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Les transactions commerciales dans le bourré sous le règne de Kankou Moussa (1307-1332)

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par Djenabou Mady KOMA
Général Lansana Conté de Sonfonia-Conakry - Maitrise en Histoire des relations internationales 2008
  

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b) Le Commerce extérieur :

Il consistait à échanger les marchandises d'origine lointaine contre les matières locales, puis de les vendre ailleurs.

Il portait surtout sur les produits particuliers (or), les objets rares (sel, fer cuivre, cola, épices) qui étaient fort recherchés par la population du Bouré comme celle de l'extérieur.

Ce type de commerce se faisait entre le Bouré et les métropoles sahélo-soudanaises ainsi qu'avec le sud forestier. Il était principalement aux mains des commerçants professionnels.

C'étaient les entrepositaires ou demi-grossistes établis à demeure dans les villes sahélo-soudanaises (Djenné, Tombouctou, Gao).Mais ils avaient, écrit Djibril Tamsir NIANE, des courtiers dans les régions aurifères (Bambouk, Bouré) qui prospectaient les marchés et assuraient l'expédition des produits `'achetés'' soit sur Djenné, soit sur Tombouctou43(*)''.

Ce sont ces négociants noirs qui organisaient et envoyaient les caravanes dans le Bouré. Ils étaient pour la plupart des Sarakollés traditionnellement connus dans le commerce (depuis Ghana) et, parlant tous Maninka la langue commerciale de l'époque. On les appelait `'Wangara'' ou `'Mangara''

Si les `'Wangara'' ont été les éléments les plus actifs et les plus dynamiques du trafic de l'or, cependant ils n'étaient pas les vrais maîtres.

A ce propos, le professeur Joseph Ki-Zerbo44(*) précise `'... les vrais maîtres du commerce transdésertique n'étaient pas les marchands noirs, c'étaient les hommes d'affaires du Maghreb et les princes berbères, qui organisaient les caravanes, rassemblaient les denrées et les livraient au Soudan par l'intermédiaire de leurs agents ou des demi-grossistes et détaillants locaux seuls, ils connaissaient la valeur de l'or au Maghreb et les coûts approximatifs du transport qui n'étaient pas sans risque ...seuls ils étaient à même capables de calculer assez rationnellement la marge bénéficiaire et les termes de l'échange jouaient la plupart du temps en leur faveur...''

Rationnellement la marge et les termes de l'échange jouaient la plupart du temps en leur faveur ''

Il est important de souligner que les Arabo-berbères s'étaient établis en grand nombre dans la capitale de l'Empire où ils disposaient de maisons de commerce qui, en réalité, étaient les filiales des établissements commerciaux implantés au Maghreb et au Proche-Orient. Ces grossistes blancs avaient pour tâche de livrer au Sud les marchandises venues du Nord ; et au Nord, les produits du Sud.

Mais comment s'effectuait le processus de circulation des marchandises, leur déplacement entre marchands et consommateurs ?

Le processus débutait à partir des entrepôts des grands centres sahelo soudanais.

Les marchands du Bouré se rendaient à Niani, Djenné et à Gao pour rencontrer les entrepositaires ou demi-grossistes. C'est de ces négociants noir qu'ils recevaient des marchandises du Sahara et de l'Orient.

Les entrepositaires voudraient de l'or pour leurs transactions avec les grossistes maghrébins ; il se trouve que les marchands du Bouré connaissent particulièrement les besoins en articles nécessaires des orpailleurs. Ainsi, ils remettent une quantité de marchandises aux marchands locaux ; ceux-ci la prennent en charge puis s'occupent de son transport vers les marchés du Bouré. Pour les opérations de vente et d'achat, le marchand, s'il n'accuse pas de déficits considérables, recevait une rémunération de 1/40ème du montant de l'opération.

El hadj Souleymane Camara45(*) souligne que parfois les marchands du Bouré n'avaient pas besoin d'effectuer le déplacement ; les marchandises étaient alors confiées (par l'entrepositaire) à un convoyeur quelconque, accompagné ou suivi d'un écrit arabe qui, de la manière d'une lettre de voiture, indique le détail de l'envoi.

Exploitant ses expériences, le marchand autochtone savait mettre les circonstances à profit, pour n'envoyer que ce qui fait réellement défaut dans le Bourré ; il savait aussi créer les disettes artificielle grâce au stockage de produits abondants sur le marché et qu'il ne tardait pas à faire écouler dès que ces produits se raréfiaient. Ces opérations de spéculations leur permettaient de traiter de grosses affaires au mieux de leurs intérêts46(*).

Malgré la multiplicité et l'imbrication des rouages, les marchands du Bouré ont toujours fait montre de loyauté et de scrupules dans leurs opérations commerciales. A ce propos, V. Fernandez précise `'... les crédits qu'ils (marchands) consentent s'étendent jusqu'à un certain moment de l'année, parce que les marchands ne viennent à Djenné et à Gao qu'une fois par an. Ils sont si honnêtes que si l'un d'eux venait à mourir avant l'échéance, son fils ou son héritier accourt aussitôt pour régler sa dette47(*). Les marchands locaux ne se livraient donc ni à des actes d'indélicatesse, ni à des détournements de biens au détriment de leur partenaire.

Les caravanes composées de plusieurs centaines de personnes partaient des villes sahélo-soudanaises pour le Bouré, à la fin de la saison des pluies, ce qui correspond au début de la traite de l'or.

Dans le souci d'évaluation de ce commerce, nos difficultés sont grandes en raison du fait que l'étude économique de l'Afrique précoloniale se caractérise par la rareté d'éléments statistiques appropriés.

Néanmoins, V. Fernandez, essayant d'évaluer le chiffre d'affaires approximatif des marchands noirs dans ces transactions commerciales, écrit : `'....les marchands qui font le trafic des mines d'or font des affaires considérables, certains d'entre eux font le commerce qui s'élève à 60.000 Mithkal par traite48(*)''.

Jean Devisse souligne, quant à lui, que ces marchands réalisaient des profits qui oscillent entre 60.000 à 80.000 dinars d'or49(*)''.

Ces chiffres même relatifs sont tout de même indicatifs de l'ampleur des transactions commerciales d'alors.

Cependant, les commerçants manding en général étaient très larges dans leurs dépenses, le professeur Djibril Tamsir Niane écrit''... comme toute société en pleine transformation, il y eut de nouveaux riches dont le comportement et les manières traduisaient une fortune trop rapidement acquise. Ils se signalaient par leur extravagance. Ils aimaient se donner des airs de grands lettrés ou d'hommes vertueux, somptueusement vêtus, ils se faisaient suivre par un porteur de cauris et quand ils voulaient acheter un article, ils se retournaient et disaient au porteur `'compte à celui-ci tant de cauris'' ils s'arrêtaient en pleine rue, faisaient l'aumône aux pauvres d'une manière peu discrète... Nombreux furent les fanfarons dont la fortune fut ainsi volatilisée en vaine recherche de prestige par excès de générosité (fonisséraya) 50(*) `'.

Par ailleurs, le commerce à cette époque n'a pas connu l'existence d'une quelconque institution qui permettait l'épargne. Les fortunes des marchands locaux étaient soit confiées à des personnes de confiance, soit conservées dans des greniers ou dans un souterrain aménagé dans les demeures, ceci pour éviter les cas d'incendies ou les cas de vols.

Ce qu'il faut retenir de cette analyse de l'organisation commerciale, c'est que le commerce intérieur du Bouré était dominé par les marchands autochtones. Cependant ces derniers ne faisaient pas fructifier un capital propre à eux-mêmes. En fait, ils travaillaient sous-commission, c'est-à-dire qu'ils touchaient un pourcentage sur les affaires traitées par eux51(*).

En dépit de l'influence dont ils jouissaient dans la région, leur rôle se limitait à celui de sous-agents ( commissionnaires, courtier, ou correspondant commercial) au service des grands commerçants noirs, desquels ils ne se contentaient que de rémunérations quelque peu dérisoires comparativement aux efforts fournis.

L'essentiel des transactions commerciales dans le Bouré se résume à l'acquisition d'une quantité considérable de métal précieux pour le compte des Arabo-berbères dont la soif d'or devenait de plus en plus insatiable.

* 43 Djibril TamsirNiane : `'Le Soudan occidental à l'époque des grands Empires du XIIèau XVIèsiècle, Présence Africaine, 1975, p. 30.

* 44 Ki-ZerboJoseph : Op. Cit. p. 29.

* 45 Camara EL Hadj Souleymane âgé de 71 ans, fonctionnaire retraité, originaire du Bouré domicilié à Siguiri 2009.

* 46 El Hadj souleymane Camara : âgé de 71 ans, fonctionnaire à la retraite Siguiri, 2009.

* 47 Fernandez cite par H. Labouret in `'L'Afrique précoloniale'' Paris, P.U.F, 1961

* 48 Devisse Jean : Essai sur le commerce médiéval du XIèau XVI è siècle, RHES 1950

* 49 Niane Djibril Tamsir : Op.Cit.

* 50 Le mithkal correspond à 4,729 grammes de même que le Dinard.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry