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Impacts environnementaux des réfugiés autour des zones conflictuelles en Afrique de l'ouest

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par Abdoulaye DIALLO
Université Ouaga I Pr Zoseph KI-ZERBO - Master II recherche (Gestion des Ressources Naturelles) 2015
  

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IV-3 : LE RISQUE ENVIRONNEMENTAL REPRESENTE PAR L'ARRIVEE DES REFUGIES MALIENS EN 2012 AU BURKINA FASO

La dégradation de la situation sociopolitique au Mali en 2012 a entraîné un afflux massif de 145 000 réfugiés dans les zones déshéritées du Niger, de la Mauritanie et du Burkina Faso. Ces réfugiés en 2013 étaient estimés à 48 731 individus sur le sol burkinabé. Ils sont pour la plupart des pasteurs qui ont trouvé asile avec leurs troupeaux (54 488 têtes) dans le Sahel, région frontalière du Mali (VSF, 2012). Cette arrivée continue de réfugiés suscite quelques inquiétudes car l'état de l'environnement « naturel » de la région sahélienne du Burkina est également complexe car influencé, depuis ces dernières années par des changements climatiques et végétaux et un impact humain qui n'est pas lié à la présence de réfugiés. Les périodes de sécheresse successives qui touchèrent, surtout dans les années 70 et au début des années 80, le domaine sahélien, n'épargnèrent pas, le Sahel burkinabé et sont considérées aujourd'hui comme faisant partie d'un processus de « désertification » dans une zone écologique déjà fragilisée (TOUSSAINT R et al., 1994).

IV-3-1 : LES IMPACTS BIOPHYSIQUES DES REFUGIES MALIENS DANS LA REGION DU SAHEL AU BURKINA FASO

Au regard de la fragilité des écosystèmes sahéliens, les impacts environnementaux majeurs liés à la présence de réfugiés pourraient se traduire par la dégradation des ressources naturelles dont la végétation, les sols, les eaux et la pollution. Cette dégradation concerne à priori les formations végétales qui vont subir les assauts des troupeaux et des prélèvements divers (pâture, bois d'énergie, bois d'oeuvre). En tenant compte de la capacité de mobilité du troupeau, une aire d'emprise a été circonscrite autour des principaux points de cantonnement du bétail des réfugiés. Cela permet de délimiter des zones dont les ressources environnementales sont assujetties à une menace de dégradation.

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a) Impacts des réfugiés sur les ressources végétales et foncières

Les besoins en énergie domestique dans les sites d'accueil des réfugiés augmentent les prélèvements des ressources végétales des forêts classées de Nassoumbou dans le Soum et le Séno, Mango dans l'Oudalan qui demeurent les principales sources d'approvisionnement. En outre, la pâture du bétail dans ces réserves peut porter un préjudice à la vitalité, voire la survie des espèces floristiques appétées (acacia) par le troupeau.

Tableau 10 : lieux d'approvisionnement en énergie des populations dans la région du Sahel

Source : données d'enquête UNHCR/FAO, 2013

Que ce soit les réfugiés ou les autochtones, le lieu d'approvisionnement en énergie est dominé par la brousse suivi des marchés. Les autres sources sont constituées par le gaz naturel, le biogaz et le charbon de bois.

L'augmentation des effectifs du cheptel dans la zone sahélienne a créé un accroissement en besoin alimentaire (fourrage, sous-produits agricoles et agro-industriels) et en eau d'abreuvement. Les producteurs autochtones expliquent que la situation s'est davantage dégradée cette année (2013) à cause de l'arrivée d'un cheptel trois fois plus nombreux que les leurs et de l'impossibilité de faire la transhumance vers le Mali due à la situation d'insécurité qui y prévaut. Et sachant que les ressources alimentaires n'ont pas évoluées, la présence d'un plus grand nombre d'animaux joue négativement sur les ressources naturelles. En effet, on enregistre un colmatage du sol par piétinement sur les meilleures zones de pâturage et les points d'abreuvement. Les bergers réfugiés connaissent très peu la zone et les craintes de se perdre ou de subir des vols les poussent à occuper durablement leurs zones de pâture avant de passer à un autre site. Cette situation provoque localement un grand dommage au sol et à la végétation car elle conduit à l'imperméabilisation du sol et au non recharge des nappes par infiltration. Et sur un tel sol dépourvu de végétation, le ruissellement appose son emprise avec ses corollaires de la dynamique érosive (décapage, ravinement, perte de fertilité) (FAO, 2012).

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Photo 7 : colmatage du sol autour de la mare d'Oursi

Source : données d'enquête UNHCR/FAO, 2013

Le colmatage du sol autour de la mare d'Oursi est dû au séjour prolongé de quantités

importantes d'animaux autour du point d'eau.

b) Impacts des réfugiés sur les ressources hydriques et fauniques

Selon certaines sources du HCR, des pénuries d'eau ne manquent pas, particulièrement à Dibissi, Déou et Gountouré-Gnégné. Cela se constate sur le terrain avec le tarissement précoce des mares (Damba et de celle de Férerio). De même, l'état défectueux des deux forages à Déou amène les populations locales et les réfugiés à s'approvisionner à un château d'eau à Ayagoro situé à 5 km du village. Les points d'eau naturels comme les mares (Oursi) connaissent également une pression (hommes et cheptel) qui réduit le temps de disponibilité en eau, augmente les risques d'envasement et de dégradation des terres en bordure de ces points d'eau. Par ailleurs, l'avènement des troupeaux de réfugiés a occasionné un certain brassage avec ceux du Sahel et a fortement joué sur la situation épidémiologique. Il ressort des cas de pasteurellose et de charbon symptomatique dans certains sites qui sont liés à l'utilisation de produits vétérinaires prohibés et l'automédication. Ces pratiques sont courantes au Mali et ont été apportées sur les sites (VSF, 2012).

c) Mauvaise assainissement et planning autour des camps de réfugiés

La pollution environnementale, par les déchets plastiques, omniprésente dans toutes les contrées du Burkina Faso, risque d'être exacerbée dans les sites d'accueil des réfugiés par

les habitudes qui s'installent peu à peu autour des camps. On n'y constate effectivement que tous les emballages des divers produits alimentaires et autres mis à la disposition des familles sont systématiquement rejetés dans la nature en dépit de la présence de certains dispositifs de collecte. Il est à craindre qu'avec les fortes averses dans la localité, toutes ces immondices soient drainées dans les cours et retenues d'eau, ce qui pourrait précipiter leur comblement. Aussi, le système d'organisation des camps ne tient pas compte des méthodes d'élevage des réfugiés, grande consommatrice d'espace. Le fait de regrouper ces derniers dans des camps tels que Goudébo et Mentao est très dommageable aux éleveurs et particulièrement les grands propriétaires de bétail. Ces zones sont peu fournies en pâturages (UNHCR, 2013). En outre dans cette région du Sahel, l'augmentation des effectifs du cheptel a entrainé une modification du circuit de pâturage. Face à la pression et à l'incapacité de faire la transhumance vers le Nord Mali, certains éleveurs envisagent se rediriger vers les pâturages du Sud en zone soudanienne.

Photo 8 : déchets plastiques jetés dans un drain autour du camp de Mentao

L

Source : données d'enquête UNHCR/FAO, 2013

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Les déchets plastiques au niveau des camps sont accumulés près des tentes et jetés ensuite dans la brousse ou dans des drains autour des camps comme c'est le cas de Mentao. Les déchets s'y accumulent et gênent le passage de l'eau en hivernage.

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IV-3-2 : IMPACTS HUMAINS DES REFUGIES DANS LE SAHEL BURKINABE

d) Mésententes entre populations locales et réfugiés

Des actions urgentes doivent être entreprises à travers la multiplication des points d'eau (puits, forages, micro-barrages). Si rien n'est fait, des mésententes pourraient naître tel que ce fut le cas dans le village de Bouro entre éleveurs réfugiés et autochtones pour l'utilisation d'une mare (UNHCR, 2012). L'ouverture du forage de Christine pourrait, à court terme, résorber un peu la pression autour des points d'eau et des pâturages. Il y aussi le risque de conflits fonciers avec les paysans locaux qui veulent semer leurs champs, qui sont dans la famine alors qu'on distribue la nourriture aux étrangers, et qui aussi, bloqué dans le pays avec leurs troupeaux peuvent les conduire à côté des champs cultivés.

e) Insécurité et forte spéculation dans la région du sahel

Selon le Haut-Commissaire de la province du Soum, on ne peut exclure la présence d'islamistes sur le territoire mais dit s'occuper de la sécurité des réfugiés et des habitants. Cette révélation demeure une menace pour la sécurité nationale pour peu que ces réfugiés constitués à majorité de jeunes en âges de combattre se mettent à faire des revendications envers l'Etat burkinabé. De même, selon une jeune institutrice à Djibo, l'arrivée des réfugiés a entrainé une explosion des loyers, des prix des denrées de première nécessité et une baisse tarifaire du cheptel, des produits animaux et artisanaux que beaucoup de réfugiés mettent sur le marché.

Par ailleurs, l'offre éducative n'est pas suffisante dans les camps de réfugiés. Et pour cela, l'agent humanitaire Thierry Agagliate de l'ONG Terres des Hommes disait : « l'éducation n'est pas une priorité dans les interventions d'urgence auprès des réfugiés maliens et il faut agir maintenant afin de prévenir la création d'un bataillon d'enfants soldats ». Des conditions de vie difficiles et la perte de l'identité culturelle diminuent la stabilité sociale. On note également des problèmes religieux et sécuritaires à l'intérieur des grands camps avec les différentes tendances islamiques et la présence de coupeurs de route et de présumé djihadistes.

Dans l'exploitation des ressources pastorales, il a cependant été noté jusque-là (2013) une cohabitation pacifique entre les réfugiés maliens et les populations des sites d'accueil.

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Très peu de conflits entre réfugiés et autochtones en lien avec l'exploitation des ressources fourragères ou hydriques ont été enregistrés dans les zones administrées par le HCR. Certains partenaires du HCR ont perçu les enjeux importants et prennent en compte les populations hôtes dans les actions humanitaires. En effet, les organisations telles que Vétérinaires Sans Frontières et l'ONG Help (à travers le financement de l'UNHCR) mènent des plaidoyers pour une cohabitation pacifique entre réfugiés et populations hôtes dans le partage des ressources.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius