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Les transactions commerciales dans le bourré sous le règne de Kankou Moussa (1307-1332)

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par Djenabou Mady KOMA
Général Lansana Conté de Sonfonia-Conakry - Maitrise en Histoire des relations internationales 2008
  

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Section 2 : Organisation du commerce

Avant le XIVe siècle, les transactions commerciales au Bouré semblent avoir été très réduites. C'est avec le règne de kankou Moussa (plus précisément à partir de 1325)33(*) que s'amorce un renouveau dans les échanges : le trafic de l'or et du sel y prirent une importance sans précédent, mais n'affecta pas les échanges traditionnels de denrées alimentaires et artisanales.

a- Le Commerce Intérieur :

Il portait essentiellement sur les échanges de produits de consommation courante contre les habitants d'une même localité : à propos de ce type de commerce, Henry Labouret écrit : `'Les communautés d'évolution égales, mais de spécialisation particulière, se procuraient de tout ce qui leur manquait ; les cultivateurs proposaient des céréales contre les animaux, les pêcheurs et les chasseurs de la viande ou du poisson contre grain ou des objets manufacturés34(*)''.

Ces transactions commerciales étaient le fait de diverses catégories de personnes :

ü D'abord les détaillants locaux : ce sont ceux qui se chargeaient pour le compte des marchands étrangers, de toutes les opérations de vente de marchandises en détail et de l'approvisionnement en marchandises locales.

Cette première catégorie de marchands comprenait surtout les familles Camara- Finah qui serraient d'origine Sarakollé, et les Samoura ;

ü Ensuite, il y avait les marchands ambulants, appartenant pour la plupart à l'ethnie maninka. Ce sont ceux-ci qui faisaient la jonction entre les régions de l'Empire et la forêt. Ces deniers se livraient temporairement à leur activité commerciale dans le Bouré. Mais ces commerçants, aux dires d'Elhadj Souleymane Camara35(*), ne traitaient pas directement avec les consommateurs. Ils sollicitaient les services des marchands locaux qui s'occupaient de leurs affaires parce que ces derniers possédaient la connaissance du milieu et tout un réseau de clients permanents au sein de la population.

Aussi, selon notre informateur, la population du Bouré, qui était profondément animiste, se méfiait beaucoup de ces étrangers propagateurs de la nouvelle foi islamique. Leur contact était un peu difficile, seuls les autochtones pouvaient surmonter ce sérieux obstacle et naturellement la population portait confiance en ces derniers qui étaient des leurs.

A côté de ces deux agents essentiels du gros commerce local se trouve une catégorie de personnes non spécialisées dans le métier de marchands, mais qui, pour des circonstances, viennent échanger leurs divers produits tirés de l'agriculture contre d'autres produits qui leur sont nécessaires. Dans cette catégorie, on rencontre généralement les femmes.

Le lieu privilégié des transactions commerciales dans le Bouré était le marché qui se tenait suivant les échelons de distribution :

ü à l'échelon local, un marché périodique était organisé au niveau de chaque village. Ces marchés locaux ou marchés de village se tenaient tous les six jours sur la place publique du village avec un système de roulement permettant ainsi que villageois de s'approvisionner dans de différentes directions36(*). C'étaient des centres d'échanges et de distribution de denrées alimentaires telles que condiments, légumes, céréales, tubercules, etc... que les femmes y vendaient. Le rayonnement de ces marchés n'excédait presque pas le territoire du village ;

ü A l'échelon inter-régional, était organisée tous les lundis37(*) une grande foire où s'opéraient les transactions d'une importance et d'un volume un peu plus considérables.

La tradition souligne que le marché forain se tenait exclusivement dans le village où l'exploitation d'un placer se déroulait. Ce marché inter-régional à caractère réputatif connaissait la participation de marchands venus de divers horizons (les Arabo-berbères font exception).

On échangeait sur le marché forain, en plus des produits agro-pastoral et artisanal, des métaux, du sel, des denrées du Sud forestier, du poisson séché de Mopti, des articles de l'Orient et de l'Europe... C'est là où l'orpailleur apporte sa petite quantité d'or en poudre ou en paillettes ; c'est là où les marchands intermédiaires s'approvisionnent en or. C'est la où part la chaîne des transactions qui alimentant de proche en proche les régions voisines, les centres urbains et le monde méditerranéen.

Ces foires hebdomadaires jouèrent un rôle de plus en plus grand sous le règne de kankou Moussa. L'Empereur les favorisait, car il percevait une taxe sur les transactions. Selon la tradition recueillie auprès de Bassi Camara38(*), le souverain organisait et garantissait la sécurité des marchands et des acheteurs. Des agents appelés `'Ton boloma'' (en Maninka),

Placés sous l'autorité d'un administrateur des marchés ou (Löötigui''), lui-même délégué par le pouvoir Central, se chargeraient de cette lourde tâche et assuraient en même temps le maintien d'ordre. L'administration du marché réglait les conflits.

Par ailleurs, les foires ne sont pas importantes, seulement au point de vue commercial, elles constituaient aussi des lieux de rencontre où s'échangent et se diffusent les nouvelles.

La tradition souligne que les mines de certains villages tels que : Didi, Séla, Fatoya, et peut-être Kolenda furent très prospères durant les XIIIe et XIVe siècles. Notons que le centre d'intérêt des transactions se déplaçait en fonction de la prospérité des mines.

Voyons comment se faisaient les transactions.

Selon la tradition recueillie auprès de Finah Hawa Camara39(*), les denrées étaient présentées par les marchandes en petits tas sur une natte, une étoffe, une peau d'animal, dans un van, dans une calebasse ou dans des poteries.

Pour se les procurer, la clientèle, d'une manière générale, procédait par le système de troc, c'est -à-dire denrée contre denrée. Par exemple, une femme de pêcheur ou somono (en Maninka) ou de chasseur `'donzo'' (en Maninka) qui dispose du poisson frais ou de la viande, veut se procurer de grains elle va au marché, trouver une vendeuse qui accepte lui donner la quantité de grains contre une certaine quantité de poisson ou de viande suivant une convention établie entre elles.

Parfois, quand la marchande ne faisait pas le troc direct, la clientèle se servait d'un équivalent général40(*) pour se procurer des autres produits tels qu'huile de palme oula cola. A chaque achat la marchande ajoute toujours rituellement un supplément dont l'importance est fonction de la quantité achetée, ceci pour être sûre de la mesure et pour attirer la clientèle.

Les denrées comme le lait n'étaient livrable que sur commande parce qu'on n'en trouvait pas en abondance. Le paiement se faisait à la réception.

Quant aux animaux vivants, on ne rencontrait régulièrement sur les marchés que la volaille, les moutons du sahel, les chèvres41(*).

Certains articles de l'artisanat tels que les outils agricoles et miniers ou des ustensiles de ménage, n'étaient pas exposés à la vente sur les marchés. On se le procurait sur commande auprès de l'artisan. Les deux parties conviennent sur la nature et le mode de paiement qui ne se faisaient qu'à la livraison de l'instrument42(*).

En général, le commerce intérieur était basé sur le système de troc direct. Il avait pour but essentiel de satisfaire les besoins de chacun en ce qu'il manque d'essentiel.

* 33 Date du retour de Kankou Moussa à la Mecque.

* 34 Labouret Henry : `'L'Afrique précolonialiste'' (s.d).

* 35 El Hadj souleymane Camara : âgé de 71 ans, fonctionnaire à la retraite Siguiri, 2009

* 36 Il ne semble pas avoir eu de spécialisation des villages selon un produit bien déterminé. Nous savons du moins qu'un produit pouvait être abondant dans un village que dans un autre.

* 37 La tradition explique que ce jour n'est pas favorable aux travaux d'orpaillage, il est considéré pour ce fait comme un jour de repos.

* 38 Camara Bassi, âgé de 79 ans, notable de Kintinya (Bouré), 2009.

* 39 Finah Hawa Camara, âgé de 81 ans, originaire du Bouré, ménagère à Niani. 2009.

* 40 Voir page 26 pour les équivalents généraux.

* 41 Le boeuf avait une valeur symbolique. Sa possession était un titre de richesse ; c'est pourquoi il n'était pas exposé à la vente sur les marchés.

* 42 Voir page 26 pour les équivalents généraux.

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