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La persistance des sciences sociales coloniales en Afrique

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par Jean Barnabé MILALA LUNGALA
Université de Kinshasa RDC - Doctorat 2009
  

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La science et les pauvres

Les questions des misérables et des pauvres à grande échelle ne sont toujours pas résolues en Afrique, ceci contraste avec la production industrielle et la surabondance issues des techniques agricoles et de sciences de management de plus en plus affinés dans les pays occidentaux ou des pays d'obédience occidentale. Les institutions internationales ont suggéré l'appui des sciences sociales et humaines en Afrique, mais la situation reste mitigée, pourquoi pas alarmante ? Les sciences pérennisent -elles sinon aggravent-elles la situation des pauvres ? De quelle science s'agit -t-il ? Que faut -il faire face à cette situation sociale de l'Afrique qui s'empire ?

On remarque que d'un point de vue de l'histoire des sciences sociales et humaines, l'Afrique a gardé contradictoirement la dynamique perverse impulsée depuis par les sciences coloniales. Où la vie familiale s'identifie encore aux souffrances structurelles, à une pauvreté économique, sociale et psychologique, produits des constructions des identités précarisées et des tendances démographiques explosives des villes coloniales. Ce qui préoccupe, pour être plus concret, c'est par exemple la nature du travail qui souvent est précaire en ce qu'il favorise la construction sociale de soi et des itinéraires de réussite individuelle coupées des ressources culturelles collectives sur fond de besoin accru de reconnaissance par l'Occident de tout ce que nous faisons.

La mobilité sociale en Afrique ne dépend pas de la réussite scolaire sinon de la chance, ceci a amené à de changements drastiques des valeurs et à l'émergence de la violence généralisée et celle des jeunes laissés à eux-mêmes.119(*) Les villes africaines constituent un univers où la vision de l' « autre » est de plus en plus négative : où l' « autre » est ressortissant d'une autre tribu ou d'une autre ethnie (déjà le Congo est une mosaïque des tribus, plus de 400 en tout), et donc de moins en moins solidaires. D'où de nouvelles formes émergentes d'exclusions, sources d'inégalités sociales.

Dans les grandes cités africaines la réalité sociale présente une sorte de généralisation de la violence explosive, perçue au niveau des jeunes seulement comme la pointe de l'iceberg, une violence qui est au fond collective. On observe de plus en plus une collaboration inédite du policier avec des jeunes déviants qui extorquent par la violence, ils se partagent les fruits de la besogne avec le policier ! Disons, une autre réalité sociale que le temps colonial n'a pas produite directement, mais sa base lointaine. Le surgissement de nouveaux phénomènes sociaux étonnent.

Cette généralisation est comprise au sein même d'une vie cantonnée dans des espaces marginalisés et discriminés ; les jeunes citadins dorment de plus en plus à la belle étoile campés dans des carrefours - ce sont là des lieux de solidarités perverses et perverties investis par des enfants-soldats mal démobilisés - des lieux qui font émerger des prises de risques inimaginables et inédites de coupeurs de bras. Cette forme de violence est paradoxalement la recherche de la valorisation de l'image de soi. La succession des événements tragiques semble avoir produit des hommes et des jeunes nouveaux, et des interactions inédites ces dernières vingt années.

Comment psychanalyser ces nouveaux hommes que nous sommes ?

Il y a deux grandes figures de violence ici, une inscrite dans une violence pour obtenir des gains matérielle et l'autre pour l'obtention de gains symboliques de reconnaissance de soi. La spécificité ,au demeurant, est l'émergence de nouveaux types d'hommes , des femmes et des jeunes qui vivent sur le fil et de nouveaux « espaces publics » où se construisent de nouvelles identités urbaines, en milieux pauvres des bidonvilles où s'expriment la violence sociale, devant l'inefficacité totale des politiques publiques.

Comment d'un point de vue de l'histoire des sciences en Afrique comprendre ces problèmes ? En particulier, le ressort profond de comportements des vieux et des jeunes dans ce contexte ? Et l'avenir du continent ! La dynamique sociale lance chaque fois de nouveaux défis. Il y a sommes toutes des causes lointaines liées à la persistance de la souffrance sociale et des causes proches liées à un univers mental, langagier et interactif local pervertis.

Les sciences et les technologies sont les premières forces de production. Quelle recherche scientifique lancée dans la mesure où c'est la science coloniale d'abord et néocoloniale ensuite elles-mêmes qui sont d'un point de vue épistémologique en question ! Y.V.Mudimbe présente correctement la question. Comment faire face dans l'urgence à ces problèmes complexes ? Nos universités sont certes elles-mêmes en question, dans quel sens ? Dans quel sens approcher ces questions dites épistémologiques profondes ? Telle est notre problème.

Au lieu de miser habituellement sur les aspects psycho -sociaux de la pauvreté qui en sont les conséquences ultimes, nous essayons de cerner les principales caractéristiques du champ de leur production. Poser la question de savoir : comment faudrait -il envisager l'appropriation intrinsèque du pouvoir des sciences et des techniques par les individus eux-mêmes et les collectivités elles-mêmes, comme aspects prioritaires pour que les gens se prennent fondamentalement en charge eux-mêmes en se pensant autrement ? Quelle est l'action radicale, en tant qu'elle ne peut être que scientifiquement à construire pour agir sur les déterminants de cette pauvreté que l'on combat par les Etats modernes ? Les conséquences ultimes en sont : l'état de la pauvreté psycho-social, de la pauvreté monétaire et de la pauvreté de précarisation des relations sociales ? Comment envisager une action scientifique intersectorielle comme ressources ?120(*) Ne faut-il pas recourir à l'utilisation de stratégies et de méthodes d'intervention des sciences des sciences : de l'épistémologie, de l'histoire des sciences et de la philosophie des sciences.

* 119 Voir Pascale JAMOULE, Des hommes sur le fil, construction de l'identité masculine en milieux précaires, La Découverte/Poche, Paris, p.14.

* 120 Henri DARVIL, Robert MAYER, Les problèmes sociaux - Tome I, Théories et méthodologies, Sante - Foy, Québec, Canada, Presses de l'Université du Québec, 2001,2OO7, p.159.

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