WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Impacts environnementaux des réfugiés autour des zones conflictuelles en Afrique de l'ouest

( Télécharger le fichier original )
par Abdoulaye DIALLO
Université Ouaga I Pr Zoseph KI-ZERBO - Master II recherche (Gestion des Ressources Naturelles) 2015
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

IV-2-2 : IMPACTS HUMAINS DES REFUGIES A BUDUBURAM

c) Conflits fonciers entre autorités locales à Buduburam

L'expansion du camp a également fait rejouer le conflit foncier déjà existant entre les chefs traditionnels N. K. Koranteng III et son rival Nana Kojo Essel II dans le village de Buduburam. En effet, le camp manager comme le président du comité se sont adressés à ces deux autorités pour répondre à l'afflux des réfugiés et des rapatriés ghanéens. Ils ont ainsi relancé la rivalité foncière entre les deux hommes qui estiment être tous deux les détenteurs de l'autorité clanique sur les terres du stool préemptées pour la création du camp. La restitution des terres acquises de façon provisoire par la puissance publique fait augurer la réémergence de ce contentieux entre les deux chefs. A l'instar du camp, le village de Buduburam dans la banlieue de Kasao, a lui aussi connu une importante croissance démographique et spatiale. D'après le recensement de 1984, il ne comptait que 463 habitants alors qu'il y en avait 18 713 lors du recensement de 2000 (BOAMAH-GYAU K, 2000). Ce chiffre fait de Buduburam une ville du point de vue administratif et la plus importante ville du district auquel elle est rattachée depuis 2008, Gomoa East.

d) Les impacts socio-politiques des réfugiés à Accra

En Août 2000, Nana Kojo Essel II réclamait de nouveau une compensation financière pour l'expansion du camp sur ces terres, à défaut de leur restitution, se plaignait de promesses de compensation non tenues de la part des gouvernements successifs. Il faut néanmoins ajouter ici que les conflits à propos de ces stool lands sont récurrents aux alentours d'Accra, pour définir les détenteurs de ce patrimoine foncier ou pour faire valoir des droits d'usage et de cession (GOUGH K, YANKSON P, 2000). Par ailleurs, si la présence de réfugiés a pu être instrumentalisée à l'échelle locale dans ce jeu coutumier, elle l'a été tout autant à l'échelle nationale, au moment d'élections législatives ou présidentielles, par exemple quand l'aide aux réfugiés libériens entrait dans les visées clientélistes de candidats politiques (ESSUMAN-

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

62

JOHNSON A, 1992). Les réfugiés représentaient en effet une augmentation du nombre d'électeurs potentiels dans un pays où il est courant que les étrangers résidents participent aux élections locales et présidentielles. En 2008, le HCR affichait dans le camp une mise en garde (réfère photo) pour que les réfugiés restent à l'écart des élections nationales.

Photo 6 : affiche du HCR mettant en garde les réfugiés libériens à Accra de ne pas prendre part aux élections.

Source : Thèse de H SIMONE-LORIERE, 2013

A partir de 2001-2002, la conjonction du conflit en Côte d'Ivoire et l'intensification de la guerre au Libéria provoqua une augmentation du nombre de libériens réfugiés au Ghana et de certains fléaux. La croissance du camp et les activités criminelles qui s'y étaient développées (problèmes de vols, trafics de drogue et prostitution) ont emmené une nouvelle remise en question de son existence et une reprise en main par l'Etat.

e) Insécurité au camp de Buduburam

Les nombreuses structures scolaires et de formation à Buduburam sont localisées à l'intérieur du camp, mais il arrive que les jeunes gens qui y habitent soient souvent désoeuvrés et impliqués dans des activités illicites (BORTU T.K, 2009). L'accès à l'éducation dans le camp reste couteux et certaines familles, mais aussi des jeunes isolés n'ont pas les moyens de payer les frais de scolarité demandés aux élèves et aux étudiants. Les anciens soldats, et surtout les anciens enfants soldats, ont du mal à trouver une place, géographique et

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

63

psychologique parmi cette société libérienne en exil. La plupart survivent en volant, en vendant de la drogue (marijuana) ou en jouant à des jeux de hasard ou d'argent. Ils sont regroupés en une association, la Veteran Child Soldiers of Liberia (VESCOL) et sont installés pour une grande part d'entre eux dans la zone 9 du camp (au Nord-est), dans une zone baptisée le gap (WOOWARD L et GALVIN P, 2009).

Ces jeunes anciens combattants se sentent isolés et ostracisés par les autres réfugiés. Ils souffrent de traumatismes de guerre et de dépendance à l'alcool et à la drogue. Pour mener leurs trafics, ils fréquentent le gap, mais aussi le Gulf ou la forêt située à l'Est du camp rebaptisée divil's forest. Ce sont également des lieux de prostitution, auxquels il faut ajouter le 18+18 qui concentre la plupart des restaurants et des bars du camp. La vie nocturne y est très dense et les réfugiés l'ont baptisé 18+18 à cause de la nécessité présupposée d'être majeur pour profiter des plaisirs des bars : boissons, danse et rencontres amoureuses, parfois tarifiées (BORTU T.K, 2009). Dans le camp, les grossesses des jeunes filles sont liées à la prostitution ou à des rapports sexuels précoces et sont également une des causes de leur déscolarisation. Plusieurs recherches (TETE S, 2005 ; BOAMAH-GYAU K, 2008 et OMATA N, 2011) le mentionnent pour évoquer les problèmes d'insécurité que la fréquentation du lieu, souvent nocturne, entraine : il entre en effet en concurrence avec d'autres activités religieuses ou illicites, et les agressions et viols y sont récurrents.

En juin 2003, le gouvernement de KUFUOR. J a décidé de recenser les libériens à Buduburam dont le nombre était estimé à 30 000 (Ghanaian Times 22/06/2002). En Septembre, la police et l'armée ont été envoyées pour faire une recherche d'armes dans le camp. Selon ESSUMAN-JOHNSON A (2011), le gouvernement soupçonnait le camp d'être devenu un lieu d'entrainement pour des mercenaires ensuite envoyés en Côte d'Ivoire. Il était en tout cas un réservoir pour leur recrutement. La presse ghanéenne qui rapportait régulièrement les affaires criminelles, de l'escroquerie au vol à mains armées, dans lesquelles étaient impliqués les libériens, avaient alors demandé la fermeture définitive du camp (Ghanaian Times, Editorial du 20/09/2002, throw them out). Cependant l'escalade de la seconde guerre civile au Libéria avait empêché toute fermeture du site d'accueil et le gouvernement ghanéen encourageait les libériens à s'organiser en tant que communauté pour combattre la criminalité grandissante.

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

64

En résumé aux analyses menées, nous pouvons souligner que les effectifs de réfugiés n'ont pas été les mêmes dans les deux pays d'accueil (Guinée et Ghana) et que les façons d'y répondre ont également été différentes. Mais dans les deux cas les réfugiés ont bénéficié d'une importante liberté de mouvements si l'on compare avec la situation d'autres réfugiés dans d'autres pays d'asile en Afrique notamment. Suite à la description des impacts environnementaux des réfugiés de conflits dans ces deux pays côtiers, nous proposons de montrer maintenant le risque environnemental représenté par l'arrivée de réfugiés de conflits dans un pays sahélien comme le Burkina Faso.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand