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La persistance des sciences sociales coloniales en Afrique

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par Jean Barnabé MILALA LUNGALA
Université de Kinshasa RDC - Doctorat 2009
  

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CHAPITRE DEUXIÈME :

LE POIDS DU PASSÉ ET L'EXIGENCE D'UNE NOUVELLE CONSTRUCTION SCIENTIFIQUE DE L'AFRIQUE ET DU CONGO-KINSHASA

Nous allons ici rappeler et présenter pêle-mêle la construction occidentale de l'Afrique et de la RD Congo réalisée par les sciences sociales et humaines. Cette construction intéressée et stratégique appelle à coup sûr, une contre- construction et une reconstruction. Nous essayons justement, après la présentation sis- évoquée, de proposer comment cela peut-il d'une façon être amorcé ?

L'Histoire des sciences sociales congolaises a donné lieu à des constructions scientifiques savantes multiples pour l'époque coloniale au Congo : à la base, la relative hégémonie redoutée de savants - missionnaires qui ne rimait pas toujours avec ces savoirs officiels et institutionnalisés de la colonisation qui étaient l'émanation de la noblesse politique coloniale belge en ce qui concerne le Congo -noblesse politique qui gérait au quotidien le pouvoir avec les libres penseurs ,tous rivalisant d'ardeur dans le domaine du savoir.

Nous pouvons voir les acteurs majeurs de la science coloniale et leurs intérêts : le savant catholique missionnaire contre le baron non confessionnel de la science coloniale officielle. Pour autant que les savoirs codifiés puissent servir les intérêts officiels, ces savoirs pouvaient justement être institutionnalisés.

Le Congo s'est construit sur la base de plusieurs disciplines scientifiques, notamment avec l'économie politique coloniale, l'anthropologie et/ou l'ethnologie, l'anthropologie juridique, l'historiographie coloniale, le droit moderne occidental, la sociologie, la philosophie, etc.

L'économie politique coloniale est la logique qui dicte la mise en valeur du Congo : les tracés de routes et l'infrastructure routière, l'industrialisation, la politique agricole, l'émigration de la main d'oeuvre dans les centres extra -coutumiers, etc., tout cela dans un contexte de rivalité internationale des puissances occidentales et des Arabes. Au plan politico-administratif, le découpage administratif est fait au Congo à la suite de l'impérative d'occupation. Le découpage suit la latitude, le méridien, les rivières, les districts, pour former des régions militaires contre les arabes à l'Est, les chefferies - secteurs étant des bases des forces de police72(*), etc. L'organisation de la chefferie ne tient aucun compte des liens de vassalité qui existent ni de parenté, sa seule base est territoriale.

Nous sommes aussi partis de l'anthropologie dont on s'est servit longtemps pour comprendre l'homme sauvage et primitif en général, en tant qu'elle est l'étude des caractéristiques anatomiques, biologiques, culturelles, et sociales des êtres humains, et formant une des matrices pratique et théorique puissantes de l'ensemble des sciences sociales et humaines. Les temps modernes est une époque de rencontres interculturelles intenses qui donne un élan fort aux sciences sociales. Les philosophes pour la plupart qui n'ont jamais pied au Congo, ont à leur portée des récits de voyages dont la plupart compulsés vont servir à ébaucher des théories, tel que le postulat de l' « état de nature » de la philosophie politique classique, de l'a priori du temps comme intuition intérieure, chez Emmanuel Kant et autres contractualistes, etc.

Seulement, situation cynique, à propos de l'évolution de l'anthropologie, science dont on se sert depuis pour étudier l'homme, Claudine Vital affirme que « c'est seulement durant le dernier quart du XIX siècle qu'apparaissent les institutions savantes anthropologiques. Chaque campagne militaire, chaque champ de bataille, chaque massacre qui rapporte une nouvelle victoire au colon blanc marque en même temps une nouvelle étape de la pratique ethnologique qui se professionnalise et se répand. Elle devient une profession au moment où s'intensifie l'extermination des hommes ».73(*) Il faut constater qu'une bonne partie des sciences sociales en général ont pris de l'essor décisif au sein d'une époque d'expansion européenne et donc de domination: « la transformation de l'expansionnisme occidental en un colonialisme suppose en quelques façons la constitution des « sciences sociales» ».74(*)

Le développement de la « modernité occidentale » incarnerait dans sa logique et dans sa dynamique, la division de travail organisée dans une structure impérialiste de l'Europe qui domine l'économie mondiale depuis XV e siècle, contraint le monde et le coordonne au moyen des institutions créées à cette fin. « L'impérialisme aurait dû inventer le racisme comme seule explication et seule excuse pour ses méfaits ».75(*)

La logique impérialiste occidentale du centre fonctionnerait sur base d'une lutte du type darwinien d'élimination raciale et bastiale depuis la découverte du nouveau monde, et non sur base de la lutte des classes. Karl Marx ne théorise quasiment pas cette perspective bestiale. Le matérialisme historique est une des théories reconstructives de l'anthropologie et de la théorie de l'évolution naturelle, sociale et culturelle fondée sur la lutte de classes, l'histoire de l'espèce humaine, les modes de production, le travail social, la dialectique entre l'infrastructure et la superstructure, les rapports de production et la force productive.76(*) Nous pouvons affirmer que le concept de « race » a été utilisé à dessein par des anthropologies concurrentes pour décrire des formations politiques, des groupes linguistiques, des caractères d'espèces animales, des formations politico- sociales. Au Congo (belge) on parle d'emblée de races différentes (grands groupes Nègres, Soudanais, Nains, Bantous et Hamites ».77(*) La lutte darwinienne d'élimination des ethnies primitives utilise beaucoup des moyens pour préparer consciemment le meurtre culturel, ethnocide. Mais la toile de fond, ce que les « épistémès autres » sont extorquées, volés, disqualifiées, falsifiées, sinon exclues carrément pour être mises résolument au service de l'accumulation du capital.

Concrètement, partons des exemples sur le Congo et passons à l'ethnologie/anthropologie juridique. Celle-ci - à propos de la Carte ethnique du Congo -qui, depuis les enquêtes parlementaires belges de l'oeuvre léopoldienne, tentera de prendre les devants dans l'édification de la nouvelle société congolaise. Au point de vue de la mise en valeur de l'Etat Indépendant du Congo, loin avant l'indépendance, historiquement le travail forcé dépeuple la population au point de déboucher sur une crise sociale. Cette situation mettra le Roi Souverain devant le fait accompli, et il sera forcé d'accepter une commission d'enquête belge conduite par trois éminents juristes belges qui mettront à nu une oeuvre controversée, en défaveur des noirs.

Depuis lors, le droit sera la science pilote qui donnera lieu à des reformes, et à la naissance d'une sorte des sciences de « développement » qui va succéder au paradigme de la science de contact depuis la conférence géographique de Bruxelles en 1876. Ce qui dicte en partie les limites mêmes du territoire congolais.

La civilisation du travail - celle de loisir- forme un bon exemple justement de la réalité sociale construite. De telle sorte que les humains qui ont participé à son élan ont cru être enfin en mesure de bâtir un monde nouveau pour leurs enfants, maîtrisés par les forces de production. Mais cette émancipation productiviste a été remise en question par ses héritiers qui ne sont pas parvenus à entrer dans cet univers préfabriqué. Les choses ont changé !78(*) Il en va de même de la colonisation qui transpose sur le terrain de la colonisation une civilisation industrielle qui, à son effondrement a emporté l'arrière-plan qui le fondait, le capitalisme industriel qui en a constitué la base. « L'arrière-plan d'une société permet d'invalider une pratique institutionnelle qui tenterait d'imposer un seul mode de légitimation des normes, c'est-à-dire qui serait incapable de reconnaître des droits collectifs à des `'sociétés distinctes'' ».79(*)

Or Marc Maesschalck stigmatise l'enjeu : « il ne s'agit pas de transformer une pratique institutionnelle donnée, mais de changer de civilisation ».80(*) La construction de la réalité sociale appliquée à des sociétés colonisées est faite également au moyen de l'anthropologie juridique appliquée à ces sociétés colonisées en opposition avec le droit naturel rationnel des temps modernes européens. Le droit de l'homme a été la poursuite de ce mouvement de la construction européenne : « le devoir de civiliser, l'argument du droit de civiliser portait sur le droit de mise en valeur de ressources incombant aux peuples capables de réaliser celle-ci de manière supérieure aux pratiques locales. Cet argument ne fut pas théorisé par l'ethnologie, mais par le droit naturel ».81(*)

Une telle situation qui apparaît comme la projection théorique du constructeur débouchera, comme nous allons tenter de l'établir sur l'exigence d'« une éthique de la construction sociale (qui doit considérer) toutes les activités comme intégrées à l'enjeu décisif de l'existence collective ».82(*) Justement « la solution dépend encore de l'application des structures de décision de la communauté politique ».83(*)

Justement, une « société (doit être considérée d'abord) en tant que'' significations subjectives''».84(*) Au sujet de l'anthropologie raciste, « il semble difficile d'admettre qu'un tel mythe ait pu être construit par des chercheurs professionnels (...) pour autant qu'eux aussi, ils ont pratiqué le terrain, entendu des informateurs. Une attitude épistémologique d'époque- entraînant la conviction qu'une combinaison d'éléments simples produit la logique même du réel - semble insuffisante à inspirer d'aussi totales erreurs. Et, pourtant si, parce qu'elle autorise une distance telle à l'objet qu'elle engendre nécessairement - en deçà des sophistications propres au métier -une capacité de croyance assimilable à la foi du charbonnier. Du coup, toutes les discussions deviennent possibles et pensables, d'autant plus qu'elles trouvent, involontaires ou conscientes, de complications autochtones ».85(*)

Disons en plus que la transformation de cette anthropologie primitiviste demande une reconstruction d'une anthropologie qui postule l'unité biologique et psychologique du genre humain. L'anthropologie même marxiste ou habermasienne ont un côté primitiviste.

La misère délibérée cause à l'africain le choc psychologique et le déséquilibre de l'horloge biologique, source de plusieurs maladies physique et mentale. L'africain doit rester positif et ne pas paniquer.

Sohier distingue ,dans ses publications de 1924 parues dans Revue de Jurisprudence du Katangaau sujet de la Carte ethnique du Congo et qui deviendra en 1933 le Bulletin des Juridictions indigènes et du droit coutumier ,l'empire du « droit sacré », magico -religieux (référence aux travaux d'un autre auteur du nom de Possos) ou de la « philosophie bantoue » (référence à l'onde de choc de Placide Tempels) par rapports aux pratiques juridiques bantoues qui, face aux nécessités de maintien de l'ordre, ont opéré de nettes distinctions et parfois de volte-face permettant de retrouver les fondements des conventions civiles.

C'est principalement la destination de l'autorité politique que déplore Van Derkerken ; c'est là qu'il situe l'origine de l'effondrement des sociétés indigènes.86(*) Van Derkerken, essayait par exemple de démontrer qu'au Congo, la question essentielle portait sur les fondements de l'autorité dans des « dynasties de sang sacré » (chef de races ») ; et il établit les droits fonciers des indigènes sur la presque totalité des terres. Pour Van Derkerken, seule la connaissance et la reconnaissance des structures sociales bantoues peuvent s'opposer à une prolétarisation perçue comme une déchéance culturelle et un immense danger social.87(*)

Au demeurant, l'évolution de la tentative disputée de la promotion de multiculturalisme juridique entamé dès les premières heures de la colonisation au Congo devait déboucher sur la promotion du droit indigène : « la règle de droit doit être comprise en considérant que « le droit nègre a été élaboré par des hommes raisonnables...pour remédier à une certaine difficulté de la vie... dans une démarche dont de nombreux fondements sont universels ».88(*) Pour Van Derkerken, il aurait fallu privilégier les juges et magistrats traditionnels bantous qui nous « apprendront à penser noir à propos du droit noir.89(*) C'est une recherche de la reconnaissance collective de la communauté des savants traditionnels.

La tendance inverse au multiculturalisme sera dominante, et elle va amener à « l'évolution et la disparition rapide des sociétés (dites) archaïques (qui vont) modifier non seulement le projet, mais le regard initial ».90(*) « Ces divers mouvements brisent, d'une certaine façon l'illusion de restitution et de pureté de l'objet (...), favorisant aussi bien une sorte de narcissisme descriptif ou ironique ».91(*)

Au Congo, deux disciplines sont en avant plan dans la construction des colonies : l'économie et le généralisme (les macro- ingénieurs) face à l'ethnologie et au droit. « Les sciences sociales (ethnologie et économie) ne peuvent ou ne veulent définir un espace quelque peu autonome face au couple qui s'affirme hégémonique, le couple du juriste colonial, qui fait la loi et construit le Congo, et du « macro -ingénieur », qui étend ses compétences à tous les aspects de la mise en valeur ».92(*)

Cette situation va se perpétuer, plus tard, « les indépendances africaines ont vu apparaître des états -civils sur le modèle français (ou belge) ».93(*) « Le passage de l'ethnie à la nation, au début totalement artificiel a bouleversé les populations africaines de manière beaucoup plus profonde qu'on ne l'imagine habituellement ».94(*) Ce fait fait justement suite, au tout début du XIX è siècle, à la découverte des systèmes de parenté matrilinéaire vus comme un choc par l'Europe. Tout cela à travers le développement de la circumnavigation et la découverte ébahie d'autres mondes à la différence bien plus radicale que ceux connus jusqu'alors -les Noirs d'Afrique, les Indiens d'Amérique, les indigènes d'Océanie. C'est aussi la considération des systèmes matrilinéaires par la théorie anthropologique qui a posé à la psychanalyse sa question la plus embarrassante : si le complexe d' OEdipe est bien universel ,s'il est vrai que tous les garçons du monde présentent des désirs incestueux envers leur mère, agressifs envers leur père, comment un tel complexe peut-il se manifester dans un monde où le véritable chef de famille est l'oncle maternel et non le père ; un monde où la véritable tension se situe entre frère et soeur et non mère et fils ? C'est en substance le contenu d'un célèbre livre de Malinowski (La sexualité et la répression dans les sociétés primitives, Paris, Payot, 1971) dont la publication a contraint les psychanalystes à toute une série de réfutations, tant théoriques qu'anthropologiques.95(*)

L'analyse s'étend à plusieurs autres concepts : l'ethnie, le développement, le sous-développement, l'Etat, etc. Mutuza Kabe considère que cet axe de recherche est un courant à part entière pour son importance persistante dans la philosophie africaine : « le courant de la réévaluation des concepts résulte du problème de l'acculturation et de la nécessité de traduire les réalités africaines dans les langues étrangères. (...) Nous ne prenons tous pas garde et nous continuons à nous servir de ces mots, alors qu'ils ne correspondent plus aux réalités nouvelles, nous parlons aujourd'hui de culture et de civilisation et nous les appliquons indistinctement et univoquement des concepts nés dans un contexte culturel défini à des sociétés et à des civilisations différentes, alors que nous reconnaissons le rôle déterminant que jouent dans la formation des idées, des cadres socio- culturels ».96(*) Il renchérit, « on a plaqué, avouent, les auteurs de l'histoire de l'humanité, sur le passé africain afin de le réduire à des schémas connus tout un vocabulaire emprunté à l'histoire européenne : Etat, Empire, Royaume, etc. (...) Leur adaptation réelle aux situations africaines qu'ils sont censés expliquer n'a jamais été sérieusement examiné. Ils portent d'ailleurs en eux-mêmes un poids de prestige ou de jugement qui leur confère un caractère quasi sacré et pourtant ils n'expliquent réellement rien de cheminement propre à l'Afrique ».97(*)

Outre des préoccupations strictement internes, la construction des hypothèses nouvelles rebondit par exemple dans « la problématique constructiviste de l'ethnie ainsi que les concepts qui lui sont liés - métissage, créole - trouve une application en Europe et aux Etats-Unis dans le cadre de la lutte contre le racisme et de la mise en avant des politiques reposant sur le multiculturalisme ».98(*)

Cette problématique touche, en effet, à la question des stratégies pour endiguer la « pauvreté » dans les pays riches en ce que « l'éventuelle introduction en France des critères ethniques dans les recensements- à l'image de ce qui se pratique déjà aux Etats-Unis - devraient permettre, selon ses partisans, de resserrer les mails du filet destiné à cerner et à traiter les poches de pauvreté et de handicap. Quoi que l'on puisse penser de son efficacité, ce nouveau dispositif s'inscrit dans le cadre de l'extension du domaine des « bio- pouvoirs » mis en place au XIXe Siècle dans le domaine de la démographie et de l'épidémiologie ».99(*) Ceci fait penser au projet de loi de l'ADN sur la question d'immigration en France.

En ce qui concerne l'histoire de l'Afrique Centrale en général, Jan Vasina souligne le fait que « d'un point de vue théorique les données ethnologiques peuvent être d'une grande valeur pour l'historien. Tout historien en effet, s'il veut faire oeuvre sensée, doit savoir comment se présente maintenant une culture donnée et comment elle se présentait juste avant la période coloniale. ( ...) La répartition des objets ou des complexes culturels et en particulier l'étude des « fossiles » culturels ou au contraire des « innovations » culturelles pourraient théoriquement fournir une mine d'informations historiques. Pourtant sur ce point les ethnologues manquent de méthodes appropriées ».100(*) Vansina émet l'hypothèse dès cette époque qu' « on ne pourra aboutir à des conclusions significatives que grâce à un usage conjoint et plus systématique des données linguistiques et des données culturelles ».101(*)

Pour Jan Vansina, « le concept de tribu est rarement défini. Les historiens omettent, dit-il, de distinguer entre la communauté politiquement souveraine, qui est politique et la communauté culturelle, qui est l'unité culturelle. L'historien imagine que la communauté culturelle est perpétuelle. Elle ne disparaître pas, elle ne s'altère pas au cours du temps, quoiqu'elle émigre et que l'on puisse repérer géographiquement les routes de ses migrations. Cette conception est absurde. Il n'est pas difficile de démontrer que les tribus naissent et meurent, et cela même sans déplacement de populations, changements importants dans les cultures objectives des communautés qui les composante ».102(*)Par exemple : « La question de l'interprétation des données brutes , poursuit Vansisna, fait usage d'une série de concepts fondamentaux concernant à la fois les entités (...) et les types ou les genres de processus qu'elles comportent. Tels sont les concepts de « tribu » (...) des « origines », des « migrations », et de « conquête » ».103(*)

Dans le Congo précolonial, pour Vansina, « l'exemple le plus frappant est le cas des Lulua. Avant 1890, il n'y avait que les Luba du Kasaï. Mais vers 1959 les Lulua et les Luba étaient tellement différenciés qu'ils engagèrent dans de violents conflits. Comment cela se produit -il ? Les premiers commerçants, Angolais et Européens, qui entrèrent au Kasaï donnèrent des sobriquets à la population qu'ils trouvèrent. Un de ces sobriquets survit : celui de Lulua(ou Luba kasaï). Mais la population se donnait à elle-même le nom de Luba, comme groupe situé plus au Sud jusqu' au Sud- Est de la rivière Lulua dans la région de Dibaya vers 1890 les raids de Ngongo Luteta et de Lumpungu, deux trafiquants d'esclave qui opéraient pour le compte de Tippu Tib, chassèrent de chez eux des milliers de membres de ces groupes du Sud -Est, qui gagnèrent Luluabourg où ils cherchent refuge auprès de l'administration. Ils furent installés par les Européens et bénéficient des premiers avantages de la vie coloniale : missions, l'école et hôpitaux. Très vite ils commencèrent à se sentir différents des habitants du pays, et ce sentiment partagé par ces derniers se cristallisa dans l'usage des termes Luba et Lulua ».104(*)

A quoi Vansina veut -il en venir ? En effet, dans des nombreux cas dit-il « ce n'est pas la tribu qu'il convient d'étudier. Les historiens sous-entendent souvent que les tribus ont une histoire et que l'histoire de l'Afrique centrale précoloniale est une histoire tribale. C'est ici que prévalent certaines notions trompeuses ».105(*) En effet : « Culturellement les royaumes peuvent être hétérogènes (...) ou inversement des unités politiques différents peuvent appartenir à la même culture ».106(*) Il faut donc discerner l'histoire culturelle de l'histoire politique. Il est convenable en histoire politique de ne pas étudier l'histoire de la tribu qui n'est pas une entité perpétuelle, d'étudier plutôt l'unité politique : royaume, village ou lignage. Dans la région culturelle Lunda, selon la classification de Vansina d'alors, nous avons les Mbagani (Bindji),Lwalwa, Sala Mpasu ,Sud Kete ,Noyau Lunda, Cokwe, Lunda de l'Ouest ,etc., mais entre 1500 et 1900 l'histoire est étudiée par lui au point de vue des entités politiques de base ,royaume ,village ou lignage, chefferie, etc. Les cartes ethniques subséquentes qu'il utilise sont culturelles à proprement parler ou politiques. « Plusieurs « tribus » du Haut -Katanga par exemple sont tellement semblables culturellement que du point de vue de l'histoire de la culture, elles peuvent être considérés comme si elles formaient une seule entité. Du point de vue de l'histoire politique, ce sont les chefferies qu'il convient de distinguer les unes des autres ».107(*)

Il est plus que révélateur en somme de savoir qu'une tribu peut être une construction telle que nous le constatons avec la tribu Lulua. Beaucoup de conflits contemporains, tel celui le plus énigmatique des tribus du proche Orient, frisent à plusieurs égards et de plusieurs côtés des réalités construites artificiellement. Il faut toutefois, à ce moment-là, assurer les droits y relatifs comme réalité désirable et moralement acceptable, susceptible de persister pour un ordre mondial durable.

Soulignons que pour Vansina, outre ce qui précède en ce qui concerne les royaumes de la Savane en Afrique centrale, « la plupart des documents écrits souffrent d'un défaut fondamental. Ils traitent d'événements vus par des yeux d'étrangers se trouvant souvent en conflit ou en compétition avec les peuples locaux ».108(*) A propos de l'histoire de l'Afrique centrale justement, Jan Vansina dans cet ouvrage qui est un des premiers en la matière, évoque entre 1963 et 1964 une seule difficulté principale mais fort importante : « il se pourrait en effet que la principale raison de notre ignorance présente soit l'absence générale d'intérêt pour l'histoire de l'Afrique, exception faite pour l'histoire des efforts européens accomplis sur le continent. Il en résulte, hélas, le sentiment tacite que, faute des sources, il est impossible d'écrire l'histoire de l'Afrique Centrale. Pareille impression est dénuée de tout fondement et l'objectif principal du présent ouvrage est de rompre avec toute une tradition de négligence, et de réfuter le sentiment aussi général que vague qu'en ce domaine il n'y a rien à faire ».109(*)

Outre cette difficulté qu'il tente de surmonter par ailleurs, l'auteur passe en revue « les sources sur lesquelles les historiens fondent leurs travaux, et (...) certaines des notions de base qu'ils utilisent dans leur interprétation ».110(*) En effet, « l'historien de l'Afrique centrale s'appuie essentiellement sur cinq espèces différentes de sources : les documents écrits, les traditions orales, les données archéologiques, les preuves linguistiques, et les données relevant de l'anthropologie culturelle ».111(*)

Les auteurs comme Karl Marx, Claude Lévi-Strauss, Jürgen Habermas ou Cheick Anta Diop, pour ne citer que ce dernier africain, et autres se situent au point de vue général de l'anthropologie physique et sociale, qui intègrent le structuro-fonctionnalisme et le néo-évolutionnisme. C'est là la difficulté qu'évoque Jan Vansina.

Nous devons quitter irréversiblement les approche structurales a temporelles (fonctionnalisme, structuraliste, systémique, cybernétique, actionnisme, etc.) pour nous plonger dans le temps de régime d'historicité longue et africaine, pour nous en sortir, nous coupler surtout avec une foi inébranlable à la théologie de libération ancrée en Moïse et au livre d'Exode.

Le débat porte aussi sur l'historiographie, la manière d'écrire l'histoire : « Ernest Schulin conclut son instruction panoramique de l'historiographie globaliste contemporaine en constatant que l'histoire en général n'est plus conçue comme un continuum, comme un déroulement ou un processus qui serait toujours le même, des origines à nos jours. Ces conceptions évolutionnistes seraient donc dépassées. Pour Schulin seules deux approches de l'histoire universelle seraient légitimes :d'une part le comparatisme typologique qui prendrait pour objet des structures générales ,comme c'est le cas des travaux de Max Weber,( ...),et d'autre part une historiographie qui se donnerait des limites spatio-temporelles pour analyser seulement certaines cultures(et leurs relations )en tenant compte ,cependant ,des interconnexions sur le plan mondial et des contraintes propres à chaque système qui les affecteraient ».112(*)

Les avis de Vansina sont presque péremptoires, « En ce qui concerne la région qui fait l'objet de notre étude, l'Afrique centrale en l'occurence, le travail anthropologique effectué jusqu'à présent est lacunaire. (...) Dans l'ensemble donc, il reste beaucoup à faire en anthropologie ».113(*) C'est une visée primitiviste passéiste. Outre les méthodes anthropologiques à améliorer, Jan Vansina évoque une fois de plus des concepts fondamentaux pour l'histoire de l'Afrique centrale, spécialement des Royaumes de la Savane- Luba -Lunda. Ces constructions ont laissé proliférer un complexe indéracinable des tribus démographiques plus populeuses au Kasaï (devenues prestigieuses du fait de nombre : Luba et Lulua) et des « peuplades » (tribus démographiquement petites : Chokwe, Mbaghani, Salampasu, Lulua, Mpende du Kasai, Kuba, etc.) restées à jamais arriérés du fait de nombre !

Au Rwanda, Claudine Vidal, tente de montrer, « comment l'imaginaire (la Raison) anthropologique travaille à détemporaliser une formation sociale et, de ses déterminations présentes, fabrique un passé mythifié en figures idéales : elles se conjurent sans peine au présent ethnologique. (...) C'est ainsi que Tutsi et Hutu, transformés en substances, ne possèdent plus d'autres réalités que de manifester une structure de caste, ou un modèle féodal, cela dépend des auteurs. »114(*) Il y a confusion des unités cultuelles (Rwandais et Burundais parlent une même langue) et des unités politiques (monarchie, modèle féodal, royaumes précoloniaux, etc.).

Pire encore, il faut savoir que l'American Anthrologist reconstruit la figure de l'Indien sauvage, ses institutions, sa différence, à partir d'observations réalisées dans les réserves où sont définitivement confinés les survivants. Les opérations mentales sur lesquelles repose cette démarche de réinvention « d'une primitivité marginale », qui n'aurait pu voir le jour avant cette réduction définitive, reposait sur un accord tacite de la profession « l'autorisation qu'elle se donnait de décrire comme primitives les situations non- conformes à sa quotidienneté ».115(*) C'est une psychologie primitiviste qui envahit l'entreprise colonisatrice.

Les sciences actions : des programmes communs de recherche en sciences sociales

La théorie de l'action part justement de l'analyse des limitations contextuelles par principe inhérentes à chaque science sociale. La crise est consubstantielle à chaque société - chaque anti -thèse et chaque thèse engendre une nouvelle synthèse précaire faite des nouvelles contradictions pour parler comme Marx -, elle est comme telle permanente à chaque degrés de développement, quel que soit le niveau. Les sciences sociales chaque fois rénovées devaient convenir à des contextes historiques différents. La crise financière et celle de l'endettement en Europe aujourd'hui, nous montrent les limites de la science sociale européenne née dans des contextes différents. Tout dépend du stade de développement de la formation sociale considérée. Les nouvelles situations sont à conquérir par une science sociale toujours à se rénover.

Quand on suit les analyses pertinentes de Maesschalck ,le programme de la sociologie des sciences est basé sur la symétrie des événements et le pouvoir de traduction (de conformité) du lien entre la science, le discours, l'objet, la nature et la culture. C'est ce qu'on appelle la rencontre de l'inter-objectivité (le parlement des objets) avec l'intersubjectivité.

La traduction d'une entité dans l'autre est déterminée par l'effet d'association, d'intéressement et d'enrôlement que produit le processus vital (Arendt). Le processus vital attire les facteurs du processus et les unifie. Ainsi, la recherche -action est une stratégie d'enrôlement par intéressement. L'habitus qui se situe au coeur de la recherche -action en tant que opérateur réflexif est pratique et vital, elle intéresse parce qu'elle conditionne la vie. C'est une tactique pour l'intéressement. Dans les opérations des actants non humains sont enrôlés au même titre que les humains pour servir de médiateur à la recherche -action. Il y a l'effet de limitation réversible parce que la transformation des intérêts de l'enrôlé s'accompagne d'une transformation de l'objet de recherche en fonction de l'interprétation des enjeux de l'intéressement comme le dit Marc Measscalck.

Il s'agira ici de tabler plus sur le mode d'intervention et des stratégies susceptibles d'agir sur le phénomène de groupe. La recherche -action atteint un palier dès qu'il parvient à fixer un premier programme et peut tenter de la reproduire à grande échelle. La stabilisation de l'objet de recherche permet quant à elle à un deuxième niveau de croiser une exigence de constance séquentielle du cadre d'opération avec l'exigence de transférabilité du réseau à grande échelle.

Pour illustrer, nous nous sommes intéressés à des travaux intéressants menées par le professeur Marc Maesschalck, dans le cadre de l'éducation des adultes. Maesschalck est professeur à l'université catholique de Louvain, et travaille sur les théories de la norme et de la gouvernance. Il a écrit plusieurs articles là-dessus116(*). Ses recherches se situent à la fois dans le domaine de la pratique sociale et dans le domaine de la recherche théorique dans la convergence entre les sciences sociales.

Du côté de la pratique sociale, il s'agit de la formation des adultes destinée à des interventions en alphabétisation, en insertion professionnelle, en médiation interculturelle, en éthique clinique, etc. Ces champs sont notre axe pratique dans notre recherche. L'ajustement de la recherche dépend d'un choix par rapport à une interprétation constituée, alors que l'ajustement des intérêts vise à une réévaluation de ceux-ci en les dépossédant de leur détermination du résultat de la recherche.

Dans l'habitude il n'y a pas de nouveauté, l'habitus tient compte de la nouveauté. Il s'agit de voir à chaque fois la cohésion du contexte historique des événements. La recherche -action consiste à trouver cet élément médiateur qui lie le discours (science), l'objet, la nature et la culture au lieu de se contenter des ajustements partiels. Il faut dans la recherche chercher là où la coupure est introduite. Par exemple, les normes produites obéissent à l'état de la mise en oeuvre de la technologie sous - jacente à l'époque considérée. L'oralité, l'écriture, la radio, la télévision, l'internet, impriment à la société chaque fois des rythmes différents. La question à poser est celle de savoir circonscrire les limites contextuelles, parce que le discours (scientifiques) sont , pourront-ont dire , particuliers à l'évolution de chaque société.

La pluralité théorique est un problème tant qu'elle se définit comme un horizon simplement nominal de l'agir scientifique : une célébration esthétique du savoir à grande potentialité d'action et non d'action réelle. Ce type de savoir est celui qui s'auto- représente dans sa validité en tant que concept nominal. Il faut séparer l'activité de représentation (plan nominal) de l'activité d'effectuation (plan réel).

La recherche - action reprend l'hypothèse de la traductibilité entre objet-discours-nature-culture. Il faut chercher ainsi la ligne de partage où la réflexion procède à l'idéalisation des composantes stratégiques en les séparant de l'incertitude du calcul qui les traverse dans leur effectuation. En effet, l'idéalisation des stratégies d'insertion n'est jamais que rétrospective et cet idéalisme appartient à la science en acte comme pouvoir organisant.

La science en action n'apparait qu'à travers ses traductions dans des réseaux associationnistes de pouvoir de solution. Sans cette traductibilité, la science ne pourrait s'effectuer socialement ni prétendre à une fonction sociale, elle est éprouvée inefficace par tous, au Congo on dirait « les intellectuels ont abimé le pays ».

Il s'agit de savoir quelles stratégies (actions stratégies) mettre en oeuvre pour sonder le lien et le lieu profonds qui soudent l'objet - le discours - la nature - la culture. On ne peut s'arrêter à la considération d'une science ambiante en puissance (purement acceptable selon des critères qu'elle contribue elle -même à forger), sinon passer à la science en acte, celle qui se traduit dans la réalité sociale et vise concrètement son acceptable. La science n'est identifiable que dans la traduction de sa validité, comme savoir-action ou savoir en acte.

La tâche de la recherche -action est aussi celle de réfléchir sur la maitrise - servitude à l'équilibre précaire. La science pour les hommes et non la science pour la science. Nous devons ici interroger le rôle médiateur des savoirs.

Nous vivons à notre époque avec une pluralité des savoirs sans traductibilité, marginalisant ainsi les limites contextuelles et privilégiant une vision idéaliste de la science. Ces sciences potentielles pullulent en Afrique. L'exigence de traductibilité des savoirs renvoient à leur insertion dans les limitations contextuelles se servant ainsi de la voie d'une traduction de l'opération réflexive de la production, de la religion, de l'idéologie selon le cas.

L'opérateur réflexif est pour Karl Marx formé des facteurs de production, de la base économique, le fondement de l'unification et de génération. Une dernière instance dans le processus de génération et de l'unification. Les autres auteurs instituent la notion de « monde vécu » (l'habitus) comme opérateur d'unification et de génération. Habitus : l'action de la science, et liaisons symboliques ou moyen de l'opérateur réflexif. La coupure entre l'objet et son réseau socio -technique est une vue purificatrice de l'esprit qui n'est possible qu'en certains moments privilégiés de l'histoire d'un processus de traduction nature/ société/ culture/ objet/discours.

La recherche nous permet de normaliser (ou relativiser) les prétentions normatives des sciences sujettes à toutes les époques. Entre nature et société il n'y a pas de frontière déterminable a priori. Le problème d'une limitation concrète à partir d'un conflit de catégories historiquement situable devient un problème de limitation en soi. Sans percevoir la limite, la science devient un simple emballage du langage. L'évaluation des pratiques discursives condamnés à n'être que des « objets évanescents » fabriqués pour refléter son certitude face à l'histoire quant à elle bien réelle.

La recherche vise la fabrication d'un savoir positif qui tient compte d'une conception procédurale de la nature ou de la société. L'acceptation d'une discipline ultime est postulé problématique par le sens de la proceduralisation. Les ordres normatifs constitués semblent du fait des changements se dissoudre et sont ramenés à l'indétermination de leurs conditions d'émergence ou de fixation. Le proceduralisme historique des sociétés est la condition de l'interdisciplinarité même.

Lorsqu'on prend le chemin de l'effectuation, on ne peut se contenter d'un schéma idéaliste de perfomativité des représentations normatives. Pour s'effectuer, toute entreprise scientifique est tenue de traverser et de transformer un milieu tout autant que celui d'ailleurs l'assimile et la traduit (le transfert de technologie et de la science où s'imbriquent science et contexte, histoire et réalité sociale pour permettre un impact social à grande échelle.

La recherche- action égale la réflexion, un point d'équilibre dans un processus d'effectuation de la réflexion-action. Un point d'équilibre qui permet de ressaisir un réseau d'association et de substitutions d'humains et de non humains qui ont permis de traduire et de transformer un objet de recherche en objet social reconnu. Le problème ce que l'objet se détache comme un avant-plan sur l'avant-plan sur l'arrière-plan de la foule de ceux qui le soutiennent.

La culture est une production des techniques mises en oeuvre à un moment donné. Qu'est-ce qui nous obligent à faire intervenir l'interdisciplinarité en science sociale ? L'exigence de l'interdisciplinarité en Afrique et dans le monde est réelle, face à l'incapacité relative des sciences sociales de se renouveler rapidement et de donner des réponses aux crises à chaque contexte historique nouveau. Ce contexte change suite au changement d'infrastructure de production des biens symbolique ou matériels.

La situation crée un nouvel équilibre qui demande d'intégrer les savoirs constitués à la nouvelle réalité. Ce savoir constitué au sein d'un ensemble des principes discursifs (issus de ces rationalités toujours limitées aux contextes historiques anciens) de l'intersubjectivité du monde de l'action.

Récapitulons. Quelles sont les concepts qui peuvent assurer l'interdisciplinarité de la théorie sociale aujourd'hui ? Nous allons essayer d'analyser dans un cadre interdisciplinaire trois notions qui sont aujourd'hui au point de départ de trois paradigmes fondamentaux en science sociale.

Le point de départ de cette théorisation est justement la doctrine de « tout et ses parties » : le tout renvoie à la primauté de la structure et les parties aux actions sociales ou aux comportements. Le « tout » c'est la structure (l'organisation, le groupe) et la « partie » c'est l'action ou le comportement humain inhérent. Il s'agit donc de ces notions dérivées de structure, de l'action et du monde vécu (ou habitus) tenter de modéliser l'activité sociale, comprendre tout ce qui se fait dans la société mais qui traverse la culture et la personnalité. La notion de monde vécu s'incruste entre la totalité et l'individu.

Les trois notions sont la base des programmes multidisciplinaires en science sociale dans une perspective aussi bien d'une méthodologie qualitative que d'une méthodologie quantitative et statistique. Nous privilégions l'approche qualitative. Le paradigme de l'action est une réaction au paradigme structural pour introduire dans le modèle d'analyse la notion de l'intentionnalité. La structure ou le système induit un modèle abstrait qui consacre la primauté de la totalité en science sociale sans intentionnalité des agents, ils sont considérés comme simples patients.

Toutefois, les théories générales actionnistes sont élaborées dans le cadre spécifique : ou bien elles font parties des théories du choix pur (ou rationnel) , ou bien elles restent dans le cadre catégoriel de la théorie de l'action, ou elles font partie d'une science générale du comportement ».117(*) Le « monde vécu » se définit comme la base d'un programme de recherche multidisciplinaire en sciences sociales et humaines qui englobe les deux autres paradigmes. A propos, les deux paradigmes dominants en sciences sociales : celui de l'action (la théorie du choix rationnel et le cadre catégoriel de l'action) et celui du système (le fonctionnalisme, le structuralisme, et autre cybernétique) se reconstruits dans le paradigme de monde vécu. Tous ces trois paradigmes présentent une base théorique très large d'une pratique interdisciplinaire des sciences sociales.

* 72 Léon de SAINT MOULIN, « Histoire de l'organisation administrative du Zaïre », in Zaïre- Afrique ,Vingt-huitième année, N° 224, p.197.

* 73 Claudine VITAL cité par Marc PONCELET, Sciences sociales, colonisation, p.258.

* 74 Marc PONCELET, Sciences sociales, colonisation et développement ; une histoire sociale du siècle d'africanisme belge, thèse, Université de l'Ille, p.254.

* 75Ibidem, p.422.

* 76 Voir Jürgen HABERMAS, Après Marx , traduit de l'allemand par Jean-René Ladmiral et Marc B.de Launay, Hachette Littérature, Suhrkamp , 1976, Librairie Arthéme Fayard,1985, Paris, p.147.

* 77Ibidem, p.420.

* 78 Voir Marc MAESSCHALCK, MAESSCHALCK Marc, Normes et contextes, OLMS, Hildesheim -Zürick- New York, 2001,p.159.

* 79Ibidem,p.159.

* 80Ibidem.

* 81Ibidem, p.256.

* 82Ibidem,p.24.

* 83Ibidem,p.83.

* 84Ibidem,p.159.

* 85Jan VANSINA, VANSINA Jan, Les anciens royaumes de la savane, les états des Savanes méridionales de l'Afrique Centrale des origines à l'occupation coloniale, 2è édition, Presses Universitaires du Zaïre, Kinshasa, 1976, p. 183.

* 86 Marc PONCELET, Sciences sociales, colonisation et développement, p.285.

* 87Ibidem, p.284.

* 88 Marc PONCELET, Sciences sociales, colonisation et développement, p.417.

* 89Ibidem, p.417.

* 90 Jean-Michel BERTHELOT, « Les sciences du social », dans Epistémologie des sciences sociales, Puf, Paris, 2001, p.227.

* 91Ibidem, p.227.

* 92 Marc PONCELET, Sciences sociales, colonisation et développement, p.254.

* 93 Rodolphe GHIGLIONE et Jean -François RICHARD (Dir.), Cours de psychologie, 3 e édition, Dunod, Paris, 1999, p.19.

* 94Ibidem, p.19.

* 95Ibidem.

* 96 Raymond MUTUZA KABE, De la philosophie occidentale à la philosophie negro- africaine ; apport des philosophes zaïrois, Universitaires Africaines et Arc-en-ciel, Kinshasa, 2006, pp.247, 268.

* 97Histoire de l'humanité, Unesco, Paris, 1969, pp.727-757, cité par Raymond MUTUZA KABE, De la philosophie occidentale à la philosophie negro- africaine ; apport des philosophes zaïrois, Universitaires Africaines et Arc-en-ciel, Kinshasa, Kinshasa, 2006, P.268.

* 98 Jean -Loup AMSELLE et ELIKIA M'BOKOLO (Dir.),op.cit. ,p. VIII.

* 99Ibidem ,p. IX.

* 100 Jan VANSINA, Les anciens royaumes de la savane, les états des Savanes méridionales de l'Afrique Centrale des origines à l'occupation coloniale, 2 è édition, Presses Universitaires du Zaïre, Kinshasa, 1976, p.13.

* 101Ibidem, p.14.

* 102Ibidem, p.16.

* 103Ibidem,p.15 .

* 104Ibidem, p.16.

* 105Ibidem, p.15.

* 106Ibidem, p.16.

* 107Jan VANSINA, Les anciens royaumes de la savane, p.16.

* 108Ibidem, p.10.

* 109Ibidem, p.7.

* 110Ibidem, p.8.

* 111Ibidem, p.10.

* 112 Jürgen HABERMAS, Après Marx, p.166.

* 113Ibidem, p.14.

* 114Ibidem,p. 182.

* 115Ibidem, p.258.

* 116 Voir Marc MAESSCHALCK et Christian BOUCQ, « Méthodologie d'action locale avec un groupe », in L'esperluette (Les fiches pédagogiques n° 29), n°32, avril-mai-juin 2002.

* 117 Jürgen HABERMAS, Logique des sciences sociales et autres essais, Puf, 1987, Paris, p.61.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius