un des albums fondateurs fut le Folk, Blues and Beyond de Davy Graham en 1964 (Decca). Désormais, le message politique y est périphérique. À la fois soucieux d'innovation, le paysage musical anglais est marqué en contrepartie par la tradition.

Par la suite, dépassant les clivages et les rassemblant, véritable force culturelle collective de la génération du baby boom, l'arrivée du rock et des Beatles durant les années soixante accentuèrent davantage encore la collision entre technologie et construction d'une forme culturelle internationale (le « village global » dont parle McLuhan), qui dépasse le localisme étroit des cultures folk pour au contraire se forger, comme on l'a vu lors des précédents chapitres, par une interaction perpétuelle entre la Grande-Bretagne et les États-Unis. Par exemple, c'est le blues, qui émerge dans le quartier de Soho avec Alexis Korner et Cyril Davies, qui servit de terreau à la création à partir des années soixante de très nombreux groupes ayant assimilé l'héritage noir-américain 379 . Alors que les ventes de guitares électriques s'envolent (les premières sont mises au point dans les années trente), que les instruments s'amplifient, réduisant ainsi le nombre d'instrumentistes présents lors des séances d'enregistrement, et que la télévision et les satellites contribuent à la visibilité de cette nouvelle forme de culture musicale380 transcendant les frontières pour réunir en son sein un public jeune et adolescent, on retrouve encore le progrès technologique qui singularise le rock par rapport à d'autres formes musicales. Ainsi, « tout comme McLuhan a servi de tête de pont entre les courants alternatifs et les besoins de la restructuration capitaliste [...], le rock fut le

377 ROBERT, Philippe, MEILLIER, Bruno, Folk & renouveau : une ballade anglo-saxonne, Marseille, Le mot et le reste, 2011, pp. 18-19.

378 D'après les historiens spécialistes, l'évènement fondateur est l'électrification de la guitare de Bob Dylan au festival de Newport le 25 juillet 1965, véritable rupture entre puristes et modernes, les premiers y voyant une véritable trahison. Le phénomène se reproduit le 17 mai 1966 au Free Trade Hall de Manchester, en Grande-Bretagne cette fois-ci.

379 Pour plus de précisions, on consultera l'ouvrage suivant : BLAMPAIN, Gilles, British blues 1958-1968 : la décennie fabuleuse, Bègles, Le Castor Astral, coll. « Castor Music », 2011, 165 p.

380 Dans le sillage de Marshall McLuhan, Robert Burnett préfère à juste titre parler dans son introduction de « global jukebox » afin de mieux cerner l'aspect musical de la question. BURNETT, Robert, The global jukebox : the international music industry, Londres, Routledge, 1996, pp. 1-7.

fruit d'une alliance historiquement unique entre la technologie et des formes culturelles organiques »381. On entend par « formes culturelles organiques » ce qui justement constitue la base de la culture pop/rock : au départ une forme musicale traditionnelle et marginale venue des États-Unis, le blues, qui rapidement s'enticha de l'introduction des instruments amplifiés afin de capter l'excitation, le bruit et la fureur des villes et d'un contexte social en proie à la discrimination. Encore une fois, si la musique à base électrique a pu dominer la base populaire, on comprend que c'est parce qu'elle porte en elle un arrière plan social que la musique tente de reproduire esthétiquement. De la même façon que l'on a souvent lié le rôle social de la musique populaire au fait de vieillir, et en particulier à la construction sociale et à l'expérience de la jeunesse.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci