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L'intervention militaire française au Mali. Essai d'analyse géopolitique.

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par SATUTNIN NDONG NDONG
Université Omar Bongo - MASTER GEOSCIENCES POLITIQUES 2015
  

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2- Les faiblesses de l'Etat malien et leurs conséquences

Le multiplication des actions armées des groupes djihadistes au Nord a favorisé le rejaillissement des problèmes géopolitiques internes qui fragilisent davantage l'Etat malien et l'entraine vers une grande instabilité. Il s'agit, d'une part des revendications politico-territoriales des groupes rebelles du Nord et, d'autre part, de l'insurrection de l'armée régulière malienne.

En ce qui concerne les revendications politico-territoriales des rebellions du Nord, il est à noter que celles-ci sont à l'origine de la résurgence dès janvier 2012 des tensions intra-étatiques causées par des groupes rebelles touaregs du MNLA. En effet, ces derniers, qui occupent la partie septentrionale du pays, réclament une action politique fondée sur l'autodétermination et l'indépendance de l'Azawad constitué par les trois régions maliennes de Kidal, Tombouctou et Gao. Ces idées irrédentistes qui ne concordent pas avec celles défendues par le pouvoir de Bamako du fait du principe de l'indivisibilité du territoire malien, provoquent un rapport de force entre le mouvement rebelle et les armées régulières. Ce rapport de force qui se définit par un affrontement militaire entre les deux groupes, alimente un malaise politique qui enfonçait davantage le Mali dans la crise. Selon Drissa Malle, conseiller diplomatique de l'Ambassade du Mali à Libreville, ces revendications apparaissent comme l'une des plus anciennes contradictions politiques qui déstabilisent l'Etat depuis les indépendances, et dont les enjeux sont la« prise de pouvoir des peuples blancs touaregs aux autorités politiques noires du Sud et le désir du contrôle de toute sorte de transactions économiques des régions nord qui sont des no man's land ». Profitant de ce qu'Afrique Magasine appelle la « fragilité des institutions maliennes »54 et des difficultés auxquelles l'armée régulière fait face, pour assurer pleinement la sécurité dans la partie Nord,

54R. Michel, la grande guerre du Sahel, Afrique Magazine, n° 329, Février 2013, p.48.

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l'insurrection spécifiquement touareg, a cédé à plusieurs alliances qui ont, non seulement entrainé le Mali dans la « zone rouge »55, mais aussi ont permis aux groupes armés de se doter d'une puissance de feu, qui leur permettait d'affronter directement le pouvoir malien au Nord. Dès lors, le rapprochement tactique du MNLA, des groupes terroristes et rebelles d'AQMI, du MUJAO et Ançar-Eddine qui provenaient de l'ensemble des pays déstabilisés de la région sahélo-saharienne, a conduit l'Etat dans une situation conflictuelle irréversible. Usant de la violence, notamment des exactions sur les populations et sur les forces armées, ces groupes djihadistes qui étaient doté « d'un armement sophistiqué, composé de canons antiaériens et de fusils mitrailleurs, puis des pick-up et des blindés »56, échappaient à la régulation et au contrôle du pouvoir politico-militaire du Mali. Cette faiblesse de l'appareil étatique malien a été le fondement de la proclamation de l'indépendance de l'Azawad (région septentrionale du Mali) par le MNLA. Elle a permis l'occupation du territoire par les groupes terroristes, le développement des violences sur les populations et le massacre des soldats dont le plus important a été celui d'Aguelhok57, qui a provoqué l'assassinat par décapitation et par fusillade de cent cinquante-trois soldats maliens58. Ces pertes ont provoqué une insurrection militaire au sud en maintenant plus longuement l'Etat dans une incertitude sécuritaire.

L'insurrection militaire a également fragilisé l'Etat ; elle a véritablement causé la déstabilisation de l'Etat malien. En effet, le soulèvement de l'armée qui nait après l'assassinat des soldats d'Aguelhok, a conduit à une crise politique majeure qui se solda par la destitution en mars 2012, de l'exécutif malien par un par putsch organisé par des soldats de l'armée de terre sous la direction du capitaine Amadou Sanogo. Ce dernier accusait l'exécutif malien d'être en « collusion avec les djihadistes »59et les groupes rebelles lourdement armés dans la partie septentrionale du pays. L'organisation de ce coup d'Etat militaire ayant ainsi entrainé le déséquilibre géopolitique territorial, il s'en est suivi un enlisement total de l'Etat avec la démultiplication criarde d'actions terroristes et rebelles d'une part, et l'avancée vers le centre et le sud du Mali de ces différents combattants islamistes, d'autre part.

L'instabilité de l'Etat malien découlait, en résumé d'une combinaison des forces centripètes et des forces centrifuges. On peut affirmer qu'à partir des pressions externes de déstabilisation des pays frontaliers, l'effet de « contagion des conflits africains»60a entrainé la résurgence des problèmes internes au Mali. Cette combinaison des facteurs crisogènes a directement entrainé le Mali dans un chaos, qui a suscité l'intervention militaire française.

55J-C. Notin, op.cit., p.55.

56Afrique Magazine, n° 329, op. cit., p.49.

57Rapport de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme(FIDH), (Juillet 2012), p.12.

58Ibidem

59J-C. Notin, op. cit., p.57.

60P. Hugon, op. cit., p.146.

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Pour conclure sur ce point, nous pouvons observer que l'instabilité géopolitique des Etats frontaliers du Mali et la déstabilisation de celui-ci, démontrent la fragilité, l'instabilité des Etats et l'insécurité d'une région placée sous tension. Cette insécurité, qui constitue un enjeu majeur pour la France, est à l'origine du déploiement militaire de la France au Mali. Cette intervention a fait l'objet d'un jeu d'alliance, elle pose d'importantes questions sur les réelles motivations de la France.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand